un
cocufiage en règle
Fin
octobre dernier, à Paris, s’est déroulé un événement à portée
historique-mondial, bien que relevant aussi du carnet mondain : les
épousailles de l’écologie et de l’économie, de Mme la Terre
avec Monsieur le Capital. Baptisé « Grenelle de l’environnement
», il avait été soigneusement préparé par des semaines de
concertation entre les représentants des deux partis, MEDEF en tête
d’un côté, associations, organisations et mouvements écologistes
de l’autre. Et la cérémonie avait été célébrée en grande
pompe par Bouffon Imperator* en personne, sous le haut patronage de
Saint Nicolas Hulot, et couvert comme il se doit par les médias
unanimes pour en souligner l’importance en tirant des salves
d’éditos tous plus louangeurs les uns que les autres.
Certes,
certains esprits chagrins avaient déjà fait remarquer alors que
Monsieur le Capital avait soustrait du contrat de mariage certains
éléments importants de son patrimoine. Il n’avait été question
ni de sortir du nucléaire (pas question de peiner EDF et Areva) ni
de dire non aux agrocarburants (pas question de pénaliser la FNSEA),
bien au contraire. Ainsi, les déchets nucléaires étaient-ils
d’emblée autorisés à continuer à s’entasser en polluant la
planète pour les siècles des siècles ; tandis que les
agrocarburants réputés « verts » devenaient la réponse de
choix au réchauffement climatique, et ce alors même qu’ils
constituent une catastrophe écologique potentielle au regard de
laquelle on finira par regretter celle générée par l’usage des
combustibles fossiles. Les mêmes esprits chagrins faisaient aussi
remarquer que les termes du contrat de mariage étaient souvent
remarquablement flous quant aux obligations imposées à Monsieur
tout en restreignant souvent les prétentions de Madame. Ainsi
donnait-on la priorité au recyclage des déchets ménagers sur leur
incinération… tout en autorisant la construction de nouveaux
incinérateurs, à condition de prouver que c’est « un ultime
recours ». Quant à la taxe carbone, le seul engagement était
d’en « étudier la création ». Dans ces conditions, il
était prévisible que Monsieur le Capital reprenne rapidement ses
mauvaises habitudes contractées lors de sa longue vie antérieure de
célibataire, sans considération aucune pour ses engagements bien
faibles envers sa nouvelle conjointe. Le tout avec la bénédiction
de l’Etat, pourtant garant en principe du respect des engagements
matrimoniaux. Ainsi, au mépris des promesses faites, de multiples
projets de construction ou d’extension d’autoroutes (autour de
Bordeaux, à travers les Landes, à travers la Moselle pour joindre
Luxembourg, autour de Grenoble, à travers la Haute Savoie, entre
Chartres et Tours, etc.), pour certains antérieurement abandonnés,
sont mis ou remis sur la table par les DDE (directions
départementales de l’équipement). Quant au projet de loi visant à
interdire la culture des OGM, il vient d’être parlementairement
modifié, en première lecture, en loi autorisant cette culture par
le Sénat. Gageons que l’Assemblée nationale, qui doit l’examiner
début avril, aura à coeur de bétonner cette nouvelle autorisation
à polluer notre environnement. Bref, moins de quatre mois après son
mariage, Mme la Terre est bel et bien cocue ! Et, avec elle, tous les
naïfs garçons d’honneur écologistes qui avaient tenu sa traîne
lors de la cérémonie de cet automne. Ils ne restent plus qu’à
pleurer avec elle sur sa vertu outragée.
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