mardi 28 novembre 2017

L'Injure Sociale N°3




« Aussi est-ce avec le plus grand plaisir que nous recevons les injures angoissées de gens qui ont crûs nous posséder, dans tous les sens du terme, et qui nous ont vu les fuir avec l'énergie même qu'ils avaient mis à nous lier à eux. Petits bourgeois des trotskystes, provocateurs des staliniens, délirants des sociologues, renégats des ultras-gauchistes , plus que jamais nous sommes tous ce que nous ne sommes pas. Et nous serions portés à en être fiers , si le ridicule même de nos juges ne nous poussait à leur rire au nez. »

« Ce n'est qu'en reconnaissant la vie dans sa totalité et sous tous les apparats dont elle se plaît à se déguiser que nous prendrons , en la dévêtant avec le goût même qu'elle met à jouer avec nous, le plaisir de la pénétrer comme une amante fidèle au seul souvenir des passions ».

« Osmose : La maladie sociale la plus courante réside dans l'identification toujours plus poussée du travailleur et de l'instrument de son travail...Dépossédé de lui-même par le travail salarié, le prolétaire perd peu à peu le sens de l'humain pour devenir prolongement dynamique de la machine qui le domine, qui lui suce sa vie... L'amour du travail bien fait, le soin accordé à l'instrument de travail font partie des symptômes de l'aliénation des prolétaires...Le fil de la vie réelle est devenu si ténu , si mince, l'attention se reporte sur l'agent de la misère, la machine, expression matérielle de l'organisation capitaliste du travail. L'usine devient pour le prolétaire l'axe de sa survie...Et si la machine tombe en panne, s'arrête, la « vie » semble s'arrêter elle aussi pour l'aliéné ramené à sa misère vraie dès qu'il ne s'active plus dès qu'il ne produit plus. Alors il s'empresse à réparer, à remettre en route l'organe de son propre suicide d'homme salarié... »

« Venez rêver, sentir, jouer, créer au centre Beaubourg, aimer marcher, parler, dormir, manger au Club Méditérranée, les programmeurs de la vie aliénée nous invite à nous livrer aux joies de l'aventure, à retrouver le goût de l'authentique et du merveilleux, à nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, à recomposer le puzzle de notre existence fragmentée, bref en clair, à nous laisser tenter par le piège des distractions, passions et activités illusoires, soigneusement planifiées dans un cadre vide de vie et présentées grossièrement comme le retour à la COMMUNAUTE HUMAINE.
Comble de l'illusion, c'est dans le cadre déshumanisé des loisirs aliénés fonctionnant comme organisation de l'ennui et remplissage "des temps libres que chacun de nous est convié à RECONQUERIR ce que nous ne possédons pas en propre, NOTRE VIE MEME. Ceci par le biais d'une gamme d'activités qui sont normalisées, chloroformées, vidées de leur contenu et de leur richesse créatrice, agencées pour nous nous pensions libres d'agir. De fait, nous sommes REELLEMENT contrôlés par toute une organisation qui nous enlève ce qu'elle prétend nous revendre: le rêve, la création etc...Sans doute, cette prétention mensongère qu'affichent les organisateurs à réapprendre aux gens les signes élémentaires de la vie trouve-t-elle ses racines dans le vide de l'existence, LA PARCELLISATION ·et LA DESARTICULATION à l'infini des activités, des passions émasculées au point d'apparaître comme nulles et bestiales: l'amour vu au travers des bordels bourgeois, le langage codifié par la publicité marchande...Cette ATOMISATION procède de cette même réalité sociale qui scelle chaque individu dans une sphère spécifique d'activités et de catégories (prolétaire, électeur, consommateur.) et qui sous les effets de la division du travail et de l'organisation sociale rend les hommes étrangers à leur être et réprime tout un monde de dispositions et de facultés productrices.
Ce qui est en jeu dans ce monde de séparation, au travers de la programmation de nos Vies, c'est L'IMPOSSIBILITE pour les individus morcelés à maîtriser la totalité de leurs manifestations humaines, à déployer leurs aptitudes physiques et intellectuelles, à posséder cette vie universelle ennemie des passions tristes. Ce qui est proposé ici, c'est la fuite vers « des séjours trompeurs, ces abris classiques qui ont la réputation de dispenser une consolation" : celle où faute de créer passionnellement sa vie, on consomme passivement ce qui n'est plus qu'une caricature de l'existence, et où l'individu n'échappe en rien à l'exploitation forcenée de sens et·activités, présentés sous le seul angle de la consommation marchande »

«Alors que les moyens de prévision et de manipulation sont parvenus à un degrés jamais atteint dans l'histoire de l'humanité, l'incertitude qui pèse sur l'avenir, comme les surprises du présent, sont la tabula rasa salutaire pour toute pensée radicale. Seuls les :fonctionnaires appointés de la théorie, perpétuant la stupidité congénitale de leurs analyses, peuvent y voir une simple "lacune". »

« Dans les heures de détresses et de reflux, le fragmentaire grain de sable à :faire grincer la machine, se réduit à son minimum, l'individualité. Il n'est qu'a voir comment l'individu est attaqué de toute part, avili dans son travail et son repos pour comprendre qu'il est le dernier bastion toujours menaçant et toujours imprenable. »

«En ce sens le capital tend à la totalité. C'est aussi pourquoi cette totalité est fausse. Car le nombre, l'unidimensionalité, le quantitatif se réalise par la liquidation du qualitatif. Mais tant que Pierre ne sera pas identique à Paul, ni Paul à Pierre, la domination du capital reste menacée. »

«Disons tout de suite qu'ici se trouve refusée l'instance fondamentale de la société bourgeoise, la médiation. Cette médiation existe aussi bien au niveau social que dans la sphère de la pensée. Au niveau social,. parti, syndicat, délégué, gouvernant, la médiation s'interpose toujours entre le sujet et le pouvoir, entre le capital et le travail. Comme Hegel l'a montré, elle est· le moyen terme qui permet d'accomplir l'équivalence, l'échange. Sans la médiation syndicale la revendication brute du travailleur ne serait pas recevable, donc monnayable par·le patronat. »



samedi 25 novembre 2017

Daniel Guérin Anthologie de l'Anarchisme T 4 Partie 2


Il fallait integrer les espagnols. Lors de ce congrès, il s'agissait pour les communistes de mettre la main sur tous les syndicats. Les contestations furent coupées et Trotsky lui-même condamna toute contestation dans le préambule à un discours.

au 2 congrès de la Troisième internationale en 1920

« Dans la majorité des pays belligérants, la plupart de syndicats avaient été lors des douloureuses années de guerre, partisan du neutralisme ( apolitisme ) ; ils avaient été les serfs du capitalisme impérialiste et avait joué un rôle néfaste en retardant l'émancipation des travailleurs (…) à la dictature de la bourgeoisie, il fallait opposer, comme seul moyen décisif et transitoire, la dictature du prolétariat, seule capable d'ébranler la résistance des exploiteurs et d'assurer ainsi que de consolider la conquête du pouvoir par le prolétariat. »

Le congrès décida en conséquence de :

« Condamner toute tactique destinée à faire sortir les éléments d'avant-garde des organisations syndicales existantes et éliminer, au contraire, d'une façon radicale, de la direction du mouvement syndical les opportunistes qui avaient collaboré avec la bourgeoisie en acceptant la guerre... »

