samedi 30 septembre 2017

Commune de Paris Séance du 24 avril 1871 (1)



RÉGÈRE. À la fin de la séance d’hier, j’ai demandé que l’on usât d’indulgence à l’égard du citoyen Pilotell, coupable seulement de négligence ; je voudrais que cette demande soit insérée à l’Officiel.

Président BERGERET.
Assesseurs MALON et AVRIAL.
La séance est ouverte à 3h. 1/2.

La parole est au secrétaire pour donner lecture du procès-verbal.

RÉGÈRE. À la fin de la séance d’hier, j’ai demandé que l’on usât d’indulgence à l’égard du citoyen Pilotell, coupable seulement de négligence; je voudrais que cette demande soit insérée à l’Officiel. Selon moi, le compte rendu de nos séances ne devrait être publié qu’après avoir passé sous nos yeux. Il nous échappe souvent, dans la chaleur de la discussion, des expressions vives que nous retirerions nous-mêmes, si elles paraissaient sous nos yeux avant la publication du compte rendu. Il serait bon que nous puissions voir les épreuves de l’Officiel.

VAILLANT. J’appuie absolument la proposition du citoyen Régère. On ne devrait publier le compte rendu qu’après son adoption. Si on veut qu’il paraisse le lendemain de la séance, il faudrait au moins le faire réviser par une commission de rédacteurs nommée à cet effet.

LEFRANÇAIS. Hier, j’ai lu dans l’Officiel que le citoyen Amouroux s’était étonné que les citoyens Gambon et Lefrançais n’eussent pas donné de leurs nouvelles depuis trois jours. Il y a là une inexactitude de fait. Le citoyen Amouroux, mieux renseigné, se fût dispensé de demander des explications. Les renseignements avaient été donnés à la Guerre. Au sujet du compte rendu, je dirai que je trouve qu’il renferme des détails oiseux. Il était, dans les commencements, trop synthétique; aujourd’hui il est trop prolixe.

AMOUROUX. Comme on nommait le citoyen Gambon membre d’une commission, j’ai simplement fait observer que ce citoyen était déjà, ainsi que vous, chargé d’une mission, mission dont on ne nous avait pas rendu compte. S’il y avait eu ici les délégués de la Commission exécutive, ils auraient répondu à ma demande, puisque les renseignements avaient été donnés. Quant au compte rendu analytique, la séance commençant à 3h. 1/2 du soir au lieu de commencer à 2 heures précises, il en résulte que nous sommes encore en séance à 8 heures du soir et qu’à minuit, devant l’envoyer à l’Officiel, on n’a pas le temps de le réviser.

ARNOULD. Tout à l’heure, le citoyen Lefrançais trouvait le compte rendu trop prolixe ; je ne suis pas de son avis. Je voudrais la publicité aussi complète que possible. Seulement, le compte rendu est mal fait: il laisse de côté des parties importantes de nos discussions et en laisse subsister que l’on pourrait parfaitement négliger.

RIGAULT. Je demande qu’on adjoigne le citoyen Arnould à l’Officiel.

Le citoyen ARNOULD, retenu à son arrondissement, se récuse.

LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix le procès-verbal de la séance d’hier.

Le procès-verbal est mis aux voix et adopté.

SICARD. Je demande le dépôt du rapport relatif à la Cour martiale.

BABICK. Je demanderai ensuite la parole pour rendre compte de notre mission au fort d’Issy.

LE PRÉSIDENT. Je donne lecture de lettres qui sont déposées sur le bureau de la Commune (Lettre Protot. Lettre Rossel. Lettre colonel Fallot.)

LE PRÉSIDENT donne lecture d’une lettre du citoyen Protot s’excusant de ne pouvoir assister à la séance. Lecture est également faite de lettres du citoyen Rossel donnant sa démission de président de la Cour martiale et du citoyen Fallot demandant d’urgence à être entendu par la Commune.

CHALAIN. Je demande à vous faire une communication que vous entendrez, je crois, avec plaisir ; communication dont j’atteste la véracité. La Commune a été proclamée dans la ville du Mans; le fait est certain, je vous le répète. (Très bien!)

CHALAIN. Pendant le peu de temps que j’ai passé à la Commission de Sûreté générale, je me suis surtout occupé des relations extérieures. Avec le peu de fonds dont je disposais, j’ai pu envoyer un certain nombre de citoyens en province et, aujourd’hui encore , il est parti un délégué en Bretagne, pour afficher au Mans, à Rennes, à Brest et sur tout le littoral le manifeste de la Commune; j’ai envoyé des citoyens aussi dans l’Est, dans le Midi, un peu partout. (Approbations.)

CHALAIN. Je n’ai dépensé que 1.500 francs pour ces diverses délégations. J’ai vu un citoyen dévoué qui m’a donné les renseignements les plus précis sur la situation qui se dessine en province. Aussi, je vous demanderai de me permettre de demeurer, pendant huit jours encore, à la Sûreté générale, pour continuer l’œuvre entreprise. Voici comment la Commune a été proclamée au Mans. En apprenant la proclamation de la Commune à Paris, la ville du Mans s’est mise en révolution. La troupe, en garnison dans la ville, a fait cause commune avec les habitants. On a envoyé de Rennes deux régiments de ligne, qui se sont joints aussi à la population. On a alors envoyé des cuirassiers, qui se sont trouvés cernés, et qui, menacés d’être massacrés s’ils voulaient aller contre le mouvement, ont mis bas les armes. Voilà quinze jours que la Commune existe, et vous remarquerez que ce fait a d’autant plus de signification que la ville du Mans n’est pas une ville révolutionnaire. Je vous dirai aussi que, dans le Loiret, on se soulève. Dans toutes les villes importantes, on se prononce pour la Commune. Le mouvement est assuré. Je demande que l’Assemblée, par un vote, remercie la province de ce qu’elle fait. J’insiste en outre pour être délégué à la Sûreté durant quelques jours.

AMOUROUX. Il vaudrait mieux que Chalain fût adjoint à la Commission des relations extérieures, pour ne pas faire double emploi.

La proposition Chalain est mise aux voix et adoptée.
(À suivre.)


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