Les
casseurs de vie récoltent la révolte
Villiers-le-Bel
-25 nov- Moushin et Larami –15 et 16 ans– meurent, moto contre
voiture de police. Dans cette ville populaire, comme en 2005, la
braise de la révolte couvant sous la cendre des humiliations
s’enflamme. En plus violent, les mêmes causes engendrent les mêmes
effets : sitôt l’accident, on accuse les victimes : pas de
casques. Que les blessés n’aient pas été secourus en même temps
que les flics, peu importe ! Que la moto ait été traînée sur plus
de 20 m, aucune importance puisque la version officielle assène que
les policiers roulaient à 40 km/h! Mais, à ces demi vérités
tendancieuses, il faut encore ajouter un mensonge officiel : des
jeunes auraient matraqué à coups de barres de fer la voiture de
police…
Emotion
populaire, premiers affrontements et c’est le siège : plus de 1
000 policiers investissent les quartiers survolés par des hélicos
aux puissants projecteurs. S’instaure une véritable guérilla :
aux grenades lacrymo, matraques et flash balls répondent pierres,
barres, incendies et, pour la première fois, fusils à plomb et à
grenaille. Les anciens descendent des immeubles et, lorsque les
Robocops approchent des immeubles, c’est le caillassage. Les
journalistes sont pris à partie, identifiés comme supplétifs du
pouvoir. Sarko répond «aux voyous destructurés prêts à tout»
en promettant la réclusion à perpétuité. Au petit matin, les
flics appellent, par tracts, à la délation. Guerre civile
psychologique. A Villiers, le taux de chômage est de 19 %, 30 à 40
% dans les quartiers, ni ANPE, ni CAF, pas même un lycée. La casse
des services publics est, ici, déjà accomplie. Le cynisme de Sarko
« colorant » le sommet de l’Etat, son «travailler plus pour
gagner plus», sa «tolérance zéro pour la glandouille»,
ici, sont insupportables. Le pouvoir le sait. Ne lui reste qu’à
dresser les moins pauvres qui risquent de perdre leur vie à la
gagner contre ceux qui n’ont plus rien à perdre. Arrogance et
brutalité ne résoudront pas la paupérisation des familles, la
ghettoïsation de la misère. Doute et inquiétude rongent
l’oligarchie régnante : et si les couches populaires surmontaient
leurs propres divisions face à la baisse du pouvoir d’achat,
l’allongement de la durée de travail et du chômage ? La guerre
entre les « bons » Français et la « racaille » pourrait tourner
court. Déjà Sarko s’en inquiétait lors des manifs anti CPE «
S’il y avait connexion entre les étudiants et les banlieues,
tout serait possible y compris une explosion généralisée et une
fin de quinquennat épouvantable ». Après les Présidentielles,
le Figaro s’épouvantait : «La même rage anti Sarko a
réuni dans de brèves manifestations, des militants radicaux, des
jeunes étudiants et des jeunes de banlieues». Nous reviendrons
dans notre prochain numéro sur la signification et les limites de
ces révoltes.
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