Voici ce qui sortit de ce congrès : Projet de l'Internationale Syndicale Rouge

« 1. un comité spécial devra être organisé dans chaque pays par le parti communiste.
  1. Ce comité se chargera de recevoir et distribuer à toutes les organisations syndicales les circulaires et les publications de l'organisation internationale Rouge.
  2. Le comité nommera les rédacteurs des journaux professionnels et révolutionnaires en leur inculquant le point de vue de l'Internationale contre l'internationale adverse.
  3. Le comité interviendra avec ses propres moyens d'intervention et de polémique.
  4. Le comité travaillera en étroites relations avec le parti communiste tout en étant un organe différent.
  5. Le comité contribuera à convoquer des conférences dans lesquelles seront discutées des questions d'organisation internationale et choisira les orateurs après à la propagande.
  6. Le comité sera composé de camarades de préférence communistes. Les élections seront supervisées par le parti communiste.
  7. Dans le pays où cette méthode ne pourra être adoptée des émissaires du parti communiste seront envoyés afin de créer une organisation semblable. »

A propos de la révolution espagnole

« C'était quelque chose d'entièrement nouveau en Espagne, et dans le monde et qui ouvrait une ère nouvelle dans l'histoire. Pour la première fois, un peuple entier s'était dressé contre le fascisme. En Allemagne et dans d'autres pays, l'embourbement parlementaire et la fossilisation bureaucratique du mouvement ouvrier avaient favorisé la montée de la dictature ; en Espagne, la rupture de l'ensemble des travailleurs d'avec les méthodes parlementaires et la politique bourgeoise, permit au peuple tout entier d'opposer une résistance aux généraux. »

Durruti a été un héros pour la lutte antifasciste avec sa célèbre colonne «  la colonne Durruti ». Lorsqu'il arriva à Madrid pour sauver la capitale avec ses 5000 hommes, le peuple crut tout de suite à la victoire. Hélas, cela sentait à plein le piège puisqu'on lui attribua le quartier de la ville le plus dangereux.

Il reçut ce qu'on a appelé «  une balle perdue ». Egal à lui-même, il lutta contre la mort en supportant les multiples interventions chirurgicales. Hélas, il mourut au petit matin le 20 novembre 1936.

3 thèses courent sur la mort de Durruti :

1 Durruti aurait été tué par des militants anarchistes parce qu'obligés de combattre à Madrid aux côtés des communistes il aurait eu tendance à se rapprocher d'eux. C'est l'hypothèse la moins vraisemblable.

2 Durruti aurait été supprimé par des membres de l'aile droite et réformiste de la C.N.T. Qui auraient voulu accentuer le compromis politique avec les autres forces républicaines pour enlever à la lutte tout caractère révolutionnaire, ceci contre la volonté de Durruti, partisans, lui, de la lutte révolutionnaire à outrance.

3 Enfin Durruti aurait été exécuté par la Guépéou sur l'ordre de Staline, car son immense popularité était un obstacle aux sinistres machinations du parti communiste espagnol.

Emma Goldman rencontre Durruti qui s'explique

« J'ai été anarchiste toute ma vie, me répondit-il et j'espère continuer de l'être. C'est pourquoi je considérais qu'il me serait très désagréable de me convertir en général et de commander mes hommes avec la discipline stupide à esprit militaire. Ils sont venus à moi par leur propre volonté, disposés à donner leur vie pour notre lutte antifasciste. Je crois, comme je l'ai toujours cru, en la liberté. La liberté comprise dans le sens de la responsabilité. Je considère la discipline indispensable, mais celle-ci doit être une autodiscipline mue par un idéal commun et un fort sentiment de camaraderie ».

« Je suis satisfait de ma colonne. Mes camarades sont bien équipés et, quand l'heure vient, tout fonctionne comme une bonne machine. Je ne veux pas dire par là qu'ils cessent d'être des hommes. Non, nos camarades sur le front savent pour qui et pour quoi ils luttent. Ils se sentent révolutionnaires, ils ne luttent pas pour la défense de nouvelles lois plus ou moins promises, mais pour la conquête du monde, des usines, des ateliers, des moyens de transport, de leur pain, de la culture nouvelle. Ils savent que leur vie dépend du triomphe.
Nous faisons, et ceci est mon opinion, parce que les circonstances l'exigent ainsi, la révolution et la guerre tout en même temps. Les mesures révolutionnaires ne se prennent pas uniquement à Barcelone, mais aussi depuis les lignes de feu. Dans tous les villages dont nous nous emparons, nous commençons à développer la révolution. C'est le meilleur de notre guerre et quand je pense à elle, je me rends compte davantage de ma responsabilité. Depuis les premières lignes jusqu'à Barcelone, il n'y a que des combattants pour notre cause. Tous travaillent pour la guerre et la révolution.
Un des mots d'ordre les plus importants réclamés par l'actualité : discipline. On en parle beaucoup, mais peu travaillent dans ce but. Pour moi, la discipline n'a d'autre signification que le concept que l'on a de la responsabilité. Je suis ennemi de la discipline de caserne, celle qui conduit à la brutalité, à l'horreur et à l'action mécanique. Je ne reconnais pas, non plus, ce mot d'ordre erroné : liberté qui ne convient pas dans les moments actuels de la guerre et qui est le recours des lâches. Dans notre organisation, la C.N.T. impose la meilleure des disciplines. Les confédérés admettent et accomplissent les décisions prises par les comités qui sont proposées par les camarades élus pour accepter ces charges de responsabilité. Durant la guerre, on doit se soumettre aux délégués qui ont été élus. Aucune opération ne peut être faite d'une autre manière. Si nous savons que nous nous affrontons avec des hésitants, alors parlons à leur conscience et à leur amour-propre. De cette manière, nous saurons faire d'eux de bons camarades.
Je suis satisfait des camarades qui me suivent. J'espère que, eux aussi, sont contents de moi. Ils ne manquent de rien. Ils ont à manger, de quoi lire, ils ont des discussions révolutionnaires. La fainéantise est absente de nos colonnes. On construit continuellement des tranchées.
Nous gagnerons la guerre, camarades ! »

Aux ouvriers Russes

« De nombreux révolutionnaires internationaux, qui nous sont proches par le cœur et la pensée, vivent en Russie, non pas en liberté, mais dans les isolateurs politiques et les bagnes. Plusieurs d'entre eux ont demandé à venir combattre l'ennemi commun en Espagne, au premier rang de la ligne de feu. Le prolétariat international ne comprendrait pas qu'ils ne soient pas remis en liberté ; et il ne comprendrait pas non plus que les renforts en armes ou en hommes que la Russie se dispose, parait-il, à envoyer en Espagne, soient l'objet d'un marchandage comportant une abdication quelconque de la liberté d'action des révolutionnaires espagnols.
La révolution espagnole doit suivre un autre cours que la révolution russe. Elle ne doit pas se développer selon la formule : « un parti au pouvoir, les autres en prison ; » Mais elle doit faire triompher la seule formule qui permette à l'unité du front de n'être pas une duperie : « Toutes les tendances au travail, toutes les tendances au combat contre l'ennemi commun. Et le peuple choisira le régime qui lui conviendra le mieux ».
Si la militarisation par la Généralité est faite pour nous intimider et nous imposer une discipline de fer, on se trompe et nous invitons les auteurs du décret à monter au front pour se rendre compte de notre moral et de notre cohésion ; ensuite, nous viendrons les comparer avec le moral et la discipline de l'arrière. »

Le choix pour les jeunes anarchistes étaient soit de rentrer dans l'armée régulière (sa discipline, ces gradés) soit les milices anarchistes.

