BERGERET.
La Commune avait jugé à propos de me mettre en état d’arrestation,
et elle vient de me faire mettre en liberté; je tiens à déclarer
que je n’apporte, ici, aucun sentiment d’amertume, mais au
contraire mon dévouement tout entier.
VARLIN.
Il faut, chaque fois que nous ferons un décret, indiquer quel sera
le délégué chargé de l’exécution. Pour ce décret, c’est
évidemment le délégué à la Justice.
La parole est au citoyen Avrial, pour interpeller.
AVRIAL. Je demande que la Commission, chargée de l’enquête sur l’arrestation du général Bergeret, nous apporte son rapport; il n’est pas possible que nous laissions sous les verrous un homme qui, dans la pensée de cette assemblée, n’était pas coupable.
PROTOT. La Commission doit vous présenter son rapport; elle attendait des renseignements; ils ont été très peu nombreux, et je crois que vous adopterez les conclusions de la Commission, qui est la mise en liberté de Bergeret.
VOIX DIVERSES. Au vote! au vote!
PROTOT. Eh! bien, que l’on mette aux voix les conclusions de la Commission d’enquête, que le citoyen Langevin, secrétaire de la Commission, ne désavouera pas.
On demande la mise aux-voix des conclusions de la Commission d’enquête sur l’affaire Bergeret.
La parole est au citoyen Avrial, pour interpeller.
AVRIAL. Je demande que la Commission, chargée de l’enquête sur l’arrestation du général Bergeret, nous apporte son rapport; il n’est pas possible que nous laissions sous les verrous un homme qui, dans la pensée de cette assemblée, n’était pas coupable.
PROTOT. La Commission doit vous présenter son rapport; elle attendait des renseignements; ils ont été très peu nombreux, et je crois que vous adopterez les conclusions de la Commission, qui est la mise en liberté de Bergeret.
VOIX DIVERSES. Au vote! au vote!
PROTOT. Eh! bien, que l’on mette aux voix les conclusions de la Commission d’enquête, que le citoyen Langevin, secrétaire de la Commission, ne désavouera pas.
On demande la mise aux-voix des conclusions de la Commission d’enquête sur l’affaire Bergeret.
PLUSIEURS MEMBRES demandent qu’on vote sur la mise en liberté immédiate.
Cette proposition est adoptée et la mise en liberté immédiate est votée à l’unanimité.(Bravos.)
RAOUL RIGAULT. Je demande que le citoyen Pindy soit chargé d’aller, lui-même, chercher le citoyen Bergeret.
Cette motion est adoptée.
MIOT a la parole pour donner connaissance à l’Assemblée des résultats de l’enquête, faite par lui, et les citoyens Beslay et Gambon, sur les griefs, portés par la Commission exécutive, contre la Sûreté générale. Il donne lecture des différents griefs et des réponses qui y ont été faites.
DELESCLUZE, après la lecture de l’enquête faite par le citoyen Miot, trouve que la Sûreté générale a grand tort de répondre par des sarcasmes; c’est de mauvais goût, il ne veut pas de ces pantalonnades et ne le souffrira pas. «Ne croyez pas, dit-il, en s’adressant à la Sûreté, que vous teniez dans vos mains le sort de la Commune et de la République. Notre dignité ne souffre pas de vos atteintes, et, si vous dépassiez vos limites, je vous rappelle que, derrière le membre de la Commune, il y a un homme.»
RIGAULT. Je n’ai qu’un mot à répondre: l’enquête a été faite dans un moment qui a précédé le vote; il n’y avait alors, ni vaincus, ni victorieux; et, en ce qui touche le ton , je dois dire que les accusations étaient toutes formulées par une seule personne. Nous avons pensé que la Commission d’enquête, quand on lui répondait, prenait simplement des notes. Aux accusations sérieuses, nous avons répondu sérieusement; et à d’autres, moins sérieusement. Il y a des faits. Landeck a été envoyé à Marseille; il se disait membre de la Commune, mais je trouve qu’on a tort de relater des faits qui n’ont pas subi de discussion préalable. Nous avons trouvé là de l’acrimonie et nous y avons répondu sans acrimonie.
Comité secret. Incident Delescluze et Rigault.
LE PRÉSIDENT. La parole est au citoyen Sicard, pour rendre compte de sa mission auprès du délégué à la Guerre.
SICARD. Nous nous sommes rendus, Langevin et moi, à la Guerre, en passant par la prison du Cherche-Midi, pour savoir si Faltot y était; on l’y avait amené. Nous avons trouvé Cluseret et lui avons demandé pourquoi il avait fait arrêter le citoyen Faltot. Voici les raisons données par Cluseret: Faltot fils se serait présenté à la Guerre et se serait adressé à Rossel, qui, habillé en civil, l’aurait reçu, il l’avoue lui-même, un peu cavalièrement. Faltot fils se serait récrié contre cette manière de le recevoir et, d’une façon très vive, en le menaçant, il aurait dit à Rossel: «Ça ne se passera pas comme ça!» Voilà l’expression de Rossel. Ils continuaient, en montant l’escalier, et l’ordre aurait été donné d’empoigner Faltot fils. Son père, qui se trouvait, en même temps, sous le vestibule, entend l’ordre, et il dit aussitôt: «Eh! bien, empoignez aussi le père, si vous arrêtez le fils»; et Cluseret a dit: «Emmenez-les tous les deux!» (Murmures.)
