Un
terrible accident est arrivé sur la ligne de Tours, le 22 mars, près
du pont de la Mothe.
En
voici le récit que nous donne le Journal d’Indre-et-Loire :
Vers minuit et quart, le train n° 70 (de la ligne de Vendôme),
venant de Dourdan, s’était arrêté au disque de bifurcation, en
face de Plessis-les-Tours, et attendait que la voie fût libre pour
entrer en gare.
Il
stationnait depuis un certain temps en cet endroit, lorsqu’on
aperçut tout à coup, dans la courbe que décrit le chemin, un train
qui suivait la voie déjà occupée, et se dirigeait vers Tours :
c’était un convoi spécial de troupes venant du Mans, et qui était
conduit par deux locomotives.
En
voyant ce convoi arriver, plusieurs voyageurs du train 70 sautèrent
à terre. Le conducteur était déjà descendu. Une seconde après le
train du Mans venait heurter avec un fracas épouvantable l’arrière
de l’autre convoi. La locomotive placée en tête s’élança sur
les deux derniers wagons, les fit voler en éclats et resta dressée
dans la position d’un cheval qui se cabre.
Des
cris déchirants s’échappaient de dessous les débris. Les
voyageurs des deux trains accoururent et se mirent à dégager les
malheureux qui appelaient au secours, et pendant ce temps on courait
prévenir les employés supérieurs de la gare et les médecins.
M.
Le Mercier, chef de l’exploitation du chemin de fer d’Orléans,
faisant fonction de directeur, M. Morineu, inspecteur, M. Porcherot,
chef de fraction, se rendirent en toute hâte sur les lieux,
accompagné de MM. les docteurs Gallard, Charcellay et Thomas. En
même temps arrivaient MM. les docteurs Herpin, médecin en chef de
l’hôpital ; Danner, médecin des aliénés, et Bodin. Dans les
deux wagons qui avaient été broyés dans le choc se trouvaient une
quarantaine de voyageurs. Huit furent retirés morts de dessous les
débris, vingt six
plus
ou moins grièvement blessés furent transportés, les uns dans les
fermes voisines, d’autres à l’hôpital général et au
Petit-Beaumont, trois moururent dans le trajet. Un de ces blessés
était engagé sous la locomotive, et ce ne fut que par un travail de
cinq heures environ qu’on put le retirer.
Pendant
ce temps, ce malheureux ne cessa de pousser des cris lamentables. On
le trouva enfoui sous cinq cadavres, sur lesquels la machine pesait
d’une partie de son poids, il n’avait aucune fracture, mais il
était dans un état voisin de l’idiotisme.
Sur
le théâtre de la catastrophe, on voyait errer une petite fille de
quatre ans, demandant d’une voix déchirante sa mère qui se
trouvait parmi les morts. Une pauvre femme, dont on ne saurait
dépeindre la douleur appelait son mari, M. Jules Duval, secrétaire
de la rédaction du Journal
des Débats, qui avait
perdu la vie et que l’on venait de relever horriblement broyé sous
les wagons.
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