vendredi 27 juillet 2018

Journal de la Commune


Melun, comme toutes les villes occupées par l’armée prussienne, n’a pas repris sa physionomie habituelle. Les émigrés sont presque tous rentrés, mais ils n’ont pas réintégré avec eux la tranquillité et les habitudes de travail dont une cité paisible ayant besoin au moment où ont éclaté à Paris les terribles événements qui nous accablent.
Notre ville était occupée par une garnison de 4 000 bavarois. Sur ordre venu de l’autorité allemande, ces alliés de la Prusse sont allés reprendre leurs postions sous les remparts de Paris. Il ne nous reste qu’une poignée de Prussiens, mais elle suffit pour conserver le deuil dans le coeur des bons citoyens.
A tout instant, ces messieurs se gratifient d’un air de musique ; tout est prétexte à fanfare ; le public, en se renfermant dans sa dignité, n’a pas d’oreilles pour les airs qu’il paye trop cher. Harmonie et Prusse sont deux mots qui sonnent mal en France. Quand donc serons-nous débarrassés ? Les passages de troupes venant de l’armée de Frédéric-Charles ont été très multipliés.
Pendant une dizaine de jours nous avons eu à subir la fausse satisfaction de loger chez nous ces braves vainqueurs.
Au mépris des conventions stipulées dans les préliminaires de Versailles, la rive gauche de Melun est encore au pouvoir des prussiens. Les villages de Ponthierry, Saint-Fargeau, Pringy, Perthes, Fleury, Chailly, hébergent encore des détachements prussiens. Il y a aux environs de Melun deux camps d’approvisionnement : l’un à Réau, l’autre à Brie-Comte-Robert.
Les habitants de ces campagnes ont à subir souvent leurs exigences, qui ne sont pas toujours faciles à satisfaire ; quelques-uns consentent à leur donner du café, des liqueurs, etc. Il serait à désirer que, forts de leur droit, ils opposent dorénavant une résistance absolue à toute prétention de cette nature.


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