samedi 21 juillet 2018

A contre courant juillet 2008




Penauds, polis et pitoyables


Inexorablement, la machine sarkozyste à privatiser, à déréglementer les marchés, à démanteler les acquis sociaux, poursuit son oeuvre destructrice. Si elle a semblé un moment grippée et tourner à vide au début du printemps, après la déculottée de l’UMP aux élections municipales, elle est repartie de plus belle au cours de ces dernières semaines. Sans rencontrer de réelle résistance. Nouvelle version du vieil adage « diviser pour régner », la tactique du gouvernement consiste à multiplier les chantiers, ouvrant ainsi autant de fronts, qui contraignent ses « opposants » à se disperser. Les voilà contraints à saucissonner la chétive conviction qui leur reste encore ! Quand sont lancés à peu d’intervalles un programme de suppressions massives de postes dans l’Education nationale, une nouvelle régression des régimes de retraite, l’asphyxie des chaînes publiques de télévision pour que puissent prospérer les chaînes privées, un nouveau train de déremboursement des soins médicaux, la privatisation de La Poste, etc, «l’opposition» politique et syndicale ne peut plus «opposer» à chacune de ces offensives qu’une dérisoire petite rondelle d’indignation.
Très occupé par ses conflits internes et peu enclin à contester des objectifs qui seraient en gros les siens s’il était au pouvoir, le PS ne dénonce que la méthode : le style hussard et le rythme frénétique. Quant aux organisations syndicales, en multipliant les «journées d’(in)action» ponctuelles, épuisant et démobilisant leurs troupes, elles ont en définitive accompagné la démarche gouvernementale tout en faisant mine de la désapprouver. Ce qui a permis à Sarkozy de plastronner devant les cadres de l’UMP en déclarant : «Désormais, quand il y a une grève, on en parle même plus !». Thibaud, Chérèque,Mailly et Aschiéri ont répondu en choeur que c’est très vilain de les traiter ainsi. Penauds, polis et pitoyables. Il est vrai qu'il leur était difficile d'adopter une autre posture face à un Président qui a fort bien résumé une stratégie qui est la leur autant que la sienne. Sans doute n’avaient-ils pas prévu que le matamore de l’Elysée oserait les humilier en rendant publique cette stratégie commune, honteuse pour eux,mais glorieuse pour lui. Sarkozy leur avait déjà fait perdre la face en les roulant dans la farine dans une autre circonstance: sous couvert d’une loi censée garantir leur sacro-sainte représentativité , le gouvernement a imposé par la loi des dispositions autorisant les entreprises à faire travailler leurs salariés jusqu’à 48 heures par semaine. Puis le pouvoir s’en est pris sauvagement au temps de travail des cadres qui vont devoir trimer comme jamais. Là, les cris d’horreur des dirigeants de la CGC ne semblaient pas feints,mais dérisoires quand même. Ignorent-ils vraiment que le capitalisme n'est plus dans une phase où un Bergeron pouvait, lui, sauver une certaine cohérence -ainsi que sa dignité- en trouvant toujours du « grain àmoudre » dans une négociation ? Pour les travailleurs, c'est clair : la stratégie syndicale dominante est désastreuse. S’ils veulent défendre ce qui reste d’acquis sociaux, et en conquérir de nouveaux, ils ne pourront compter que sur eux-mêmes : sur leur propre détermination, leur propre capacité à se mobiliser, à s’organiser et à lutter. Seul un mouvement de grèves massif et de longue durée pourra faire cesser cette politique de casse dont le caractère de classe n’est plus à démontrer tant il est devenu évident.

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