lundi 27 juillet 2020

Eugène Varlin Ouvrier relieur

CITOYENS, 

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel. – Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. – Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres. 
Hôtel de Ville, 25 mars 1871. 
Le Comité central de la Garde nationale : AVOINE fils, ARNAUD, G. ARNOLD, ASSI, ANDIGNOUX, BOUIT, Jules BERGERET, BABICK, 

Eugène Varlin Ouvrier relieur

23 mars 1871 «Ultimatum» à la Banque de France, Ministère des finances, cabinet du ministre Paris, 23 mars 1871 Monsieur le gouverneur,

 Affamer la population, telle est l’arme dont se sert un parti qui se dit honnête! La faim ne désarmera personne, elle ne fera que pousser les masses aux massacres et à la dévastation. Nous voulions éviter tous ces maux, la Banque pouvait nous y aider. Elle a préféré se mettre du côté d’hommes qui veulent coûte que coûte triompher de la république. Nous ramassons le gant qui nous est jeté, laissant à ceux qui, pour leurs personnalités, n’hésitent pas à irriter les fureurs populaires, l’épouvantable responsabilité de leur conduite. Quant à nous, nous avons fait notre devoir, et si notre attitude conciliatrice a été prise pour de la crainte, nous prouverons qu’on s’est trompé. Puisse la Banque revenir sur les décisions funestes qu’elle paraît avoir prises. Nous ne nous représenterons pas devant elle. Si la Banque est disposée à verser le complément du million demandé, elle le fera parvenir au ministère des finances avant midi. À partir de cette heure, toutes les mesures nécessaires et les plus énergiques seront prises. 
Vive la république! 
Les délégués aux finances : Jourde, E. Varlin

Eugène Varlin, ouvrier relieur

Mars 1871 Aux gardes nationaux du VIe arrondissement Toute armée permanente est destructive des institutions républicaines. Elle ne peut que conduire le pays tantôt à la gloire militaire, s’élevant toujours sur la ruine des libertés publiques et l’oppression des autres peuples. Elle favorise les coupables prétentions des prétendants et des ambitieux; sert à écraser le pays d’impôts, à entraver la production en consommant sans produire. L’armée permanente prend des hommes et rend des esclaves. Elle dégrade le caractère des citoyens, fait perdre le goût du travail et fournit des recrues à l’odieuse police qui engendre la corruption au lieu de sauvegarder les mœurs, et prête la main à tous les crimes contre la liberté des citoyens. Après la longue suite d’infamies dont tous les chefs militaires se sont couverts en haine de la République, la Garde nationale ne peut, sans trahir la patrie à son tour, conserver le commandement à des chefs imposés. Elle ne doit obéir qu’aux chefs choisis par elle et constamment révocables. La Garde nationale parisienne a su, par son attitude, déjouer tous les pièges et sauver la Cité du déshonneur et du pillage. À elle incombe le devoir de veiller sur la ville, de la préserver des calamités que lui préparent dans l’ombre les souteneurs de princes, les généraux de coups d’état, les ambitieux cupides et éhontés de toutes sortes. La force doit rester au service du droit. Nous avons l’un et l’autre, conservons-les. Les ennemis de la patrie et de la République seront impuissants. Citoyens de la Garde nationale, pour constituer rapidement une force compacte, pour avoir des chefs sûrs, capables, dévoués, républicains, ayant notre confiance, il fait prêter notre concours au Comité central, dans lequel vient de se fondre le Comité fédéral, et que reconnaissent plus de deux cents bataillons.

La Lutte à Outrance N°0




Nous sommes à l’heure des réseaux sociaux sur lesquels les pleutres se développent, dans lesquels les pauvres abrutis expriment leur jalousie et démontrent la faiblesse de leur intelligence.
La diffamation est devenue le langage courant et on se cache derrière un écran.
Les révolutionnaires avinés aiment s’envoyer en message des petits poings levés, ils font la révolution derrière les packs de bières.
De tout temps, le combat syndical doit, pour survivre et s’améliorer, garder en tête le projet fondamental qui est le sien à la base : le changement de société, la disparition du patronat et du salariat.
Qui a encore en tête la charte d’Amiens de 1906 ? Qui ? Quel syndicat, à ce jour, a encore cette vision de l’avenir ?
Depuis des années, le mouvement syndical est en berne, les adhérents ne sont plus en nombre et les syndicats réformistes ont perverti les messages. Les salariés ne se servent du syndicat que comme des organes de service à la personne. Mais jamais, l’adhésion ne fait partie d’une quelconque reconnaissance.
Cela fait même parti d’un chantage pour la CGT. Tu adhères et je t’aide.
Aujourd’hui ce qu’il manque c’est de faire des études sur les mouvements, les victoires et les défaites. Qui fait le travail ? Personne ou alors à un niveau dont on n’entend jamais parler.
Nous sommes dans une nouvelle ère où les anciens systèmes de lutte ne font plus recettes : plus les forces en présence (nous sommes tous devenus des fonctionnaires de la grève), des forces répressives de plus en plus dangereuses, agressives et répressives, un manque de culture d’insoumission.
Il existait un temps où nous n’avions aucun écran, aucun bruit permanent, rien et où les ouvriers se déplaçaient pour aller écouter les meetings d’Emma Golmann, Pierre-Joseph Proudhon, Albert Libertad. Aujourd’hui les ouvriers ont Hanouna. Il faut rire de peur à avoir à réfléchir. Il ne faut pas se prendre la tête. La culture ouvrière est perdue car c’est le temps passé. On change les vocables, on recycle les veilles entreprises emblématiques. Tout ce qui a fait les victoires ouvrières, tout ce qui a fait la solidarité, tout ce qui est le terreau des victoires, tout doit disparaitre. Le capitalisme avale et recycle tout.

Le syndicalisme doit se renforcer par une combativité nouvelle. Les gilets jaunes nous ont ouvert un nouvel espace de réflexion, nous ont ouvert une nouvelle voie.
La multiplication des bannières, la multiplication des soi-disant partis de « gauche », où chacun défend en premier lieu sa boutique plutôt que les ouvriers ou les citoyens. Les batailles d’égo où chacun veut être le maitre de sa propre formation, tout cela en fait n’ait fait que pour faire marcher la machine des illusions.
Les gilets jaunes ont dénoncé ce système : pas de bannières, pas de syndicats, ni de partis politiques, pas leaders.

Immédiatement, qu’ont cherché à faire tous les apeurés, journalistes et politiques, c’est que les gilets jaunes créent au plus vite une liste et se présente aux élections municipales ou législatives. Tous ceux qui ont fait ça ont disparu, avalé ou recyclé par le système.
Les autres, les vrais, ont été mutilés, éborgnés ou enfermés.
La France a des prisonniers politiques.
Alors, il est bien temps de se plaindre du manque de motivation, du manque de force dans les grèves. La CGT a fait en sorte de démotiver les plus frigides en des journées isolées qui ne mènent à rien. Il y a un problème maintenant, on fait grève en septembre. On ne peut remettre à demain les barbecues des vacances. On a des bitures de prévu.
Pour retrouver les motivations, il faut recréer la culture ouvrière dans le monde salarial. Leur faire entendre qu’être ouvrier, chômeur ou pauvre n’est pas une honte mais la résultante d’une société que l’on a construit pierre par pierre depuis des dizaines d’années avec tous les traitres qui ne rêvent que de carrière et ne vendent que du rêve.
Même Blum a dit cela ne sert à rien de mener une révolution politique ou de prendre le pouvoir, tant que nous ne ferons pas une révolution sociale.
Nous en avons eu la preuve : Hollande et avant lui Mitterrand ont vendu les ouvriers au monde capitaliste sans aucune vergogne et pire, sans aucune action de la part des syndicats puisque c’était des socialistes qui étaient au pouvoir. Georges Sorel l’avait dit aussi en son temps qu’il n’y avait pas plus traitre que les partis dits ouvriers.

Pour retrouver du monde dans les manifs, il faut arrêter l’hypocrisie. Arrêter d’avoir peur de dire la vérité aux gens. Il faut savoir dénoncer les traitres, ceux qui manipulent pour nous faire perdre, sans avoir peur de froisser, de prendre des coups. Les gens sont suffisamment intelligents pour comprendre ce qu’on leur explique. Il ne faut pas avoir peur des conflits et de se dire la vérité en face. Arrêter de mettre sous le tapis les problèmes, ce n’est cela les résoudre.
Nous devons savoir expliquer aux gens que certains syndicats qui étaient proches des ouvriers sont devenus des syndicats capitalistes.
Que la recherche d’une unité illusoire nous conduit à des compromissions ou des compromis qui nous font tout perdre. Savoir détourner les codes et expliquer à chacun les pièges des réunions.
Lorsque nous sommes sur un lieu de travail, nous ne sommes pas là pour créer des liens amicaux : nous sommes là pour nous permettre de gagner de quoi vivre ou survivre dans cette société que nous combattons et que nous subissons, dans les meilleures conditions possibles. Alors, nous devons nous assurer que ceux qui sont à côté de nous sont fiables, et ne se fourvoient pas dans des mensonges ou des mirages.
Les patrons aiment les lâches, les ivrognes, les toxicos, les boute entrains inoffensifs, les silencieux.

Le mois prochain : La lutte à Outrance N°1 à paraitre le 15 août





dimanche 26 juillet 2020

Les petites affiches N° 84 14 juillet 1989




« Selon un historien du droit : La révolution a ainsi posé les bases du grand libéralisme économique, tel que le connaitra le XIX° siècle, avec ses avantages et ses défauts dont celui de laisser seul face à face, l’ouvrier et le patron. »

« La langue de la déclaration de 1789 est pure et belle. On n’y découvre aucune faute de syntaxe ou de grammaire. Le vocabulaire est choisi, les articles sont concentrés, comme s’ils avaient été forgés par des artisans. On ne sait plus écrire simplement, ni à Bruxelles, ni à Paris ; on devine derrière tout texte l’expert, le consultant, le lobbie, le bureaucrate pressé par sa hiérarchie et épuisé car la fatigue est mère de prolixité. »

« Ce signe est le moteur de son respect et de l’obéissance civique. La déclaration de 1789 peut être lue dans les écoles, affichée, déclamée, voire chantée. Elle relève de l’art autant que du droit et le civisme n’existe qu’à cette condition. Osons dire que le droit est devenu poubelle ou si l’on veut être plus aimable dépôt de munitions où on vient puiser de la mitraille. L’administré n’aime la règle que lorsqu’elle le sert mais plus un texte est compliqué plus il est propitiatoire aux calculs de chacun. Les textes conservent leurs noyaux durs mais exacerbent le vice. »

« La déclaration de 1789 est, en effet, issue d’une évolution multiséculaire qui a intégré une pluralité de facteurs : religieux ( le catholicisme d’abord, la réforme ensuite), économiques ( le développement capitaliste du XVI siècle), philosophiques ( la libre-pensée et surtout le vaste mouvement d’idées de la philosophie des lumières) et politiques ( lutte contre l’absolutisme monarchique). »


samedi 18 juillet 2020

Genève ou Moscou de Pierre Drieu de la Rochelle




« Le capitalisme ne fait-il que profiter d’une prospérité momentanée, qui n’est qu’une phase de son développement ? Et bientôt, l’Amérique, par ses excès impérialistes, en se jetant dans la démence sans limite des exportations, va-t-elle rejoindre l’Europe anarchique dans le cercle absurde des crises alternées de surproduction et de chômage ? Ou bien, après sa période héroïque, anarchique des destructions et de constructions spontanées, va-t-elle entrer dans une ère de ralentissement, de réflexion, d’organisation ?
Cette question commande aujourd’hui les deux seules attitudes politique qu’on puisse prendre dans le monde. Selon qu’on répond oui ou non à cette question, on est conservateur ou socialiste.
De ce dernier point de vue, on aperçoit comment il peut y avoir encore, aujourd’hui et demain, sinon un communisme, du moins un socialisme.
Le fond de ce socialisme européen ne peut être fait que de deux sortes de résidus :
1                    Résidus de l’étape bourgeoise précédant l’étape capitaliste, résidus d’idéaux démocratiques : volonté persistante d’accomplir, d’achever 89 dans le monde
2                    Résidus de l’étape capitaliste, de son premier temps d’anarchie et de doctrines : volonté de refondre ensemble les deux produits momentanément opposés de 89 : démocratie et ploutocratie. »

« Le spectacle que nous offre toutes les grandes villes du monde, nous donne à croire que le prolétariat, qui a d’abord été une élite paysanne implantée dans les villes et réunie aux débris d’élite de l’artisanat, devient peu à peu une plèbe sans force ou une petite bourgeoisie sans instincts belliqueux. Ou bien la misère tuera le prolétariat, ou bien la prospérité l’endormira mais il ne pourra pas rester éternellement sur le pied de guerre à quoi Marx le condamne. »

« Douter de la force de la liberté, c’est le propre des hommes fatigués ; vouloir refaire les fondements de la cité sur ce doute, c’est accepter sa fatigue, c’est délibérément reconnaitre qu’on marche vers la mort. 
Comme les théoriciens et les chefs du communisme sont forcément des bourgeois, il est naturel qu’ils montrent des idées aussi subtiles et perverses, qui auraient pu d’ailleurs les porter aussi bien vers l’extrême droite. »

« Ou bien le communisme nie la démocratie et alors il est réactionnaire, ou bien il ne la nie pas, et alors il n’est rien du tout, il se confond avec elle. »

« Je rejette le communisme d’occident comme un leurre parce que sans force devant le capitalisme, nourri du même génie moderne, il ne contient aucune amorce de civilisation nouvelle. S’il prenait quelque force, ce serait de la décomposition du capitalisme, mais cette force ne serait qu’une force de fossoyeur. »
« Je doute que le communisme puisse être fait en europe par d’autres que les capitalistes. La révolution russe est finie. Elle a été démocratique dans la mesure où elle a été efficace, comme toutes les révolutions qu’on a vu jusqu’à ce jour. Maintenant l’effort des Russes – ayant enterré , sous les fondations de la NEP, des chimères qui semblaient vieillies auprès de la nouveauté qu’ils venaient d’inventer- c’est de rejoindre le capitalisme , mais non pas le petit capitalisme bourgeois de France ou d’Angleterre, arriéré ou imitateur, mais le grand capitalisme d’Amérique qui s’avance vers des accomplissements que Moscou, enchaine par le retard historique, ne peut encore qu’entrevoir par l’esprit, mais non pas saisir dans les faits. »


vendredi 17 juillet 2020

La Jeune droite Par Pierre Drieu de la Rochelle


Dans le livre "Genève ou Moscou" Pierre Drieu de la Rochelle dessine sommairement ce que devrait être une nouvelle droite. Dans ce concept, on peut retrouver les idées issues des travaux du club de l'horloge. Ce club qui est un lieu de rencontre entre la droite extrême et l'extrême droite. Un laboratoire qui a permis de définir une nouvelle droite  très à droite. 

Le temps est venu de constituer en France un parti de droite, qui se débarrasse décidément des erreurs passées et abolies, qui étonne et confonde ses adversaires en les privant soudain des vieilles cibles sur quoi ils ont à jamais braqué leurs vieux canons, et qui conquière ses adhérents par une nouveauté de vues inconnues de ce pays et des autres opinions.
Avant tout, la jeune droite se débarrasse de quatre idées qui ont été fatales à la vieille droite, que les conditions de l’Europe et du monde périmées.
La jeune droite est :
1                    contre la dictature
2                    contre la guerre
3                    hors l’église
4                    bourgeoise

1/           Contre la dictature : Nous ne marquons que pour mémoire que la jeune droite est, d’avance et sans délibération, républicaine. La république est la forme naturelle de gouvernement de la France, conquise par un siècle de révolutions, sanctionnée par le dévouement unanime de quatre ans de guerre. Nous n’avons jamais songé un instant à des noms qu’ont porté des familles qui ont perdu avant leur peuple le sens de leur autorité. Nous ne laisserons pas plus longtemps l’habitude à de creux démagogues de défendre la république contre le néant.
Mais il importe d’insister sur le point capital : la jeune droite élimine rigoureusement l’idée de dictature. Cette idée, veule et faible, a dispensé pendant cinquante ans les conservateurs, en France, de tout effort personnel, immédiat ; elle a tenu leurs troupes éparpillées dans des cantonnements d’hiver qui ne finissent jamais. Des hommes ne doivent pas compter sur un homme pour se tirer d’affaire ; ils doivent se réunir et commencer de travailler. Que tous servent ! Ceux qui sont les meilleurs serviteurs, les chefs, se feront connaitre au cours du service. La France, avec l’Angleterre, est le pays qui a la plus forte culture politique : sa vie sociale, comme celle de l’Allemagne, est cent fois plus complexe que celle des pays à dictateurs, Russie et Italie. Une seule tête ne peut suffire à embrasser ses difficultés, rompre toutes ses routines, ouvrir toutes ses voies neuves.
Il faut que l’élite, en France, se sauve elle-même.

2/           Contre la guerre : Vu l’état de la science et de l’industrie, nous considérons que la guerre, même défensive, n’est plus un moyen de salut pour le peuple. La prochaine guerre, pour nous, c’est la ruine de l’Europe. Nous sommes prêts à faire sur ce point le plus grand effort de redressement de doctrine. Ce sera le plus difficile, mais celui qui sera décisif pour redonner au parti conservateur, en France, le pouvoir de dominer et de diriger les évènements. Nous nous engageons résolument dans la négation du système de la paix armée. Nous affirmons avec une hardiesse vraiment moderne – qui laisse derrière elle l’attitude pourtant lucide des conservateurs anglais, des républicains allemands, qui met en suspicion le qui-vive de Mussolini , qui se dresse passionnément contre le calcul de violence des Russes – que les Français doivent achever de prendre conscience de leur responsabilité de peuple le plus achevé du continent , en renonçant à affirmer par les armes une personnalité morale qui est indéfectible.
En conséquence, l’armée française n’est qu’une troupe de police qui, à l’intérieur, est entrainée contre le subversion communiste, à l’extérieur, est à la disposition de la société des nations, dévouée aux intérêts prochains des États-Unis d’Europe, et enfin, en Afrique et en Asie, en plus de l’armée anglaise, est organe de transition dans l’évolution vers l’autonomie de ces mondes.
La jeune droite n’est pas impérialiste ; personne n’est impérialiste en France.
Mais la jeune droite est nationaliste.
Il y a dans le nationalisme un indispensable élément d’intégrité, et aussi d’expansion spirituelle, dont c’est la mission évidente d’un parti de droite de maintenir la sauvegarde, dans une France remplie d’étrangers, dans une Europe qui a découvert trop récemment l’individualisme national pour pouvoir en chasser bientôt la hantise, en face d’une Asie où le contact de l’Europe a déclenché on ne sait quelle fureur ethnique.
Mais ce nationalisme, scindé du militarisme, doit inventer des moyens modernes d’efficacité. On les trouvera en étudiant le modèle de communautés religieuses et mercantiles, qui ont vécu sans le secours de l’épée. Les français doivent être les juifs des États-Unis d’Europe.

3/           Hors l’église : S’ils sont catholiques, de pratiques ou de sympathie, (s’ils ne sont pas protestants, juifs ou libre penseurs), les hommes de la jeune droite auront soin de séparer de façon nette et saine, de leur activité sociale et politique, leur activité en tant que défenseurs d’intérêts confessionnels (questions de l’école, des congrégations, des relations avec l’internationale qui leur est propre.) . Il ne doit pas y avoir de parti catholique en France, mais un syndicat catholique à objectif limité.

4/           Bourgeois :  La jeune droite, prenant le contre-pied de toute démagogie, anéantit cette hypocrisie qui jette la défiance et le désespoir dans le peuple, et déclare qu’elle est bourgeoise. La jeune droite, en tant que groupement d’hommes de paix et d’ordre, comptera dans ses rangs, si elle le veut, le paysan, l’employé, l’ouvrier ; elle en comptera plus que le bloc ouvrier-paysan. Elle saura, d’autre part, reconnaitre dans les métiers une élite seconde d’hommes de main, d’experts du travail, de conseillers et de conciliateurs.
Mais elle pose franchement en principe que ses chefs sont bourgeois et que les bourgeois – ceux qui le deviennent ou le restent, d’une génération à l’autre, par le travail et les talents – doivent savoir garder l’autorité avec la responsabilité.
La jeune droite est l’organe de construction de toute la bourgeoisie productrice, depuis le grand industriel jusqu’à l’agriculteur propriétaire, jusqu’à l’ouvrier qui élargit son sort en reportant son esclavage sur la machine.
La jeune droite renonce à séduire le peuple ; elle lui impose cette démonstration : qu’un patron vaut mieux qu’un comité d’usine, une coopérative, dans un pays de coopérateurs, qu’une coopérative en face d’un état socialiste, d’un capitalisme d’état.

dimanche 12 juillet 2020

Leviathan par Thomas Hobbes partie 1




"De même, celui qui vend un moulin ne peut pas détourner le cours d'eau qui le fait fonctionner. Et ceux qui donnent un homme le droit de gouverner comme souverain sont censés lui donner le droit de lever des impôts pour entretenir des troupes et nommer des magistrats pour l'administration de la justice".

"La force des mots étant (comme je l'ai précédemment noté) trop faible pour contraindre 10 les hommes à exécuter leurs conventions, il n'y a, dans la nature de l'homme, que deux remèdes 1 imaginables pour leur donner de la force. Ce sont, soit une crainte de la conséquence du manquement à sa parole 2, soit la fierté, la l'orgueil de ne pas paraître avoir besoin de ce manquement. Cette deuxième [passion] est une grandeur d'âme 3 qu'on trouve trop rarement pour qu'on puisse la présumer [chez les hommes], surtout [chez ceux] qui poursuivent la richesse, l'autorité, ou le plaisir sensuel, qui forment la plus grande partie du genre humain."

"Une sixième loi de nature est celle-ci : que, si on a des garanties pour l'avenir 3, on doit pardonner les offenses passées à ceux qui s'en repentent et qui désirent ce pardon. PARDONNER, en effet, n'est rien d'autre qu'octroyer la paix. Cependant, si elle est octroyée à ceux qui persévèrent dans leur hostilité, elle n'est pas paix, mais crainte. Néanmoins, ne pas l'octroyer à ceux qui donnent des garanties pour l'avenir est signe d'une aversion pour la paix, et [ce refus] est contraire à la loi de nature."

"La question de savoir qui est le meilleur n'a pas sa place dans l'état de simple nature (comme il a été montré précédemment) où tous les hommes sont égaux. L'inégalité qui existe aujourd'hui a été introduite par les lois civiles. Je sais qu'Aristote, au premier livre de ses Politiques, comme fondement de sa doctrine, rend, par nature, certains hommes dignes de commander, entendant [par là] la catégorie la plus sage, à laquelle il croyait appartenir par sa philosophie, et d'autres de servir, entendant [par là] ceux qui possédaient des corps vigoureux, mais n'étaient pas philosophes comme lui; comme si les maîtres et les serviteurs n'étaient pas introduits par le consentement des hommes, mais par la différence d'esprit 2; ce qui n'est pas seulement contraire à la raison, mais est aussi contraire à l'expérience. Car il en est très peu qui sont assez insensés 3 pour se laisser gouverner par les autres plutôt que de se gouverner eux-mêmes. Quand ceux qui s'imaginent être sages combattent par la force avec ceux qui se défient de leur propre sagesse, ils n'obtiennent la victoire ni toujours, ni souvent, mais presque jamais 4. Donc, si la nature a fait les hommes égaux, cette égalité doit être reconnue, ou si la nature a fait les hommes inégaux, cependant parce que les hommes qui se croient eux-mêmes égaux ne concluront pas la paix, sinon sur des clauses égales 5, une telle égalité doit être admise. Et c'est pourquoi comme neuvième loi de nature, je pose celle-ci : que tout homme reconnaisse autrui comme son égal par nature. L'infraction à cette loi est l'orgueil".



Leviathan de Thomas Hobbes partie 1



« On attribua à ces dieux non seulement la forme des hommes à certains, des bêtes à d'autres, des monstres à d'autre [encore], mais aussi les facultés et les passions des hommes et des bêtes, comme la sensation, la parole, le sexe, la concupiscence, la génération, et ceci non seulement en unissant 3 les dieux les uns avec les autres, pour propager l'espèce des dieux, mais aussi en les unissant à des hommes et des femmes pour engendrer des dieux hybrides, qui ne sont que des hôtes des cieux, comme Bacchus, Hercule, et d'autres. On leur attribua en plus la colère, le désir de vengeance, et d'autres passions des créatures vivantes, et les actions qui en procèdent, comme la tromperie, le vol, l'adultère, la sodomie, et tout vice qui puisse être pris comme un effet du pouvoir ou une cause de plaisir, et tous les vices semblables qui, parmi les hommes, sont plus jugés contraires à la loi que contraires à l'honneur. »
« C'est pourquoi les premiers fondateurs et législateurs des Républiques, parmi les Gentils, dont le but était seulement de maintenir les gens dans l'obéissance et la paix, ont partout pris soin : premièrement d'imprimer en leurs esprits une croyance qui fit qu'on ne pût penser que les préceptes qu'ils donnaient provenaient de leur propre invention 8, mais qu'on crût qu'ils venaient des commandements de quelque dieu ou de quelque autre esprit, ou bien qu'eux-mêmes étaient d'une nature supérieure à celles des simples mortels, afin que leurs lois pussent être plus facilement acceptées. »
« Deuxièmement, ils ont pris soin de faire croire que les choses qui déplaisaient aux dieux étaient les mêmes que celles que les lois interdisaient. Troisièmement, d'ordonner des rites, des supplications, des sacrifices, et des fêtes, et ils devaient croire que, de cette façon, la colère des dieux pourrait être apaisée, et [croire] que les défaites militaires, les grandes épidémies, les tremblements de terre, et les malheurs privés de chaque homme venaient de la colère des dieux, et que cette colère venait de ce qu'on négligeait leur culte, qu'on oubliait quelque point des cérémonies qu'il fallait faire, ou qu'on se trompait sur ce point. Et bien que, chez les Romains, il n'était pas interdit de nier ce qu'on trouve dans les écrits des poètes sur les peines et les plaisirs d'après cette vie, écrits que plusieurs hommes d'une grande autorité et d'un grands poids dans l’État ont ouvertement tourné en déraison dans leurs harangues, cependant, cette croyance a toujours été plus entretenue que la croyance contraire.
Et par ces institutions, ou d'autres institutions du même type, ils obtinrent afin d'atteindre leur but, la paix dans la République - que les gens du commun, attribuant ce qui n'allait pas 1 à leur négligence ou leurs erreurs dans les rites, ou [encore] à leur propre désobéissance aux lois, soient d'autant moins susceptibles de se révolter contre les gouvernants; et que, divertis par le faste et l'amusement 2 des fêtes et des jeux publics institués en l'honneur des dieux, n'aient besoin de rien d'autre que du pain pour être préservés du mécontentent, des murmures 3 et de l'agitation contre l’État.

jeudi 9 juillet 2020

Genève ou Moscou de Drieu de la Rochelle partie 2

"Qu'y a-t-il de plus piteux qu'un aristocrate qui est nationaliste? C'est pour lui la façon la plus naive et la plus sotte d'avouer sa dégénérescence , l'oubli de sa raison d'être , de ses passions. Or l'aristocrate est le type qui résume les aspirations secrètes du conservateur."

"Mais la bête étrange qui semblait faite pour aider l'homme à atténuer ses cruautés ou ses souffrances , opposa les les hommes les uns aux autres ; elle se fit l'instrument de la dureté des forts, de la meurtrissure des faibles; elle, dont on attendait la liberté, l'adoucissement du joug du travail, commença par réveiller chez les uns des voracités de négriers, chez les autres des résignations d'esclaves. Elle engendra des millions d'heures de labeur forcené, un enchaînement infini de besoins qui devaient aboutir à cet amas inextricable sous lequel nous plions aujourd'hui, et d'où nous ne sommes pas sûrs d'émerger plus forts et plus libres."

