CLUSERET.
Je proteste contre ce mot de trahison. Qu’on s’explique!
CLUSERET.
Je répondrai immédiatement: non. Je réponds: non, parce que, le
jour où j’ai pris possession du ministère, je n’avais pas un
seul homme dont je puisse dire: voilà un homme organisé et prêt à
marcher. Je me suis trouvé en face de deux difficultés; la
première: compétition constante dans les comités, les légions et
les bataillons. J’ai, conformément aux instructions de la Commune,
supprimé les sous-comités; les comités de légion ont été
rétablis d’après les instructions données par la Commune, ainsi
que les rapports entre les municipalités et les chefs de légion.
J’ai réuni chez moi les chefs de légion ce matin; il en est venu
un grand nombre. Les rapports entre la municipalité et les chefs de
légion se réduisent à ceci: la municipalité décide des conflits
de pouvoir, de l’armement dans la limite des armes que possède
l’arrondissement, parce qu’elle seule a la liste de recensement.
Voilà toute la fonction de la municipalité vis-à-vis des chefs de
légion; en dehors de cela, le chef de légion est l’intermédiaire
de la Guerre. Ceci étant donné, j’ai les effectifs que
j’appellerai employés, qui vont un peu partout, à Asnières,
etc., etc., les effectifs de réserve et les effectifs sédentaires.
La grande difficulté est celle-ci: parer aux difficultés du service
actuel. J’ai des bataillons en voie de formation. Demain, j’ai
l’engagement du colonel Mayer d’avoir 40.000 hommes prêts à
marcher. Le colonel Vinot attend les bataillons pour les recevoir.
Mais il arrive ceci: des hommes prennent sur eux de donner des
ordres; ceci est la plaie de l’organisation, et je me trouve
entravé; il faut briser ces inconvénients-là.
AVRIAL demande si le général Cluseret a dans son service de pyrotechnie de la dynamite et pourquoi il n’en fait pas usage.
CLUSERET. Pardon! nous nous en servons tous les jours.
AVRIAL demande si l’on ne peut pas fabriquer des obus vissés et s’en servir.
AVRIAL demande si le général Cluseret a dans son service de pyrotechnie de la dynamite et pourquoi il n’en fait pas usage.
CLUSERET. Pardon! nous nous en servons tous les jours.
AVRIAL demande si l’on ne peut pas fabriquer des obus vissés et s’en servir.
PLUSIEURS
MEMBRES demandent la parole pour une motion d’ordre.
AVRIAL demande si le général Cluseret a pris toutes ses mesures pour mettre en état nos fortifications.
CLUSERET. Parfaitement, et je viens de donner l’ordre de réquisitionner les chèvres de Cail pour les grosses pièces de marine.
AVRIAL. Je demanderai à Cluseret qu’il établisse le rapport qui existe entre la dépense de munitions et la production.
CLUSERET demande des chiffres, et il y répondra. «Un retard s’est produit et pourquoi? Parce que le directeur de l’habillement s’est permis d’arrêter la distribution pour faire un inventaire. Cet homme a cru bien faire; mais, enfin, voilà un retard que je ne pouvais prévoir, et c’est pour cela que le chiffre de mon effectif est encore flottant. J’ai cependant communiqué les deux chiffres que voici : 16.000 hommes actifs et 45.000 hommes sédentaires. Aussitôt que les bataillons seront entrés dans le Champ-de-Mars et que l’organisation sera terminée, je pourrai vous renseigner chaque jour sur l’effectif.»
DELESCLUZE. Il ne faudrait pas entrer dans une discussion complète à propos de chaque interrogation; sans cela, nous n’en sortirions pas.
CLUSERET. Je ne demande pas mieux que d’abréger, mais j’ai cru devoir donner les détails que vous venez d’entendre.
LE PRÉSIDENT. Plusieurs membres ont demandé la parole, mais je dois la maintenir au citoyen Avrial, pour qu’il continue ses questions, puisqu’il a adopté la forme interrogatoire; seulement, je crois que le sentiment de l’assemblée est que les citoyens Cluseret et Avrial soient très brefs. (Oui!)
OUDET. J’ai demandé la parole.
UN MEMBRE. J’ai demandé la parole pour une motion d’ordre.
