Théâtre français du XIX siècles: Alexandre Dumas fils

 Alexandre Dumas dit Alexandre Dumas fils, né le  à Paris et mort le  à Marly-le-Roi, est un romancier et dramaturge français. Il fut comme son père un auteur à succès. Il est connu principalement pour son roman La Dame aux camélias, ainsi que pour deux pièces de théâtre, Le Fils naturel et Un père prodigue.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas fils enfant, par Louis Boulanger.

Né au 1, place Boieldieu à Paris, il est le fils d'Alexandre Dumas et de sa voisine de palier, Catherine Laure Labay (1793-1868), qui tenait à domicile un atelier de couture. Déclaré enfant naturel, de père et de mère inconnus, il est reconnu officiellement par son père le , alors qu'il est âgé de sept ans. Il portera le nom de son père "Dumas Davy de la Pailleterie" (acte de naissance dans 'archives.paris.fr'). Il en gardera toute sa vie un profond ressentiment qui se manifestera dans ses œuvres, marquées par le thème de la désagrégation de la famille et empreintes d'un certain moralisme. Il parviendra tout de même à surmonter sa détresse. En 1833, il est placé dans une pension où il a comme condisciple Edmond de Goncourt2.

Élève au collège royal de Bourbon (actuel lycée Chaptal) de 1839 à 1841, il abandonne ses études après un échec au baccalauréat et devient un des jeunes dandys les plus en vue de l'époque, menant une vie parisienne tapageuse grâce aux subsides donnés par son père.

La Dame aux camélias[modifier | modifier le code]

Buste d'Alexandre Dumas fils par Jean-Baptiste Carpeaux au musée d'Orsay.

Alexandre Dumas fils vit une histoire d'amour fiévreuse entre  et  avec la demi-mondaine Marie Duplessis, qui lui inspire l'écriture du roman La Dame aux camélias, écrit en 1848 quelques mois après la mort de la jeune femme. S'installant à Saint-Germain-en-Laye, à l'Auberge du Cheval Blanc, il achève l'œuvre en trois semaines. Le très grand succès du livre le détourne de la vie mondaine et lui ouvre une carrière littéraire.

Son adaptation du roman pour le théâtre est représentée en février 1852 et connaît un succès prodigieux. La Dame aux camélias sera adaptée pour l'opéra dès 1853 par Verdi sous le titre de La Traviata, puis servira de base à un grand nombre d'œuvres théâtrales, cinématographiques, télévisuelles, chorégraphiques, etc., jusqu'à aujourd'hui.

Admirateur de George Sand, qu'il appelle sa « chère maman » (elle l’appelle « cher fils »), Dumas fils fait de nombreux séjours dans sa propriété de Nohant et adapte pour la scène son roman Le Marquis de Villemer (en 1864).

Il a une relation peu facile avec l'actrice Marie Delaporte (1838-1910), interprète de plusieurs de ses pièces. Cette relation platonique cessera avec le départ de Marie Delaporte pour la Russie, en 3.

Premier mariage[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas a une liaison, désapprouvée par la société bien pensante, avec la princesse Narychkine, née Nadejda von Knorring (1826-1895) (dite Nadine), dont il a une fille née hors mariage : Marie-Alexandrine-Henriette (1860-1907) (dite Colette)4, reconnue en 1864. Alexandre et Nadine ne se marient que le  à Neuilly-sur-Seine, après la mort du prince Narychkine survenue en mai.

Ils ont une fille après leur mariage : Olga-Marie-Jeanne, dite Jeannine (1867-1943), future épouse du polytechnicien Ernest Lecourt d'Hauterive (1864-1957).

Académicien (1874)[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas fils, 1873.

Il est élu au deuxième fauteuil de l'Académie française le  et reçu le 11 février 1875.

