Discours
civiques de Danton :
« Paris, ainsi que la
France entière, se compose de trois classes ; l'une ennemie de
toute liberté, de toute égalité, de toute constitution, et digne
de tous les maux dont elle a accablé, dont elle voudrait accabler la
nation ; celle là je ne veux point lui parler , je ne veux que
la combattre à outrance jusqu'à la mort ; la seconde est
l'élite des amis ardents , des coopérateurs , des plus fermes
soutiens de notre Révolution, c'est elle qui a constamment voulu que
je sois ici ; je ne dois non plus rien dire, elle m'a jugé , je
ne la tromperai jamais dans son attente : la troisième, aussi
nombreuse que bien intentionnée, veut également la liberté , mais
elle en craint les orages ; elle ne hait pas ses défenseurs
qu'elle secondera toujours dans les moments de périls, mais elle
condamne souvent leur énergie, qu'elle croit habituellement ou
déplacée ou dangereuse ; c'est à cette classe de citoyens que
je respecte, lors même qu'elle prête une oreille trop facile aux
insinuations perfides de ceux qui cachent sous le masque de la
modération l'atrocité de leurs desseins ; c'est, dis-je, à
ces citoyens que je dois, comme magistrat du peuple, me faire bien
connaître par une profession de foi solennelle de mes principes
politiques ».
« Les véritables amis du
peuple sont à mes yeux ceux qui veulent prendre toutes les mesures
nécessaires pour que le sang du peuple ne coule pas, que la source
de ses larmes soit tarie, que son opinion soit ramenée aux
véritables principes de la morale, de la justice et de la raison. »
« Que les propriétaires
ne s'alarment pas. Sans doute quelques individus se sont portés à
des excès : mais la nation, toujours juste, respectera les
propriétés. Respectez la misère, et la misère respectera
l'opulence. Ne soyons jamais coupables envers les malheureux, qui a
plus d'âme que le riche, ne sera jamais coupable. Jer demande que la
convention nationale déclare que tout citoyen français, emprisonnés
pour dettes, sera mis en liberté, parce qu'un tel emprisonnement est
contraire à la saine morale, aux droits de l'homme, aux vrais
principes de la liberté ».
« Comment se fait-il que
vous ne sentiez pas que c'est aujourd'hui qu'il faut que la
Convention décrète que tout homme du peuple aura une pique aux
frais de la Nation. Les riches la paieront, ils la paieront en vertu
d'une loi : les propriétés ne seront pas violées. »
« Le décret que vous
venez de rendre annoncera à la nation à l'univers entier quel est
le grand moyen d'éterniser la république ; c'est d'appeler le
peuple à sa défense. Vous allez avoir une armée de sans-culottes ;
mais ce n'est pas assez ; il faut que, tandis que vous irez
combattre les ennemis de l'extérieur , les aristocrates de
l'intérieur soient mis sous la pique des sans-culottes . Je demande
qu'il soit créé une garde du peuple qui sera salariée par la
nation. Nous serons bien défendus ,quand nous le serons par les
sans-culottes. J'ai une autre proposition à faire ; il faut que
dans toute la France le prix du pain soit dans une juste proportion
avec le salaire du pauvre : ce qui excédera sera payé par le
riche. Par ce seul décret, vous assurerez au peuple et son existence
et sa dignité : vous l'attacherez à la révolution ; vous
acquerrez son estime et son amour. Il dira : nos représentants
nous ont donné du pain ; ils ont plus fait qu'aucun de nos
rois. Je demande que vous mettiez aux voix les deux propositions que
j'ai faites , et qu'elles soient renvoyées au comité pour vous en
présenter la rédaction. »
« Si partout les mêmes
mesures sont adoptés, la République est sauvée ; on ne
traitera plus d'agitateurs et d'anarchistes les amis ardents de la
liberté, ceux qui mettent la nation en mouvement, et l'on dira :
honneur aux agitateurs qui tournent la vigueur du peuple contre ses
ennemis ».
« Le masque arraché à
ceux qui jouent le patriotisme et qui servent de rempart aux
aristocrates, la France se lèvera et terrassera ses ennemis ».
« Je l'interpelle de dire
s'il n'a pas reconnu que les prétendus amis de l'ordre étaient la
cause de toutes les divisions, s'il n'a pas reconnu que les citoyens
les plus exagérés sont les plus amis de l'ordre et de la paix ».
« Ces mesures contre les
suspects, le tribunal révolutionnaire, l'impôt sur les grosses
fortunes, la Terreur enfin, ce fut lui qui la proposa. Et la Terreur
sauva la France. »
« Les nations ne changent
ou ne modifient jamais leurs gouvernements que quand l'excès de
l'oppression les y contraint... »
« Mais, si nous ne
décrétons pas l'éducation impérative, nous ne devons priver les
enfants du pauvre de l'éducation.
La plus grande objection est
celle de la finance ; mais j'ai déjà dit qu'il n'y a point de
dépense réelle là où est le bon emploi pour l'intérêt public,
et j'ajoute ce principe, que l'enfant du peuple sera élevé aux
dépens du superflu des hommes à fortunes scandaleuses. C'est à
vous, républicains célèbres, que j'en appelle ; mettez ici
tout le feu de votre imagination , mettez-y toute l'énergie de votre
caractère, c'est le peuple qu'il faut doter de l'éducation
nationale.Quand vous semez dans le vaste champ de la république,
vous ne devez pas compter le prix de cette semence. Après le pain,
l'éducation est le premier besoin du peuple. Je demande qu'on pose
la question : sera-t-il formé aux dépens de la nation des
établissement où chaque citoyen aura la faculté d'envoyer ses
enfants pour l'instruction publique ?
« Citoyens, que le berceau
de la liberté soit encore le centre des fêtes nationales. Je
demande que la Convention consacre le Champ-de-Mars aux jeux
nationaux, qu'elle ordonne d'y élever un temple où les français
puissent se réunir en grand nombre. Cette réunion alimentera
l'amour sacré de la liberté, et augmentera les ressorts de
l'énergie nationale , c'est par de tels établissements que nous
vaincrons l'univers. Des enfants vous demandent d'organiser
l'instruction publique ; c'est la pain de la raison , vous le
leur devez ; c'est la raison, ce sont les lumières qui font la
guerre aux vices. Notre révolution est fondée sur la justice , elle
doit être consolidée par les lumières. »
« Prenez garde qu'en
marchant par saccade, on ne confonde le vrai patriote avec ceux qui
s'étaient couverts du masque du patriotisme pour assassiner le
peuple ».
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