« Nous ne refusons pas de remplir notre devoir civique et révolutionnaire. Nous voulons aller libérer nos frères de Saragosse. Nous voulons être des miliciens de la liberté mais non des soldats sous l'uniforme. L'armée s'est avérée un danger pour le peuple ; seules les milices populaires protègent les libertés publiques : miliciens oui ! Mais soldats, jamais ! »

Le milicien, individu conscient

« Mon prédécesseur à cette tribune a parlé de la structure. Je veux développer davantage la question. Une unité de commandement absolu qui décide de la fonction que l'individu doit tenir dans la guerre sera-t-elle plus efficace dans l'action que les convictions de cet individu ?
Parce que je vous le dis : ceux qui s'insurgent contre la Colonne de Fer, parce qu'elle descend à l'arrière faire la révolution que vous ne savez pas faire, ceux-là, je vous le déclare, ne savent pas ce qu'ils disent.
Le simple milicien vient à la Colonne par ce qu'il sait trouver en elle une unité morale, révolutionnaire et intellectuelle. C'est pourquoi, nous, qui sommes allés les premiers au champ de bataille, nous ne pouvons permettre que maintenant le marxisme et la démocratie bourgeoise, comme hier la réaction, tentent d'anéantir le meilleur du champ révolutionnaire levantais, c'est-à-dire la moisson anarchiste et révolutionnaire.
C'est encore pourquoi nous ne pouvons accepter le commandement unique, parce que les militaires n'ont su que rester à l'arrière-garde. Et nous, qui avons admiré le moral de nos frères confédérés, qui savons qu'il y a parmi eux des éléments qui valent cent fois plus que des militarisés, nous ne voulons pas d'entraves, nous ne voulons pas qu'on invoque ce mensonge que sans unité de commandement on ne peut gagner la guerre.
Les pratiques des partis politiques de l'ancien régime qui veulent créer l'unité de commandement pour le donner à leurs Armées Rouges, pour créer une dictature aussi fatale peut-être que la précédente, mettent la révolution en péril. A cela, nous ne pouvons consentir, et je dois dire, à ce qsujet, que tout ce plénum, malheureusement mal orienté par le comité régional, est en train de se dérouler dans une ambiance nettement réformiste et politique, et c'est pourquoi on doit écouter notre faible voix, parce que plus tard, tous nous payerons les conséquences de notre malentendu. »

De la participation de la C.N.T. au gouvernement espagnol, il y eut beaucoup de critiques et encore aujourd'hui le débat reste entier et pourtant, personnellement, je reste convaincu que de participer à un quelconque gouvernement en pensant, ou en trouvant comme alibi le prétexte, de vouloir changer les choses de l'intérieur, ne fait que renforcer cet état. Le système est tel que tout ce qui le conteste est ingurgité et recraché comme un appendice de ce même système.

« Déclaration de principes

Le congrès réuni à Toulouse le 20 octobre 1947 et jours suivants ;
considère que toutes les expériences vécues et tous les événements qui se sont produits dans le monde au cours des dernières années ne font que confirmer la voie suivie depuis 1870 par le prolétariat organisé sous les mots d'ordre de la première Internationale ;
considère que toutes les concessions faites à l’État n'ont entraîné qu'une consolidation de celui-ci et que toute acceptation, même provisoire, du principe d'autorité, représente une perte effective de positions et implique le renoncement à des buts finaux intégralement libérateurs ;
(…) considère que les expériences de la guerre et de la révolution en Espagne ont confirmé la valeur permanente des efforts entrepris sous l'impulsion populaire et la revalorisation, par la force des choses, des tactiques d'action directe, antiétatique et révolutionnaire ;
(…) en raison de tout ce qui précède, le Congrès déclare : qu'il ratifie les principes et tactiques d'action directe antiétatique et révolutionnaire, consubstantiels à l'anarchisme et à l'anarcho-syndicalisme ;
(…) que tout pouvoir constitué sur le principe de l’État politique et économique, quel que soit son nom et quels que soient les partis et organisations qui l'appuient, n'est qu'un des multiples visages de l'autorité ;

(…) que notre mouvement a pour but final l'implantation du communisme libertaire , sans aucune étape de transition, et avec des tactiques conformes à nos principes (...) »

lundi 20 novembre 2017

Pourquoi ce silence?

Depuis quelques temps, il y a un silence sur les ondes de la Sociale.

Aujourd'hui, la lutte remplace les mots.

Aujourd'hui, nous nous sommes redressés et nous allons faire entendre nos voix.

Nous faisons face à ce que l'entreprise a de plus inhumain, des chiffres et des statistiques opposés à la souffrance.

Des gens pleurent devant leurs casiers de tri dans l'indifférence hiérarchique totale:

 "je suis en réunion"

"J'obéis à des chiffres et des consignes et j'obéis sans regarder autour"

"Ma perversité est le malheur de ces gens qui triment comme des damnés en geignant mais sans se rebeller."

Pour ces gens là, les "humains" sont des charges, des poids, des problèmes.

Ils sont les ajustements variables d'une productivité vertigineuse.

Mais aujourd'hui,  aujourd'hui, nous étions debout face à eux, face à ces personnes pour leur dire que nous n'accepterons plus jamais que l'on nous parle sur ce ton.

Plus jamais nous ne nous laisserons piétiner sans un retour de flamme.

Bientôt le travail éducatif de la Sociale va reprendre son cours mais il se sera enrichi d'un nouveau combat.

Nous devons passé à cette idée évidente que nous ne devons plus perdre, et pour cela, il y a un travail permanent à faire de questionnement, d'interrogation, de remise en question, sans cri, sans dogme figé mais une réflexion vive, éclairante, libre, sans peur.

Cette peur qui nous soude les semelles au sol et qui nous empêche de nous envoler.

Oser ce qu'il n'imagine même pas






Amnesty International quatrième Partie 2016/2017



Gambie

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

Les personnes arrêtées pendant les manifestations organisées en avril ont été torturées et maltraitées. Parmi elles se trouvait l'entrepreneure Nogoi Njie. Dans la déclaration sous serment effectuée auprès de la Haute Cour, cette femme a expliqué que des hommes portant des cagoules et des gants noirs l'avaient frappée à coups de tuyau et de matraque tout en lui versant de l'eau sur la tête, au siège de la NIA à Banjul. Elle a également déclaré avoir vu le corps gonflé et sanguinolent de Solo Sandeng. Elle craignait qu'il ne soit mort.
Le 13 juin 2016, le gouvernement a reconnu, dans une réponse à une requête en habeas corpus, que Solo Sandeng était mort au cours de la procédure d'arrestation et de détention et qu'une enquête avait été ouverte. Aucune autre information n'avait été rendue publique à la fin de l'année.

MORTS EN DÉTENTION

Le 21 février, Sheriff Dibba, secrétaire général du Syndicat national des transporteurs gambiens (GNTCA) est mort dans un centre médical de Banjul. Victime d'un malaise alors qu'il était en garde à vue, il n'avait pas été pris en charge immédiatement. Selon la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), Sheriff Dibba et huit autres dirigeants du GNTCA avaient été arrêtés après que le syndicat eut appelé les autorités à baisser le prix du carburant. L'ITF a saisi l'Organisation internationale du travail (OIT) du cas de Sheriff Dibba et sur les « mesures punitives » prises contre le GNTCA, dont les activités ont été suspendues par décret présidentiel. À la fin de l'année, la famille de Sheriff Dibba n'avait pas obtenu les résultats de son autopsie et aucune enquête sur la mort de cet homme n'avait été ouverte.
Ebrima Solo Krummah, un haut responsable de l'UDP arrêté le 9 mai et détenu à la prison Mile 2, est mort le 21 août après une opération chirurgicale à l'hôpital. On lui aurait refusé des soins médicaux pendant sa détention. À la fin de l'année, aucune information sur les causes de sa mort n'avait été rendue publique et aucune enquête n'avait été annoncée.

