Étymologiquement
le mot « compagnon » veut donc dire qui mange du même pain ou qui
partage son pain avec un autre. Mais la valeur du mot s'est
sensiblement étendue et à présent il sert à designer une personne
avec laquelle on est en relation assez fréquente sans, pour cela,
être liés par l'amitié. « Un compagnon de travail, un compagnon
de chantier ou de bureau ». On dit aussi un bon compagnon et un
mauvais compagnon. Dans certaines corporations et plus
particulièrement dans l'industrie du bâtiment, le mot compagnon,
sert à désigner un ouvrier accompli ; l'apprenti prend le nom de «
aide ». On dit un ouvrier tourneur et un compagnon maçon. Depuis le
XIIIe siècle jusqu'à là révolution française, le compagnon était
un ouvrier qui avait accompli un stage de plusieurs années chez un
maître en tant qu'apprenti et qui avait justifié ses capacités par
la production d'un chef-d'oeuvre. C'était parfois cinq et même dix
ans qu'il fallait travailler gratuitement pour obtenir le droit de se
dire « compagnon ».
La
révolution française a aboli le compagnonnage et a donné au
travail une certaine liberté ; chacun aujourd'hui peut exercer un
métier manuel sans être muni de brevets ou de diplômes attestant
ses connaissances. Il n'y a que dans certains métiers d'ordre
intellectuel que subsiste une certaine forme de compagnonnage. En
exemple on pourrait donner la médecine, la pharmacie, le droit, etc.
Tous ces métiers sont considérés comme étant exercés par une
élite, appartenant naturellement à la bourgeoisie, et ces
corporations sont pour ainsi dire fermées à la classe ouvrière.
Le
mot compagnon s'emploie aussi comme synonyme de mari, d'époux. Ces
deux derniers mots ont un caractère trop officiel et symbolise
tellement l'autorité qu'en vertu de la loi l'homme a le droit
d'exercer sur la femme, que dans certains groupements et par un grand
nombre d'individus ils ont été totalement abandonnés. On ne dit
plus ma femme ou mon épouse, mais ma compagne et mon compagnon. Il
est évident qu'il ne suffit pas de changer le mot pour changer la
chose et le véritable compagnon ne doit pas l'être seulement dans
la lettre, mais aussi dans l'esprit. Il doit considérer sa compagne
comme un individu qui a droit aux mêmes libertés que lui, qui est
sensible aux mêmes émotions, et qui possède une personnalité
propre qui ne doit pas être subordonnée à celle d'autrui. Un
véritable compagnon doit être jaloux de sa liberté, mais il doit
savoir respecter celle des autres.
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