lundi 11 septembre 2017

Commune de paris Séance du 7 avril 1871



Le citoyen Dombrowski, Chef d'état-major de la place de Paris.

Président: ARNOULD.

Assesseurs: BILLIORAY et RASTOUL.

Le citoyen MEILLET propose que l’on nomme des délégués civils, chargés de représenter la Commune auprès des commandants militaires et des chefs de corps.

Le ciloyen GROUSSET demande que l’on augmente le nombre des membres de la Commune et qu’il soit porté à cent quatre-vingts.

Les citoyens BABICK et RASTOUL soutiennent la proposition du citoyen Grousset.

Le citoyen VERMOREL demande le renvoi à la Commission exécutive. Les citoyens TRIDON et VAILLANT croient qu’il serait impolitique, à l’heure présente, d’augmenter le nombre des membres de la Commune.

La proposition est rejetée.

Celle du citoyen MEILLET est soutenue par le citoyen BILLIORAY.

Les citoyens VERMOREL, GOUPIL, VAILLANT, BESLAY et LEDROIT la trouvent intempestive. Former une classe spéciale de délégués aux combats est impolitique et dangreux.

La proposition est acceptée à une faible majorité.

Le citoyen MEILLET demande lui-même le renvoi aux commissions. Le renvoi de la proposition est décidé.

Sur la proposition du citoyen VERMOREL, trois membres, les citoyens MEILLET, VERMOREL et GOUPIL, sont chargés d’élaborer un projet de réglement.

Une proposition du citoyen MEILLET de continuer à la veuve du général Duval l’indemnité de membre de la Commune est adoptée par acclamation.

Le citoyen GAMBON donne quelques explications au sujet de son voyage dans la province et de son arrestation en Corse. Ce ne sont point les Corses qui l’ont arrêté, mais les fonctionnaires français agissant sur les ordres de M. Thiers. Le Comité républicain d’Ajaccio a protesté contre son arrestation. Partout, il a reçu des ovations. Le mal en Corse vient des fonctionnaires qu’on y a placés. Si on y eût mis des fonctionnaires pris dans la population, les élections dernières auraient été républicaines.
En France, on sommeille; partout, la Commune n’a été écrasée que parce que ses membres n’ont pas su prendre des mesures énergiques. À Marseille, à Lyon, à Saint-Étienne, son établissement aurait été assuré, si on avait agi révolutionnairement: ceci doit servir de leçon à Paris. Il y a dans la capitale une presse détestable, qu’il faut à tout prix arrêter; il faut faire cesser le système de calomnies qu’elle emploie journellement. Un autre point capital est d’envoyer, dans toutes les grandes villes, des citoyens qui activeront le mouvement communal et soulèveront les républicains contre le gouvernement de Versailles. C’est à ce prix que la Commune peut être sauvée.

Incident. - Une députation, composée de deux officiers d’état major, demandant à être introduite, le citoyen BERGERET répond qu’il croit savoir que cette députation est envoyée pour protester contre la nomination du citoyen Dombrowski au poste de Chef d’état-major de la place de Paris; il affirme également que cette nomination a pour conséquence le refus d’obéissance des XXe, XVIIIe, XVIIe et XIe arrondissements; et, pour ces motifs, il demande qu’il soit autorisé à faire apposer une affiche engageant ces bataillons à rentrer dans le devoir.

Le citoyen VAILLANT, au nom de la Commission exécutive, retrace les motifs qui ont décidé cette nomination et termine en disant que, si le choix de la Commission s’est porté sur le citoyen Dombrowski, c’est parce qu’il semble réunir les études militaires indispensables pour diriger les opérations.

Le citoyen BRUNEL conteste à la Commission exécutive le droit de nommer un général sans qu’il ait été désigné par le suffrage universel. Le citoyen BILLIORAY réfute le dire du citoyen Brunel, en lui répondant que lui-même avait été nommé général par le Comité central.
Une demande d’enquête, proposée par le citoyen H. FORTUNÉ, est appuyée par le citoyen GOUPIL, mais repoussée par les citoyens JOURDE et RIGAULT.

La Commune, ayant été informée de la présence du délégué à la Guerre, décide qu’il lui sera demandé des explications sur la nomination du citoyen Dombrowski.

Le citoyen CLUSERET, informé par le président du désir de la Commission, répond qu’après les événements militaires qui se sont passés, il lui a paru nécessaire, pour réaliser l’unité du commandement, la nomination à la Place de Paris d’un homme rompu à la discipline du métier.

Les citoyens Félix PYAT et DELESCLUZE appuient le dire du citoyen Cluseret et ajoutent que, du reste, cette nomination ne peut produire qu’un bon effet, le sentiment public ayant reconnu l’insuffisance du commandement.

Au sujet de l’insubordination, le citoyen OSTYN affirme que le fait est bien moins important qu’on veut bien le dire.

Un membre ayant fait observer que le citoyen Dombrowski était inconnu, le citoyen BLANCHET répond qu’il se porte garant de ses idées républicaines et qu’il le considère comme un militaire consommé.

Après ces explications, la Commune se déclare satisfaite et passe à l’ordre du jour.

Interpellation. - Le citoyen R. RIGAULT, délégué à la Préfecture de police, demande au général Cluseret de vouloir bien à l’avenir donner des ordres, afin qu’il ne soit pas apporté d’entraves aux mesures prises par la Sûreté générale, et, à l’appui de sa demande, cite un fait de service, contre lequel se seraient opposés deux membres du Comité central. Le général CLUSERET ayant fait observer que la demande du citoyen Rigault était une question politique en dehors de ses attributions, le délégué à la Préfecture de police demande alors que son interpellation soit considérée comme ayant été adressée à la Commune.

Sur la proposition du citoyen COURNET, le président, au nom de l’assemblée, invite le citoyen Rigault à prendre les mesures nécessaires pour faire respecter ses décisions.

Proposition. - Le citoyen RASTOUL demande qu’il soit élevé des barricades tout autour de Paris, sur les boulevards extérieurs et les rues adjacentes, dans la zone comprise entre les boulevards et les remparts, et, en outre, afin de pouvoir se défendre, s’il y avait lieu, contre les ennemis du dehors et les réactionnaires du dedans, demande également que tous les approvisionnements soient enfermés dans cette enceinte de barricades.

Un membre, ayant proposé de fixer, à partir de dimanche, les séances à partir de deux heures de l’après-midi, et les réunions de commissions à 7 heures du soir, la Commune adopte cette proposition.

La séance est levée à 1 h. 1/2 du matin


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