"Or, le capitalisme broie toutes ces valeurs: la probité et la gratuité intellectuelle par la hâte et l'ampleur de ses desseins qui exigent la force brutale; l'idéal de la personnalité qui se fonde sur la propriété terrienne , par la poursuite d'une richesse de plus en plus abstraite et anonyme, d'une chimère immense et atroce; enfin le patriotisme et l'honneur guerrier , par la violence et l'astuce sans frein de l'impérialisme."

"Chez les uns, chez les porte-paroles des bourreaux, écrivains et politiques réactionnaires, on a vu une hypocrisie qui peu à peu destitue de la majesté de l'esprit ceux qui s'y réfugient; chez les autres , chez les avocats des victimes, propagandistes et meneurs révolutionnaires, on a vu la haine sans issue , la négation butée, le parti-pris féroce mutilateur des âmes. Tout cela a répandu des ravages dont on se demande si l'esprit humain n'en restera pas harassé à jamais." 

"En sorte que dès avant la mort de Marx, le parti socialiste marxiste était déjà devenu une école de critique conciliante du régime capitaliste, et au surplus le seul groupement démocratique au Reichstag.
Marx avait écrit ses ouvrages en pensant d'une part aux premiers excès de l'industrie qu'il avait encore pu observer en Angleterre et d'autres parts aux révolutions démocratiques qui de son temps s'étaient déroulées en France. Parce que ces révolutions politiques avaient été emmêlées de velléités sociales, il avait cru que non seulement elles étaient avant coureuses de la révolution socialiste , mais qu'elles en étaient directement inspirées."

"Le capitalise se laissait d'abord arracher les lois sociales, puis peu à peu il se familiarisait avec une politique démagogique dont le pivot était l'octroi de ces lois. Viendrait même un temps où , le souci de son organisation intérieur devenant pressant, le capitalisme , au moins dans les pays les plus avancés, considérerait non seulement une législation mais une pratique sociale comme une nécessité évidente de cette organisation."

"L'idée de dictature était naturelle dans un pays comme l'Allemagne du temps de Marx entre
1830 et 1880 , où le suffrage universel était une concession truquée , entourée de savantes restrictions , un piège grossier tendu aux appétits naïfs de liberté politique."

"En Europe, quand on tue une tradition on ne brûle pas son cadavre, on le laisse pourrir par dessus tant d'autres qui empuantissent l'air des vivants."

"L'idéal communiste est fondé sur l'organisation de la production. C'est ce que veut dire au fond "la nationalisation des moyens de production".
Aujourd'hui, le capitalisme tend par divers moyens à organiser la production. Le principe ancien grâce auquel à pu naître et grandir le capitalisme , ce fut la concurrence. Or, nettement le capitalisme se retourne contre son principe d'origine pour le corriger et de correction en correction , il prend le chemin de l'anéantir."

"La clientèle aussi est choisie, enrégimentée et dirigée. La publicité devient la science d'adapter la consommation à la production."

"En effet, le capitalisme vise à étendre sa clientèle à la limite de la population, alors pour lui, la clientèle , c'est le suffrage universel qu'il faut briguer. Et cela va plus loin encore, ses vues ne sont plus seulement démocratiques , elles deviennent communistes : le capitalisme veut communiser la consommation, c'est-à-dire qu'il lui faut la rendre égalitaire; l'idée du standard ne veut pas dire autre chose. Pour que le capitaliste actuel accomplisse ses desseins, tout le monde doit acheter et posséder les mêmes biens: la même auto, le même costume, le même appartement, le même livre."





samedi 4 juillet 2020

BIBLIOTHÈQUE FAHRENHEIT 451: LA RÉVOLTE DES CIOMPI Un soulèvement prolétarien à Florence au XVIe siècle

En 1378, la révolte des plus pauvres des ouvriers de l’industrie de la laine à Florence, les Ciompi, menace l’édifice social du capitalisme naissant. Les croyant capables de tout, la bourgeoisie déploya une violence répressive pour les réduire à rien. Dans ses Histoires florentines, Machiavel relate ces évènements dans lesquels Simone Weil verra « l’ainée des insurrections prolétariennes ».


