Organisation
internationale qui a pour but de remplacer dans le monde entier la
société capitaliste où la propriété est individuelle par une
société communiste où les produits appartiendront à la
collectivité.
Cette
société ne peut s'établir que par la révolution ; le parti
communiste est donc révolutionnaire. La transition entre le
capitalisme et le communisme doit se faire par la dictature du
prolétariat, dans laquelle les classes ouvrière et paysanne
deviennent classes dominantes.
Le
succès du communisme assuré, la dictature du prolétariat s'efface
; l'Etat est supprimé comme inutile ; le Gouvernement des hommes est
remplacé par l'administration des choses (Lénine).
Le
parti communiste est dirigé par un Comité international
(Komintern), qui siège à Moscou ; il comporte un présidium composé
d'un nombre restreint de personnes et des délégués de tous les
pays qui ont un parti communiste.
Le
Komintern dirige effectivement les partis nationaux. C'est lui qui
donne le thème tactique (thèses) sur lequel devra porter la
propagande. C'est lui qui organise les cadres des partis nationaux ;
exclue les leaders dont la politique ne lui semble pas conforme à
l'intérêt du parti. C'est à lui qu'en appellent en dernier ressort
les leaders exclus par leur parti national. Le parti national n'est
qu'une section de l'Internationale Communiste.
Parti
communiste russe. - Le
parti communiste russe a été fondé en 1903 à la suite d'un
Congrès national du parti social démocrate. Les minoritaires se
groupèrent à part et prirent le nom des mencheviks, c'étaient les
moins avancés ; ils correspondaient à peu près au parti socialiste
de France. Les majoritaires formèrent le parti bolchevick de
(bolche) plus. Ils formaient la gauche du parti.
Avant
la guerre le parti communiste était peu nombreux. Son organisation
était entièrement clandestine. Ses chefs, Lénine, Zénoviev, etc.,
vivaient surtout à Londres, Genève, Paris. Ils parvenaient à
fonder des petits journaux tels l'Iskra (L'Etincelle), qu'ils
envoyaient secrètement en Russie.
Contrairement
au parti socialiste révolutionnaire, le parti bolchevick n'admettait
pas la propagande par les actes individuels de terrorisme, c'est
pourquoi il semblait, avant la révolution, un parti modéré. Mais
il n'en est rien, malgré la violence de leurs moyens, les
socialistes révolutionnaires russes ne sont guère plus que des
républicains démocrates.
Lorsque
les Bolcheviks eurent conquis le pouvoir, le parti communiste devint
naturellement nombreux et fort : 600.000 membres en 1921. Les
dirigeants pensèrent même que le parti était trop nombreux, ils
soupçonnèrent une fraction de ses membres de n'y être entrés que
par intérêt. Ils se livrèrent donc à des épurations et
réduisirent les effectifs à environ 300.000. De semblables
opérations ont lieu de temps à autre et l'entrée dans le parti
communise russe est difficile. Il faut en général avoir un passé,
pouvoir prouver qu'on a travaillé à la préparation de la
révolution, être allé en prison sous le régime tsariste, etc...
Les
jeunes gens qui ne peuvent encore avoir de passé entrent aux
Jeunesses Communistes.
Les
femmes ont une organisation spéciale avec Comité central. Mme
Kollontaï a été longtemps la secrétaire générale de cette
organisation. Elle l'a quittée pour de venir ambassadrice.
L'organisation
des femmes a été instituée pour faciliter la propagande auprès
des ouvrières et des paysannes qu'il s'agit avant tout de ne pas
rendre hostiles au nouvel ordre de choses. Néanmoins les femmes
indépendamment de leurs groupes spéciaux peuvent, aux mêmes
conditions que les hommes, entrer dans le parti proprement dit.
L'unité
de groupement du parti communiste est la cellule. Elle groupe les
ouvriers d'un atelier, d'une usine, les employés d'un restaurant ou
d'un magasin.
