samedi 9 septembre 2017

Noir et Rouge Anthologie Dossier 3



La Révolution Espagnol de 1936

« D'autres militants et moi nous évoluions autour d'une quatrième position que représentait sans doute Eusebio C. Carbo. Nous nous méfions des alliances avec les politiciens opportunistes, et de circonstances et de leurs fiefs syndicaux. Mais nous concevions la révolution comme un phénomène conditionné par la participation du peuple. Nous croyions que le peuple n'est mobilisé que par certaines conjonctures psychologiques émotionnelles. Le rôle du révolutionnaire est de savoir les détecter à temps, de les exploiter à fond avec la propagande et de diriger par des voies libertaires le débordement populaire lorsqu'il se produit. Canaliser une révolution ne voulait pas dire imposer notre droit de propriété sur elle. Et elle ne pouvait être le fruit de minorités audacieuses, fixant de sang-froid une date. »

Federica Montseny 30 avril f936 :

« Si un jour la démocratie a représenté l'esprit libéral du monde, aujourd'hui, au moment où un problème économique se pose ainsi qu'une lutte à mort entre la société moribonde et la conception anarchiste de la vie, toute solution intermédiaire, toute théorie du moindre mal représente une concession à notre époque et une conservation du milieu bourgeois en décomposition. (...) L'anarchie est l'antithèse du gouvernement, de l'autorité, du pouvoir. L'anarchie ne peut qu'être freinée et mal aidée, si les anarchistes s'emparent du pouvoir qui la nie et la détruit. (...) »

« Les réalisations économiques, culturelles, artistiques et autres se posaient et se résolvaient en marge des préoccupations dominantes dans les comités supérieurs de la CNT. Ces comités étaient obsédés par les problèmes de la guerre, l'attitude diplomatique internationales et les querelles politiques. Une véritable révolution est comme une œuvre d'art. Et quelqu'un a dit que pour faire de grandes choses il faut être enthousiaste. Plongés dans le dédale de la politique , laminés par la machine étatique, les hommes politiques flambants perdirent bientôt leur innocence et furent une espèce de personnages maléfiques qui cassaient tout ce qu'ils touchaient. »

Mais allons à l'important. Avec ces 200.000 hommes armés et près d'un million d'affiliés- organisés dans les centres de production, les anarchistes représentaient un pouvoir économique formidable et une force de dissuasion non moins respectable. S'employer à conserver cette force, l'articuler, la renforcer, face à la guerre, face à l’État agressif et face à la révolution, nous aurait rendus imbattables et notre service à l'antifascisme aurait été en même temps plus efficace. De la révolution du l9 juillet il restera comme leçon pour les futures générations, avant tout, l'exemple d'un peuple qui ne s'est pas laissé intimider quand tout le monde embrassait bassement, secoué de panique, les traces du cheval d'Attila et de l'Ours du Kremlin. A Barcelone et à Madrid le 19 juillet 1936, à Barcelone le 3 mai 1937 et à Madrid le 4 mars l938 (encore 1 fois le peuple espagnol livra une bataille épique contre le fascisme sans distinction de couleur. Il restera de ce peuple sa souffrance stoïque, son généreux don de sang sur les fronts, sa faim, son exode ou son supplice en prison et face au mur d'exécution, dans l'univers concentrationnaire et dans les fours crématoires (40).
Et il restera l’œuvre socialisatrice des syndicats de la C.N.T., ses réalisations culturelles et artistiques sans pause, le rêve bucolique des collectivités de la campagne, expression de ce qu'il y a de meilleur dans l'homme : la solidarité et l'appui mutuel dans la simplicité. Toutes les œuvres positives réalisées resurgiront avec émotion, enthousiasme et imagination. Les absurdités et les vilenies bâties sur du sable ou de la boue s'écraseront.


José PEIRATS.

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