Les
réalités sociales
« Les primes et indemnités dont je viens de
parler sont, dans un très large mesure, imputées sur une caisse
spéciale gérée par le directeur et que l'on appelait de ce fait la
caisse directoriale. Elle est maintenant désignée sous le nom de
caisse de l'entreprise. Elle peut servir à payer les indemnités,
selon un plan dé »terminé à l'avance. Lorsqu'elle est
épuisée, les directeurs ont le droit de mettre à pied quelques-uns
de leurs ouvriers et de créer ainsi un chômage saisonnier qui est
résorbé lors de l’affectation du budget des salaires suivant. Il
advient aussi, quand le poste-salaires ne suffit pas à couvrir le
relèvement nécessaire des indemnités, que la direction augmente
les « normes ». L'accroissement de celles ci entraîne
une réduction du salaire d'un grand nombre d'ouvriers, ce qui
rétablit l'équilibre entre le poste-salaires fixé à l'avance et
les dépenses réelles. Ce système n’entraîne évidemment pas la
paix sociale, mais ce qui est pire encore, il empêche aussi la
formation d'une solidarité ouvrière. Il est, au contraire, conçu
de telle façon qu'il se trouve dans chaque usine et atelier certains
individus, tels que les « innovateurs » ou contremaîtres,
qui sont bien placés pour gagner les primes. Et les limitations de
la caisse directoriale jouent seulement aux dépens d'autres
travailleurs qui se trouvent moins bien placés dans la hiérarchie
de l'entreprise. »
« Par la suite Kuznetsov fut nommé Président de
la Fédération des Syndicats. Il a indiqué ce que devait être,
selon lui, les tâches des syndicats :
- réduire les prix de revient et les salaires ;
- améliorer la qualité et la gamme des articles ;
- réprimander les paresseux ;
- contrôler le travail des ouvriers retardataires ;
- encourager l'auto-critique, l'initiative et la production en série ;
- améliorer le bien-être des travailleurs en faisant appel à leur conscience socialiste, c'est à dire au moyen du stakhanovisme.
Ce dernier point pourrait seul être considéré comme
servant les intérêts ouvriers, mais, en fait, le stakhanovisme
signifie l'exploitation du travailleur ordinaire dans l'atelier. En
effet, le stakhanoviste quoi peut travailler davantage et mieux et
qui dispose de tous les moyens, matières premières et procédés
nouveaux nécessaires à un fort rendement, est à même d'atteindre
une norme bien supérieure à celle de l'ouvrier ordinaire. Il est
donc exact de considérer les syndicats soviétiques comme les
courroies de transmission entre le Parti et les masses ouvrières. »
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