Je
propose le projet de décret suivant: «La Commune charge le citoyen
Rastoul d’inhumer les cadavres qui ne sont pas réclamés, après
quarante-huit heures, dans les ambulances.»
RASTOUL
demande la parole pour une communication urgente. Dans le service des
ambulances, il y a des négligences, auxquelles: il est indispensable
de remédier. Dans l’ambulance de la Presse, il y a quelques
cadavres qui n’ont pas été reconnus; il pourrait y avoir là un
foyer d’infection qu’il faut absolument faire disparaître.
J’apprends que le même fait s’est reproduit dans d’autres
ambulances et particulièrement à Clamart. Je propose le projet de
décret suivant:
«La Commune charge le citoyen Rastoul d’inhumer les cadavres qui ne sont pas réclamés, après quarante-huit heures, dans les ambulances.»
RASTOUL. Si vous me chargez de l’exécution de ce décret, je pourrai, dans mon service de surveillance, m’entendre avec les pompes-funèbres pour que les cadavres soient enlevés dans les 48 heures.
ALLlX. Le citoyen Rastoul pouvait parfaitement, en vertu de la délégation qu’il avait déjà reçue, prendre toutes les mesures nécessaires.
RASTOUL. Mais non! J’inspectais, je signalais, mais je ne pouvais pas prendre de décision.
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix la question de savoir si le citoyen Rastoul aura les pouvoirs nécessaires pour prendre toutes les mesures d’exécution.
L’assemblée, consultée, adopte la proposition.
ALLIX. Dans notre 8e, à la mairie, nous avions déjà pris, sous notre initiative personnelle, toutes les mesures nécessaires à cet égard…
PLUSIEURS MEMBRES. C’est fini, on a voté. Assez!
LE PRÉSIDENT. La question est épuisée; il y a eu un vote, nous passons à l’ordre du jour. Le citoyen Ostyn a la parole.
OSTYN. Je demande qu’on invite les diverses municipalités à fonctionner régulièrement, pour être en mesure de donner des secours aux veuves et aux orphelins. Tous les jours, nous constatons que des municipalités ne fonctionnent pas.
LE PRÉSIDENT. Je demanderai que le citoyen Ostyn veuille bien nommer les arrondissements qui ne font pas leur devoir.
OSTYN. J ’ai reçu des plaintes sur les 7e, 5e et 17e. Il y en aura encore d’autres. Je me fie à vous pour savoir combien il y a d’arrondissements, qui ont constitué leur Commission d’enquête.
PARISEL. En attendant qu’une commission d’enquête soit instituée, nous donnons les secours qu’on nous demande.
J. -B. CLÉMENT. Le citoyen Ostyn a-t-il donné des secours, et, s’il n’en a pas donné, comment se fait-il qu’il ait reçu des plaintes d’arrondissements qui en ont reçu? Nous avons fait droit à toutes les demandes et nous avons distribué l’argent qu’avaient produit des quêtes avant d’en demander au Ministre des Finances.
OSTYN. Il y a eu sans doute confusion de la part de ceux qui ont fait des plaintes; ils voulurent sans doute que l’on donnât une solution au nom du décret rendu par nous.
LE PRÉSIDENT. Il fallait poser la question d’une façon claire. Il fallait poser cette question à la Commission d’enquête, que nous avons nommée il y a quelques jours.
PARISEL fait une proposition.
PARISEL. Citoyens, je vous ferai une proposition très importante. Vous avez formé neuf services; j’en demande un dixième, dont les pouvoirs consisteront à mettre, au service de la défense, les moyens que peut nous donner la science. Il faut que vous chargiez de ce service quelqu’un qui n’appartienne à aucun autre service. Si je demande la création d’un dixième service, c’est pour qu’il puisse élaborer ce que la science peut mettre de moyens de destruction au service de la Guerre. Il faudra pour ce service un homme muni de pleins pouvoirs et ayant une liberté complète d’action. Si vous faites cela, vous obtiendrez des résultats dont l’histoire parlera et, je vous le dis, la victoire sera entre vos mains. Il y a des poisons de diverses natures, des moyens de destruction puissants, des aérostats et même des produits alimentaires, dont le service de la Guerre pourrait tirer les effets les plus décisifs. Ainsi, par quelques-uns de ces moyens, vous pourriez faire sauter le Mont-Valérien sans qu’il en coûtât la mort d’aucun de nos soldats. Déjà, soyez assurés que, si l’ennemi vous voyait faire de ces préparatifs sérieusement, il serait déjà fortement ébranlé. En terminant, ce que je demande, c’est un nouveau ministère usant de tous les moyens les plus révolutionnaires, et je demande que vous nommiez là un homme énergique et responsable sous le contrôle d’une commission.
