mardi 26 septembre 2017

Commune de Paris Séance du 23 avril 1871 (6)





VALLÈS. Je demande la parole. Citoyens, je voudrais bien que les membres de la Commune puissent entrer partout, puissent même forcer les portes, quand il s’agit de l'intérêt général et de l’honneur républicain.

ARNOULD. On se plaint de l’absence de rapports militaires. On-dit qu’il en est de même qu'au temps du Gouvernement de la Défense nationale. Je trouverais bon que la Commune fît paraître au moins deux rapports par jour.

VAILLANT. Ceci n’avait pas lieu, quand il y avait une Commission exécutive. Il faut renvoyer cela à la Commission militaire.

RANVIER. La Commission militaire n'a pas encore eu le temps de faire grand-chose de sérieux.

LANGEVIN. Je demande à ce que l'on fixe l’ordre du jour.

LE PRÉSIDENT. Voici les conclusions du rapport du citoyen Miot, qui propose l’ordre du jour et demande que Gambon et Beslay aillent visiter les prisons. (Lecture.)

GROUSSET. Je demande à interpeller le citoyen Beslay.

VOIX. Il n’est pas là.

LONGUET. Sur les conclusions du rapport, je demanderai si l’on a procédé à la destitution du citoyen Pilotell.

VERMOREL. Hier, cette destitution a dû avoir lieu; on s’est demandé seulement si on devait la livrer à la publicité.

MIOT. J’insiste pour qu’elle soit à l’Officiel.

ARNOULD. J’insiste aussi, car il y a là une question d’honnêteté, et il ne faut pas qu’on puisse nous accuser d’être des voleurs: nous sommes avant tout des honnêtes gens. Tout homme, qui commettra un acte d’indélicatesse, sera immédiatement destitué; nous sommes d’honnêtes gens et nous voulons être servis par d’honnêtes gens. (Très bien!)

VAILLANT. Je demande qu’on passe à l’ordre du jour. Pour ce qui a été argué contre Tridon, c’est inexact.

G. COURBET. Contrairement à l’esprit de la Commune, Pilotell a été nommé, je ne sais par qui, directeur des Beaux-Arts. Pilotell faisait des exactions partout et, sous l’ancienne administration Jules Ferry, il avait déjà commis des faits scandaleux. Il faut établir la loyauté partout, et le fait Chaudey est scandaleux. Je demande que la destitution de Pilotell soit insérée à l’Officiel.

VERMOREL, après des explications relatives à l'administration de Raoul Rigault, propose de passer à l’ordre du jour sur le rapport Miot. Il blâme la nomination de Pilotell aux Beaux-Arts. Ce dernier n’a pas dérobé d’argent, mais il demande, comme Courbet, la destitution de Pilotell.

VALLÈS. Il faudra déclarer, en destituant Pilotell, qu'il n’a pas dérobé d'argent. (Oui!)

VERMOREL. Nous ferons une note d’accord avec Rigault.

LONGUET. Voilà trois jours que la partie du public qui nous est sympathique attend la destitution du citoyen Pilotell, parce qu’on connaît sa légèreté, je pourrais presque dire sa folie. Si on discutait le rapport de Miot et si Rigault était là, je l’interpellerais assez vivement pour lui demander comment il avait confié une mission aussi importante à un homme qui peut être un brave garçon, mais qui a été enfermé dans sa jeunesse dans une maison de santé et pourrait l’être encore.

RANVIER. L’ordre du jour est demandé sur les conclusions du citoyen Miot.

VALLÈS. Je demande la parole. Citoyens, je voudrais bien que les membres de la Commune puissent entrer partout, puissent même forcer les portes, quand il s’agit de l'intérêt général et de l’honneur républicain.

MIOT. En ce qui concerne les prisons, il en est autrement. Ainsi, un individu pourrait se revêtir des insignes d'un membre de la Commune, pénétrer dans une prison, avec de mauvaises intentions. Le citoyen Rigault a donné l’ordre de ne laisser entrer que sur un ordre émanant de lui. Faites une demande à Rigault.

PLUSIEURS MEMBRES. Et les cartes ?

VALLÈS. Je demande qu’on constate qu’un membre de la Commune pourra entrer dans une prison à toute heure. Ainsi l’autre jour à Saint-Lazare…

AMOUROUX croit que, pour entrer dans une prison, il faut avoir des motifs sérieux, mais…(Bruit.) Il faut que celui qui est au secret y reste; nous sommes en guerre, il faut être sévère.

ARNOULD. Non, non! il n’y a pas de secret; c’est un reste de barbarie, auquel nous devons mettre un terme. (Oui, oui.)
(À suivre.)



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