vendredi 27 juillet 2018

Journal de la Commune


Un terrible accident est arrivé sur la ligne de Tours, le 22 mars, près du pont de la Mothe.
En voici le récit que nous donne le Journal d’Indre-et-Loire : Vers minuit et quart, le train n° 70 (de la ligne de Vendôme), venant de Dourdan, s’était arrêté au disque de bifurcation, en face de Plessis-les-Tours, et attendait que la voie fût libre pour entrer en gare.
Il stationnait depuis un certain temps en cet endroit, lorsqu’on aperçut tout à coup, dans la courbe que décrit le chemin, un train qui suivait la voie déjà occupée, et se dirigeait vers Tours : c’était un convoi spécial de troupes venant du Mans, et qui était conduit par deux locomotives.
En voyant ce convoi arriver, plusieurs voyageurs du train 70 sautèrent à terre. Le conducteur était déjà descendu. Une seconde après le train du Mans venait heurter avec un fracas épouvantable l’arrière de l’autre convoi. La locomotive placée en tête s’élança sur les deux derniers wagons, les fit voler en éclats et resta dressée dans la position d’un cheval qui se cabre.
Des cris déchirants s’échappaient de dessous les débris. Les voyageurs des deux trains accoururent et se mirent à dégager les malheureux qui appelaient au secours, et pendant ce temps on courait prévenir les employés supérieurs de la gare et les médecins.
M. Le Mercier, chef de l’exploitation du chemin de fer d’Orléans, faisant fonction de directeur, M. Morineu, inspecteur, M. Porcherot, chef de fraction, se rendirent en toute hâte sur les lieux, accompagné de MM. les docteurs Gallard, Charcellay et Thomas. En même temps arrivaient MM. les docteurs Herpin, médecin en chef de l’hôpital ; Danner, médecin des aliénés, et Bodin. Dans les deux wagons qui avaient été broyés dans le choc se trouvaient une quarantaine de voyageurs. Huit furent retirés morts de dessous les débris, vingt six
plus ou moins grièvement blessés furent transportés, les uns dans les fermes voisines, d’autres à l’hôpital général et au Petit-Beaumont, trois moururent dans le trajet. Un de ces blessés était engagé sous la locomotive, et ce ne fut que par un travail de cinq heures environ qu’on put le retirer.
Pendant ce temps, ce malheureux ne cessa de pousser des cris lamentables. On le trouva enfoui sous cinq cadavres, sur lesquels la machine pesait d’une partie de son poids, il n’avait aucune fracture, mais il était dans un état voisin de l’idiotisme.
Sur le théâtre de la catastrophe, on voyait errer une petite fille de quatre ans, demandant d’une voix déchirante sa mère qui se trouvait parmi les morts. Une pauvre femme, dont on ne saurait dépeindre la douleur appelait son mari, M. Jules Duval, secrétaire de la rédaction du Journal des Débats, qui avait perdu la vie et que l’on venait de relever horriblement broyé sous les wagons.

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