Théâtre Français du XIX° Siècles : Victor Hugo Partie 3

 Elevé par sa mère vendéenne dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie ("J'ai grandi", écrit-il dans un poème où il s'en justifie). Son idée est que "là où la connaissance n'est que chez un homme, la monarchie s'impose. Là où elle est dans un groupe d'hommes, elle doit faire place à l'aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie".

Au début de la Révolution de 1848, il est élu député de la deuxième République en 1848 et siège parmi les conservateurs. Il soutient à la canditature de Louis-napoléon Bonaparte élu Président de la République en décembre, avec qui il rompt en 1849 et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques dont il réprouve la politique réactionnaire. Hugo s'exile après le coup d'état du 2 décembre 1851 qu'il condamne vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d' un crime). Sous le second empire, opposé à napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à jersey et enfin à Guernesey. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie décidée quelque temps après ("et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là"). pendant ces années difficiles, il publiera notamment les Châtiments 1853, oeuvre en vers qui prend pour cible le second empire, Les contemplations, poésies 1856, la légende des siècles 1859, ainsi que Les misérables, roman 1862. Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille -ainsi que sa curiosité- le pousse à tenter, à jersey, des expériences de spiritisme consignées dans Les tables tournantes de jersey.

pendant des années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). En 1871, après la Commune de Paris, tandis qu'il est expulsé de Belgique pour y avoir affert asile aux communards poursuivis dans la capitale française, il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1 juin - 23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale.

Le retour en France et la mort

après la chute du seconde empire consécutive à la guerre franco-prussienne de 1870, c'est l'avènement de la Troisième république: Hugo peut enfin rentrer après vingt années d'exil.

il sera présent au siège de paris où il ne put assister au lancement du ballon monté qui portait son nom.

Jusqu'à sa mort, en 1885, il restera une des figures tutélaires de la république retrouvée - en même temps qu'une référence littéraire incontestée. Il décède le 22 mai 1885, dans son hôtel particulier "la princesse de Lusignan" qui était situé à la place dre l'actuel 124 avenue Victor-Hugo. Selon la légende, ses derniers mots furent :"ceci est le combat du jour et de la nuit". Conformément à ses dernières volontés, c'est dans le "corbillard des pauvres" qu'eut lieu la cérémonie.. il est d'abord question du père lachaise mais le premier juin, suite au décret du 26 mai 1885, il sera finalement conduit au Panthéon, la jeune troisième république profitant de cet évènement pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. On considère que trois millions de personnes se sont déplacés alors pour lui rendre un dernier hommage. Il est alors l'écrivain le plus populaire et est considéré comme l'un des monuments de la littérature française.

L'écrivain

L'ensemble de ce qui a survécu des écrits de Victor Hugo ( plusieurs lettres personnelles ont été volontairement détruites par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères.

"l'ensemble de mon oeuvre fera un jour un tout indivisible [...] un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi [...]" Lettre du 9 décembre 1859

A travers ces mots, on devine une volonté farouche de pratiquer tous les genres: roman, poésie, théâtre, essai etc; - autant qu'une passion du verbe, à condition toutefois que ce dernier soit ancré dans l'Histoire. Par conséquent, distinguer la fiction proprement dite de l'engagement politique est, chez Hugo plus que chez tout autre écrivain, une gageure.

Le Romancier

Un romancier inclassable

Hugo a laissé neuf romans. Le premier roman, Bug-Jargal a été écrit à seize ans; le dernier Quatrevingt-treize, à soixante-douze. l'oeuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, otutes les modes et tous les courants littéraires de son temps sans jamais se confondre totalement avec aucun. En effet, on trouve toujours chez Hugo une volonté de parodie et de décalage: Han d'islande en 1823, Bug-jargal publié" en 1826, Notre-Dame de Paris en 1831 ressemblent aux romans historiques en vogue au début du XIX° siècles mais n'en sont pas vraiment; c'est que Hugo n'est certainement pas Walter Scott; chez lui, en effet, les temps modernes pointent toujours derrière l'histoire.

le dernier jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 ne sont pas plus aisés à définir. ce sont des roimans à la fois historiques et sociaux qui sont, surtout, engagés dans un combat - l'abolition de la peine de mort- qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On pourrait en dire autant des Misérables qui parait en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques. ce succès populaire phénoménal embarrassera d'ailleurs la critique car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique...

de la même façon, dans Les travailleurs de la mer 1866 et dans l'homme qui rit 1869, Hugo se rapproche davantage de l'esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa nature effrayante.

Enfin, en 1874, quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien: le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du XIX° siècle.

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