samedi 21 juillet 2018

Journal de la Commune


Hier, à deux heures de l’après-midi, un détachement du 234e bataillon des 4 compagnies de guerre, des gardes nationales de la Seine, composé d’environ 150 hommes, avait été placé en avant-poste, la veille au soir, au village du Moulinot, près du Bas-Meudon. Après une nuit calme et une matinée tranquille, il fut tout à coup surpris de voir des reconnaissances successives, faites par la gendarmerie de la Seine et les chasseurs à cheval en garnison à Versailles ; ces derniers commencèrent bientôt par attaquer une patrouille envoyée en reconnaissance, commandée par le sous-lieutenant berge, de la 1re compagnie du 234e bataillon ; cet officier, voyant la nécessité de se mettre en état de défense, se replia sur sa faible grand’garde, et quelques minutes après, ce détachement, commandé par le capitaine Deneuviller, fut attaqué vivement par un nombre bien supérieur composé d’environ 800 hommes, gendarmes et chasseurs à cheval de Versailles.
Les officiers ainsi que les gardes de ce faible détachement ont déployé la plus grande énergie dans ce combat inégal ; ils ont repoussé l’attaque en infligeant des pertes sensibles à l’ennemi.
Malheureusement, ils ont eu deux morts, quatre blessés, plus un homme disparu. La résolution prise par ce faible détachement est de venger la mort des malheureux frères tombés glorieusement dans un combat inégal en nombre, après avoir soutenu une fusillade bien nourrie pendant 40 minutes ; aussi entendent-ils avec impatience le moment de retourner au feu au cri de : Vive la République ! Mort aux traîtres de la guerre de 1870 et 1871 !

Paris, le 3 avril 1871.

Le capitaine commandant par intérim le 234e bataillon,
DENEUVILLER
Approuvé :
Le chef de bataillon,
VILLAUME

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