Après
la cellule vient le rayon qui comprend un certain nombre de cellules
d'une mëme région. Au-dessus sont les organisations centrales. Les
Congrès ont lieu assez souvent ; néanmoins l'autorité vient d'en
haut et non de la masse des militants. Les leaders du parti
communiste sont de véritables chefs ; ils élaborent les thèses qui
règlent la propagande et on les impose au nom de la discipline du
parti.
Parti
Communiste français. - Fondé au Congrès de Tours, en 1920, où
s'est effectuée la scission du parti socialiste. La droite composée
surtout des leaders, des parlementaires et des intellectuels, a
continué l'ancien parti socialiste ; la gauche qui formait la
majorité du Congrès, s'est constituée en parti communiste, section
française de l'internationale communiste : S. F. I. C.
Cachin
et Frossard, rapportaient de Moscou les 28 conditions d'admission du
parti socialiste français dans le parti communiste. Ces conditions
visaient à débarrasser le parti du réformisme électoraliste et à
en faire un parti d'opposition violente qui préparerait la
révolution sociale.
Outre
les sections on prévit la constitution d'organisations illégales où
seraient dressés des militants prêts au besoin à l'action
violente. Un appareil de propagande clandestine dans l'armée était
aussi en projet.
Aux
vingt et une conditions, on en ajouta une vingt adhérents
s'engageaient soit à ne pas entrer dans la franc-maçonnerie, soit,
s'ils en faisaient déjà partie, à en donner leur démission.
Le
parti communiste russe considère en effet la franc-maçonnerie comme
une société où se pratique la collaboration des classes et
susceptible de détourner le prolétariat de la révolution.
Beaucoup
de militants n'avaient pas adhéré sincèrement aux conditions de
Moscou. Vieux politiques pour la plupart, habitués des Congrès, des
Conseils nationaux, etc., ils espéraient qu'il en serait des vingt
et une conditions comme de tant d'autres résolutions ; qu'on les
oublierait vite et que le parti communiste pourrait continuer la
politique de réformisme et de parlementarisme qu'il pratiquait avant
la guerre sous le nom de parti socialiste...
Moscou
ne l'entendait pas ainsi. La révolution russe, pour réussir, avait
besoin de la révolution mondiale, il fallait donc à tout prix
sortir les partis communistes des ornières politiciennes dans
lesquelles ils avaient tendance à revenir et en faire des organismes
d'opposition révolutionnaire irréductibles aux gouvernements
bourgeois.
Le
parti russe fit donc savoir sans ambages qu'il entendait diriger les
partis communistes du monde entier. La Russie avait la première fait
la révolution communiste ; c'était donc à elle qu'il appartenait
de commander. Le Komintern n'était plus commme le bureau
International du parti socialiste un centre de rapprochement et
d'informations, mais un organisme de direction. Les partis nationaux
ne devaient plus être, non seulement de nom mais de fait que de
simples sections de I'Internationale communiste.
Cette
prétention de Moscou à la direction effective mécontenta une
partie des militants du parti français et le mécontentement
s'exprima d'une manière d'autant plus énergique qu'il était
surtout le fait des dirigeants du parti ; Intellectuels, anciens
ouvriers vieillis dans l'administration du parti. Ils arguaient que
Moscou était trop loin pour donner des directives. Chaque parti
national devait être juge de ce qu'il avait à faire, parce que,
seul, il connaissait de manière suffisante la politique de son pays.
On cria à la tyrannie, au couvent, à la caserne, etc...
En
réalité ce que l'opposition voulait c'était ne pas aller trop à
gauche. Elle entendait rester un parti politique et non devenir une
organisation de combat. D'ailleurs, l'état d'effervescence des
esprits lors des premières années de l'après guerre
s'était
calmé partout. Les ouvriers qui avaient accouru en masse (cent mille
adhérents) dans les sections communistes, ne reprenaient plus leur
carte. L'immense espoir qui les avaient soulevés lors de la prise du
pouvoir par les bolcheviks, s'était changé en découragement
lorsqu'Ils avaient appris que le communisme n'avait pu, en dépit de
la domination bolchevique, s'établir en Russie.
