RIGAULT.
Je répondrai au citoyen Arnould que la guerre aussi est immorale, et
cependant nous nous battons.
ARNOULD.
Je ne comprends pas que des hommes qui ont passé toute leur vie à
combattre les errements du despotisme, je ne comprends pas, dis-je,
que ces mêmes hommes, quand ils sont au pouvoir, s’empressent de
tomber dans les mêmes fautes. De deux choses l’une: ou le secret
est une chose indispensable et bonne, ou elle est odieuse. Si elle
est bonne, il ne fallait pas la combattre, et si elle est odieuse et
immorale, nous ne devons pas la maintenir.
RIGAULT. Je répondrai au citoyen Arnould que la guerre aussi est immorale, et cependant nous nous battons.
RIGAULT. Je répondrai au citoyen Arnould que la guerre aussi est immorale, et cependant nous nous battons.
ARNOULD.
Ce n’est pas la même chose, nous la subissons.
RIGAULT déclare que si quelqu’un croit qu’une instruction puisse se faire sans le secret, il est tout disposé à lui céder la place, car, pour lui, il reconnaît l’impossibilité de procéder actuellement autrement qu’on ne fait.
JOURDE. Nous sommes en état de guerre: il nous faut user de procédés exceptionnels. Certainement, sous l’Empire, je blâmais le secret; cependant, tout en le blâmant, je n’en reconnaissais pas moins l’utilité. Il ne faut pas faire de la théorie platonique. Je voudrais toutes les libertés: liberté de la presse, liberté de réunion, liberté de transaction, liberté d’être, au grand jour, légitimiste, bonapartiste même; mais, cependant, les circonstances imposent souvent des nécessités et nous devons y obéir. Je demande donc que le secret continue à être maintenu.
(Réclamations diverses.)
DELESCLUZE. Il me semble que, dans cette affaire, le secret n’est pas en question. Il s’agit de savoir si, par suite du décret d’hier, les membres de la Commune ont le droit d’entrer dans les cellules, où les prisonniers sont au secret. Je ne crois pas que le citoyen Rigault pense que les membres de la Commune, en visitant les prisonniers, viennent là pour leur servir de truchement, et au besoin de commissionnaires. Je ne trouverais pas mauvais qu’un membre de la Commune pût pénétrer dans la cellule d’un prisonnier au secret et lui demander depuis combien de temps il est arrêté et s’il a été interrogé dans le délai légal. Je ne comprends pas comment l’intervention d’un membre de la Commune, qui remplit les fonctions de magistrat municipal, pourrait compromettre la Sûreté publique et l’instruction d’une affaire, et je ne m’explique pas ici la susceptibilité du citoyen Rigault. J’ai fait, sous l’Empire, quatre mois et demi de secret à Mazas. Eh! bien, croyez-vous qu’en définitive, un magistrat municipal, même sous l’Empire, qui aurait appris cette détention, eût osé la maintenir? Non. Eh! bien, que de lenteurs évitées! Prenons toutes les précautions pour notre sécurité, mais tant qu’un individu n’est pas condamné, il est supposé innocent. Évitons surtout les défiances dans le sein de la Commune. Je déclare, ne pas voir, dans la mesure résolue hier, les inconvénients que signale le citoyen Raoul Rigault.
AMOUROUX. Nous sommes en Révolution, nous devons agir révolutionnairement et prendre nos précautions.
RIGAULT. J’ai, en ce moment, trois à quatre personnes telles que, si tout membre de la Commune peut venir les voir, j’avoue qu’il est absolument inutile que je les garde au secret. Quand on n’a pas vu le dossier d’un homme emprisonné, on peut se laisser attendrir par ses paroles, par des questions de famille, d’humanité et l’aider à communiquer au dehors.
(Mais non, nous protestons!)
RAOUL RIGAULT. On peut avoir affaire à des gens très malins, et il s’en trouve parmi ceux que je détiens.
PARISEL. Je crois qu’un membre de la Commune pourra toujours entrer dans une cellule, mais à condition qu’il soit accompagné d’un membre de la Sûreté.
