samedi 21 juillet 2018

A contre-courant aout 2008





Sidérantes balivernes libérales


Pour continuer à dominer, la classe dominante s’efforce de camoufler - par de la propagande – les aberrations et contradictions du système grâce auquel elle prospère. Ce constat est partagé par beaucoup de militants. Lesquels, par contre, sont beaucoup plus réservés quand il s’agit d’évaluer le degré d’acceptation (adhésion ? soumission provisoire ?) par la classe dominée de l’irrationalité et des balivernes libérales abondamment déversées par tous les orifices médiatiques. Prenez l’exemple de la régression Fillon sur les retraites (notez qu’en novlangue on doit prononcer «réforme» des retraites...). Le calcul simple qui prouve qu’il est parfaitement possible d’accorder à tous une retraite à taux plein après 37,5 années de cotisation - et même moins – reste méconnu, s’il n’apparaît pas comme fantaisiste; s’il a pu être accessible à ceux qui étaient dans la lutte en 2003, il ne reste plus aujourd’hui que quelques petites organisations pour refaire ce calcul et défendre courageusement les conséquences qui en découlent. Le patronat et ses porte-parole imposent, eux, une vision aberrante des choses. Où on nous affirme qu’il serait impératif de faire travailler plus longtemps les aînés pour ne pas manquer d’actifs, alors que dans le même temps le système interdit totalement ou partiellement d’emploi plus de cinq millions de personnes plus jeunes ! Et où, de manière tout aussi incohérente, on s’efforce de nous faire croire que des fonds de pension auraient la vertu magique de créer plus de richesses que des retraites distribuées par répartition. C’est la vision délirante de la bourgeoisie qui l’emporte; la défaite idéologique du prolétariat est si écrasante qu’elle en appelle d’autres, sur le même sujet : maintenant que la loi des 40 annuités semble majoritairement acceptée, les responsables syndicaux font semblant de se battre en refusant... les 41 annuités. Jusqu’à quand ?... On pourrait multiplier les exemples où confusions et irrationalité sont martelées et chevillées dans les esprits: l’esbroufe d’un «Grenelle de l’environnement» serait une réponse adéquate à la destruction de la nature par les forces du capital; un allègement des «charges» serait toujours un progrès alors qu’il provoque systématiquement en aval une baisse du salaire indirect; l’efficacité du privé serait supérieure à celle des services publics; diminuer les horaires et supprimer des postes d'enseignants serait un plus pour l’Education Nationale (voir pages 11 et 12); privatiser la Sécu et tous les hôpitaux (voir pages 13 et 14) permettrait d’améliorer l’offre de soins à moindre coût, etc., autant d’idioties que faits et chiffres démentent clairement, mais qui deviennent néanmoins des vérités indiscutables à force d’être répétées. On connaît l’importance du chômage dans la domestication des esprits. D’autres éléments sont certainement à prendre en compte, moins bien analysés. C’est dommage, car l’effet des balivernes libérales est sidérant. Doublement : ça vous sidère le militant, étonné que sa rationalité reste inopérante; ça vous sidère aussi les opprimés, paralysés par des attaches idéologiques qui peuvent empêcher l’émergence d’un mouvement social, le freiner ou le conduire dans l’impasse s’il vient à prendre son essor.

Aucun commentaire: