ALLEMAGNE
Le
projet d’adresse de M. de Beningsen, signé par des membres de
toutes les fractions, excepté du parti catholique, a été adopté
par 243 voix contre 63. Six Polonais se sont abstenus.
Le
parti catholique a seul voté pour le projet d’adresse des
catholiques, projet qui a été rejeté.
Le
principe de non-intervention, que M. de Beningsen, s’appuyant sur
le discours du trône, avait introduit dans son projet, a été le
sujet principal de la discussion. La fraction catholique s’est
prononcée pour l’intervention de l’Allemagne en faveur du pape.
— Nous
extrayons du Volkswille (Volonté du peuple) de Vienne,
les réflexions suivantes :
«
Autant que nous pouvons juger de la situation que les derniers
événements ont amenée en France, nous croyons pouvoir affirmer que
la consolidation de la République est chose certaine : il y a plus
de trois semaines que nous avions prévu un tel résultat, d’après
les tendances générales de la ville de Paris et l’attitude
qu’elle a prise ; car elle a résolument assumé le rôle tant de
fois joué par elle dans les moments les plus graves et les plus
solennels ; elle est restée debout, malgré la guerre néfaste que
la France a eu à subir, et elle a attiré sur elle l’attention,
disons mieux, l’admiration de toute l’Europe.
«
On ne peut se dissimuler que le développement social a fait depuis
longtemps de grands progrès en France : aussi avons-nous facilement
compris et bien apprécié la signification que le peuple de la
métropole de l’esprit français a donnée à ses tendances, en
envoyant à l’Assemblée les Greppo, les Cournet, les Delescluze,
les Martin Bernard, les Tolain, etc. Bien mieux, les événements
récents nous ont prouvé que le peuple parisien n’a pas seulement
manifesté ses sentiments par les élections, mais qu’il peut leur
donner l’expression énergique de l’action, quand sonne l’heure
des grands dangers.
«
Nous l’avons vu dans les derniers temps, la bourgeoisie française,
même soutenue par une grande masse de paysans qui ne sont pas encore
arrivés à l’intelligence de leurs vrais intérêts, n’avait pas
obtenu une majorité compacte et bien d’accord sur un but commun,
puisque trois courants distincts la divisent jusqu’à un certain
point.
«
Il y a cependant à l’Assemblée actuelle une majorité relative
pour laquelle la République est un objet d’horreur. Toutefois,
cette majorité a eu assez peu de tact politique pour se hâter de
donner une expression positive à ses velléités monarchiques, en
les étalant sans ambages ; elle a parlé sans respect de Paris, ce
boulevard de la liberté française ; elle lui a même déversé
l’injure avec tant de fiel et de verve passionnée que, même M.
Thiers, cet organe de la bourgeoisie parisienne, a
cru
devoir lui prêcher la modération. Nul n’ignore combien il s’est
donné de peine afin que l’Assemblée que, personnellement, lui
centralisateur forcené, il eût voulu à Paris, fût tout au moins
convoquée à Versailles, au lieu de Fontainebleau, Bourges ou Tours.
Peu s’en est même fallu qu’il n’échouât ; car les députés
de la bourgeoisie française, des jésuites, des hobereaux de
provenances diverses, et des paysans, se sentaient pris de peur à la
seule pensée de siéger à Paris, même à Versailles, qui n’est
guère que sa banlieue. Versailles leur semblait trop près : ils ont
cédé pourtant. « Nous donnerons plus tard des détails sur les
développements de l’histoire du jour ; en attendant, nous nous
bornons à en signaler l’ensemble. « Quoique le pouvoir exécutif,
ayant à sa tête la fine fleur des cauteleux et des finauds, ait
recommandé tout d’abord aux monarchies beaucoup de modération,
l’Assemblée nationale a eu tout de même la hardiesse d’entamer
les conquêtes du 4 septembre, savoir : la
liberté de la presse, le droit de réunion et
l’armement du peuple
; de plus, elle a
investi le général bonapartiste Vinoy des mêmes pouvoirs
confédérés au général Cavaignac en juin 1848, et cela, sans
aucun doute, pour arriver aux mêmes fins. Le système se complétait
par la nomination de Paladines. « En Allemagne, on a regardé
l’installation de ce dernier général, si malmené par Gambetta,
comme une grande faute, une sorte de provocation à l’adresse de la
garde nationale, qui se voyait menacée dans son droit de garder ses
armes et ses canons.
«
De là, la résistance de la grande masse des gardes nationaux, et le
peu de zèle que devaient déployer plus tard, au service du plan
Vinoy et Paladines, messieurs les gardes nationaux, dits hommes
d’ordre, chez qui on a vainement battu la générale pendant la
nuit qui a précédé la folle équipée des buttes Montmartre et
Belleville.
«
Cette résistance de la garde nationale a réveillé les colères de
la presse rétrograde, afin de provoquer des scissions à Paris, et
intimider la province ; elle a répandu des bruits d’assassinats,
de pillages et de projets de partages communistes. « Ce n’est que
lorsque tous ces bruits calomnieux n’ont pu aboutir, que les
meneurs du coup d’Etat, traîneurs de sabre, se sont mis en
campagne. Leur surprise nocturne, à laquelle les hommes d’ordre
n’ont pas osé prêter l’appui physique de leurs baïonnettes, et
l’appui moral de leur présence, n’a pas réussi ; les
Montmartrains, à leur réveil, se sont élancés, au pas de course,
vers leurs canons déjà pris ; la troupe de ligne, au lieu d’engager
la lutte fratricide, a fraternisé avec le peuple, et les généraux
Clément Thomas et Lecomte ont subi la loi de la guerre en ce qu’elle
a de plus rigoureux.
«
La leçon est grande : sera-t-elle profitable ? Quant à nous,
Viennois de la bonne souche républicaine et démocratique, nous
croyons être utiles à la cause générale de la France qui se relie
intimement à toutes les bonnes causes, en donnant à l’Assemblée
de Versailles le conseil de céder à la volonté populaire exprimée
d’une façon si énergique, si unanime de la capitale.
«
Il manquerait quelque chose aux considérations que nous venons de
développer, si nous n’exprimions hautement notre profond dédain
pour la tourbe des organes de la presse viennoise qui se sont
acharnés contre les braves Parisiens avec la rage d’une meute
courant à l’hallali, tant a été grande leur déconvenue et leur
maîtres du terrain.
«
Cette fois, quelques journaux populaires ont dépassé en impudeur
les grands organes, de telle sorte que la Presse
libre, notoirement
achetée et soudoyée par Bismarck, discute plus convenablement sur
les événements de Paris, que le Journal du jour démocratique. Les
malheureux ! ils n’ont nullement compris la profonde signification
d’un mouvement qui contraste avec l’ouverture du Reichstag de
Berlin, tout conflit de promesses heureuses qui ne se réaliseront
jamais. C’est une indignité de voir avec quel mépris le peuple
français est traité par ces folliculaires gloutons et repus, qui ne
comprennent ni les lois essentielles de la politique, ni la portée
des mouvements qui peuvent donner une impulsion nouvelle aux
événements généraux de l’Europe entière ; ils ne savent
qu’étaler leur emphatique exagération sur les victoires que la
Prusse a remportées par sa discipline et sa bravoure, mais bien plus
encore par l’astuce et l’or payant les trahisons.
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