DISPARITIONS FORCÉES, DÉTENTIONS ARBITRAIRES ET DÉTENTIONS AU SECRET

Trois imams arrêtés en 2015 étaient toujours soumis à une disparition forcée. Alhagi Ousman Sawaneh, imam de Kanifing South, a été arrêté le 18 octobre 2015 par des hommes en civil. Il aurait été interpellé parce qu'il avait adressé au chef de l'État une demande de libération d'Haruna Gassama, le président de la coopérative des riziculteurs qui était alors détenu sans inculpation par la
NIA depuis six mois. Sheikh Omar Colley et Cherno Gassama ont été arrêtés en octobre et novembre 2015, pour le même motif indiquent certains observateurs. Ces trois imams seraient détenus au secret dans la prison de Janjanbureh, mais en dépit des multiples requêtes de leurs familles, les autorités n'ont pas confirmé où ils se trouvaient. Statuant sur une requête en habeas corpus, la Haute Cour a ordonné, le 21 mars, la remise en liberté d'Alhagi Ousman Sawaneh. Aucune suite n'a toutefois été donnée à cette décision.
Ousman Jammeh, ancien vice-ministre de l'Agriculture, restait lui aussi victime d'une disparition forcée. Limogé et arrêté en octobre 2015, il aurait été détenu plusieurs jours au siège de la NIA avant d'être transféré à la prison Mile 2. Toutefois, ni sa famille ni son avocat n'ont pu entrer en contact avec lui, et les autorités n'ont donné aucune information sur l'endroit où il se trouvait ni sur les raisons de son arrestation.
Omar Malleh Jabang, un entrepreneur partisan de l'opposition, a été emmené par des hommes en civil le 10 novembre et il n'a pas été revu depuis, malgré des requêtes auprès des autorités.
Sarjo Jallow a été démis de ses fonctions de vice-ministre des Affaires étrangères le 1er septembre. Sa famille et ses avocats n'ont plus été en mesure d'entrer en contact avec lui dès le 2 septembre, bien qu'on les ait informés officieusement qu'il était détenu au siège de la NIA. Sa femme était une fervente partisane de l'UDP. Le 10 octobre, des avocats ont déposé un recours en vue de sa remise en liberté. Sarjo Jallow n'avait pas été libéré à la fin de l'année.

Georgie

CONTEXTE

Avec 115 sièges, le parti au pouvoir – le Rêve géorgien – a accru sa majorité au Parlement à l’issue des élections législatives qui ont eu lieu le 8 octobre. Principale formation d’opposition, le Mouvement national uni (MNU) a remporté 27 sièges, tandis que l’Alliance des patriotes, parti conservateur de droite, en obtenait six. Plusieurs enregistrements clandestins de conversations privées, ainsi que des détails sur la vie intime de personnalités de l’opposition et de journalistes, ont été diffusés peu de temps avant les élections.
Soupçonnées de s’être procuré illégalement les enregistrements, cinq personnes, dont un ancien membre des services de sécurité, ont été arrêtées. L’enquête n’était pas terminée à la fin de l’année.
En Abkhazie et en Ossétie du Sud, les autorités de fait et les forces russes présentes sur le terrain continuaient de restreindre la circulation entre ces deux régions sécessionnistes et le reste de la Géorgie. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
Plusieurs d’entre elles ont affirmé avoir été torturées et, plus généralement, maltraitées (notamment rouées de coups) au cours de longues périodes de détention arbitraire. Un homme a été tué par un soldat russe le 19 mai, alors qu’il tentait de passer en Abkhazie. Une enquête ouverte par les autorités de fait de la région était toujours en cours à la fin de l’année.
Le renforcement de la clôture installée le long des frontières administratives a eu des conséquences négatives sur les droits au travail, à la nourriture et à un niveau de vie suffisant de la population locale, qui a perdu, partiellement ou totalement, l'accès à ses vergers, pâturages et terres agricoles.


DROITS DES LESBIENNES, DES GAYS ET DES PERSONNES BISEXUELLES, TRANSGENRES OU INTERSEXUÉES

Le 9 août, le président Guiorgui Margvelachvili a refusé d’organiser un référendum sur une modification de la Constitution proposant de restreindre la définition du mariage, « union volontaire
fondée sur l'égalité entre les époux », pour la remplacer par la formulation suivante : « une union entre un homme et une femme ». Le projet initial de modification de la Constitution avait été approuvé en mai par la Commission parlementaire des droits humains. Une femme transgenre, hospitalisée après avoir été agressée et frappée par deux hommes, est morte des suites de ses blessures le 23 novembre. Une ONG locale de défense des droits des femmes a indiqué avoir enregistré au moins 35 agressions contre des femmes LGBTI au cours de l'année. Le bureau du médiateur public a joint sa voix à celles de groupes locaux de défense des droits pour dénoncer l'absence de véritables enquêtes et d'obligation de rendre des comptes pour les crimes visant des personnes LGBTI.

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

Les actes de torture, les autres mauvais traitements, et, plus généralement, les violations des droits humains attribuées aux responsables de l'application des lois constituaient un sujet de préoccupation. Dans ce contexte, le gouvernement n’a pas pris les mesures législatives nécessaires pour mettre en place un mécanisme indépendant destiné à enquêter sur les violations des droits humains perpétrées par les forces de sécurité.

Demur Sturua, 22 ans, habitant Dapnari, un village de l’ouest de la Géorgie, a été convoqué le 7 août par un inspecteur de la police locale, qui souhaitait l’interroger sur une personne soupçonnée de faire pousser du cannabis dans la localité. Le jeune homme s’est suicidé le lendemain. Dans la lettre qu’il a laissée, il blâmait l’inspecteur de police, affirmant que celui-ci l’avait frappé et menacé. Selon l’avocat de la famille de Demur Sturua, l’autopsie aurait révélé des lésions sur le corps de la victime. L’enquête n’était pas terminée à la fin de l’année. Des informations ont par la suite été publiées dans la presse, selon lesquelles des habitants de villages reculés, susceptibles d’avoir été traités de la même manière par la police, refusaient de porter plainte parce qu'ils craignaient d’éventuelles représailles et qu'ils n’avaient aucune confiance en les pouvoirs publics.

mercredi 15 novembre 2017

Go Canny

Tiré de l'ouvrage d'Emile Pouget    Le Sabotage  l'épisode du Go Canny qui allait inspirer les syndicats français quelques mois après. Cette technique n'est pas si mauvaise.

