Pour
débarrasser définitivement le parti de ses tendances parlementaires
et lui donner une attitude définitive d'opposition irréductible à
tout gouvernement bourgeois, il fut décidé de consacrer le Congrès
national de 1924 tenu à Lyon à la bolchevisation du parti.
La
bolchevisation consista à organiser le parti français à la manière
du parti russe.
La
section n'était guère qu'un Comité électoral. C'était pendant
les élections que se faisait le plus fort recrutement, et nombre
d'adhérents qui prenaient leur carte à la faveur de l'agitation
électorale, cessaient ensuite de donner signe de vie. Les sections
des circonscriptions où le parti avait un élu étaient toujours les
plus nombreuses. Nombre de gens y adhéraient sans être nullement
communistes, pour le seul avantage de coudoyer un député ou un
conseiller municipal dont ils escomptaient des faveurs éventuelles.
A
vrai dire le remplacement du scrutin d'arrondissement par la
représentation proportionnelle et de l'arrondissement parisien par
le secteur, avait modifié cet état de choses très sensiblement.
La
cellule greffée sur une usine comme un ver rongeur, représentait
bien l'opposition irréductible. Le groupe était non plus politique
mais de subversion sociale. Dans l'atelier la cellule représentait
la révolution et non plus l'élément d'une vague opposition
parlementaire.
En
entrant dans le parti on ne faisait plus seulement que payer une
cotisation et prendre une carte rouge, on avait des devoirs. Devoir
de prendre part aux manifestations, devoir de distribuer des tracts,
d'amener au parti de nouveaux adhérents, etc... Le secrétaire de
cellule, le délégué du rayon, n'étaient plus des mandataires
toujours en coquetterie avec leurs mandants, c'était des chefs, il
fallait leur obéir.
L'épithète
de caserne détachée par les dissidents était un peu justifiée. Le
parti bolchévisé prenait de la caserne la brutalité et aussi
l'indifférence. L'idéal n'apparaissait plus, masqué par le
fonctionnarisme et l'esprit de coterie. Si on avait marché à la
révolution, on aurait passé sur tous ces frottements inhérents à
toute collectivité, mais la révolution ne se faisait pas.
La
bolchevisation, à l'usage, fit voir ses inconvénients.
De
nombreux camarades que leur genre d'occupation ne permettait pas
d'incorporer à une cellule furent rattachés à une cellule composée
de camarades de profession différente. Dans certaines cellules, le
nombre des rattachés était plus grand que celui des membres
réguliers, ce qui faisait que la cellule perdait son caractère
d'organisation de combat à l'usine. On créa donc des cellules de un
ou de groupes de maisons, c'était revenir à la section.
-
Doctoresse PELLETIER.
 
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