lundi 30 juillet 2018

Lignes N°56



Monique Rouillé-Boireau : Miguel Abensour, penseur-libertaire


« Situer en effet Miguel Abensour dans le double rejet d'un certain marxisme d'une part, et d'un libéralisme de l'autre, penseur tenace et infatigable de l'émancipation ne suffit pas ; ce qui le caractérise, me semble-t-il, c'est sa détermination à penser la politique comme résistance à la domination, et à la réhabilitation, contre l'état. Ce qui n'est pas si fréquent , et le situe dans le cadre des fondamentaux de la pensée libertaire ( la lutte contre l'état ) , mais aussi et surtout de son approfondissement et de son renouvellement : en effet, nombre de penseurs libertaires assimilent la politique à l'état, et ne voient d'émancipation que dans un « social » débarrassé de la domination donc de la politique. Face à cette limite, l’œuvre de Miguel Abensour inaugure une nouvelle tradition, celle d'une pensée authentiquement libertaire de la politique. »

« Et son passage rapide à la revue Passé Présent ( qui n'eut que quatre numéros ) est aussi marqué par ces divergences entre ceux qui se soumettent au réel dans la lignée de François Furet ( une autre société est impossible à penser, nous sommes donc condamnés à vivre dans le monde où nous vivons), et ceux qui continuent à s'évertuer, tant à déceler dans le passé les moments où ont brillé les pratiques de luttes pour la liberté, qu'à repérer dans le présent les lieux et formes de rupture avec l'existant. »

« Au delà du style, c'est l'opposition de deux postures, qui structure tout le texte : Marcel Gauchet veut penser la liberté avec le pouvoir, comme nombre de ses contemporains, alors que Miguel Abensour s'entête à penser la liberté contre le pouvoir ; et il va montrer qu'à force de penser la liberté avec le pouvoir, on pense en fait le pouvoir sans la liberté. »



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