"Un exemple de la puissance persuasive du "Go Canny" nous est donné par le Musée Social 1 :
En 1889, une grève avait éclaté à Glasgow. Les dockers unionistes avaient demandé une augmentation de salaire de 10 centimes par heure. Les employeurs avaient refusé et fait venir à grand frais, pour les remplacer, un nombre considérable de travailleurs agricoles. Les dockers durent s’avouer vaincus, et ils consentirent à travailler aux mêmes prix qu’auparavant, à condition qu’on renverrait les ouvriers agricoles. Au moment où ils allaient reprendre le travail, leur secrétaire général les rassembla et leur dit :
"Vous allez revenir travailler aujourd’hui aux anciens prix. Les employeurs ont dit et répété qu’ils étaient enchantés des services des ouvriers agricoles qui nous ont remplacés pendant quelques semaines.
Nous, nous les avons vus ; nous avons vu qu’ils ne savaient même pas marcher sur un navire, qu’ils
laissaient choir la moitié des marchandises qu’ils portaient, bref que deux d'entre eux ne parvenaient pas à faire l'ouvrage d'un de nous. Cependant, les employeurs se déclarent enchantés du travail de ces gens là, ; il n’y a donc qu’à leur en fournir du pareil et à pratiquer le "Ca’Canny". Travaillez comme travaillaient les ouvriers agricoles. Seulement, il leur arrivait quelquefois de se laisser tomber à l'eau ; il est inutile que vous en fassiez autant." Cette consigne fut exécutée et pendant deux ou trois jours les dockers appliquèrent la politique du "Ca’Canny". Au bout de ce temps les employeurs firent venir le secrétaire général et lui dirent de demander aux hommes de travailler comme auparavant, moyennant quoi ils accordaient les 10 centimes d'augmentation...."

Voilà pour la pratique. Voici maintenant pour la théorie. Elle est empruntée à un pamphlet anglais, publié vers 1895, pour la vulgarisation du "Go Canny" :
Si vous voulez acheter un chapeau dont le prix est de 5 francs, vous devez payer 5 francs.
Si vous ne voulez payer que 4 francs, il faudra vous contenter d’un chapeau d’une qualité inférieure.
Un chapeau est une marchandise.
Si vous voulez acheter une demi-douzaine de chemises à 2 fr. 50 chaque, vous devez payer 15 francs.
Si vous ne voulez payer que 12 fr. 50, vous n’aurez que cinq chemises.
Une chemise est une marchandise.
Les employeurs déclarent que le travail et l'adresse sont de simples marchandises, comme les chapeaux et les chemises. "Très bien, disons-nous, nous vous prenons au mot."
Si le travail et l'adresse sont des marchandises, les possesseurs de ces marchandises ont le droit de
vendre leur travail et leur adresse exactement comme le chapelier vend un chapeau ou le chemisier une chemise.
Ils donnent valeur pour valeur. Pour un prix plus bas vous avez un article inférieur ou de qualité moindre.
Payez au travailleur un bon salaire, et il vous fournira ce qu'il y a de mieux comme travail et comme
adresse.
Payez au travailleur un salaire insuffisant et vous n'aurez plus le droit à exiger la meilleure qualité et la plus grande quantité de travail que vous n’en avez eu à exiger un chapeau de 5 francs pour 2 fr. 50.

Le "Go Canny" consiste donc à mettre systématiquement en pratique la formule "à mauvaise paye,
mauvais travail !" Mais il ne se circonscrit pas à cela seul. De cette formule découlent, par voie de
conséquence logique, une diversité de manifestations de la volonté ouvrière en conflit avec la rapacité
patronale.
Cette tactique, que nous venons de voir vulgarisée en Angleterre, dès 1889, et préconisée et pratiquée
dans les organisations syndicales, ne pouvait pas tarder à passer la Manche. En effet, quelques années
après, elle s’infiltrait dans les milieux syndicaux français.

dimanche 12 novembre 2017

TRIBUNE ANARCHISTE COMMUNISTE N°2



Ce qui est notre faiblesse actuelle sur tous les conflits, tant politiques que syndicalistes, c'est ce refus d'analyser ce qui s'est passé : nos défaites, et leurs causes, nos victoires, et les moyens utilisés pour y arriver.

Ceux qui s'enferment sur leur syndicat, ou sur leur parti politique et qui ne veulent en aucun cas entendre quelques critiques que ce soient, sont ceux qui nous entraînent inévitablement vers de nouvelles défaites. Qui sont d'ailleurs de plus en plus cinglantes.

Analyser les causes de nos défaites et comprendre ce qui nous a fait perdre, n'est pas une accusation sur qui que ce soit, sauf à dénoncer les simulateurs qui nous mystifient pour leur propre parcours politiques ou syndicaux. Ce sont des manipulateurs, qui n'ont intégré un quelconque mouvement que pour arriver à leur fin.

Exemple flagrant qui me vient immédiatement à l'esprit : Cohn-Bendit. Cet étudiant qui se mit debout face à la police et aux autres étudiants, quels furent ses motivations ? Pour juger ou analyser celles ci, regardons sa « carrière » et écoutons ce que ce monsieur tente de nous démontrer : l'Europe de 2005 pour lequel une majorité à voter non, il nous dit qu'il fallait voter oui ; il est pour Macron et nous voyons quelle politique celui-ci nous impose. Celui qui pourfendait les dictatures politiques et médiatiques de l'époque est activement complice de celles ci aujourd'hui.

L'une des premières choses que nous pouvons en conclure, c'est qu'il faut se méfier des meneurs et qu'un mouvement « populaire » doit entièrement rester dans les mains du peuple. Pas dans celles d'un meneur autoproclamé.

Aujourd'hui, il me semble primordial d'analyser nos méthodes de luttes, d'interpréter librement et sans sectarisme toutes les décisions des centrales syndicales, comprendre que nous devons mettre en place de nouvelles formes de lutte.

Et sans aucun doute, sans aucun doute, il ne faut rejeter aucune forme de lutte. Même celle que l'on ne comprend pas. Mais nous devons nous poser la question : qu'est ce que je ne comprends pas et pourquoi je ne la comprends pas ?

Je prends l'exemple des Black Blocs.

Comment médiatiquement nous sont-ils présentés ? Comme des « casseurs » ? C'est à dire des gens qui ne se réclament d'aucune intelligence ? D'aucune lecture de la société ? Mais regardons ce qu'ils brisent : agences bancaires, distributeurs, agence d'assurance. Que font-ils dans les manifestations ? Ils sont en avant poste pour bloquer la répression qui s'intensifient de mouvements sociaux en mouvements sociaux. Ils sont là pour sauver des matraques des policiers tous les jeunes ou les vieux qui tombent, ou qui sont gazés.

Sont-ils si asociaux que cela ?

Qui sont-ils ? Des « ultras-gauches libertaires comploteurs » ? Pernault le clame mais ce sont des personnes qui ont une autre vision de la société actuelle. Et vous seriez très étonnés de savoir qu'ils ont, à peu près, la même vision que vous.

La différence avec vous alors ?

Ils ont compris, qu'hélas, le pacifisme ne sera peut-être pas la solution ; ils ont compris que ceux qui possèdent ne donneront jamais rien ; ils savent que tant que nous discutons, nous perdons tous ce que nos anciens ont gagné dans le sang.

