LE
COMITÉ RADICAL DE MACON.
Nous
publions le programme du comité républicain radical de Mâcon :
Les
membres du comité inscrivent en tête de leur programme la grande
devise politique et sociale : Liberté, Egalité, Fraternité.
La
République est au-dessus du suffrage universel.
Une
génération est au-dessus du suffrage universel. Une génération ne
peut pas engager les générations à venir. Les coups d’Etat et
les plébiscites sont les causes directes de tous les malheurs qui
nous accablent.
«
Les rois, disait le conventionnel Grégoire, sont dans l’ordre
moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique… L’histoire
des rois est le martyrologue des nations… »
En
conséquence, tous les prétendants doivent être à jamais bannis de
France et mis hors la loi. Ils serviraient, par leur présence,
de prétextes perpétuels à des discordes civiles.
Les
deux bases fondamentales de la tyrannie sont l’ignorance et la
superstition.
Il
y a deux moyens de les faire crouler :
L’instruction
gratuite, obligatoire et radicalement laïque.
L’instruction
de l’Eglise et de l’Etat, comprenant la suppression du budget des
cultes.
Les
écoles doivent être communes, afin de faire disparaître
chez les enfants tous les préjugés de caste, qui sont des obstacles
à l’égalité, à la fraternité.
L’enseignement
de principes religieux doit y être interdit ; c’est aux parents
seuls que la liberté de conscience réserve ce droit.
La
liberté de conscience exige l’indépendance réciproque des
Eglises et de l’Etat. Les causes de luttes intestines disparaîtront
avec cette indépendance ; il n’y aura plus conflit entre
l’autorité civile et l’autorité religieuse.
Les
manifestations publiques des cultes doivent être rigoureusement
interdites.
Les
tribunaux sont institués pour défendre l’homme contre les abus de
la force et du privilège.
En
conséquence, la justice sera ramenée autant que possible à la
gratuité. La procédure doit être publique.
La
justice aura pour base le jury. L’inamovibilité des magistrats
disparaît.
Comme
tous les fonctionnaires, ils seront responsables de leurs actes, et
pourront être directement poursuivis.
Les
armées permanentes, trop puissantes à l’intérieur pour étouffer
la liberté, sans trop faibles pour résister aux invasions
étrangères. Nous venons d’en acquérir la preuve douloureuse.
Elles
doivent être licenciées (tout en tenant compte des positions
acquises) et faire place à la nation armée.
La
conscription doit être abolie.
Les
guerres de conquêtes sont infâmes. La défense du sol est sacrée.
Le
socialisme est l’étude des questions appelées à réaliser le but
de la société :
LE
BONHEUR COMMUN.
La
République est le milieu libre dans lequel peuvent se discuter les
questions sociales.
Dans
ce cas, le rôle du gouvernement, mandataire de la collectivité des
citoyens, doit se borner à laisser aux différentes écoles
socialistes l’indépendance la plus complète, en donnant pour
garantie les libertés de presse, de réunion et d’association.
Les
causes de toutes les révolutions sont : les privilèges, l’inégalité
devant les résultats, entre le capital et le travail.
Le
travail gorge le capital, — le capital nourrit à peine le travail.
Faire
une juste répartition des bénéfices entre le capital et le
travail, c’est étouffer le germe des guerres civiles.
Les
républicains, qui veulent non seulement la concorde entre Français,
mais entre les peuples de l’Europe, doivent associer leurs efforts
pour arriver à l’application de ces principes par la liberté, la
science et le travail.
Ils
doivent néanmoins avoir toujours la main sur leurs armes, et ne pas
se fatiguer de veiller.
Il
ne faut pas qu’un coup de force nous précipite de nouveau dans un
avenir sans fin de révolutions.
Approuvé
par le comité radical de Mâcon, le 29 mars 1871.
Le
président, p.
ORDINAIRE. — Le
vice-président,
PIERRE RICHARD. — Les
secrétaires, ORLÉAT
—, LAUVERNIER. — Le
trésorier, SEIGNOT. —
Les assesseurs,
VERGE, CHACHUAT, JONAS, GUINET.
Le
document que nous venons de reproduire est suivi de l’appel suivant
:
«
Nous invitons tous les républicains du département à se constituer
en comités semblables, à correspondre entre eux et avec nous, de
façon à établir une solidarité forte et invincible dans toutes
les circonstances possibles.
«
Les communications relatives à la fondation de ces comités pourront
être adressées au citoyen Ordinaire fils, rue Joséphine, 26, à
Mâcon.
«
F. ORDINAIRE. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire