Théâtre Français XIV au XVI Siècles Robert Garnier

Robert Garnier, né à La Ferté-Bernard (Sarthe) vers 1545 et mort à Le Mans le 20 septembre 1590, est un poète et dramaturge Français.

Il nait dans une famille bourgeoise du Maine, relativement aisée et alliée à la noblesse locale. Dès 1563, on le trouve à Toulouse où il fait ses études de droit et où il obtient deux prix artistiques, la violette ( 2° prix) puis l'églantine (1 ° prix) aux Jeux Floraux en 1564 et 1566. Ces prix récompensent deux chants royaux qui ont pour sujet le retour de la paix en France. Il compose également tris inscriptions et trois sonnets pour l'entrée de la cour dans la ville (février 1565). Le recueil de poèmes amoureux Les plaintes amoureuses est perdu. les deux facettes du personnage émergent durant cette période, il sera juriste de profession et poète de coeur.

Garnier est ensuite avocat général du Roi au Parlement de Paris ( 1567), année où il publie L'Hymne de la monarchie, dédié à Guy Du Faur de Pibrac, où en fervent défenseur de la couronne, il prend cause pour un pouvoir royal fort, seul à même de ramener l'ordre et la paix intérieure alors que la France est en pleine guerre de religion. C'est dans cette période parisienne également qu'il rencontre et sympathise avec les poètes de la Pléiades mais c'est au théâtre qu'il oriente ses loisirs créatifs. En 1568, il publie sa première tragédie à sujet romain, Porcie.

En 1569, il s'installe au Mans où il exercera diverses charges administratives et judiciaires. Il représente notamment l'autorité royale dans la cité et tente de faire régner l'ordre alors que le climat social est délétère; les tensions entre protestants, ligueurs et royalistes sont vives, la criminalité est élevée ce qui alimente la guerre civile. c'est dans cet environnement pesant qu'il épouse Françoise Hubert, poétesse à ses heures, continue de fréquenter les cercles littéraires et publie l'essentiel de ses pièces. Il publie deux autres tragédies à sujet romain Cornélie 1574), et Marc Antoine (1578) et d'autres à sujet grec (Hippolyte 1573, La Troade 1579, Antigone 1580). Mais c'est sur un sujet inspiré de l'ancien testament, où l'atmosphère des guerres de religion transparaît, qu'il écrit un manuscrit donnat ses premières lettres de noblesse au genre dramatique français (Les Juives, 1583) . Garnier est aussi l'auteur d'une tragi-comédie, Bradamante (1582), inspirée du Roland furieux de L'Arioste.

En 1586, il regagne Paris où il est nommé membre du grand conseil du Royaume, chambre réunissant les plus grands fonctionnaires de l'Etat. mais les tensions politiques er militaires sont à leur paroxysme, l'autorité du roi Henri III est insignifiante, la Ligue trahit par ses excès la cause royaliste. "Comme Garnier a été chargé d'une mission par le roi dans la semaine qui porécède les barricades, on peut admettre qu'il n'était pas encore ligueur à ce moment là ( 12 ami 1588)" (M.-M. Mouflard, La Vie page 395). Finalement, sa charge de conseiller, très prenante, ne lui apporte que des déceptions. Le décès de son épouse en 1588 n'arrange rien. C'est finalement endeuillé, épuisé,qu'il décède le 20 septembre 1590, à l'âge de 45 ans.

Oeuvre et postérité

Même si la cour n'a jamais réellement apprécié le talent de Robert Garnier, il a toujours joui de l'estime des poètes et les lecteurs lettrés qui voyaient en lui le plus grand dramaturge français après Etienne Jodelle. Sa notoriété atteignit même l'Outre-Manche puisqu'il apparaît que deux de ses tragédies, Cornélie et Marc Antoine, furent traduites et exercèrent une influence certaine sur la tragédie élisabéthaine.

Après Etienne Jodelle, Garnier fait revivre la tragédie antique en France. Ses pièces incarnent, aux yeux des historiens de la littérature, l'apogée de la tragédie humaniste tant du point de vue de la beauté du vers et de l'effort rhétorique que de l'ambition morale et didactique de ses pièces. Entre autres modèles, il écrit "au moule" de Sénèque, comme la plupart des tragiques de la Renaissance française.

Son théêtre est fortement marqué par la rhétorique. L'action y importe moins que la parole. C'est le discours, alternant rhétorique argumentative et lamentations lyriques, qui occupe la scène. Les monologues sont très nombreux et les dialogues le plus souvent limités à deux personnages. Les "pièces romaines" qui traitent des guerres civiles de la Rome antique, font écho aux guerres de religion, pérennisant déjà la réflexion politique sur l'exercice du pouvoir royal au sein de la tragédie. Lorsqu'il écrit Marc Antoine, Garnier rivalise avec la fameuse Cléopatre captive d'Etienne Jodelle.


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