dimanche 1 juillet 2018

Journal de la Commune


LE COMITÉ RADICAL DE MACON.

Nous publions le programme du comité républicain radical de Mâcon :
Les membres du comité inscrivent en tête de leur programme la grande devise politique et sociale : Liberté, Egalité, Fraternité.
La République est au-dessus du suffrage universel.
Une génération est au-dessus du suffrage universel. Une génération ne peut pas engager les générations à venir. Les coups d’Etat et les plébiscites sont les causes directes de tous les malheurs qui nous accablent.
« Les rois, disait le conventionnel Grégoire, sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique… L’histoire des rois est le martyrologue des nations… »
En conséquence, tous les prétendants doivent être à jamais bannis de France et mis hors la loi. Ils serviraient, par leur présence, de prétextes perpétuels à des discordes civiles.
Les deux bases fondamentales de la tyrannie sont l’ignorance et la superstition.
Il y a deux moyens de les faire crouler :
L’instruction gratuite, obligatoire et radicalement laïque.
L’instruction de l’Eglise et de l’Etat, comprenant la suppression du budget des cultes.
Les écoles doivent être communes, afin de faire disparaître chez les enfants tous les préjugés de caste, qui sont des obstacles à l’égalité, à la fraternité.
L’enseignement de principes religieux doit y être interdit ; c’est aux parents seuls que la liberté de conscience réserve ce droit.
La liberté de conscience exige l’indépendance réciproque des Eglises et de l’Etat. Les causes de luttes intestines disparaîtront avec cette indépendance ; il n’y aura plus conflit entre l’autorité civile et l’autorité religieuse.
Les manifestations publiques des cultes doivent être rigoureusement interdites.
Les tribunaux sont institués pour défendre l’homme contre les abus de la force et du privilège.
En conséquence, la justice sera ramenée autant que possible à la gratuité. La procédure doit être publique.
La justice aura pour base le jury. L’inamovibilité des magistrats disparaît.
Comme tous les fonctionnaires, ils seront responsables de leurs actes, et pourront être directement poursuivis.
Les armées permanentes, trop puissantes à l’intérieur pour étouffer la liberté, sans trop faibles pour résister aux invasions étrangères. Nous venons d’en acquérir la preuve douloureuse.
Elles doivent être licenciées (tout en tenant compte des positions acquises) et faire place à la nation armée.
La conscription doit être abolie.
Les guerres de conquêtes sont infâmes. La défense du sol est sacrée.
Le socialisme est l’étude des questions appelées à réaliser le but de la société :
LE BONHEUR COMMUN.
La République est le milieu libre dans lequel peuvent se discuter les questions sociales.
Dans ce cas, le rôle du gouvernement, mandataire de la collectivité des citoyens, doit se borner à laisser aux différentes écoles socialistes l’indépendance la plus complète, en donnant pour garantie les libertés de presse, de réunion et d’association.
Les causes de toutes les révolutions sont : les privilèges, l’inégalité devant les résultats, entre le capital et le travail.
Le travail gorge le capital, — le capital nourrit à peine le travail.
Faire une juste répartition des bénéfices entre le capital et le travail, c’est étouffer le germe des guerres civiles.
Les républicains, qui veulent non seulement la concorde entre Français, mais entre les peuples de l’Europe, doivent associer leurs efforts pour arriver à l’application de ces principes par la liberté, la science et le travail.
Ils doivent néanmoins avoir toujours la main sur leurs armes, et ne pas se fatiguer de veiller.
Il ne faut pas qu’un coup de force nous précipite de nouveau dans un avenir sans fin de révolutions.

Approuvé par le comité radical de Mâcon, le 29 mars 1871.
Le président, p. ORDINAIRE. — Le vice-président, PIERRE RICHARD. — Les secrétaires, ORLÉAT —, LAUVERNIER. — Le trésorier, SEIGNOT. — Les assesseurs, VERGE, CHACHUAT, JONAS, GUINET.

Le document que nous venons de reproduire est suivi de l’appel suivant :
« Nous invitons tous les républicains du département à se constituer en comités semblables, à correspondre entre eux et avec nous, de façon à établir une solidarité forte et invincible dans toutes les circonstances possibles.
« Les communications relatives à la fondation de ces comités pourront être adressées au citoyen Ordinaire fils, rue Joséphine, 26, à Mâcon.
« F. ORDINAIRE. »

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