ALLIX se permet de le dénommer ministère du Progrès. (Rire général et bruit.)
ANDRIEUX. Citoyens, je prends la parole pour deux motifs: le premier, c’est qu’il n’est pas nécessaire de créer un dixième service, et, le second, de montrer les illusions qu’on se fait sur certains moyens. Il est certain que, parmi les moyens destructeurs qui ont acquis une grande renommée, se trouve le feu grégeois. Les hommes, qui l’ont vu de près, savent que cela ne vaut rien.
MALON. On n’en a pas dit un seul mot, le feu grégeois n’existe pas.
ANDRIEUX. Je dis tout simplement ceci: je ne m’oppose pas à ce que la science cherche à nous délivrer au plus vite de nos ennemis, mais je m’inscris contre l’adoption d’un dixième service, contre l’aveu officiel de ces moyens, par la raison fort simple que, si nous usons de ces moyens-là, on nous en rendra tous responsables, et si le procès-verbal prononçait le mot poison échappé au citoyen Parisel…
PARISEL. Non, non! pas échappé!
ANDRIEUX. Ne m’interrompez pas. Je demande que ces moyens-là soient mis sous un contrôle suffisant et sous la protection des lois, même contre les Versaillais.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Blanchet me remet cette proposition: « Je propose que cette commission soit nommée sans dénomination et sans en parler.» C’est-à-dire que ce serait une commission en dehors de celles déjà existantes.
PARISEL. Elle serait formée, comme les autres, d’un délégué spécial, assisté d’une commission de contrôle.
CLÉMENCE. J’appuie la proposition de Parisel, et il m’est indifférent qu’il soit formé ainsi un dixième service, mais je désire que le public connaisse la formation de la Commission.
ALLIX. Oui, c’est important qu’elle soit connue.
CLÉMENCE. Ce qui a fait la force et la popularité du ministère Dorian, c’est que c’était un ministère de la Guerre, organisé au point de vue civil, et qui devait l’être au point de vue révolutionnaire. Il est incontestable que la défense de Paris ne doit pas se faire seulement par les moyens militaires officiels; la force de Paris est dans l’emploi de tous les moyens de guerre et, principalement, des moyens révolutionnaires non mis en pratique jusqu’ici. Je crois aussi que l’annonce de l’emploi de ces moyens produirait le meilleur effet sur le moral de la Garde nationale et de la population parisienne; il aurait encore une grande influence sur Versailles, surtout quand les premiers effets de ces moyens se seraient fait sentir.
J.-B. CLÉMENT. Je ne suis pas de l’avis de Clémence. Je demande que les Versaillais ignorent nos moyens de défense, car, sans cela, ils les emploieraient contre nous. En outre, quand j’entends Andrieux parler d’humanité vis-à-vis de Versailles, je ne suis pas non plus de son avis. Comment! on nous cerne de tous côtés pour nous empêcher de manger; on nous bombarde, et l’on vient parler d’humanité! Je veux qu’on fasse appel à tous les moyens de guerre indiqués par la science; et, si le feu grégeois n’est pas un mensonge, qu’on l’emploie. En un mot, qu’on se débarrasse des Versaillais, comme on aurait dû le faire des Prussiens; et, si vous ne le faites pas, vous aurez à recevoir des réclamations, des reproches. On vous dira que vous agissez comme le gouvernement du 4 Septembre, et, avant peu, vous recevrez peut-être la visite d’une députation de Belleville, qui viendra vous adresser des reproches. Il faut employer tous les moyens avec les assassins de Versailles. (Bravos.)
LE PRÉSIDENT donne lecture d’une pétition, signée par un grand nombre des gardes nationaux, demandant à ce que l’on se serve de la science.
