Le
roi des néo-cons
La
dénomination de néo-cons (abréviation de néoconservateurs)
désigne de manière peu aimable mais tout à fait justifiée un
ensemble d'intellectuels, la plupart issus des rangs de la gauche
voire de l'extrême gauche, et qui ont achevé, au cours des
dernières années, une dérive politique, quelquefois entamée il y
a plusieurs décennies, qui les a amenés à défendre des positions
de plus en plus droitières, que ce soit en matière de politique
nationale ou sur un plan international. Les plus connus, parce qu'ils
ont acquis des positions de premier plan au sein des médias, sont
Alain Finkielkraut et André Glucksmann. Ce dernier, dans un article
paru dans Le Monde du 30 janvier, vient d'annoncer son soutien à
Sarkozy.
Rappelons,
pour ceux qui l'auraient oublié ou pour nos plus jeunes lecteurs qui
ne l'auraient jamais su, que André Glucksmann est un ancien militant
et même dirigeant de la Gauche prolétarienne, un groupe maoïste
qui a fait parler de lui au début des années 1970. La médiocrité
de son jugement politique ne se limite pas alors à son aveuglement à
l'égard du régime maoïste ; elle le conduit aussi à qualifier
dans un article des Temps modernes de 1972 le mol régime pompidolien
de "dictature fasciste" ! Après quoi, comme bien d'autres,
Glucksmann a la révélation de la véritable nature de l'URSS en
lisant L'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne ; ce qui le
conduit à rompre avec le marxisme pour se lancer dans l'aventure de
la "nouvelle philosophie" en compagnie du dandy
Bernard-Henri Lévy.
Au
début des années 1980, on le retrouve défendant les positions
bellicistes de l'administration Reagan dans la crise des
euromissiles. Face à une URSS qu'il pense surpuissante et surarmée,
capable d'envahir l'Europe en trois jours, il réplique au célèbre
slogan des pacifistes allemands "Lieber rot als tot !", en
déclarant préférer pour sa part mourir dans un échange de
missiles nucléaires que de passer sous le joug du soi-disant
communisme… qui s'effondrera comme une maison vermoulue quelques
années plus tard. Glucksmann, pour sa part, persistera dans les
positions atlantistes et pro-étatsuniennes en approuvant,
successivement, l'agression de l'OTAN contre la Serbie en 1999 et
l'invasion de l'Irak en 2003, en entérinant au passage la fable
bushienne des "armes de destruction massive". Et, bien
évidemment, il a régulièrement soutenu la politique
néocolonialiste d'Israël.
On
reste confondu par la clairvoyance dont a fait preuve, tout au long
des dernières décennies ce spécialiste de la guerre, de la
dissuasion et de la stratégie nucléaire. Car, pour ceux qui ne le
sauraient pas, précisons que c'est en cette qualité qu'André
Glucksmann a fait toute sa carrière professionnelle comme chercheur
au CNRS. Dans ces conditions, sans avoir de conseil à lui donner, à
la place de Nicolas Sarkozy, on se rappellerait la célèbre parole
de Voltaire : "Mon Dieu, gardez moi de mes amis !Quant à mes
ennemis, je m'en charge !"
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