Reconstruire
Sarkozy
a donc remporté la victoire électorale que tout le monde ou presque
prédisait et qui était en effet prévisible. Nous avons déjà
analysé dans ces colonnes les raisons du succès d’une formule
politique qui conjugue néolibéralisme, (in)sécuritarisme et
identitarisme chrétien-nationaliste, le tout enrobé dans le style
propre à la démagogie populiste. Avec lui, nous savons à quoi nous
en tenir. Plus que jamais le Medef va être en mesure d’obtenir du
gouvernement ce qu’il désire en matière de démantèlement du
droit du travail, de baisse du coût du travail, d’allègement de
la fiscalité sur le capital et les hauts revenus, de coupes claires
dans les budgets publics, avec les conséquences prévisibles en
termes de dégradation des conditions d’existence de la grande
masse des salariés. Plus que jamais le gros bâton de l’Etat
policier va remplacer la maigre carotte de l’Etat social. Et la
chasse aux immigrés en situation irrégulière va être érigée en
sport national.
Ce
n’est certes pas du côté du PS qu’il faudra chercher un
secours. L’échec de Ségolène Royal va relancer la guerre des
chefs à sa tête. Surtout, à peine la défaite consommée, des voix
se font déjà entendre pour expliquer que ce nouvel échec serait dû
au fait que le PS n’aurait pas su parachever son aggiornamento
néolibéral, qu’il lui faudrait accentuer sa dérive à droite…
jusqu’à se trouver en mesure de passer alliance avec le centre
droit de Bayrou. Le spectre de la « troisième voie » chère
à Guy Mollet et à Gaston Defferre hante actuellement le siège de
la rue Solferino.
Quant
à « la gauche de la gauche », de ce qui reste du PC aux
différentes formations d’extrême gauche en passant par les Verts,
elle est réduite à l’état de décombres. Partie en campagne en
ordre dispersé, elle n’y aura ramassé que des gamelles. Sont ici
en cause tant les concurrences de micro appareils que les ambiguïtés
de fond sur leurs programmes respectifs, tiraillés entre un
néolibéralisme social qui n’ose pas s’afficher en tant que tel,
un antilibéralisme qui craint d’être trop audacieux et un
anticapitalisme qui peine à prendre forme. C’est pourtant en
milieu de ces décombres qu’il va nous falloir reconstruire une
force capable de constituer non seulement un pôle de résistance à
la déferlante néolibérale mais aussi un lieu d’élaboration d’un
nouveau projet d’émancipation crédible aux yeux du plus grand
nombre possible de salariés, de précaires et de chômeurs.
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