Alors, je vous demande de les regarder, dans la prochaine manif, d'une manière différente, de comprendre qu'ils sont peut-être dans la vérité. Et en tout cas, n'écoutez plus les merdias



Commentaires sur les événements de Mai 68 :

« Les camarades de "Lutte Ouvrière" écrivent : (N° Juillet-Août)
"Les gauchistes n'ont pas été capables de cristalliser 1' espoir né en Mai. Ils n'ont pas su répondre aux aspirations profondes de milliers de combattants du printemps de I968 ouvriers et intellectuels. Le courant gauchiste n'a pas su se dresser au dessus de ses petites querelles intestines. Cet esprit s'est manifesté par le refus systématique de tenter le regroupement entre les différentes .tendances du mouvement révolutionnaire, alors que seul un tel regroupement pouvait cristalliser les énergies du mouvement dans son entier et constituer une véritable force révolutionnaire dan le pays. Trop souvent, la discussion des idées a été remplacée par les calomnies, les ragots, le mépris affiché des positions d'autrui. »

«Cette candidature a été présentée comme "anti-électoraliste" alors que les affiches qui proclamaient ce mot d'ordre appelaient tout de même à voter. Cette tactique d'utilisation de la légalité bourgeoise à des fins de propagande est connue. Elle n'a jamais donné aucun résultat et qui plus est n'est absolument pas comprise par les masses. »

«Pourquoi renoncer à une propagande anarchiste auprès du public au profit de celle des Comités du "M.R." ? Pourquoi dépenser autant d'énergies pour un mouvement où militent des marxistes alors que ces m~mes énergies seraient mieux 'employées au triomphe: de 1' Idéal anarchiste ? (ce type de pensée était d'ailleurs aussi largement répandu au sein des "pablistes" qui ont fini-par y céder). Nous nous refusons, pour notre part à céder à cette tentation qui n'est que sentimentale. Ainsi ce qui importe à ces camarades qui nous critiquent ou ne nous comprennent pas, ce n'est pas que la Révolution ou l'Anarchisme : avancent dans la société d'une manière objective. Ce qui leur importe, c'est que l'étiquette soit mise en avant? Nous sommes sûrs que c'est cet esprit de 'boutique" qui, tout compte fait retarde la réalisation de ce qui leur est cher. Pour notre part, nous préférons le contenu de la bouteille à son étiquette ! ! »

« Nous écrivions déjà dans notre "Lettre au Mouvement Anarchiste Inter national" :
"Pour nous, 1'ANARCHIE au sens absolu du terme, c' est-à-dire la libération totale de l'homme de toutes les aliénations et de toutes les causalités est un devenir permanent et une réalisation qui n'aura pas de fin. Ce que nous pouvons seulement faire c'est dégager la parcelle d'Anarchie possible de chaque acte qui contribue à la libération de 1'Humanité.
"C'est pourquoi, nous ne craignons pas d'affirmer que là dans la période donnée de l'évolution du monde qui est celle où nous vivons, il est RIDICULE de croire à une Révolution à forme anarchiste INTEGRALE promue par un MOUVEMENT PUREMENT ANARCHISTE. C'est parce qu'ils ont cru trop longtemps posséder le monopole de la Révolution que les anarchistes se sont coupés des masses et que l'histoire. Dès lors se pose la question de la présence de l'Anarchisme révolutionnaire et de son intégration dans un mouvement plus large ayant la démarche révolutionnaire pour base. »

«Nous avons déjà dit et écrit que l'évolution du mouvement révolutionnaire dans le monde, et surtout en Mai chez nous, doit nous obliger à remettre en question les idées les plus consc1crér. Qu'est ce que cela veut dire aujourd'hui : être marxiste ou être anarchiste tout court alors qu'il existe nombre de conceptions opposées parmi ceux qui se réclament de l'une ou de l'autre position? Au cours des récents événements, nous avons été amenés à maintes reprises à faire le point. A qui les événements donnent ils raison si nous comparons les faits aux théories et divergences exprimées par les anarchistes et les marxistes du XIX siècle ? Il y a sans doute « match nul » et il est clair que les problèmes.- qui se posent aux révolutionnaires d'aujourd'hui nous amènent à dépasser nos options primitives. Nous avons écrit déjà que nous sommes persuadés qu'à partir des options de MAI, l'AUTOGESTION, l'auto-organisation des masses sont une réponse au problème de.1'Unité idéologique qu'il faut rechercher. Nous avons dit aussi que les divergences sont moins grandes qu'elles ne paraissent..Nous nous réclamons de l'Anarchisme communiste au sein du Mouvement Révolutionnaire parce que nous procédons d'une tradition qui est irremplaçable et dont l'expérience historique doit être analysée au même titre que celle des marxistes.Nous voulons que nos options anarchistes soient une contribution permanente au débat qui doit s'instaurer entre tous les révolutionnaires. Nous pensons aussi que la pratique commune devra demain faire disparaître les tendances. Nous sommes prêts pour notre part à disparaître. »

« Cette organisation n'existe toujours pas et il faut chercher comment la construire. Dans l'immédiat, c'est la liquidation de la mentalité groupusculaire qu'il faut amorcer. »

« Mais dans la perspective d'une société basée sur l'AUTOGESTION et l'auto-organisation des masses (même le P.C.M.L.F. La:B'. parlait en Mai 68 de la "prise du pouvoir dans les usines" : il 1' a oublié depuis. Une dynamique peut le lui rappeler !), on ne peut avoir les mêmes pratiques organisationnelles que lorsque 1'on revendique seulement la prise du pouvoir d'état. Le rôle de l'avant-garde doit donc être différent et c'est en ce sens que nous pensons que la conception archinovienne dont nous avons parlé dans notre premier numéro est restée actuelle. » 

Autogestion et Yougoslavie

Article tiré de "Tribune Anarchiste Communiste" N°2

Un des aspects positifs du bouillonnement de Mai-Juin 1968 a été l'apparition de là notion d'autogestion.
Ce fut une révélation pour beaucoup et nombreux sont ceux qui maintenant n'envisagent plus le socialisme autrement que basé sur l'autogestion.
Il y a là un début de prise de conscience d'une aspiration profonde et nous sommes persuadés que dans les pays occidentaux, la Révolution ne peut se faire qu'autour de cette idée force.
Mais en Mai 1968, cette idée était trop floue et trop faible pour indiquer une direction aux masses en grève.
Pour devenir une force matérielle déterminante, l'idée d'autogestion qui a contre elle aussi bien les préjugés de la mentalité de la classe dominante comme des couches dirigeantes de la·classe ouvrière, que la complexité des techniques modernes et l'immensité des· entreprises doit s'imposer et en particulier devenir crédible.
Autrement dit les ouvriers peuvent-ils gérer leurs entreprises et selon quelles modalités ; et sur cette base la société entière peut-elle constituer une trame vivante et renouvelée se libérant des contraintes artificielles que lui impose non seulement l'impérialisme capitaliste mais aussi l'Etat.
C'est dans ces conditions qu'il nous parait nécessaire d'attirer l'attention sur l'exemple durable·et progressif de la Yougoslavie qui a proclamé avoir opté fondamentalement pour l'autogestion comme organisation sociale et a déjà en fait donné des réponses à beaucoup de questions.
Actuellement cette idée d'autogestion donne lieu à des recherches théoriques et études historiques fort intéressantes.

Nous, nous insisterions volontiers sur 1'aspect politique du problème.
A tous les points de vue la Yougoslavie joue un rôle important qu'il s'agit d'apprécier correctement.
Il. ne s'agit pas d'un modèle, cette notion étant de toute évidence contraire à toute pensée dialectique.
Pour nous il ne s'agit pas non plus d'un repoussoir ; position sur laquelle se retrouvent pour juger la Yougoslavie les tenants du centralisme étatique et ceux dont la démarche idéalistes les empêchera toujours de retrouver dans les manifestations de la vie les conceptions floues ou précises qu'ils ont élaboré dans l'abstrait.
Il. ne s'agit pas non plus d'une expérience si on entend par là quelque chose de restreint, un essai sur un point particulier et qu'on peut toujours interrompre, mais bien d'une démarche globale. Si les débuts furent timides nous sommes maintenant parvenu à un point où il nous parait légitime de dire que la Yougoslavie est en marche vers l'autogestion, et c'est actuellement  le seul lieu au monde dont on puisse en dire autant.
Dans le cadre de cette démarche globale, il y a effectivement une foule d'expériences pour essayer de résoudre les problèmes pratiques, mais dans le cadre de cette démarche globale qui elle n'est pas une expérience, mais un choix politico social; choix qui, précisément, est le notre.

