samedi 14 juillet 2018

Journal de la Commune


Entre Saint-Cloud et Montretout, ainsi que dans les environs, il existait un grand nombre d’élégantes villas, dont la plupart ne sont aujourd’hui que des monceaux de décombres. Tels sont notamment les maisons de MM Monbro et Tamburini ; l’immense atelier de sculpteur Dantant, celui du Suédois Kiorboé, l’habile peintre d’animaux ; la propriété de M. Zimmermann, où, le 19 janvier, M. de Lareinty se défendit héroïquement contre des ennemis vingt fois supérieurs en nombre : le châlet de la comtesse Walewska, les propriétés de Langevin, Aragon, Clausse, Maurice, Blum, Cambhell, etc.
Dans certains endroits, comme au château de Saint-Cloud, un placard manuscrit, fixé à l’extrémité d’u piquet, invite les visiteur à respecter les fragments de bronze, de dorures, de fer ouvragé, et à s’abstenir d’emporter comme souvenirs des matériaux qui peuvent être utilisés.
Cette recommandation est généralement observée et un sentiment de retenue empêche d’ajouter à l’étendue du désastre en emportant des débris, même de la plus minime valeur.
Il n’en est pas absolument ainsi, dans les maisons isolées, dont quelques parties subsistent encore, et des maraudeurs, lorsqu’ils le peuvent, s’emparent de ce que la destruction a épargné.
Dans une maison où était resté debout un riche escalier on avait remarqué que plusieurs des ornements dorés de la rampe avaient fraîchement disparu. Le lendemain, on fit une constatation semblable. Dès lors, une surveillance fut établie. Avant-hier, on vit arriver un individu qui, après avoir jeté autour de lui des regards investigateurs, entra avec précaution dans la maison. Peu d’instants après, on entendit le bruit de la chute du métal détaché de la rampe. Aussitôt on accourut, et l’on s’empara du personnage au moment où il cherchait s’évader.
Questionné sur la provenance des objets trouvés sur lui, il prétendit qu’il était entré dans la maison en curieux, pour prendre un croquis des ruines ; que par malheur, dans sa préoccupation, il avait fait sur la rampe une chute si violente que, par la violence du choc, les boulons s’en étaient détachés et étaient d’eux-mêmes entré dans ses poches.
Cette ingénieuse explication n’a pas empêché l’amateur des ruines d’être aussitôt arrêté. (Le Droit.)

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