SICARD. Permettez, citoyens; je raconte ce qui à été dit. Attendez le reste du récit pour juger. Le citoyen Cluseret nous a déclaré que l’ordre d’arrêter Faltot père était parti de Vincennes et que les motifs d’arrestation étaient ceux-ci: il y a un certain laps de temps, il y avait 800 chevaux à Vincennes et il n’y en a plus que 450. C’est donc une disparition de 350 chevaux, qui ne s’explique pas. D’un autre côté, plusieurs paysans avaient des chevaux de l’armée. Quant au fils Faltot, il nous a dit qu’il avait été très insolent et qu’il avait dû le faire arrêter. Mais, enfin, que reprochez-vous au père Faltot? » «Je lui reproche, a-t-il dit, d’avoir pris fait et cause pour son fils, alors qu’il se mettait en insurrection contre un officier d’état major; et, quant aux chevaux disparus, une enquête est ordonnée.»
«Et le citoyen Garanti?» «J’ai ordonné, nous a-t-il dit, sa mise en liberté ce matin.». Nous l’avons assuré du contraire. Alors est entré le citoyen Rossel. Nous lui avons dit que des membres du 7e arrondissement nous réclamaient la mise en liberté de Garanti. Sur la réponse de Cluseret, qu’il était libre: «Mais non, général, a répondu Rossel; je n’ai rien vu.» Alors Cluseret a pris un papier, pour signer une nouvelle mise en liberté. Le citoyen Rossel nous a dit: «Si le général n’était pas là, je ne la signerais pas.» «Mais enfin! lui avons-nous dit, que reprochez vous au citoyen Garanti?» «Je n’en sais rien; il est impliqué dans l’affaire du 105e. Nous lui avons dit qu’il avait été arrêté, hier, à la prison du Cherche-Midi et que l’ordre ne partait pas du ministère de la Guerre.» «C’est moi, a dit Rossel, qui ai signé l’ordre.» Enfin, d’après l’ordre de Cluseret, Garanti est actuellement en liberté. Nous avons été nous-mêmes à la prison du Cherche-Midi et nous avons demandé à parler au citoyen Faltot. Je crois que, dans cette affaire, il y a un malentendu.
Je suis certain que le citoyen Faltot est incapable d’avoir commis les actes que lui reproche le citoyen Cluseret. Il est possible que les reçus, constatant la disparition des chevaux, aient été égarés. Fallot nous a dit qu’il avait étudié un projet pour s’emparer du fort de Nogent aussitôt que les Prussiens le quitteraient. Ce projet a été approuvé par le colonel Henry, et il allait être porté par Faltot au citoyen Cluseret. Rossel a reçu Faltot fils, sur le palier, et en habit de ville; celui-ci ne l’a pas reconnu d’abord; mais, ensuite, sachant qui il était, il lui a répondu en se plaignant d’être reçu d’une façon cavalière. Rossel répondit qu’il n’avait pas le temps. Cluseret, survenant, aurait fait arrêter Faltot. Faltot nous a dit qu’il ne tenait pas à sa liberté, mais il demande que la Commune nomme une commission, pour étudier le plan relatif au fort de Nogent.
ANDRIEU rapporte un fait constatant, suivant lui, qu’il y a préméditation d’arrestation de la part de Rossel. «Les officiers du 105e bataillon se sont présentés à la Commission exécutive; les citoyens Fränckel et Grousset y étaient; nous leur avons remis une lettre pour le général, mais le citoyen Grousset nous prédit que cette lettre ne tomberait pas entre les mains du général, mais entre celles de Rossel. Le lendemain, nous avons reçu une lettre très froide nous annonçant que Garanti resterait en prison
DUPONT. Une chose me frappe dans ce que l’on vient de dire. On annonce que des chevaux ont disparu, et il a fallu l’arrestation du fils pour que l’on accuse le père de cette disparition.
LE PRÉSIDENT dit qu’il n’y a pas lieu de discuter davantage, aucune proposition n’ayant été déposée.
ARNOLD demande la liberté provisoire des citoyens Faltot père et fils.
SICARD demande que les membres de la Commission exécutive s’informent si Faltot est remplacé comme gouverneur de Vincennes.
PINDY explique qu’il a reçu 111 chevaux pour le service, provenant de Vincennes.
LE PRÉSIDENT donne lecture d’une proposition de Dereure: «Les citoyens Faltot père et fils seront mis en liberté provisoire en attendant qu’une enquête ait statué.»
Elle est acceptée.
On adopte ensuite que l’enquête sera faite par la Commission militaire.
RAOUL RIGAULT. Il est probable qu’à la prison du Cherche-Midi, on ne connaît que la signature Cluseret.
LE PRÉSIDENT. Alors, qu’on charge la Commission militaire de faire mettre immédiatement en liberté les citoyens Faltot. Je fais cette proposition à l’Assemblée: l’accepte-t-elle? (Oui, Oui!)
LE PRÉSIDENT. La Commission militaire s’en occupera de suite. Maintenant, nous avons à discuter le rapport présenté par le citoyen Miot. La parole est au citoyen Avrial.
AVRIAL. Je cède mon tour de parole à Bergeret.
BERGERET. La Commune avait jugé à propos de me mettre en état d’arrestation, et elle vient de me faire mettre en liberté; je tiens à déclarer que je n’apporte, ici, aucun sentiment d’amertume, mais au contraire mon dévouement tout entier. (Approbation.)
(À suivre.)
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