J.-B. CLÉMENT signale un fait qui s’est passé à propos des batteries du Trocadéro.
PARISEL. Voilà ce qui montre l’utilité de ma proposition. Je demande que l’on ne nomme pas une commission, mais que l’on donne les pleins pouvoirs à un homme, car les commissions ne feraient jamais rien.
ANDRIEUX. Je n’ai pris la parole que sur un mot du citoyen Parisel, le mot «poison».
BABICK. On a proposé une Commission de trois membres, en qualité d’ignorant je demande à en faire partie.
VARLIN. Le principe est, je crois, admis par nous. Nous n’avons plus qu’à voter sur la Commission.
ARNOLD dit qu’une commission de trois membres suffirait.
GROUSSET. Il faut que cette commission reste secrète et qu’il n’y ait qu’un seul homme responsable. Je voudrais que ce fût simplement une délégation civique, en dehors de la Guerre. Je voudrais qu’elle se composât de membres pris en dehors de la Commune, parmi les hommes de science, qui forceraient, pour ainsi dire, la main à la délégation de la Guerre, pour l’obliger à user des moyens énergiques qu ’elle lui indiquerait.
JOURDE s’élève contre la multiplicité des commissions. Il y a une délégation à la Guerre: pourquoi en créer une nouvelle? La Guerre peut s’adjoindre les hommes qu’elle croira nécessaires, pris, comme l’indique le citoyen Grousset, en dehors des autres services.
DELESCLUZE. Il ne faut pas s’exagérer l’importance des secrets des inventeurs. La science officielle nous donne les moyens suffisants, pour arriver à ce que nous voulons. Miot me le disait tout à l’heure: on a dépensé 25.000 francs en essais nouveaux, mais, avec vingt-cinq mille francs de fulminate, on aurait détruit des divisions entières. Nous avons la dynamite, nous avons le picrate de potasse, difficile à manier, c’est vrai, mais que l’on peut encore maîtriser et conduire. Nous avons tous les moyens nécessaires, n’en cherchons pas de nouveaux. Vous aurez des gens qui vous proposeront des engins, vous demanderont de l’argent, et, au bout du compte, vous n’aurez rien. Pas de nouveaux moyens, citoyens, nous n’avons pas le temps. J’ai vu des expériences de fusées qui m’ont paru très belles, et, cependant, les hommes du métier m’ont dit que, deux fois sur quatre, ces fusées revenaient contre celui qui les employait. Avec les moyens connus aujourd’hui, nous pouvons assurer la défaite de nos ennemis.
LE PRÉSIDENT lit une communication sur les forts du Sud.
PARISEL. Voici ce que j’ai à répondre aux observations du citoyen Delescluze: oui, nous avons beaucoup de moyens en notre pouvoir, la dynamite par exemple, mais les moyens de s’en servir, les a-t-on? Non! Se sert-on des ballons? Non! Il faut nous en servir, nous; il faut surtout prouver que cette guerre, c’est l’intelligence contre la force brutale, la force des ruraux. Quant à moi, je vois la nécessité de former un service nouveau; pour ma part, nous savons apprécier l’inventeur sérieux de celui qui rêve. J’ai été élevé dans ce milieu-là. Nous avons trouvé des moyens nouveaux d’appliquer des choses connues; sous ce rapport-là, ne croyez pas qu’une commission nouvelle aura de l’influence à la Guerre, non! le général croit en ses bataillons; les commissions scientifiques discutent, commentent et ne prennent aucune décision. La Commission, qui adoptera telle ou telle invention, sera obligée de donner de l’argent; nous, nous surveillerons nos ouvriers et nous donnerons notre argent selon les résultats obtenus. Nous avons, à Paris, une certaine quantité de produits chimiques, trouvés dans les magasins de l’État; rien que ces produits serviraient à payer les nouveaux frais. Il y a urgence. Ce n’est pas un service qui regarde la Guerre, c’est un service tout différent. Nous élaborons les projets scientifiques et nous remettrons à la Guerre le soin de les appliquer. Nous préparons, et la Guerre appliquera. Ce ne sont pas les véritables raisons. La vraie est la répugnance pour l’emploi de ces procédés nouveaux. C’est, là, la pierre d’achoppement. Eh! bien, le voulons-nous?