TRIDON. Mais c’est un moyen d’usurper la parole!
AVRIAL demande si le général Cluseret a pris toutes ses mesures pour mettre en état nos fortifications.
CLUSERET. Parfaitement, et je viens de donner l’ordre de réquisitionner les chèvres de Cail pour les grosses pièces de marine.
AVRIAL. Je demanderai à Cluseret qu’il établisse le rapport qui existe entre la dépense de munitions et la production.
CLUSERET demande des chiffres, et il y répondra. «Un retard s’est produit et pourquoi? Parce que le directeur de l’habillement s’est permis d’arrêter la distribution pour faire un inventaire. Cet homme a cru bien faire; mais, enfin, voilà un retard que je ne pouvais prévoir, et c’est pour cela que le chiffre de mon effectif est encore flottant. J’ai cependant communiqué les deux chiffres que voici : 16.000 hommes actifs et 45.000 hommes sédentaires. Aussitôt que les bataillons seront entrés dans le Champ-de-Mars et que l’organisation sera terminée, je pourrai vous renseigner chaque jour sur l’effectif.»
DELESCLUZE. Il ne faudrait pas entrer dans une discussion complète à propos de chaque interrogation; sans cela, nous n’en sortirions pas.
CLUSERET. Je ne demande pas mieux que d’abréger, mais j’ai cru devoir donner les détails que vous venez d’entendre.
LE PRÉSIDENT. Plusieurs membres ont demandé la parole, mais je dois la maintenir au citoyen Avrial, pour qu’il continue ses questions, puisqu’il a adopté la forme interrogatoire; seulement, je crois que le sentiment de l’assemblée est que les citoyens Cluseret et Avrial soient très brefs. (Oui!)
OUDET. J’ai demandé la parole.
UN MEMBRE. J’ai demandé la parole pour une motion d’ordre.
TRIDON. Mais c’est un moyen d’usurper la parole!
AVRIAL.
Je demande au citoyen Cluseret s’il connaît bien les éléments
qui composent son état-major.
CLUSERET.
Mais non! Je ne connaissais personne et je vous demande comment
quelqu’un, qui ne connaît personne, pourrait connaître
quelqn’un?
OUDET. J’ai demandé la parole.
PROTOT. Mais je ne puis donner la parole, puisque la parole est au rapporteur. L’assemblée a décidé que le rapport se ferait par question.
CLUSERET. Mon chef d’état-major m’a été donné par l’opinion publique; je l’ai pris, et il a fait une très bonne besogne et je ne me plains que d’une chose, c’est que, comme votre serviteur, il soit éreinté par un travail accablant.
AVRIAL. Cluseret pourrait-il nous dire de combien de bataillons se composent les corps d’armée qui opèrent en ce moment, les numéros de ces bataillons et où ils sont?
VOIX. C’est impossible.
AVRIAL. Alors je demanderai seulement combien Dombrowski a d’hommes?
OUDET. J’ai demandé la parole.
PROTOT. Mais je ne puis donner la parole, puisque la parole est au rapporteur. L’assemblée a décidé que le rapport se ferait par question.
CLUSERET. Mon chef d’état-major m’a été donné par l’opinion publique; je l’ai pris, et il a fait une très bonne besogne et je ne me plains que d’une chose, c’est que, comme votre serviteur, il soit éreinté par un travail accablant.
AVRIAL. Cluseret pourrait-il nous dire de combien de bataillons se composent les corps d’armée qui opèrent en ce moment, les numéros de ces bataillons et où ils sont?
VOIX. C’est impossible.
AVRIAL. Alors je demanderai seulement combien Dombrowski a d’hommes?
CLUSERET. Je ne connais pas le nombre d’hommes, attendu que j’envoie au citoyen Dombrowski trois, quatre bataillons, représentant comme effectif, 900 ou 1.200, 1.300 hommes et qu’il arrive, 2, 3, 400 hommes.
MEILLET. La cause en est donc dans un défaut d’organisation, et je vous le prouverai.
PROTOT, président. Il n’est pas possible que des membres prennent ainsi la parole. Il faut tenir compte du vote de l’assemblée, qui a décidé que le rapport se ferait par questions, auxquelles le citoyen Cluseret répondrait. La parole est au citoyen Avrial.