A
la révolte des leaders français, Moscou répondit par des
exclusions. La plupart des orateurs et des écrivains du parti furent
exclus ou se retirèrent pour former des organisations dissidentes.
Les cadres furent peuplés de nouveaux venus entrés au parti après
la guerre, jeunes pour la plus grande part. Des russes suffisamment
versés dans la langue française furent envoyés de Moscou pour
occuper les fonctions dirigeantes du parti.
Cependant
le Komintern comprit qu'il était allé trop loin et qu'il fallait
battre en retraite. A l'intérieur cette retraite se caractérisa par
la Nep (nouvelle politique économique) qui permettait l'industrie et
le commerce privés. A l'extérieur elle se caractérisa par le front
unique. Moscou ordonna aux partis communistes nationaux de se
rapprocher des partis socialistes afin de pouvoir faire un front
unique contre la bourgeoisie.
Cette
politique n'eut pas de succès. Les chefs socialistes répondirent
par le dédain aux propositions des chefs communistes esclaves de
Moscou. Le mot d'ordre fut alors d'aller aux masses par-dessus les
chefs ; mais les masses suivaient leurs chefs ; le parti communiste
avec ses velléités de violences leur faisaient peur ; la Russie
avait cessé de susciter les espoirs ; pour cette fois encore la
révolution ne se ferait pas.
Le
Congrès de Bolchévisation se tint à Lyon en 1924.
L'armature
du parti fut démolie complètement et le parti français fut
organisé à la manière du parti russe : cellules rayons,
présidium, etc... La section qui correspondait à l'arrondissement
et était avant la représentation proportionnelle une unité
électorale, fut remplacée par la cellule qui organise les ouvriers
sur le lieu de leur travail. Les réunions au lieu de se faire le
soir après le diner eurent lieu à la sortie de l'usine. On
développa les groupes de jeunesse ; les groupes de pupilles. Les
femmes furent organisées à part et eurent un journal spécial,
L'Ouvrière.
Le
sport ouvrier eut pour mission d'attirer les jeunes gens par
l'attrait des exercices de plein air. Le Secours Rouge se donna le
but d'aider les militants mis en prison pour la cause communiste.
Enfin
on établit des cartes de sympathisants, organisant ainsi une sorte
d'antichambre du parti pour les personnes qui, tout en ayant l'idéal
communiste, ne croyaient pas devoir s'engager dans les liens de la
discipline du parti.
Toute
cette organisation très bonne en théorie avait le défaut de
manquer d'âme. Pour engager résolument le parti dans les voies, de
la préparation de la révolution, Moscou avait dû exclure toute la
droite réformiste. Mais il se trouva que cette droite était formée
des hommes les plus intelligents et les plus instruits. On avait «
découronné » (Longuet), le parti.
Or,
les masses n'étaient pas assez intelligentes pour pouvoir suivre
avec persévérance une idée sans des hommes qui l'incarnent. De ces
hommes il y en avait bien encore, mais peu.
Les
leaders avaient été remplacés par des fonctionnaires, qui, en
exposant la doctrine du parti, faisaient avant tout un métier ; la
personnalité leur manquait complètement.
Les
cellules des grandes usines réussirent assez bien.
Mais
nombre de petits ateliers ne pouvaient grouper dans la cellule que
quelques camarades ; les séances manquaient de vitalité, ils
cessèrent d'y venir et les effectifs du parti diminuèrent beaucoup
(30.000). A plusieurs occasions (transfert des cendres de Jaurès au
Panthéon, élections) le parti communiste s'est rapproché des
autres partis, notamment pour mettre en échec la réaction fasciste.
On peut prévoir qu'un rapprochement plus accentué se fera.
Peut-être reviendra-t-on sur la scission du Congrès de Tours pour
réunir à nouveau le parti communiste au vieux parti socialiste.
-
Doctoresse PELLETIER.
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