VOIX. Mais oui, et le plus tôt possible.
PILLOT. Ce que nous a dit le citoyen Delescluze, vous faisant connaître les moyens qui sont à notre disposition, tend à prouver qu’il est urgent que nous nommions, soit une Commission; soit un d’entre nous, pour l’application de ces moyens et pour l’accueil de tous ceux qui pourront arriver.
LE PRÉSIDENT. Il s’agit maintenant de la formation de la Commission. Voulez-vous ne nommer qu’un membre, qui sera chargé de rechercher et d’employer tous les moyens scientifiques, en s’entourant d’hommes compétents? (Oui!)
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix cette proposition.
La proposition est mise aux voix et adoptée.
ANDRIEU. Je demande la parole.
LE PRÉSIDENT. Sur quoi?
ANDRIEU. Sur le vote.
PLUSIEURS MEMBRES. Le vote est acquis; il n’y a plus à y revenir.
LE PRÉSIDENT. Actuellement, on ne peut prendre la parole que pour la désignation d’un candidat. (Oui! c’est cela!)
LE PRÉSIDENT. Il va être procédé au vote.
L’Assemblée désigne, à l’unanimité, le citoyen Parisel.
PARISEL. Voulons-nous de suite la publicité des moyens, ou voulons-nous attendre que nous soyons prêts à les employer?
PLUSIEURS MEMBRES. Il faut les publier, en les appliquant sur les Versaillais.
«La Commune charge le citoyen Rastoul d’inhumer les cadavres qui ne sont pas réclamés, après quarante-huit heures, dans les ambulances.»
RASTOUL. Si vous me chargez de l’exécution de ce décret, je pourrai, dans mon service de surveillance, m’entendre avec les pompes-funèbres pour que les cadavres soient enlevés dans les 48 heures.
ALLlX. Le citoyen Rastoul pouvait parfaitement, en vertu de la délégation qu’il avait déjà reçue, prendre toutes les mesures nécessaires.
RASTOUL. Mais non! J’inspectais, je signalais, mais je ne pouvais pas prendre de décision.
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix la question de savoir si le citoyen Rastoul aura les pouvoirs nécessaires pour prendre toutes les mesures d’exécution.
L’assemblée, consultée, adopte la proposition.
ALLIX. Dans notre 8e, à la mairie, nous avions déjà pris, sous notre initiative personnelle, toutes les mesures nécessaires à cet égard…
PLUSIEURS MEMBRES. C’est fini, on a voté. Assez!
LE PRÉSIDENT. La question est épuisée; il y a eu un vote, nous passons à l’ordre du jour. Le citoyen Ostyn a la parole.
OSTYN. Je demande qu’on invite les diverses municipalités à fonctionner régulièrement, pour être en mesure de donner des secours aux veuves et aux orphelins. Tous les jours, nous constatons que des municipalités ne fonctionnent pas.
LE PRÉSIDENT. Je demanderai que le citoyen Ostyn veuille bien nommer les arrondissements qui ne font pas leur devoir.
OSTYN. J ’ai reçu des plaintes sur les 7e, 5e et 17e. Il y en aura encore d’autres. Je me fie à vous pour savoir combien il y a d’arrondissements, qui ont constitué leur Commission d’enquête.
PARISEL. En attendant qu’une commission d’enquête soit instituée, nous donnons les secours qu’on nous demande.
J. -B. CLÉMENT. Le citoyen Ostyn a-t-il donné des secours, et, s’il n’en a pas donné, comment se fait-il qu’il ait reçu des plaintes d’arrondissements qui en ont reçu? Nous avons fait droit à toutes les demandes et nous avons distribué l’argent qu’avaient produit des quêtes avant d’en demander au Ministre des Finances.
OSTYN. Il y a eu sans doute confusion de la part de ceux qui ont fait des plaintes; ils voulurent sans doute que l’on donnât une solution au nom du décret rendu par nous.
LE PRÉSIDENT. Il fallait poser la question d’une façon claire. Il fallait poser cette question à la Commission d’enquête, que nous avons nommée il y a quelques jours.
PARISEL fait une proposition.
