mardi 26 septembre 2017

A.J. Dalsème "Paris sous les bombes"





Un samedi, dans l'émission de Laurent Ruquier qui se dit homme de gauche, le « chroniqueur » Yann Moix affirmait haineusement en substance, à propos de la Commune, que celle ci était menée par une bande de forcenés qui tenaient en otage le peuple de Paris.

Comme d'habitude, la Commune, événement majeur dans l'histoire du peuple, était salie. Cet instant historique que la bourgeoisie a réprimée de manière inimaginable tant elle a eu peur, a démontré que le peuple était en capacité de gouverner seuls, sans représentants qui n'avaient aucune connexion avec leur vie de labeur et de misère.

Ce peuple qui chantait et criait sa volonté de se battre jusqu'à la mort.

« Vive la Commune ou la mort » criaient-ils devant les soldats des Versaillais, des Prussiens.

Cette peur, la bourgeoisie nous l'a fait payée très chère et elle n'a aucune envie de revivre un tel événement.

Je cite deux passages du livre de Dalsème qui démontrent le contraire :

« Dans la foule qui s'y portait, on ne reconnaissait guère la curiosité vaine et, disons le mot, la badauderie légendaire du Parisien. Point de groupes tumultueux , point d’attroupements gênants les travailleurs, point de discours animés. En revanche, des curiosités sans cesse en éveil, et, parmi ces hommes qui n'avaient vu la guerre que dans les livres et leurs fortifications que pour y admirer la verdure du gazon, une irrésistible soif d'apprendre le pourquoi des choses ».

« Des officiers ou des ingénieurs complaisants s'érigeaient parfois en moniteurs. Des conférences en plein vent s'improvisaient. On expliquait, aux ignorants avides de s'instruire, les combinaisons savantes de lignes qui constituent un front bastonné. »

« Dans les rues, sur les places, des tables se dressent en plein vent, sur lesquelles tout citoyen tient à honneur de déposer son offrande. On voit des hommes donner leurs montres, des femmes arracher leurs boucles d'oreilles et leurs bagues pour les mêler aux pièces d'or et de cuivre qui s'entassent dans le plateau. »


Des enfants s'engagent pour défendre la Commune :

« Regardez les marcher, ces bonhommes à l’œil vif, à la chevelure flottante : leur visage riant s'est fait grave, leur geste capricieux a pris une rondeur toute militaire, leur démarche vagabonde s'est assujettie à des règles : ils s'en vont, marquant le pas, sérieux, la tête fixe, le petit doigt sur la couture du pantalon -un pantalon d'où parfois la chemise indiscrète s'échappe et flotte au vent.
Pauvres bébés ! Leurs joues sont encore roses, leurs yeux encore vifs et leurs petites jambes agiles : ils font toujours, eux, leur quatre repas quotidiens, et peuvent, insoucieux, tendre deux fois leur assiette aux mets préférés ! Mais déjà leurs mères inquiètes commencent à envisager avec terreur les semaines qui vont suivre et commentent anxieusement l'arrêté qui met en réquisition le bétail conservé chez les particuliers ».

«On avait donc essayé des cheminements contre le Bourget. Sur le sol que la gelée avait transformé en pierre, les outils s'étaient émoussés ou rompus.
Spectacle navrant : la plaine, par delà Saint-Denis, était couverte d'hommes cherchant en vain un abri contre l'impétueux vent du nord qui fouettait sur eux le grésil en tourbillons. Ces pauvres gens arrachaient, de çà, de là, quelques pièces de bois misérables trouvées sur leur chemin ; quelque-uns en portaient, se brûlant sans se réchauffer, de tout enflammées sur leurs épaules. Tous grelottaient sous les couvertures en loques dont ils s'efforçaient de se tenir enveloppés. Autour du fort d'Aubervilliers, dans des semblants de bivouacs, les soldats couchaient sur la terre nue sans pouvoir se défendre des âpres rafales qui balayaient la plaine.
Moscou aux portes de Paris.
Eh bien ! Tour à tour, ces hommes, sans un murmure, sans une plainte, se rendaient au travail. La tête entourée de chiffons, leur reste de couverture plié et replié autour du corps, les jambes serrées dans des débris de hardes, ils s'en allaient, sous la bise,affronter aux avant-postes les balles et les boulets allemands se courbaient sur la glèbe, épuisaient leurs dernières forces dans une lutte sans trève avec ce sol de roc où l'acier ne mordait que des bribes. »






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