Monique
Rouillé-Boireau :
Miguel Abensour, penseur-libertaire
« Situer
en effet Miguel Abensour dans le double rejet d'un certain marxisme
d'une part, et d'un libéralisme de l'autre, penseur tenace et
infatigable de l'émancipation ne suffit pas ; ce qui le
caractérise, me semble-t-il, c'est sa détermination à
penser la politique comme résistance à la domination, et à la
réhabilitation, contre l'état.
Ce qui n'est pas si fréquent , et le situe dans le cadre des
fondamentaux de la pensée libertaire ( la lutte contre l'état ) ,
mais aussi et surtout de son approfondissement et de son
renouvellement : en effet, nombre de penseurs libertaires
assimilent la politique à l'état, et ne voient d'émancipation que
dans un « social » débarrassé de la domination donc de
la politique. Face à cette limite, l’œuvre de Miguel Abensour
inaugure une nouvelle tradition, celle d'une pensée authentiquement
libertaire de la politique. »
« Et
son passage rapide à la revue Passé
Présent (
qui n'eut que quatre numéros ) est aussi marqué par ces divergences
entre ceux qui se soumettent au réel dans la lignée de François
Furet ( une autre société est impossible à penser, nous sommes
donc condamnés à vivre dans le monde où nous vivons), et ceux qui
continuent à s'évertuer, tant à déceler dans le passé les
moments où ont brillé les pratiques de luttes pour la liberté,
qu'à repérer dans le présent les lieux et formes de rupture avec
l'existant. »
« Au
delà du style, c'est l'opposition de deux postures, qui structure
tout le texte : Marcel Gauchet veut penser la liberté avec le
pouvoir, comme nombre de ses contemporains, alors que Miguel Abensour
s'entête à penser la liberté contre le pouvoir ; et il va
montrer qu'à force de penser la liberté avec le pouvoir, on pense
en fait le pouvoir sans la liberté. »
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