Allons enfants de la
Patri..i..i..e
L’auront-ils assez
beuglé cette première strophe de La Marseillaise, tout en se
drapant de bleu-blanc-rouge ! Qui ? Mais les principaux concurrents
dans la course présidentielle, pardi, les Sarkozy, Royale et Bayrou,
surtout les deux premiers d’entre eux d’ailleurs. Que peut
signifier cette débauche de symboles nationaux sinon nationalistes ?
Essentiellement leur cynisme. Car ils n’y croient pas (plus) une
seule seconde à la nation, à la communauté nationale, à l’intérêt
national, tous ces défenseurs de la ‘mondialisation’ néolibérale
qui n’hésitent pas à sacrifier les salaires, les emplois, les
situations sociales, le présent et l’avenir des populations vivant
en France aux exigences de la valorisation des entreprises
transnationales en termes de délocalisation ou d’attractivité,
avec ce qu’elles impliquent de dumping social, fiscal et
écologique. C'est au contraire pour masquer leur abdication de toute
volonté politique d'ériger l'Etat en bouclier contre les coups de
massue que le capital inflige au monde salarial, leur renoncement à
toute tentative de s'appuyer sur l'Etat national pour freiner et
réguler un tant soit peu le nomadisme du capital, que ces patriotes
en peau de lapin agitent les oripeaux de la défunte communauté
nationale. Du moins pendant ce temps-là n’ont-ils pas à
s’expliquer sur leur réel programme politique, qui consistera à
démanteler dans les prochaines années ce qui reste des quelquefois
anciennes conquêtes démocratique et sociales obtenues dans la cadre
de l’Etat-nation par les luttes populaires.
Mais l’effet le
plus certain de leur pose cocardière risque bien d’être, une
nouvelle fois, de légitimer le discours, bien plus conséquent dans
ce registre, du … quatrième homme, celui que personne n’attend
plus et qui pourrait bien venir, derechef, bouleverser leurs petits
calculs politiciens. Car, s’il est vrai qu’on finit toujours par
préférer l’original à la copie, alors tout ce petit monde est en
train de rouler pour le champion toutes catégories de la cause
nationale sur le mode nationaliste et xénophobe qu’est Le Pen. On
comprend aussi alors qu’il puisse se contenter d’une campagne a
minima, lui qui engrange les bénéfices des campagnes de ses rivaux,
venant chasser sur ses propres terrains idéologiques et conforter du
même coup ses propres thèses. Deux au moins parmi ces trois larrons
risquent bien au soir du 22 avril de découvrir, mais un peu tard,
qu’à force d’entonner La Marseillaise, ils lui auront permis
d’être une nouvelle fois présent au second tour… en leur
répliquant par un « Maréchal, nous voilà ! » en guise de pied de
nez !
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