Il se lie d'amitié avec Louis Pasteur et avec Jules Verne qui lui dédicace en 1885 son roman Mathias Sandorf, transposition balkanique du Comte de Monte-Cristo. À cette occasion, Dumas fils lui répond qu'il l'a toujours considéré comme le véritable fils de son père, Alexandre Dumas. Les deux lettres figurent en introduction au roman de Jules Verne.

Deuxième mariage[modifier | modifier le code]

En 1887, Alexandre Dumas fils entame une liaison avec Henriette Escalier, née Régnier (1851-1934). Jalouse, Nadine Dumas part vivre chez sa fille Colette. Alexandre Dumas fils se brouille avec sa fille aînée, tandis que sa cadette Jeannine prend son parti.

En 1890, Henriette Escalier divorce, puis Nadine Dumas meurt en avril 1895 à 68 ans. Moins de trois mois après la mort de sa femme, Dumas fils épouse Henriette Escalier, le 26 juin 1895, à la mairie du 17e arrondissement de Paris. Il meurt peu de temps après, le 5, à son domicile de la « maison Champflour »6 située au no 1 de la rue Champflour à Marly-le-Roi ; il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris (21e division). Son gisant est l'œuvre du sculpteur René de Saint-Marceaux.

Porte-parole des causes singulières[modifier | modifier le code]

Caricature de Gill.

Très marqué par son enfance douloureuse et son illégitimité, Dumas fils se fait le porte-parole de causes peu soutenues à son époque et dénonce certaines injustices sociales. Dans Le Fils naturel7 ou Un père prodigue8, il critique vivement le sort réservé par la société aux femmes délaissées et aux enfants illégitimes. C'est pourquoi il est catalogué comme auteur à scandale.

Pour autant, l'écrivain se fait promoteur de la contestable loterie des lingots d'or organisée par le pouvoir en 1851. Il écrit en 1872 La Question de la femme, publié par l'Association pour l'Émancipation progressive de la Femme, créée par Arlès-Dufour et Julie-Victoire Daubié. Préfacé par cette dernière, le texte, comme deux autres ouvrages édités par l'association, est interdit au colportage en 1873, à l'époque de l'ordre moral9. Cet engagement n'a pas empêché Dumas fils d'écrire, après avoir parlé des révolutionnaires de la Commune :

« Nous ne dirons rien de leurs femelles, par respect pour les femmes à qui elles ressemblent – quand elles sont mortes10,11. »

Distinction[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Jugements[modifier | modifier le code]

  • Venu après l’affreux théâtre pharmaceutique et procédurier d’Alexandre Dumas, ce Cyrano [d'Edmond Rostand] fut un rafraîchissement, un délicieux verre de vin parfumé et glacé après une longue course dans la poussière des chemins.
Remy de Gourmont (Le Bonheur littéraire : M. Edmond Rostand, Promenades littéraires1re série).
  • Je n'aime guère le talent de M. Alexandre Dumas fils. C'est un écrivain extrêmement surfait, de style médiocre et de conception rapetissée par les plus étranges théories. J'estime que la postérité lui sera dure.
Émile Zola1876 (Œuvres complètes, Vol. X11, p. 627).
  • Il a été un des ouvriers les plus puissants du naturalisme contemporain. Puis, il s'est déclaré en lui une sorte d'accès philosophique, qui a empoisonné et détraqué ses œuvres.
Émile Zola1879 (Œuvres complètes, Vol. X11, p. 668).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Principaux romans et contes[modifier | modifier le code]

Couverture de La Dame aux camélias, illustrée par Albert Lynch.
  • Aventures de quatre femmes et d’un perroquet, 1846-1847.
  • Césarine,1848.
  • La Dame aux camélias, 1848, édition revue en 1852 (ISBN 2-87714-205-1) (texte en ligne (Gallica) [archive]), dont une version illustrée par Albert Besnard.
  • Le Docteur Servan, 1849.
  • Antonine, 1849.
  • Le Roman d’une femme,1849.
  • Les Quatre Restaurations, 1849-1851.
    Série de romans historiques parue en feuilletons dans La Gazette de France sous les titres Tristan le RouxHenri de Navarre et Les Deux Frondes.
  • Tristan le Roux,1850.
  • Trois Hommes forts, 1850.
  • Diane de Lys, 1851.
  • Le Régent Mustel, 1852.
  • Contes et Nouvelles,1853.
  • La Dame aux perles, 1853.
  • L'Affaire Clemenceau, Mémoire de l'accusé, 1866, dont une version illustrée par Albert Besnard.

Principales pièces et adaptations théâtrales[modifier | modifier le code]

« La Dame aux camélias », gravure d'Adolphe Pierre Riffaut d'après Charles Chaplin.
  • Le Bijou de la reine, comédie en vers en un acte, 1845.
  • Le Verrou de la reine, Paris, Théâtre-Historique, 1848, puis théâtre du Gymnase, 1873.
  • Atala, scène lyrique, musique de Varney, Paris, Théâtre-Historique, 1848.
  • La Dame aux camélias, Paris, Le Vaudeville,  (texte en ligne sur Wikisource).
  • Diane de Lys, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Le Demi-Monde, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Question d’argent, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Le Fils naturel, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne (Gallica) : visualiseur.bnf.fr [archive].
  • Un père prodigue, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • L’Ami des femmes, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne (Gallica) : visualiseur.bnf.fr [archive].
  • Les Idées de Mme Aubray, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Une visite de noces, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Princesse Georges, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Femme de Claude, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne : epelorient.free.fr [archive].
  • Monsieur Alphonse, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • L’Étrangère, comédie en cinq actes, Paris, Théâtre-Français.
  • La Princesse de Bagdad, pièce en trois actes, Paris, Théâtre-Français, .
  • Denise, pièce en quatre actes, Paris, Théâtre-Français, .
  • Francillon, pièce en trois actes Paris, Théâtre-Français, .

Principales collaborations théâtrales[modifier | modifier le code]

Caricature de George Sand, 1848.
  • Avec George Sand : Le Marquis de Villemer, Paris, théâtre de l'Odéon.
  • Avec Émile de Girardin : Le Supplice d’une femme, Paris, Théâtre-Français, .
  • Avec Armand Durantin : Héloïse Paranquet, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Avec H. Lefrançois : Le Filleul de Pompignac, comédie en quatre actes, Paris, théâtre du Gymnase, 1869.
  • Avec Alexandre Dumas : La Jeunesse de Louis XIV, Paris, théâtre de l'Odéon, 1874.
  • Avec Pierre de Corvin : Les Danicheff, drame en cinq actes, Paris, théâtre de l'Odéon, .
  • Avec Gustave-Eugène Fould : La Comtesse Romani, comédie en trois actes, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Avec Alexandre Dumas : Joseph Balsamo, drame inédit en cinq actes, Paris, théâtre de l'Odéon, .

Essais[modifier | modifier le code]

  • Histoire de la loterie du lingot d'or, 1851.
  • L'Homme-femme, 1872.
  • La Question de la femme, Association pour l'émancipation progressive de la Femme, , 85 p. (lire en ligne [archive])
  • La Question du divorce, éditeur Calmann Lévy, 1880, 417 pages : réfutation de Famille et Divorce de l'abbé Vidieu (édit. E. Dentu, 1879).
  • Les femmes qui tuent et les femmes qui votent, éditeur Calmann Lévy, 1880, 216 pages. Texte en ligne (Gallica) : permalien [archive].

Œuvres réunies[modifier | modifier le code]

  • Péchés de jeunesse (1847) Recueil de poésie.
  • Théâtre complet avec préfaces inédites (1868-1879) (6 vol.) Édition augmentée, dite des Comédiens (1882-1886) (6 vol.).
  • Entr’actes (1878-1879) (3 vol.) Écrits de jeunesse.

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