Aux
époques troublées, le chiffre des aliénations mentales s’accroît
subitement. Ce n’est pas impunément que le cerveau reçoit tante
de brusques secousses, et la moyenne des cas de folie est aujourd’hui
presque doublée. Ayant perdu, par suite des événements, sa
position et son petit capital, placé dans une entreprise de
province, le sieur S…, employé dans une administration, demeurant
boulevard de l’Hôpital, était depuis ce moment en proie à une
profonde tristesse et donnait quelques signes de dérangement
d’esprit. Il ne trouvait de consolation qu’auprès d’un ami B…
dans la même position que lui et demeurant au sixième étage. Très
souvent, il se rendait chez ce dernier, dont la concierge avait ordre
de lui remettre la clef lorsqu’il était absent. Hier, vers six
heures du soir, elle lui donna cette clef comme d’habitude, et
remarqua qu’il avait l’air plus égaré qu’à l’ordinaire. Au
bout d’une demi-heure environ, le sieur B…, qui était en course,
revint et entra chez la concierge elle lui dit que son ami était
dans sa chambre. Il se disposait à aller le retrouver, quand, en
traversant la cour, il jeta un cri. Il venait d’apercevoir S…, en
chemise, suspendu par les mains au chéneau du toit. Plusieurs
personnes accoururent. On se mit à apporter des matelas pour amortir
la chute de l’insensé, qui paraissait imminente ; tandis qu’on
les préparait, il tomba sur le balcon du troisième étage, où il
resta étendu sans mouvement. On crut d’abord qu’il avait cessé
de vivre ; mais on reconnut bientôt que, par un bonheur inespéré,
il n’avait qu’une foulure au pied droit et une forte contusion au
genou.
Il
avait gagné les toits par une fenêtre à tabatière et ses habits
ont été retrouvés sur le lit de son ami, dans lequel il avait dû
d’abord se coucher. Le blessé a été conduit à l’hôpital par
le sieur B…, qui, de concert avec la famille, prendra des mesures
pour le faire admettre, après sa guérison, dans un établissement
d’aliénés.
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