CLÉMENT. Si la Commune accepte cette restriction, je donne ma démission. C’est nous mettre en suspicion.
PARISEL. Ce membre de la Sûreté donnera des explications et fera connaître à son collègue toutes les charges établies contre le prévenu. Aujourd’hui, nous sommes en état de guerre, il nous faut prendre des précautions; plus tard…
ARNOULD. Oui! le couronnement de l’édifice, comme sous Napoléon III. C’est le raisonnement de tous les despotes!
RIGAULT déclare que si quelqu’un croit qu’une instruction puisse se faire sans le secret, il est tout disposé à lui céder la place, car, pour lui, il reconnaît l’impossibilité de procéder actuellement autrement qu’on ne fait.
JOURDE. Nous sommes en état de guerre: il nous faut user de procédés exceptionnels. Certainement, sous l’Empire, je blâmais le secret; cependant, tout en le blâmant, je n’en reconnaissais pas moins l’utilité. Il ne faut pas faire de la théorie platonique. Je voudrais toutes les libertés: liberté de la presse, liberté de réunion, liberté de transaction, liberté d’être, au grand jour, légitimiste, bonapartiste même; mais, cependant, les circonstances imposent souvent des nécessités et nous devons y obéir. Je demande donc que le secret continue à être maintenu.
(Réclamations diverses.)
DELESCLUZE. Il me semble que, dans cette affaire, le secret n’est pas en question. Il s’agit de savoir si, par suite du décret d’hier, les membres de la Commune ont le droit d’entrer dans les cellules, où les prisonniers sont au secret. Je ne crois pas que le citoyen Rigault pense que les membres de la Commune, en visitant les prisonniers, viennent là pour leur servir de truchement, et au besoin de commissionnaires. Je ne trouverais pas mauvais qu’un membre de la Commune pût pénétrer dans la cellule d’un prisonnier au secret et lui demander depuis combien de temps il est arrêté et s’il a été interrogé dans le délai légal. Je ne comprends pas comment l’intervention d’un membre de la Commune, qui remplit les fonctions de magistrat municipal, pourrait compromettre la Sûreté publique et l’instruction d’une affaire, et je ne m’explique pas ici la susceptibilité du citoyen Rigault. J’ai fait, sous l’Empire, quatre mois et demi de secret à Mazas. Eh! bien, croyez-vous qu’en définitive, un magistrat municipal, même sous l’Empire, qui aurait appris cette détention, eût osé la maintenir? Non. Eh! bien, que de lenteurs évitées! Prenons toutes les précautions pour notre sécurité, mais tant qu’un individu n’est pas condamné, il est supposé innocent. Évitons surtout les défiances dans le sein de la Commune. Je déclare, ne pas voir, dans la mesure résolue hier, les inconvénients que signale le citoyen Raoul Rigault.
AMOUROUX. Nous sommes en Révolution, nous devons agir révolutionnairement et prendre nos précautions.
RIGAULT. J’ai, en ce moment, trois à quatre personnes telles que, si tout membre de la Commune peut venir les voir, j’avoue qu’il est absolument inutile que je les garde au secret. Quand on n’a pas vu le dossier d’un homme emprisonné, on peut se laisser attendrir par ses paroles, par des questions de famille, d’humanité et l’aider à communiquer au dehors.
(Mais non, nous protestons!)
RAOUL RIGAULT. On peut avoir affaire à des gens très malins, et il s’en trouve parmi ceux que je détiens.
PARISEL. Je crois qu’un membre de la Commune pourra toujours entrer dans une cellule, mais à condition qu’il soit accompagné d’un membre de la Sûreté.
CLÉMENT. Si la Commune accepte cette restriction, je donne ma démission. C’est nous mettre en suspicion.
PARISEL. Ce membre de la Sûreté donnera des explications et fera connaître à son collègue toutes les charges établies contre le prévenu. Aujourd’hui, nous sommes en état de guerre, il nous faut prendre des précautions; plus tard…
ARNOULD. Oui! le couronnement de l’édifice, comme sous Napoléon III. C’est le raisonnement de tous les despotes!
(À
suivre.)
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