On peut penser d'un point de vue élémentaire, et beaucoup de gens qui s’intéressent à la Yougoslavie ne manquent pas de le faire, qu'il y a là bas de bonnes et de mauvaises choses, l'appréciation et la répartition étant évidemment fort variables suivant les différentes subjectivités.
Il. faut distinguer les "inconvénients" de 1'autogestion de ceux qui résultent précisément de 1' insuffisance de son développement et des obstacles anti-autogestionnaires.
Le propre des systèmes autoritaires et centralistes c'est de résoudre les problèmes en les supprimant Jusqu'à ce qu'ils fassent à nouveau irruption et qu'on tente à nouveau d'écraser ceux qui incarnent la contradiction
Si on n'agit, pas de la sorte, c'est à dire si on opte pour l'autogestion, il faut s'attendre à l'expression de multiples problèmes, qu'il faut résoudre au fur et à mesure. Et la question pour une société en autogestion est de trouver les moyens de résoudre les problèmes d'une manière objective sans intervention arbitraire d'une force extérieure.
Or les remèdes aux maux dont souffre la société Yougoslave selon certains camarades se disant partisans de l'autogestion impliquent des mesures draconiennes qui nécessitent précisément tout un appareil répressif qui ne manquera pas non seulement de prendre des mesures mais encore de secréter toute une idéologie anti-autogestionnaires.
Or précisément la Yougoslavie ne sort qu'à peine d'un tel système. Mais si elle en est bien sortie du point de vue terroriste et policier, il n'en reste pas moins que la volonté de restructuration de la société de bas en haut doit compter avec la persistance d'une certaine bureaucratie qui dans certains cas se conjugue à la passivité des masses pour la survie des anciennes méthodes et des anciens rapports sociaux.
Toute la question est évidemment d'apprécier ce qui est essentiel et de juger la dynamique, en connaissance de cause.
Il est des gens qui croient qu'il y a en Yougoslavie quelques expériences d'autogestion mais qui se limitent à un petit secteur, comme en Algérie par exemple. D'autres sont mieux informés, mais leurs informations datent. C'est ainsi que Noir et Route republiait il y a 1 an ou 2 un article de notre camarade Paul Zorkine (révolutionnaire yougoslave qui avait lui même suivi la répression stalinienne} vieux de près de 10 ans, et qui considérait que les Conseils Ouvriers en Yougoslavie avaient à peu près autant de pouvoirs que les comités d'entreprise en France. Ce qui était parfaitement exact à l'époque. Et nous avons longtemps partagé cette opinion ; jusqu'au jour où de réforme en réforme, il nous est apparu évident qu'un type de société qualitativement tout différent s'était dégagé.

Les éléments sur lesquels nous nous basons sont la notion de propriété sociale se substituant à celle de propriété d'état pour les organes et moyens de production essentiels, à 1' intérieur desquels les chargements de rapports déterminent le changement de rapports de la société tout entière. Voilà qui nous parait essentiel dans ce domaine et non la persistance de la petite propriété artisanale ou agricole, dont par contre les différentes formes de coopératives et de coopération pourraient fort intéresser nos paysans.
Même si la pratique réelle est souvent en retard, le travailleur gère son entreprise c'est à dire que ce sont les travailleurs associés qui collectivement le font et se répartissent le revenu sans qu'un patron ou 1'Etat et sa bureaucratie accaparent une plus value ou imposent une direction. Mais ces producteurs associés sont responsables devant la collectivité, cette notion de collectivité n'étant plus une fiction masquant les intérêts la classe dirigeante comme en régime bourgeois capitaliste ou
bureaucratique d'Etat, puisque la collectivité avec laquelle l'entreprise est le plus directement articulée est la Commune dont le travailleur est membre actif en tant que citoyen et également membre en tant que travailleur.
Cette Commune, avec notamment son conseil des habitants et son conseil des travailleurs, nous parait un élément déterminant de 1 'autogestion, qui entre autres permet une intégration des entreprises à la collectivité, cette intégration nous paraissant l'emporter sur la concurrence en économie de marché qui selon certains transformerait la Yougoslavie en jungle capitaliste.

Il y a donc non seulement autogestion des unités de travail mais également autogouvernement le terme yougoslave qu'on traduit habituellement par le mot autogestion signifie d'ailleurs tout cela  si bien que le développement des forces productives se fait dans de toutes autres conditions qu'ailleurs du fait de cette autogestion entendue au sens large, même si certaines choses viennent choquer, dont les moindres ne sont pas le chômage et l'émigration. Nous pensons que l'autogestion dont les bases paraissent solides en Yougoslavie doit hater la désaliénation du travail, car le producteur qui intervient de plus en plus dans l'organisation de son travail et dans la répartition des fruits du travail collectif' est également un citoyen qui peut intervenir directement dans la vie publique.
Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il s'agit non d'un état de fait à prendre ou à rejeter mais d'une dynamique à apprécier.

La façon la plus correcte de juger la situation nous parait être de considérer l'autogestion en Yougoslavie comme un nouveau système social (impliquant déjà par lui même une restructuration
incessante) àyant à se substituer aux anciens rapports de production et modes de gouvernement.
Mais, et'c'est encore un des points de critique, l'autogestion se développe dans une économie; de marché. Les théoriciens yougoslaves pensent que c'est la seule méthode pour permettre aux contradictions de se manifester, d'être détectées scientifiquement et finalement dénouées de façon réelle. Les associations de travail se développent actuellement sur les bases de la production de
marché mais elles ne peuvent être rapidement, étant donné leur principe et leur structure, que la seule véritable négation de cette même production. Dès maintenant en tous cas elles représentent une négation réelle et absolue des rapports capitalistes ou étatistes de f'onctionnalisation de la production marché qui eux tendent à la perpétuer.

Ce serait une erreur-d'opposer comme on le fait souvent schématiquement économie de marché et planification. Le néo capitalisme se sert de l'Etat pour planifier ; dans les Etats socialistes la planification centraliste vient fausser les lois d'une économie où la production conserve cependant un aspect de marchandise.
Dans les 2 cas il s'agit bien d'une f'onctionnalisation de cette production au profit d'une classe qui s'approprie une part énorme du revenu. C'est pourquoi la Yougoslavie qui avait connu une telle planification à l'époque du communisme administratif' n'a plus actuellement qu'un plan indicatif. Il semble s'agir là d'un point essentiel du processus de désétatisation. Par contre l'autogestion étant maintenant fondée économiquement et étant suffisamment développée une planification d'un tout autre type est prévue basée sur les organisations de travail et les communes, puis les républiques
et enfin la Fédération. La planification réparait donc comme coordination de l'autogestion et apparaît ainsi comme son perfectionnement puisque partant des groupements sociaux élémentaires.

Il n'en reste pas moins qu'actuellement l'autogestion n'intervient pas directement dans un certain nombre de domaines dont les manifestations sont celles de l'Etat classique. Ainsi en est-il de la politique étrangère, s'il est facile de réfuter le grossier argument selon lequel la Yougoslavie serait entièrement vendue aux U.S.A., il n'en reste pas moins qu'elle n'apparaît pas comme étant à l'avant garde de la lutte anti-impérialiste. Si la politique de non alignement peut paraître faible à cet égard, ce qui mériterait d'être discuté, certains arguments ne. sont guère convaincants. C'est ainsi que Fidel Castro à propos d'histoires de brigands a réglé des comptes avec la Ligue des Communistes de Yougoslavie en les amalgamantt avec les gens du "printemps de Prague" et en sacrifiant par la même occasion la Tchécoslovaquie à l'ordre de la Russie soviétique.
Le rapprochement est d'ailleurs légitime. Et il faut rappeler que la secession titiste a constitué la première brèche dans le monolithisme étouffant du communisme de l'époque.

