Sidérantes
balivernes libérales
Pour
continuer à dominer, la classe dominante s’efforce de camoufler -
par de la propagande – les aberrations et contradictions du système
grâce auquel elle prospère. Ce constat est partagé par beaucoup de
militants. Lesquels, par contre, sont beaucoup plus réservés quand
il s’agit d’évaluer le degré d’acceptation (adhésion ?
soumission provisoire ?) par la classe dominée de l’irrationalité
et des balivernes libérales abondamment déversées par tous les
orifices médiatiques. Prenez l’exemple de la régression Fillon
sur les retraites (notez qu’en novlangue on doit prononcer
«réforme» des retraites...). Le calcul simple qui prouve
qu’il est parfaitement possible d’accorder à tous une retraite à
taux plein après 37,5 années de cotisation - et même moins –
reste méconnu, s’il n’apparaît pas comme fantaisiste; s’il a
pu être accessible à ceux qui étaient dans la lutte en 2003, il ne
reste plus aujourd’hui que quelques petites organisations pour
refaire ce calcul et défendre courageusement les conséquences qui
en découlent. Le patronat et ses porte-parole imposent, eux, une
vision aberrante des choses. Où on nous affirme qu’il serait
impératif de faire travailler plus longtemps les aînés pour ne pas
manquer d’actifs, alors que dans le même temps le système
interdit totalement ou partiellement d’emploi plus de cinq millions
de personnes plus jeunes ! Et où, de manière tout aussi
incohérente, on s’efforce de nous faire croire que des fonds de
pension auraient la vertu magique de créer plus de richesses que des
retraites distribuées par répartition. C’est la vision délirante
de la bourgeoisie qui l’emporte; la défaite idéologique du
prolétariat est si écrasante qu’elle en appelle d’autres, sur
le même sujet : maintenant que la loi des 40 annuités semble
majoritairement acceptée, les responsables syndicaux font semblant
de se battre en refusant... les 41 annuités. Jusqu’à quand ?...
On pourrait multiplier les exemples où confusions et irrationalité
sont martelées et chevillées dans les esprits: l’esbroufe d’un
«Grenelle de l’environnement» serait une réponse adéquate à la
destruction de la nature par les forces du capital; un allègement
des «charges» serait toujours un progrès alors qu’il provoque
systématiquement en aval une baisse du salaire indirect;
l’efficacité du privé serait supérieure à celle des services
publics; diminuer les horaires et supprimer des postes d'enseignants
serait un plus pour l’Education Nationale (voir pages 11 et 12);
privatiser la Sécu et tous les hôpitaux (voir pages 13 et 14)
permettrait d’améliorer l’offre de soins à moindre coût, etc.,
autant d’idioties que faits et chiffres démentent clairement, mais
qui deviennent néanmoins des vérités indiscutables à force d’être
répétées. On connaît l’importance du chômage dans la
domestication des esprits. D’autres éléments sont certainement à
prendre en compte, moins bien analysés. C’est dommage, car l’effet
des balivernes libérales est sidérant. Doublement : ça vous sidère
le militant, étonné que sa rationalité reste inopérante; ça vous
sidère aussi les opprimés, paralysés par des attaches idéologiques
qui peuvent empêcher l’émergence d’un mouvement social, le
freiner ou le conduire dans l’impasse s’il vient à prendre son
essor.
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