Melun,
comme toutes les villes occupées par l’armée prussienne, n’a
pas repris sa physionomie habituelle. Les émigrés sont presque tous
rentrés, mais ils n’ont pas réintégré avec eux la tranquillité
et les habitudes de travail dont une cité paisible ayant besoin au
moment où ont éclaté à Paris les terribles événements qui nous
accablent.
Notre
ville était occupée par une garnison de 4 000 bavarois. Sur ordre
venu de l’autorité allemande, ces alliés de la Prusse sont allés
reprendre leurs postions sous les remparts de Paris. Il ne nous reste
qu’une poignée de Prussiens, mais elle suffit pour conserver le
deuil dans le coeur des bons citoyens.
A
tout instant, ces messieurs se gratifient d’un air de musique ;
tout est prétexte à fanfare ; le public, en se renfermant dans sa
dignité, n’a pas d’oreilles pour les airs qu’il paye trop
cher. Harmonie et Prusse sont deux mots qui sonnent mal en France.
Quand donc serons-nous débarrassés ? Les passages de troupes venant
de l’armée de Frédéric-Charles ont été très multipliés.
Pendant
une dizaine de jours nous avons eu à subir la fausse satisfaction de
loger chez nous ces braves vainqueurs.
Au
mépris des conventions stipulées dans les préliminaires de
Versailles, la rive gauche de Melun est encore au pouvoir des
prussiens. Les villages de Ponthierry, Saint-Fargeau, Pringy,
Perthes, Fleury, Chailly, hébergent encore des détachements
prussiens. Il y a aux environs de Melun deux camps
d’approvisionnement : l’un à Réau, l’autre à
Brie-Comte-Robert.
Les
habitants de ces campagnes ont à subir souvent leurs exigences, qui
ne sont pas toujours faciles à satisfaire ; quelques-uns consentent
à leur donner du café, des liqueurs, etc. Il serait à désirer
que, forts de leur droit, ils opposent dorénavant une résistance
absolue à toute prétention de cette nature.
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