Un reproche souvent fait dans le même genre est celui d'absence de vie politique. Certains ne conçoivent pas un pays socialiste sans mobilisation de masse, discours fleuves devant des foules enthousiastes, défilés, meetings monstres, campagnes pour ceci ou pour cela, mots d'ordres. La question est de savoir si tout est dans le style. On voit mal la Yougoslavie à l'étape actuelle inondée de slogans du type "Producteur tu es maître de ton destin", justement parce qu'il s'agit d'autogestion.
li nous parait au contraire qu'il y a une vie politique bien réelle mais qui n'est pas systématiquement animée par le pouvoir et elle nous parait précisément essentiellement centrée sur notre sujet : la base
de la vie politique en Yougoslavie est justement le développement de l'autogestion, en tous lieus et à tous les niveaux, à l'occasion d'élections, de prises de décisions importantes comme dans la vie quotidienne, dans les multiples instances de démocratie directe, et dans les organes de gestion comme au_sein:des organisations socio-politiques.
Mais bien entendu l'autogestion étant l'idée dominante c'est aussi en son nom et sous son couvert que les groupes sociaux qui lui sont hostiles vont s'exprimer et agir pour tenter de la freiner, la dévier, et la récupérer en la transformant en participation sans contenu. Il y a donc une lutte incessante qui se traduit aussi bien par des conflits que par des discussions jusqu'au sein de la Ligue des Communistes entre les tendances autogestionnaires et les tendances bureaucratiques ou technocratiques.

Nous en arrivons à un point qui nous parait primordial. Le parti communiste yougoslave après avoir été au pouvoir pendant de nombreuses années et s'être confondu avec l'Etat a entamé une évolution qui l'a amené d'abord à considérer que l'autogestion était l'antagoniste de l'Etat, le principe qui devait entraîner son dépérissement, et que l'organisation d'avant garde ne pouvait agir alors à partir du pouvoir d'Etat mais directement aux seins des masses, dans les organes de gestion et de démocratie politique et cela simplement à partir de positions militantes. Cet abandon des notions devenues classiques du communisme et en particulier du rôle directeur absolu se matérialisa par le changement de nom : la transformation du Parti en Ligue.

Allant plus loin, la  ligue qui affirme maintenant clairement l.utter pour l.e socialisme libertaire a été amenée à se restructurer en fonction de l'autogestion et à fonctionner elle même comme un organe en autogestion. Cela a constitué les thèmes du dernier cogrès de la Ligue. ·

Nous comprenons que de nombreux camarades aient de la peine à admettre toute cette évolution de l.a Yougoslavie et de son parti communisme. Il s'agit en fait d'un véritable réformisme au sein d'un Etat social.iste.
Mais pour nous le problème est tout différent. Il n'y a pas de réformisme possible dans le cadre d'Etat bourgeois. Nous avons à faire la Révolution c'est à dire d'abord à exproprier les capitalistes. Toute la question est de savoir si l.a collectivité va récupérer directement les moyens de production ou si ceux-ci deviendront propriété d'Etat. Notre rôle est de :aire en sorte que l'autogestion succède directement au régime capitaliste bourgeois ce qui nous éviterait précisément les détours et contradictions de la Yougoslavie.
Il faut donc envisager le rôle de l'organisation révolutionnaire d'une manière nouvelle en fonction de l'autogestion généralisée.
Mais il. nous parait légitime de considérer que la Yougoslavie fait partie d'une démarche générale vers l'autogestion et qu'elle y occupe peut-être la position l.a plus importante en tous cas à l'heure actuelle.
Cet article sera sans doute considéré par certains comme un schéma apologétique. Nous répondrons qu'il ne s'agit que d'une tentative pour situer le problème et que dans ces perspectives , nous sommes prêts à faire la critique de la Yougoslavie et de son autogestion, mais dans ces perspectives, pour permettre à cette critique d'être fructueuse et non chaotique.


samedi 11 novembre 2017

Chateaubriand François-René


Je vous livre ici les dernières réflexions de ce livre très riche, très intéressant et très très bien écrit.
J'ai découvert un auteur au style extrêmement raffiné.

Même si je ne suis absolument pas d'accord avec lui, il pose de bonnes questions. et je pensre que nous devons connaitre les arguments de nos ennemis afin d'affiner nos propres réflexions.

Et je pose une question qui m’apparaît depuis que j'ai commencé à dévorer l'oeuvre de Chateaubriand: était-il véritablement monarchiste ou simplement était-il simplement heureux de profiter de la richesse de sa naissance pour faire ce qui lui plaisait de faire: voyager, découvrir et écrire.

maintenant, je vous conseille de découvrir cet auteur, sans à priori et de vous laisser porter par l'indolence des connaissances offertes. 



Essai sur les révolutions Partie 3

Chateaubriand parle des encyclopédistes :

« Que vouloient-ils mettre à la place des choses présentes ? Rien. C'étoit une rage contre les institutions de leur pays, qui, à la vérité, n'étoient pas excellentes ; mais enfin quiconque renverse doit rétablir, et c'est la chose difficile, la chose qui doit nous mettre en gard contre les innovations. C'est un effet de notre foiblesse que les vérités négatives sont à la portée de tout le monde, tandis que les raisons positives ne se découvrent qu'aux grands hommes. Un sot vus dira aisément une bonne raison contre, presque jamais une bonne raison pour ».

« Les hommes sont si vains, si foibles, que souvent l'envie de faire du bruit les fait avancer des choses dont ils ne possèdent pas la conviction, et après tout je ne sais si un homme est jamais parfaitement sûr de ce qu'il pense réellement ».

« Les religions naissent de nos craintes et de nos foiblesses, s'agrandissent dans la fanatisme et meurent dans l'indifférence ».

« Quiconque ose rechercher les fondements de son culte, ne tarde pas à s'enquérir des principes de son gouvernement. »

« Ce fut alors qu'on vit naître la secte philosophique , cause première et finale de la révolution présente ».

« Que le peuple alors apprenne le secret de sa force , et l'état n'est plus ».

« Nous sommes assis dans la société comme des marchands dans leurs boutiques : l'un vend des lois, l'autre des abus, un troisième du mensonge, un quatrième de l'esclavage ; le plus honnête homme est celui qui ne falsifie point sa drogue, et qui la débite toute pure, sans en déguiser l'amertume avec de la liberté, du patriotisme, de la religion ».

« Mais quel fruit tirer de cette observation pour la révolution française ? Un très grand.
Premièrement, il s'ensuit qu'un homme bien persuadé qu'il n'y a rien de nouveau en histoire, perd le goût des innovations : goût que je regarde comme un des plus grands fléaux qui afflige l'Europe dans ce moment. L'enthousiasme vient de l'ignorance ; guérissez celle ci, l'autre s'éteindra : la connaissance des choses est un opium qui ne calme trop l'exaltation ».

« Enfin, de n'être point obligé, lorsqu'on se sent né avec l'orgueil et la noble franchise d'un homme, de passer une partie de sa vie à cacher ses sentiments, et l'autre à être témoin des vices et des absurdités sociales ? »