Penauds,
polis et pitoyables
Inexorablement,
la machine sarkozyste à privatiser, à déréglementer les marchés,
à démanteler les acquis sociaux, poursuit son oeuvre destructrice.
Si elle a semblé un moment grippée et tourner à vide au début du
printemps, après la déculottée de l’UMP aux élections
municipales, elle est repartie de plus belle au cours de ces
dernières semaines. Sans rencontrer de réelle résistance. Nouvelle
version du vieil adage « diviser pour régner », la tactique du
gouvernement consiste à multiplier les chantiers, ouvrant ainsi
autant de fronts, qui contraignent ses « opposants » à se
disperser. Les voilà contraints à saucissonner la chétive
conviction qui leur reste encore ! Quand sont lancés à peu
d’intervalles un programme de suppressions massives de postes dans
l’Education nationale, une nouvelle régression des régimes de
retraite, l’asphyxie des chaînes publiques de télévision pour
que puissent prospérer les chaînes privées, un nouveau train de
déremboursement des soins médicaux, la privatisation de La Poste,
etc, «l’opposition» politique et syndicale ne peut plus «opposer»
à chacune de ces offensives qu’une dérisoire petite rondelle
d’indignation.
Très
occupé par ses conflits internes et peu enclin à contester des
objectifs qui seraient en gros les siens s’il était au pouvoir, le
PS ne dénonce que la méthode : le style hussard et le rythme
frénétique. Quant aux organisations syndicales, en multipliant les
«journées d’(in)action» ponctuelles, épuisant et démobilisant
leurs troupes, elles ont en définitive accompagné la démarche
gouvernementale tout en faisant mine de la désapprouver. Ce qui a
permis à Sarkozy de plastronner devant les cadres de l’UMP en
déclarant : «Désormais, quand il y a une grève, on en parle
même plus !». Thibaud, Chérèque,Mailly et Aschiéri ont
répondu en choeur que c’est très vilain de les traiter ainsi.
Penauds, polis et pitoyables. Il est vrai qu'il leur était difficile
d'adopter une autre posture face à un Président qui a fort bien
résumé une stratégie qui est la leur autant que la sienne. Sans
doute n’avaient-ils pas prévu que le matamore de l’Elysée
oserait les humilier en rendant publique cette stratégie commune,
honteuse pour eux,mais glorieuse pour lui. Sarkozy leur avait déjà
fait perdre la face en les roulant dans la farine dans une autre
circonstance: sous couvert d’une loi censée garantir leur
sacro-sainte représentativité , le gouvernement a imposé par la
loi des dispositions autorisant les entreprises à faire travailler
leurs salariés jusqu’à 48 heures par semaine. Puis le pouvoir
s’en est pris sauvagement au temps de travail des cadres qui vont
devoir trimer comme jamais. Là, les cris d’horreur des dirigeants
de la CGC ne semblaient pas feints,mais dérisoires quand même.
Ignorent-ils vraiment que le capitalisme n'est plus dans une phase où
un Bergeron pouvait, lui, sauver une certaine cohérence -ainsi que
sa dignité- en trouvant toujours du « grain àmoudre » dans une
négociation ? Pour les travailleurs, c'est clair : la stratégie
syndicale dominante est désastreuse. S’ils veulent défendre ce
qui reste d’acquis sociaux, et en conquérir de nouveaux, ils ne
pourront compter que sur eux-mêmes : sur leur propre détermination,
leur propre capacité à se mobiliser, à s’organiser et à lutter.
Seul un mouvement de grèves massif et de longue durée pourra faire
cesser cette politique de casse dont le caractère de classe n’est
plus à démontrer tant il est devenu évident.
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