PARISEL. Citoyens, je vous ferai une proposition très importante. Vous avez formé neuf services; j’en demande un dixième, dont les pouvoirs consisteront à mettre, au service de la défense, les moyens que peut nous donner la science. Il faut que vous chargiez de ce service quelqu’un qui n’appartienne à aucun autre service. Si je demande la création d’un dixième service, c’est pour qu’il puisse élaborer ce que la science peut mettre de moyens de destruction au service de la Guerre. Il faudra pour ce service un homme muni de pleins pouvoirs et ayant une liberté complète d’action. Si vous faites cela, vous obtiendrez des résultats dont l’histoire parlera et, je vous le dis, la victoire sera entre vos mains. Il y a des poisons de diverses natures, des moyens de destruction puissants, des aérostats et même des produits alimentaires, dont le service de la Guerre pourrait tirer les effets les plus décisifs. Ainsi, par quelques-uns de ces moyens, vous pourriez faire sauter le Mont-Valérien sans qu’il en coûtât la mort d’aucun de nos soldats. Déjà, soyez assurés que, si l’ennemi vous voyait faire de ces préparatifs sérieusement, il serait déjà fortement ébranlé. En terminant, ce que je demande, c’est un nouveau ministère usant de tous les moyens les plus révolutionnaires, et je demande que vous nommiez là un homme énergique et responsable sous le contrôle d’une commission.
ALLIX se permet de le dénommer ministère du Progrès. (Rire général et bruit.)
ANDRIEUX. Citoyens, je prends la parole pour deux motifs: le premier, c’est qu’il n’est pas nécessaire de créer un dixième service, et, le second, de montrer les illusions qu’on se fait sur certains moyens. Il est certain que, parmi les moyens destructeurs qui ont acquis une grande renommée, se trouve le feu grégeois. Les hommes, qui l’ont vu de près, savent que cela ne vaut rien.
MALON. On n’en a pas dit un seul mot, le feu grégeois n’existe pas.
ANDRIEUX. Je dis tout simplement ceci: je ne m’oppose pas à ce que la science cherche à nous délivrer au plus vite de nos ennemis, mais je m’inscris contre l’adoption d’un dixième service, contre l’aveu officiel de ces moyens, par la raison fort simple que, si nous usons de ces moyens-là, on nous en rendra tous responsables, et si le procès-verbal prononçait le mot poison échappé au citoyen Parisel…
PARISEL. Non, non! pas échappé!
ANDRIEUX. Ne m’interrompez pas. Je demande que ces moyens-là soient mis sous un contrôle suffisant et sous la protection des lois, même contre les Versaillais.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Blanchet me remet cette proposition: « Je propose que cette commission soit nommée sans dénomination et sans en parler.» C’est-à-dire que ce serait une commission en dehors de celles déjà existantes.
PARISEL. Elle serait formée, comme les autres, d’un délégué spécial, assisté d’une commission de contrôle.
CLÉMENCE. J’appuie la proposition de Parisel, et il m’est indifférent qu’il soit formé ainsi un dixième service, mais je désire que le public connaisse la formation de la Commission.
ALLIX. Oui, c’est important qu’elle soit connue.
CLÉMENCE. Ce qui a fait la force et la popularité du ministère Dorian, c’est que c’était un ministère de la Guerre, organisé au point de vue civil, et qui devait l’être au point de vue révolutionnaire. Il est incontestable que la défense de Paris ne doit pas se faire seulement par les moyens militaires officiels; la force de Paris est dans l’emploi de tous les moyens de guerre et, principalement, des moyens révolutionnaires non mis en pratique jusqu’ici. Je crois aussi que l’annonce de l’emploi de ces moyens produirait le meilleur effet sur le moral de la Garde nationale et de la population parisienne; il aurait encore une grande influence sur Versailles, surtout quand les premiers effets de ces moyens se seraient fait sentir.
