La
Révolution Espagnol de 1936
« D'autres
militants et moi nous évoluions autour d'une quatrième position
que représentait sans doute Eusebio C. Carbo. Nous nous méfions des
alliances avec les politiciens opportunistes, et de circonstances et
de leurs fiefs syndicaux. Mais nous concevions la révolution comme
un phénomène conditionné par la participation du peuple. Nous
croyions que le peuple n'est mobilisé que par certaines conjonctures
psychologiques émotionnelles. Le rôle du révolutionnaire est de
savoir les détecter à temps, de les exploiter à fond avec la
propagande et de diriger par des voies libertaires le débordement
populaire lorsqu'il se produit. Canaliser une révolution ne voulait
pas dire imposer notre droit de propriété sur elle. Et elle ne
pouvait être le fruit de minorités audacieuses, fixant de
sang-froid une date. »
Federica
Montseny 30 avril f936 :
« Si
un jour la démocratie a représenté l'esprit libéral du monde,
aujourd'hui, au moment où un problème économique se pose ainsi
qu'une lutte à mort entre la société moribonde et la conception
anarchiste de la vie, toute solution intermédiaire, toute théorie
du moindre mal représente une concession à notre époque et une
conservation du milieu bourgeois en décomposition. (...) L'anarchie
est l'antithèse du gouvernement, de l'autorité, du pouvoir.
L'anarchie ne peut qu'être freinée et mal aidée, si les
anarchistes s'emparent du pouvoir qui la nie et la détruit. (...) »
« Les
réalisations économiques, culturelles, artistiques et autres se
posaient et se résolvaient en marge des préoccupations dominantes
dans les comités supérieurs de la CNT. Ces comités étaient
obsédés par les problèmes de la guerre, l'attitude diplomatique
internationales et les querelles politiques. Une véritable
révolution est comme une œuvre d'art. Et quelqu'un a dit que pour
faire de grandes choses il faut être enthousiaste. Plongés dans le
dédale de la politique , laminés par la machine étatique, les
hommes politiques flambants perdirent bientôt leur innocence et
furent une espèce de personnages maléfiques qui cassaient tout ce
qu'ils touchaient. »
Mais
allons à l'important. Avec ces 200.000 hommes armés et près d'un
million d'affiliés- organisés dans les centres de production, les
anarchistes représentaient un pouvoir économique formidable et une
force de dissuasion non moins respectable. S'employer à conserver
cette force, l'articuler, la renforcer, face à la guerre, face à
l’État agressif et face à la révolution, nous aurait rendus
imbattables et notre service à l'antifascisme aurait été en même
temps plus efficace. De la révolution du l9 juillet il restera comme
leçon pour les futures générations, avant tout, l'exemple d'un
peuple qui ne s'est pas laissé intimider quand tout le monde
embrassait bassement, secoué de panique, les traces du cheval
d'Attila et de l'Ours du Kremlin. A Barcelone et à Madrid le 19
juillet 1936, à Barcelone le 3 mai 1937 et à Madrid le 4 mars l938
(encore 1 fois le peuple espagnol livra une bataille épique contre
le fascisme sans distinction de couleur. Il restera de ce peuple sa
souffrance stoïque, son généreux don de sang sur les fronts, sa
faim, son exode ou son supplice en prison et face au mur d'exécution,
dans l'univers concentrationnaire et dans les fours crématoires
(40).
Et
il restera l’œuvre socialisatrice des syndicats de la C.N.T., ses
réalisations culturelles et artistiques sans pause, le rêve
bucolique des collectivités de la campagne, expression de ce qu'il y
a de meilleur dans l'homme : la solidarité et l'appui mutuel dans la
simplicité. Toutes les œuvres positives réalisées resurgiront
avec émotion, enthousiasme et imagination. Les absurdités et les
vilenies bâties sur du sable ou de la boue s'écraseront.
José
PEIRATS.
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