Si l’Europe connut de nombreux troubles sociaux et soulèvements populaires à la fin du XIVe siècle, ils furent plus violents en Flandres et en Italie, pays plus avancés économiquement. Si Florence a alors l’apparence d’ « une république d’artisans » dans laquelle le pouvoir est aux mains des corporations dont les chefs sont élus, le nombre de celle-ci est limité à vingt-et-un et ceux qui n’appartiennent pas aux arts majeurs sont privés de droits politiques. Le pouvoir réel appartenant aux banquiers , aux gros commerçants, aux fabricants de draps et aux fabricants de soieries, il s’agit plutôt de syndicats patronaux. « Loin d’être une démocratie, l’État florentin est directement aux mains du capital bancaire, commercial et industriel. » L’arte della lana a prit une influence prépondérante et constitue un petit État qui organise ses services publics, prélève des impôts, émet des emprunts, construit des locaux. C’est aussi un cartel qui impose des volumes de productions à ses membres, et une organisation de classe qui défend les intérêts des fabricants de drap contre les travailleurs. Les ouvriers salariés des ateliers, payés à la journée, sans tarifs ni contrats, formaient la catégorie la plus nombreuse et la plus méprisée des travailleurs de la laine. Les fileurs et les tisserands étaient des ouvriers salariés mais à domicile, ce qui les isolait et les privait du droit de s’organiser. Hautement qualifiés, ils étaient confrontés à une forte concurrence avec l’afflux de tisserands étrangers. Les teinturiers, comme les fouleurs et les tondeurs de draps,  étaient privilégiés car ne dépendaient jamais d’un seul industriel. Après cette présentation sociologique, Simone Weil expose le contexte historique qui aboutit au soulèvement de 1378. Elle souligne des traits qui se reproduiront ensuite dans les insurrections prolétariennes françaises et russes : absence d’effusion de sang, peine de mort décrétée par les insurgés contre les pillards. La revendication de création de trois nouveaux arts, dont celui des ouvriers qui aurait fonctionné comme un syndicat ouvrier, tardant à être acceptée, les ouvriers envahissent le Palais, nomme un cardeur Gonfalonier de Justice qui forme un gouvernement provisoire avec les chefs du mouvement. Le prolétariat constatant que le partage du pouvoir est une utopie, se retire à Santa Maria Novella et organise un gouvernement extra-légal qui « ressemble singulièrement à un soviet ». Cette dualité du pouvoir est le phénomène essentiel des grandes insurrections ouvrières.


La chronique des faits de Machiavel, qu’utilisera Simone Weil, est bien entendu beaucoup plus détaillée. Il rapporte les circonstances politiques et l’enchaînement des évènements qui conduisent au soulèvement. Nous retiendrons qu’alors que les « hommes de la plèbe » étaient effrayés par les incendies et les vols dont ils s’étaient rendus coupables et craignaient d’être punis de leurs forfaits lorsque l’ordre serait rétabli, l’un des plus audacieux et des plus expérimentés adressa à ses compères un discours qui mérite d’être cité ici : « Si nous devions décider à présent s’il faut prendre les armes, incendier et mettre à sac les maisons des citoyens, dépouiller les églises, peut-être serais-je partisan de la réflexion et peut-être penserais-je que mieux vaut préférer une pauvreté tranquille à un gain périlleux. Mais, puisque de nombreux méfaits ont déjà été commis et que les armes sont prises, il me semble que nous devons songer aux moyens de les conserver et de nous protéger de nos crimes passés. Si personne ne nous apprenait cela, je crois que la nécessité nous enseignerait. Cette cité, vous le voyez, déborde de haine et de ressentiment à notre égard. (…) Croyez-moi, on nous prépare des filets et de nouvelles forces menacent nos têtes. Nos délibérations doivent donc viser deux objectifs à la fois : l’impunité pour nos actes passés et une plus grande liberté et tranquillité pour l’avenir. Afin de nous faire pardonner nos fautes anciennes, il faut selon moi en commettre de nouvelles, redoubler les excès, multiplier les vols, les incendies et nous arranger pour avoir beaucoup de complices dans ces actes. En effet, un grand nombre de coupables assure l’impunité de chacun ; les fautes mineures sont châtiées et les grandes sont encensées. Lorsque la souffrance est communément partagées, rares sont ceux qui cherchent à se venger ; on supporte mieux les outrages universels que les outrages particuliers. La multiplication des méfaits nous ouvrira donc plus aisément la voie du pardon et de l’obtention de ce que nous voulons pour notre liberté. » Ces paroles enflammèrent ses compagnons et furent décisives dans la réussite de l’insurrection.


Dans sa postface, Emmanuel Barot rappelle que « la révolte des Ciompi est de longue date l’objet d’une querelle passionnée entre historiens se réclamant du marxisme et historiens bourgeois parce qu’elle est emblématique de la période d’enfantement d’une nouvelle économie-monde dont l’Italie sera l’un des centres de gravité. Ce qui se joue ici, c’est l’interprétation du degré de développement des rapports de production capitalistes et leurs traductions sociales et politiques, au sein d’un univers féodal bien loin d’être encore entré en décadence ».


Réunir ainsi des textes complémentaires et apporter des clés d’analyse et de compréhension, permet assurément de nourrir les réflexions. Nous ne pouvons que saluer la pertinence de cette démarche éditoriale car, comme le rappelle justement Emmanuel Barot : « La mémoire des luttes n’a que leur avenir pour enjeu. »