J.-B. CLÉMENT. Je ne suis pas de l’avis de Clémence. Je demande que les Versaillais ignorent nos moyens de défense, car, sans cela, ils les emploieraient contre nous. En outre, quand j’entends Andrieux parler d’humanité vis-à-vis de Versailles, je ne suis pas non plus de son avis. Comment! on nous cerne de tous côtés pour nous empêcher de manger; on nous bombarde, et l’on vient parler d’humanité! Je veux qu’on fasse appel à tous les moyens de guerre indiqués par la science; et, si le feu grégeois n’est pas un mensonge, qu’on l’emploie. En un mot, qu’on se débarrasse des Versaillais, comme on aurait dû le faire des Prussiens; et, si vous ne le faites pas, vous aurez à recevoir des réclamations, des reproches. On vous dira que vous agissez comme le gouvernement du 4 Septembre, et, avant peu, vous recevrez peut-être la visite d’une députation de Belleville, qui viendra vous adresser des reproches. Il faut employer tous les moyens avec les assassins de Versailles. (Bravos.)
LE PRÉSIDENT donne lecture d’une pétition, signée par un grand nombre des gardes nationaux, demandant à ce que l’on se serve de la science.
J.-B. CLÉMENT signale un fait qui s’est passé à propos des batteries du Trocadéro.
PARISEL. Voilà ce qui montre l’utilité de ma proposition. Je demande que l’on ne nomme pas une commission, mais que l’on donne les pleins pouvoirs à un homme, car les commissions ne feraient jamais rien.
ANDRIEUX. Je n’ai pris la parole que sur un mot du citoyen Parisel, le mot «poison».
BABICK. On a proposé une Commission de trois membres, en qualité d’ignorant je demande à en faire partie.
VARLIN. Le principe est, je crois, admis par nous. Nous n’avons plus qu’à voter sur la Commission.
ARNOLD dit qu’une commission de trois membres suffirait.
GROUSSET. Il faut que cette commission reste secrète et qu’il n’y ait qu’un seul homme responsable. Je voudrais que ce fût simplement une délégation civique, en dehors de la Guerre. Je voudrais qu’elle se composât de membres pris en dehors de la Commune, parmi les hommes de science, qui forceraient, pour ainsi dire, la main à la délégation de la Guerre, pour l’obliger à user des moyens énergiques qu ’elle lui indiquerait.
JOURDE s’élève contre la multiplicité des commissions. Il y a une délégation à la Guerre: pourquoi en créer une nouvelle? La Guerre peut s’adjoindre les hommes qu’elle croira nécessaires, pris, comme l’indique le citoyen Grousset, en dehors des autres services.
DELESCLUZE. Il ne faut pas s’exagérer l’importance des secrets des inventeurs. La science officielle nous donne les moyens suffisants, pour arriver à ce que nous voulons. Miot me le disait tout à l’heure: on a dépensé 25.000 francs en essais nouveaux, mais, avec vingt-cinq mille francs de fulminate, on aurait détruit des divisions entières. Nous avons la dynamite, nous avons le picrate de potasse, difficile à manier, c’est vrai, mais que l’on peut encore maîtriser et conduire. Nous avons tous les moyens nécessaires, n’en cherchons pas de nouveaux. Vous aurez des gens qui vous proposeront des engins, vous demanderont de l’argent, et, au bout du compte, vous n’aurez rien. Pas de nouveaux moyens, citoyens, nous n’avons pas le temps. J’ai vu des expériences de fusées qui m’ont paru très belles, et, cependant, les hommes du métier m’ont dit que, deux fois sur quatre, ces fusées revenaient contre celui qui les employait. Avec les moyens connus aujourd’hui, nous pouvons assurer la défaite de nos ennemis.
LE PRÉSIDENT lit une communication sur les forts du Sud.
PARISEL. Voici ce que j’ai à répondre aux observations du citoyen Delescluze: oui, nous avons beaucoup de moyens en notre pouvoir, la dynamite par exemple, mais les moyens de s’en servir, les a-t-on? Non! Se sert-on des ballons? Non! Il faut nous en servir, nous; il faut surtout prouver que cette guerre, c’est l’intelligence contre la force brutale, la force des ruraux. Quant à moi, je vois la nécessité de former un service nouveau; pour ma part, nous savons apprécier l’inventeur sérieux de celui qui rêve. J’ai été élevé dans ce milieu-là. Nous avons trouvé des moyens nouveaux d’appliquer des choses connues; sous ce rapport-là, ne croyez pas qu’une commission nouvelle aura de l’influence à la Guerre, non! le général croit en ses bataillons; les commissions scientifiques discutent, commentent et ne prennent aucune décision. La Commission, qui adoptera telle ou telle invention, sera obligée de donner de l’argent; nous, nous surveillerons nos ouvriers et nous donnerons notre argent selon les résultats obtenus. Nous avons, à Paris, une certaine quantité de produits chimiques, trouvés dans les magasins de l’État; rien que ces produits serviraient à payer les nouveaux frais. Il y a urgence. Ce n’est pas un service qui regarde la Guerre, c’est un service tout différent. Nous élaborons les projets scientifiques et nous remettrons à la Guerre le soin de les appliquer. Nous préparons, et la Guerre appliquera. Ce ne sont pas les véritables raisons. La vraie est la répugnance pour l’emploi de ces procédés nouveaux. C’est, là, la pierre d’achoppement. Eh! bien, le voulons-nous?
VOIX. Mais oui, et le plus tôt possible.
PILLOT. Ce que nous a dit le citoyen Delescluze, vous faisant connaître les moyens qui sont à notre disposition, tend à prouver qu’il est urgent que nous nommions, soit une Commission; soit un d’entre nous, pour l’application de ces moyens et pour l’accueil de tous ceux qui pourront arriver.
LE PRÉSIDENT. Il s’agit maintenant de la formation de la Commission. Voulez-vous ne nommer qu’un membre, qui sera chargé de rechercher et d’employer tous les moyens scientifiques, en s’entourant d’hommes compétents? (Oui!)
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix cette proposition.
La proposition est mise aux voix et adoptée.
ANDRIEU. Je demande la parole.
LE PRÉSIDENT. Sur quoi?
ANDRIEU. Sur le vote.
PLUSIEURS MEMBRES. Le vote est acquis; il n’y a plus à y revenir.
LE PRÉSIDENT. Actuellement, on ne peut prendre la parole que pour la désignation d’un candidat. (Oui! c’est cela!)
LE PRÉSIDENT. Il va être procédé au vote.
L’Assemblée désigne, à l’unanimité, le citoyen Parisel.
PARISEL. Voulons-nous de suite la publicité des moyens, ou voulons-nous attendre que nous soyons prêts à les employer?
PLUSIEURS MEMBRES. Il faut les publier, en les appliquant sur les Versaillais.
(À
suivre.)
Journal
Officiel de la Commune, 23 avril:
«Les citoyens qui connaîtraient des dépôts de produits chimiques, machines, aérostats, appareils divers appartenant à l’État ou à la Ville sont priés d’en faire la déclaration à la Délégation scientifique, Hôtel des travaux publics, rue Saint-Dominique.
«Les détenteurs de pétrole sont tenus de faire la déclaration par écrit de leur stock, à la même adresse et dans les trois jours.
«Les inventeurs d’engins de guerre offensive et défensive peuvent adresser leurs plans, modèles ou descriptions à la même adresse. Dans les trois jours, ces objets leur seront rendus si leur projet n’est pas accepté. On ne reçoit pas les personnes.
«Les chimistes, constructeurs-mécaniciens, ouvriers en instruments de précision, fabricants de revolvers ou de fusils, qui veulent du travail, peuvent se présenter tous les jours, à dix heures, à l’Hôtel des travaux publics, à la Délégation scientifique.»
«Paris, le 22 avril 1811. Le délégué, Parisel
«Les citoyens qui connaîtraient des dépôts de produits chimiques, machines, aérostats, appareils divers appartenant à l’État ou à la Ville sont priés d’en faire la déclaration à la Délégation scientifique, Hôtel des travaux publics, rue Saint-Dominique.
«Les détenteurs de pétrole sont tenus de faire la déclaration par écrit de leur stock, à la même adresse et dans les trois jours.
«Les inventeurs d’engins de guerre offensive et défensive peuvent adresser leurs plans, modèles ou descriptions à la même adresse. Dans les trois jours, ces objets leur seront rendus si leur projet n’est pas accepté. On ne reçoit pas les personnes.
«Les chimistes, constructeurs-mécaniciens, ouvriers en instruments de précision, fabricants de revolvers ou de fusils, qui veulent du travail, peuvent se présenter tous les jours, à dix heures, à l’Hôtel des travaux publics, à la Délégation scientifique.»
«Paris, le 22 avril 1811. Le délégué, Parisel
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