Un samedi, dans l'émission de
Laurent Ruquier qui se dit homme de gauche, le « chroniqueur »
Yann Moix affirmait haineusement en substance, à propos de la
Commune, que celle ci était menée par une bande de forcenés qui
tenaient en otage le peuple de Paris.
Comme d'habitude, la Commune,
événement majeur dans l'histoire du peuple, était salie. Cet
instant historique que la bourgeoisie a réprimée de manière
inimaginable tant elle a eu peur, a démontré que le peuple était
en capacité de gouverner seuls, sans représentants qui n'avaient
aucune connexion avec leur vie de labeur et de misère.
Ce peuple qui chantait et criait
sa volonté de se battre jusqu'à la mort.
« Vive la Commune ou la
mort » criaient-ils devant les soldats des Versaillais, des
Prussiens.
Cette peur, la bourgeoisie nous
l'a fait payée très chère et elle n'a aucune envie de revivre un
tel événement.
Je cite deux passages du livre
de Dalsème qui démontrent le contraire :
« Dans la foule qui s'y
portait, on ne reconnaissait guère la curiosité vaine et, disons le
mot, la badauderie légendaire du Parisien. Point de groupes
tumultueux , point d’attroupements gênants les travailleurs, point
de discours animés. En revanche, des curiosités sans cesse en
éveil, et, parmi ces hommes qui n'avaient vu la guerre que dans les
livres et leurs fortifications que pour y admirer la verdure du
gazon, une irrésistible soif d'apprendre le pourquoi des choses ».
« Des officiers ou des
ingénieurs complaisants s'érigeaient parfois en moniteurs. Des
conférences en plein vent s'improvisaient. On expliquait, aux
ignorants avides de s'instruire, les combinaisons savantes de lignes
qui constituent un front bastonné. »
« Dans les rues, sur les
places, des tables se dressent en plein vent, sur lesquelles tout
citoyen tient à honneur de déposer son offrande. On voit des hommes
donner leurs montres, des femmes arracher leurs boucles d'oreilles et
leurs bagues pour les mêler aux pièces d'or et de cuivre qui
s'entassent dans le plateau. »
Des enfants s'engagent pour
défendre la Commune :
« Regardez les marcher,
ces bonhommes à l’œil vif, à la chevelure flottante : leur
visage riant s'est fait grave, leur geste capricieux a pris une
rondeur toute militaire, leur démarche vagabonde s'est assujettie à
des règles : ils s'en vont, marquant le pas, sérieux, la tête
fixe, le petit doigt sur la couture du pantalon -un pantalon d'où
parfois la chemise indiscrète s'échappe et flotte au vent.
Pauvres bébés ! Leurs
joues sont encore roses, leurs yeux encore vifs et leurs petites
jambes agiles : ils font toujours, eux, leur quatre repas
quotidiens, et peuvent, insoucieux, tendre deux fois leur assiette
aux mets préférés ! Mais déjà leurs mères inquiètes
commencent à envisager avec terreur les semaines qui vont suivre et
commentent anxieusement l'arrêté qui met en réquisition le bétail
conservé chez les particuliers ».
«On avait donc essayé des
cheminements contre le Bourget. Sur le sol que la gelée avait
transformé en pierre, les outils s'étaient émoussés ou rompus.
Spectacle navrant : la
plaine, par delà Saint-Denis, était couverte d'hommes cherchant en
vain un abri contre l'impétueux vent du nord qui fouettait sur eux
le grésil en tourbillons. Ces pauvres gens arrachaient, de çà, de
là, quelques pièces de bois misérables trouvées sur leur chemin ;
quelque-uns en portaient, se brûlant sans se réchauffer, de tout
enflammées sur leurs épaules. Tous grelottaient sous les
couvertures en loques dont ils s'efforçaient de se tenir enveloppés.
Autour du fort d'Aubervilliers, dans des semblants de bivouacs, les
soldats couchaient sur la terre nue sans pouvoir se défendre des
âpres rafales qui balayaient la plaine.
Moscou aux portes de Paris.
Eh bien ! Tour à tour, ces
hommes, sans un murmure, sans une plainte, se rendaient au travail.
La tête entourée de chiffons, leur reste de couverture plié et
replié autour du corps, les jambes serrées dans des débris de
hardes, ils s'en allaient, sous la bise,affronter aux avant-postes
les balles et les boulets allemands se courbaient sur la glèbe,
épuisaient leurs dernières forces dans une lutte sans trève avec
ce sol de roc où l'acier ne mordait que des bribes. »
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