lundi 9 juillet 2018

L'Europe des dix pays absents



Les réalités sociales

« Les primes et indemnités dont je viens de parler sont, dans un très large mesure, imputées sur une caisse spéciale gérée par le directeur et que l'on appelait de ce fait la caisse directoriale. Elle est maintenant désignée sous le nom de caisse de l'entreprise. Elle peut servir à payer les indemnités, selon un plan dé »terminé à l'avance. Lorsqu'elle est épuisée, les directeurs ont le droit de mettre à pied quelques-uns de leurs ouvriers et de créer ainsi un chômage saisonnier qui est résorbé lors de l’affectation du budget des salaires suivant. Il advient aussi, quand le poste-salaires ne suffit pas à couvrir le relèvement nécessaire des indemnités, que la direction augmente les « normes ». L'accroissement de celles ci entraîne une réduction du salaire d'un grand nombre d'ouvriers, ce qui rétablit l'équilibre entre le poste-salaires fixé à l'avance et les dépenses réelles. Ce système n’entraîne évidemment pas la paix sociale, mais ce qui est pire encore, il empêche aussi la formation d'une solidarité ouvrière. Il est, au contraire, conçu de telle façon qu'il se trouve dans chaque usine et atelier certains individus, tels que les « innovateurs » ou contremaîtres, qui sont bien placés pour gagner les primes. Et les limitations de la caisse directoriale jouent seulement aux dépens d'autres travailleurs qui se trouvent moins bien placés dans la hiérarchie de l'entreprise. »




« Par la suite Kuznetsov fut nommé Président de la Fédération des Syndicats. Il a indiqué ce que devait être, selon lui, les tâches des syndicats :
  • réduire les prix de revient et les salaires ;
  • améliorer la qualité et la gamme des articles ;
  • réprimander les paresseux ;
  • contrôler le travail des ouvriers retardataires ;
  • encourager l'auto-critique, l'initiative et la production en série ;
  • améliorer le bien-être des travailleurs en faisant appel à leur conscience socialiste, c'est à dire au moyen du stakhanovisme.

Ce dernier point pourrait seul être considéré comme servant les intérêts ouvriers, mais, en fait, le stakhanovisme signifie l'exploitation du travailleur ordinaire dans l'atelier. En effet, le stakhanoviste quoi peut travailler davantage et mieux et qui dispose de tous les moyens, matières premières et procédés nouveaux nécessaires à un fort rendement, est à même d'atteindre une norme bien supérieure à celle de l'ouvrier ordinaire. Il est donc exact de considérer les syndicats soviétiques comme les courroies de transmission entre le Parti et les masses ouvrières. »

Aucun commentaire: