ALLEMAGNE
Dans
la séance de samedi, au parlement allemand, M. de Bismarck, au sujet
des projets de loi relatifs à l’étranger, a fait une déclaration
assez grave. Il a dit que l’empereur était résolu à s’abstenir
encore de toute immixtion dans les affaires de la France, mais que
cette résolution ne pouvait être maintenue que jusqu’à une
certaine limite : les intérêts de l’Allemagne ne devaient pas
être compromis par une abstention trop prolongée, surtout si les
préliminaires de paix
étaient
mis en question.
Le
chancelier ne pouvait déterminer où commençait cette limite, mais
il a ajouté que « si c’était nécessaire, l’épisode final de
la guerre se serait mené à fin avec regret, mais avec la même
énergie que jusqu’ici.
— Le
projet de loi relatif à l’annexion de l’Alsace et de la lorraine
a été renvoyé à l’examen d’une commission spéciale.
Les
délégués de la Chambre de commerce de Strasbourg ont été
prévenus, que lorsque le moment sera venu de régler les indemnités
en faveur des habitants de l’Allemagne qui ont éprouvé des
dommages par suite de guerre, le gouvernement proposera au Conseil
fédéral et au Reichstag de comprendre l’Alsace et la Lorraine
dans cette répartition.
De
sorte que la ruine et les désastres causés par les troupes
allemandes à Strasbourg, etc…, seront payés par l’argent de
France.
— Nous
extrayons les passages suivants d’une lettre qui nous est adressée
par un Polonais du grand-duché de Posen :
«
Enfin, voici nos pauvres Français qui partent, et nous en sommes
bien heureux, car ils ont beaucoup souffert. Vous ne croiriez pas
que, par des froids rigoureux de cet hiver, ils étaient parqués aux
environs de nos villes dans de mauvaises baraques, aux troncs mal
joints, et quelquefois sous la tente ! et cela sans couvertures et
presque sans vêtements. Il en est mort beaucoup de froid et de
privations.
«
C’est sans doute à cause de l’amitié des Polonais pour la
nation française que les pauvres soldats ont été plus maltraités
ici qu’ailleurs, et qu’on ne les a point logés chez l’habitant,
bien que nous les demandassions journellement. On les éloignait de
nous à coups de crosse de fusil si nous voulions leur parler, et on
ne nous permettait de leur donner aucune marque de sympathie. « Leur
état inspira une telle pitié que l’on essaya de l’améliorer en
créant une société de secours sous le protectorat du consulat
britannique, et qui eut à sa tête des dames anglaises. L’autorité
prussienne fit donner ordre de dissoudre la société, et elle ne
permit jamais que l’on distribuât les quelques dons qu’elle
avait déjà amassés.
— L’Avenir
de Berlin croit savoir qu’il est de nouveau question de grandes
fêtes pour un couronnement impérial. On évoquait des vieilles
annales de l’empire germanique les traditions relatives à ces
sortes de solennités, et l’on ressusciterait, pour l’empereur
Guillaume, les splendeurs des Habsbourg. Chaque souverain ou prince
régnant de l’Allemagne serait tenu d’apporter son contingent
d’hommages et de vassalité. La Bavière se chargerait de fournir
un casque d’or avec couronne en diamants ; la Saxe, le glaive
impérial avec garde en or et les noms des batailles gravés
sur
la lame ; le Wurtemberg, l’écusson impérial ; le bâton du
commandement impérial ; le Mecklembourg, le légendaire boeuf
impérial, que le duc de Cobourg, en qualité de truchoess,
écuyer tranchant, aurait l’honneur d’abattre. Quant aux frais de
tout cela, ils seront faits par les contribuables. L’Avenir se
demande où, dans cette affaire, finit le comique et commence le
sérieux. Il se déclare hors d’état de le préciser.
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