James
Guillaume (1844-1916)
« Ce caractère doit être
avant tout négatif, destructif. Il ne s'agit pas d'améliorer
certaines institutions du passé pour les adapter à une société
nouvelle, mais de les supprimer. Ainsi, suppression radicale du
gouvernement, de l'armée, des tribunaux , de l'église, de
l'école, de la banque et de tout ce qui s'y rattache. »
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Jean-Louis
Pindy (1840-1917)
« Le Congrès est d'avis
que tous les travailleurs doivent s'employer activement à créer des
caisses de résistance dans les différents corps de métier.
A mesure que ces sociétés se
forment il invite les sections, groupes fédéraux et conseils
centraux à en donner avis aux sociétés de la même corporation,
afin de provoquer la formation d'associations nationales de corps de
métier.
Ces fédérations seront
chargées de réunir tous les renseignements intéressants leur
industrie respective, de diriger les mesures à prendre en commun, de
régulariser les grèves, et de travailler activement à leur
réussite, en attendant que le salariat soit remplacé par la
fédération des producteurs libres. »
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Mémoire
présenté au congrès jurassien de 1880 par la fédération ouvrière
du district de Courtelary :
« Ce furent des
conceptions théorique différentes sur les formes politiques de la
nouvelle société qui constituèrent les deux écoles qui
représentent, l'une le socialisme autoritaire, l'autre le socialisme
anarchiste.
Ne pouvant concevoir d'autre
forme politique que l’État omnipotent, centralisé et gouverné
par un pouvoir électif, le socialisme autoritaire espère accomplir
la révolution dans le régime de la propriété en s'emparant du
pouvoir dans l’État pour transformer l’État actuel en un État
communiste.
Nous ne pouvons pas partager
cette manière de voir. La révolution économique que veulent les
socialistes est une révolution trop profonde pour qu'elle puisse
s'opérer par les ordres d'un pouvoir central quels que fussent sa
force et son élan révolutionnaire. Décrétée, elle resterait
lettre morte si elle n'était, sur tous les points du territoire. Et
si même l’État communiste eût pou exister un moment, il eût
nécessairement porté en lui-même les germes de dissolution, parce
qu'il n'aurait résolu qu'une partie du problème social, la réforme
économique.
Tout le problème de la
réalisation de la liberté humaine – dan sa plus large conception
– reste debout, parce que l’État, par la nature même de la
constitution et de ses manifestations, n'émancipe pas l'être
humain, mais l'absorbe ; l’État communiste, plus encore que
l’État bourgeois, annulerait l'individu et régnerait par la
force. Pour nous, la solution du problème social comprend, non
seulement la réalisation la plus complète possible, au profit des
masses, du bien-être matériel, mais aussi, pour tous et pour
chacun, la conquête la plus large de la liberté. Telle est la
raison pour laquelle nous ne sommes point partisans de l’État
communiste, et, en conséquence, les ennemis d'une politique qui
conduit logiquement à cet État. »
« Cette tactique de
politique étatiste ne nous paraît donc pas être la vraie.
Examinons la tactique abstentionniste. Les anarchistes, en
élargissant le problème social, en y introduisant, à côté de la
transformation de la propriété, la destruction de l’État,
raisonnèrent logiquement en disant : puisque nous voulons la
destruction de l’État, loin de chercher à nous emparer pour le
modifier, le transformer, nous devons au contraire chercher à faire
le vide autour de lui, pour l'affaiblir de toutes les forces morales
et matérielles qui pourraient lui apporter leur concours. Telle est
l'origine du courant abstentionniste contemporain. Malheureusement,
le bon sens, la logique théorique se rencontrent rarement d'accord
avec la réalité des faits. S'il est absolument vrai, théoriquement,
que le jour où les masses populaires se refuseraient à nommer des
législateurs, des gouvernements et des administrateurs de l’État,
rejetteraient constitutions et lois, refuseraient les impôts et le
service militaire, l’État aurait vécu dans l'histoire, il n'en
est pas moins vrai, d'un autre côté, que pratiquement, la plupart
des êtres humains sont attachés à l'une ou à l'autre chose de la
société actuelle et de l’État. C'est par ce lien pratique, qui
est souvent un détail, que tout le système se, malgré leurs
mécontentements ».
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Rapport
de Carlo Cafiero à ce même congrès de la fédération Jurassienne
de 1880
« Enfin, anarchie et
communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne
pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté
et d'égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de
la révolution ».
« Nous plaçons donc, à
côté de ces deux termes : liberté et égalité, deux
équivalents dont la signification nette ne peut pas prêter à
l'équivoque, et nous disons : « Nous voulons la
liberté, c'est à dire l'anarchie, et l'égalité, c'est à dire le
communisme » ».
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Pierre
Kropotkine 1842-1921 : Congrès Fédération Jurassienne de 1880
« Nous avons ainsi des
socialistes de toutes les nuances, rouges et roses, bleus et verts,
blancs et même noirs. Tous ceux qui admettent la nécessité d'une
modification quelconque dans les relations entre capitalistes et
ouvriers, si anodine qu'elle soit, viennent se parer du mot de
socialiste.
Nous n'avons pas à nous occuper
de ceux qui se disent socialistes avec le but déterminé d'enrayer
le développement du socialisme. Laissons-les de côté pour le
moment. Mais si nous étudions toutes les autres écoles du
socialisme réformiste, étatiste, démocrate etc etc...,et si nous
les comparons au socialisme anarchiste, nous apercevons bientôt une
idée constituant une différence nettement tranchée entre les
diverses écoles et nous. C'est la manière de concevoir l’œuvre
que la révolution doit accomplir ».
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Errico
Malatesta 1853-1932 : Révolution et réaction :
« Révolution : c'est
la création d'institutions nouvelles, vivantes, de nouveaux
groupements, de relations sociales nouvelles. C'est aussi la
destruction des privilèges et des monopoles, c'est l'esprit d'une
justice nouvelle, de fraternité, de cette liberté qui doit
renouveler toute la vis sociale, le niveau moral et les conditions
matérielles des masses, en les incitant à travers leurs actions
directes et conscientes, à assurer leur propre avenir.
Révolution : c'est
l'organisation de tous les services publics par ceux qui y
travaillent, dans leur propre intérêt autant que dans celui du
public.
Révolution : c'est
l'abolition de toutes les contraintes, c'est l'autonomie des groupes,
des communes, des régions.
Révolution : c'est la
fédération libre créée par le désir d'une fraternité humaine,
par des intérêts individuels et collectifs, par les besoins de la
production et de la défense.
Révolution : c'est la
constitution d'innombrables groupements libres, basés sur des idées,
des souhaits et des goûts de toutes sortes, tels qu'ils existent
parmi les hommes.
Révolution : c'est la
formation et la prolifération de milliers de centres représentatifs
communaux, régionaux et nationaux, qui, sans posséder un pouvoir
législatif, sont utiles pour faire connaître et pour coordonner de
près et de loin les désirs et les intérêts des gens, et qui
agissent par leurs informations, conseils et exemples.
Révolution : c'est la
liberté trempée dans le creuset de l'action : elle dure aussi
longtemps que dure l'indépendance : c'est à dire jusqu'à ce
que d'autres, profitant de la lassitude qui surprend les masses, de
l'inévitable déception qui suit les trop grands espoirs, les
erreurs probables et les défauts humains, réussissent à constituer
un pouvoir qui, soutenu par une armée de conscrits ou de
mercenaires, dicte la loi, arrête le mouvement au point où il se
trouve, et c'est alors que commence la réaction. »
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