AVRIAL. Je demanderai au citoyen Cluseret combien il a de pièces d’artillerie.
CLUSERET. Il est impossible que je réponde à de pareilles questions.
AVRIAL. Je demanderai alors à Cluseret quel est le nombre de batteries qui opèrent avec le général Dombrowski.
CLUSERET. Il n’y a pas plus de batteries qu’il n’y a de corps d’armée. Les légions ne sont pas organisées, les bataillons même le sont à peine. Je sors d’un conseil de guerre avec Dombrowski, et lui-même m’a dit qu’il aimait mieux un effectif moins nombreux, mais solide; et les 1.800 hommes qu’il a sont la crème de trois ou quatre bataillons. Est-ce ma faute à moi si les hommes quittent leurs rangs? Puis-je forcer les officiers à rester à leur rang? Quant à l’artillerie, la proposition que j’avais à vous faire, c’était de vous rendre dans les arrondissements, de prêcher la guerre sainte aux artilleurs et de les faire descendre à l’heure militaire car c’est là la question du moment; il m’en faut à tout prix.
AARIAL. Je demanderai à Cluseret s’il a eu l’occasion d’apprécier les capacités du commandant Larue et pourquoi ce commandant, qui est peut-être le seul que nous ayons et qui ait les capacités militaires et les connaissances les plus étendues en artillerie, ait été arrêté.
CLUSERET. Mais non! il n’est pas arrêté.
PARISEL. C’est un canard.
CLUSERET. Il y a une grande erreur dans les accusations du citoyen Avrial. Il y a deux choses très différentes dans l’artillerie: il y a le personnel de l’artillerie et le matériel; et il y a, d’un autre côté, la partie active de l’artillerie. C’est celle-là qui nous manque. Quant à l’autre, le matériel , il va très bien. Je consomme beaucoup moins que je ne produis, et, par conséquent, cette partie est tout à fait satisfaisante.
LONGUET. Je crois que toutes ces questions auraient dû être adressées au général Cluseret dans son cabinet.
DELESCLUZE. Je demande que la Commune établisse les rapports de la commission militaire avec le délégué à la Guerre. Nous n’avons pu rencontrer le citoyen Cluseret à la Guerre et nous ne pouvons pas accepter ces agissements-là. Nous avons pris au sérieux notre mandat et nous l’exécuterons sérieusement. Les avis de dictature ne nous vont pas.
ClUSERET. Ils sont bien loin de ma pensée.
DELESCLUZE. Je viens en outre d’arrêter l’impression d’une affiche qui était attentatoire aux droits de la Commune, parce que le citoyen Cluseret demandait à des citoyens d’abdiquer entre ses mains.
CLUSERET. Je vous ai soumis cette affiche. Je demande à répondre.
DELESCLUZE.
Il me revient de tous côtés que le général Cluseret a déclaré à
maintes reprises qu’il ne s’inquiétait, ni de la Commission
exécutive, ni de la Commission militaire; il s’agit du salut de la
France et de la République, et vous ne permettrez à personne de
substituer sa volonté isolée à l’ensemble des volontés qui
doivent concourir au but commun.
ANDRIEU. Je demande la parole.
DELESCLUZE. Dombrowski est venu hier dans un état d’épuisement absolu; il m’a dit: «Je n’y tiens plus, remplacez-moi; on me laisse avec 1.200 hommes pour défendre Neuilly jusqu’à Asnières, et je n’ai jamais eu davantage. » Si le fait est vrai, c’est un acte de trahison.(Murmures divers.)
CLUSERET. Je proteste contre ce mot de trahison. Qu’on s’explique! (Bruit.)
ANDRIEU. Je demande la parole.
DELESCLUZE. Dombrowski est venu hier dans un état d’épuisement absolu; il m’a dit: «Je n’y tiens plus, remplacez-moi; on me laisse avec 1.200 hommes pour défendre Neuilly jusqu’à Asnières, et je n’ai jamais eu davantage. » Si le fait est vrai, c’est un acte de trahison.(Murmures divers.)
CLUSERET. Je proteste contre ce mot de trahison. Qu’on s’explique! (Bruit.)
(À
suivre.)
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