jeudi 14 septembre 2017

Daniel Guérin : Anthologie de l'Anarchisme Tome 1 et 2




James Guillaume (1844-1916)

« Ce caractère doit être avant tout négatif, destructif. Il ne s'agit pas d'améliorer certaines institutions du passé pour les adapter à une société nouvelle, mais de les supprimer. Ainsi, suppression radicale du gouvernement, de l'armée, des tribunaux , de l'église, de l'école, de la banque et de tout ce qui s'y rattache. »
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Jean-Louis Pindy (1840-1917)

« Le Congrès est d'avis que tous les travailleurs doivent s'employer activement à créer des caisses de résistance dans les différents corps de métier.
A mesure que ces sociétés se forment il invite les sections, groupes fédéraux et conseils centraux à en donner avis aux sociétés de la même corporation, afin de provoquer la formation d'associations nationales de corps de métier.
Ces fédérations seront chargées de réunir tous les renseignements intéressants leur industrie respective, de diriger les mesures à prendre en commun, de régulariser les grèves, et de travailler activement à leur réussite, en attendant que le salariat soit remplacé par la fédération des producteurs libres. »
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Mémoire présenté au congrès jurassien de 1880 par la fédération ouvrière du district de Courtelary :

« Ce furent des conceptions théorique différentes sur les formes politiques de la nouvelle société qui constituèrent les deux écoles qui représentent, l'une le socialisme autoritaire, l'autre le socialisme anarchiste.
Ne pouvant concevoir d'autre forme politique que l’État omnipotent, centralisé et gouverné par un pouvoir électif, le socialisme autoritaire espère accomplir la révolution dans le régime de la propriété en s'emparant du pouvoir dans l’État pour transformer l’État actuel en un État communiste.
Nous ne pouvons pas partager cette manière de voir. La révolution économique que veulent les socialistes est une révolution trop profonde pour qu'elle puisse s'opérer par les ordres d'un pouvoir central quels que fussent sa force et son élan révolutionnaire. Décrétée, elle resterait lettre morte si elle n'était, sur tous les points du territoire. Et si même l’État communiste eût pou exister un moment, il eût nécessairement porté en lui-même les germes de dissolution, parce qu'il n'aurait résolu qu'une partie du problème social, la réforme économique.
Tout le problème de la réalisation de la liberté humaine – dan sa plus large conception – reste debout, parce que l’État, par la nature même de la constitution et de ses manifestations, n'émancipe pas l'être humain, mais l'absorbe ; l’État communiste, plus encore que l’État bourgeois, annulerait l'individu et régnerait par la force. Pour nous, la solution du problème social comprend, non seulement la réalisation la plus complète possible, au profit des masses, du bien-être matériel, mais aussi, pour tous et pour chacun, la conquête la plus large de la liberté. Telle est la raison pour laquelle nous ne sommes point partisans de l’État communiste, et, en conséquence, les ennemis d'une politique qui conduit logiquement à cet État. »

« Cette tactique de politique étatiste ne nous paraît donc pas être la vraie. Examinons la tactique abstentionniste. Les anarchistes, en élargissant le problème social, en y introduisant, à côté de la transformation de la propriété, la destruction de l’État, raisonnèrent logiquement en disant : puisque nous voulons la destruction de l’État, loin de chercher à nous emparer pour le modifier, le transformer, nous devons au contraire chercher à faire le vide autour de lui, pour l'affaiblir de toutes les forces morales et matérielles qui pourraient lui apporter leur concours. Telle est l'origine du courant abstentionniste contemporain. Malheureusement, le bon sens, la logique théorique se rencontrent rarement d'accord avec la réalité des faits. S'il est absolument vrai, théoriquement, que le jour où les masses populaires se refuseraient à nommer des législateurs, des gouvernements et des administrateurs de l’État, rejetteraient constitutions et lois, refuseraient les impôts et le service militaire, l’État aurait vécu dans l'histoire, il n'en est pas moins vrai, d'un autre côté, que pratiquement, la plupart des êtres humains sont attachés à l'une ou à l'autre chose de la société actuelle et de l’État. C'est par ce lien pratique, qui est souvent un détail, que tout le système se, malgré leurs mécontentements ».
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Rapport de Carlo Cafiero à ce même congrès de la fédération Jurassienne de 1880

« Enfin, anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes, synonymes de liberté et d'égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la révolution ».

« Nous plaçons donc, à côté de ces deux termes : liberté et égalité, deux équivalents dont la signification nette ne peut pas prêter à l'équivoque, et nous disons : «  Nous voulons la liberté, c'est à dire l'anarchie, et l'égalité, c'est à dire le communisme » ».

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Pierre Kropotkine 1842-1921 : Congrès Fédération Jurassienne de 1880

« Nous avons ainsi des socialistes de toutes les nuances, rouges et roses, bleus et verts, blancs et même noirs. Tous ceux qui admettent la nécessité d'une modification quelconque dans les relations entre capitalistes et ouvriers, si anodine qu'elle soit, viennent se parer du mot de socialiste.
Nous n'avons pas à nous occuper de ceux qui se disent socialistes avec le but déterminé d'enrayer le développement du socialisme. Laissons-les de côté pour le moment. Mais si nous étudions toutes les autres écoles du socialisme réformiste, étatiste, démocrate etc etc...,et si nous les comparons au socialisme anarchiste, nous apercevons bientôt une idée constituant une différence nettement tranchée entre les diverses écoles et nous. C'est la manière de concevoir l’œuvre que la révolution doit accomplir ».

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Errico Malatesta 1853-1932 : Révolution et réaction :

« Révolution : c'est la création d'institutions nouvelles, vivantes, de nouveaux groupements, de relations sociales nouvelles. C'est aussi la destruction des privilèges et des monopoles, c'est l'esprit d'une justice nouvelle, de fraternité, de cette liberté qui doit renouveler toute la vis sociale, le niveau moral et les conditions matérielles des masses, en les incitant à travers leurs actions directes et conscientes, à assurer leur propre avenir.
Révolution : c'est l'organisation de tous les services publics par ceux qui y travaillent, dans leur propre intérêt autant que dans celui du public.
Révolution : c'est l'abolition de toutes les contraintes, c'est l'autonomie des groupes, des communes, des régions.
Révolution : c'est la fédération libre créée par le désir d'une fraternité humaine, par des intérêts individuels et collectifs, par les besoins de la production et de la défense.
Révolution : c'est la constitution d'innombrables groupements libres, basés sur des idées, des souhaits et des goûts de toutes sortes, tels qu'ils existent parmi les hommes.
Révolution : c'est la formation et la prolifération de milliers de centres représentatifs communaux, régionaux et nationaux, qui, sans posséder un pouvoir législatif, sont utiles pour faire connaître et pour coordonner de près et de loin les désirs et les intérêts des gens, et qui agissent par leurs informations, conseils et exemples.

Révolution : c'est la liberté trempée dans le creuset de l'action : elle dure aussi longtemps que dure l'indépendance : c'est à dire jusqu'à ce que d'autres, profitant de la lassitude qui surprend les masses, de l'inévitable déception qui suit les trop grands espoirs, les erreurs probables et les défauts humains, réussissent à constituer un pouvoir qui, soutenu par une armée de conscrits ou de mercenaires, dicte la loi, arrête le mouvement au point où il se trouve, et c'est alors que commence la réaction. »

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