Avoir
pitié des douleurs d'un autre ; être touché par les misères et
les malheurs d'autrui sans y être directement intéressé. « S'il
est vrai que la pitié ou la compassion soit un retour vers
nous-mêmes qui nous met en la place des malheureux, pourquoi
tirent-ils de nous si peu de soulagement dans leurs misère ? »
(La
Bruyère). La compassion est peut-être un sentiment qui honore celui
qui en est animé ; mais elle ne peut en rien soulager la misère
collective, la misère en soi, qui a d'autres causes que la
méchanceté des hommes. On peut la mettre, la classer dans le même
ordre d'idées que la philanthropie et la charité qui, du reste,
prennent leur source dans la compassion.
Compatir
aux misères d'autrui est donc inutile ; ce qu'il faut, c'est en
rechercher les causes et les détruire.
Il
y a quantité de gens qui compatissent à la souffrance du peuple et
qui se montrent affligés de la situation précaire qui lui est
faite. Les coeurs compatissants soulagent quelques malheureux
auxquels ils s'intéressent plus particulièrement ; cela change-t-il
quelque chose ? Non, absolument rien. À une misère succèdent
d'autres misères et aux malheureux d'autres malheureux. On est
compatissant par instinct et non par raison, et on se laisse guider
par ses sentiments sans se rendre compte que notre sentimentalité
nous entraine à commettre des gestes et des actes qui perpétuent un
état de choses qui aurait dû disparaître depuis longtemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire