Delscluze.
Si jamais peine sévère peut être portée, c’est contre ces
maltôtiers qui mangent le pain de nos soldats…
VIARD
demande la parole pour une communication très urgente. Il donne
lecture d’une note qui lui est remise par l’intendance, qui lui
demande 50.000 kilos de sucre et 2.000 hectolitres de vin.
«L’Intendance est un véritable chaos; et je me demande si on ne
doit pas réunir la Commission exécutive pour ces 50.000 kilos de
sucre et 2.000 hectolitres de vin, qu’on demande pour aujourd’hui
même. Il faut forcément, et de suite, remettre de l’ordre dans
cette partie du service.»
QUELQUES MEMBRES disent que l’Intendance va bientôt être dissoute.
OSTYN. Je propose de placer l’Intendance sous le contrôle absolu de la Commission des subsistances.
VIARD. Il y a urgence à prendre une mesure.
JOURDE. Il faut que chaque chef de service soit responsable de ce qui se passe dans son administration. Lorsqu’aux Finances, on me demande 200.000 francs, je me renseigne sur leur emploi, et je tâche de n’en donner que 50.000, s’ils peuvent suffire. Nous ne pouvons pas, lorsqu’il y a lieu de prendre une mesure, lorsqu’une demande nous est faite, venir consulter l’assemblée. Chacun a son rôle et celui de l’assemblée n’est pas de se préoccuper de la solution de questions sur lesquelles elle n’est pas compétente.
VIARD. L’Intendance militaire nous a déclaré vingt fois qu’elle nous était supérieure comme organisation et approvisionnement; mais, en présence de cette demande de 50.000 kilos de sucre, il faut aviser.
MEILLET. Je demande qu’on supprime immédiatement l’Intendance.
VIARD. J’ai le droit de dire, je le répète, que je puis m’étonner de ce qui se passe, et il faut prendre des mesures. Si l’on a fait demander de l’argent à Jourde, c’était en prévision d’un marché. C’est une simple mesure de prudence.
QUELQUES MEMBRES disent que l’Intendance va bientôt être dissoute.
OSTYN. Je propose de placer l’Intendance sous le contrôle absolu de la Commission des subsistances.
VIARD. Il y a urgence à prendre une mesure.
JOURDE. Il faut que chaque chef de service soit responsable de ce qui se passe dans son administration. Lorsqu’aux Finances, on me demande 200.000 francs, je me renseigne sur leur emploi, et je tâche de n’en donner que 50.000, s’ils peuvent suffire. Nous ne pouvons pas, lorsqu’il y a lieu de prendre une mesure, lorsqu’une demande nous est faite, venir consulter l’assemblée. Chacun a son rôle et celui de l’assemblée n’est pas de se préoccuper de la solution de questions sur lesquelles elle n’est pas compétente.
VIARD. L’Intendance militaire nous a déclaré vingt fois qu’elle nous était supérieure comme organisation et approvisionnement; mais, en présence de cette demande de 50.000 kilos de sucre, il faut aviser.
MEILLET. Je demande qu’on supprime immédiatement l’Intendance.
VIARD. J’ai le droit de dire, je le répète, que je puis m’étonner de ce qui se passe, et il faut prendre des mesures. Si l’on a fait demander de l’argent à Jourde, c’était en prévision d’un marché. C’est une simple mesure de prudence.
JOURDE.
On m’a aussi proposé d’acheter à bon prix 1.000 chevaux
prussiens et pour la somme de 400.000 francs. J’ai répondu qu’on
pouvait les réquisitionner; mais que je ne ferais pas une pareille
affaire.
DELESCLUZE. La Commission militaire s’était préoccupée de cette situation. Ce matin, nous avons eu une assez longue conversation avec le général Cluseret. Il a été décidé que tous les services de la Guerre seraient soumis au contrôle absolu d’un des membres de la Commission militaire. On s’est partagé les services. Demain, on doit visiter les magasins, s’assurer de l’habillement, des munitions, de l’effectif, des chevaux. Je dois dire que le citoyen Cluseret a montré la plus grande bonne volonté pour nous mettre à même de remplir notre mandat dans toute son intégrité. Ce qui s’est passé hier dans l’Assemblée l’a ramené à des idées qu’il n’avait pas. À partir d’aujourd’hui, les services doivent être ramenés à des mesures sérieuses. Moi, je suis chargé de l’habillement, et je prétends qu’avec l’habillement renouvelé, nous rendrons à la Garde nationale son esprit et sa bonne volonté. Quand les soldats auront des pantalons et des souliers, qu’ils ne seront plus in naturalibus, comme on dit, ils viendront. Savez-vous ce qu’on a dit aux soldats de Versailles pour les faire battre? «Les gens que vous avez devant vous sont des repris de justice: voyez comme ils sont habillés.» Le citoyen Arnold restera à la Garde nationale, en sorte que, tous les jours; nous aurons le résultat des opérations de la journée précédente. Notre mission ne sera pas une sinécure; nous tiendrons la main à ce que la défense prenne le caractère qu’elle aurait dû avoir depuis longtemps et qu’elle n’a peut-être perdu que par suite de la réorganisation. J’ai vu moi-même aujourd’hui le colonel chargé de la réorganisation, et il m’a donné les numéros des 2 bataillons de marche nouveaux. Ils seront casernés au Champ-de-Mars. Sous peu de jours, nous pensons en avoir 75 ou 80, ce qui nous permettra d’envoyer à ce malheureux Dombrowski des forces suffisantes. Il n’a en ce moment que 1.906 hommes. Nous en avons reçu les états ce matin. C’est certainement mieux que précédemment, puisqu’il n’en avait que onze à douze cents; mais ce n’est pas assez. Nous avons dit à Cluseret qu’il ne fallait pas en rester là et qu’il nous fallait une défense présentable, depuis Saint-Denis jusqu’à Issy. La Commission militaire n’a aucune plainte à former sur la manière dont elle a été reçue par Cluseret. Je lui ai dit ce que je croyais être la vérité et j’ajoute que, loin d’avoir rencontré chez lui des faux-fuyants, il s’est mis entièrement à notre disposition. Le Directeur de l’habillement est changé. Quant à l’ancienne administration, sa comptabilité sera contrôlée de très près, car il nous est revenu qu’il y avait du gaspillage. Si jamais peine sévère peut être portée, c’est contre ces maltôtiers qui mangent le pain de nos soldats; et je dirai que, si la Cour martiale prononçait jamais la peine de mort, je serais le premier à dire : «Fusillez!»
DELESCLUZE. La Commission militaire s’était préoccupée de cette situation. Ce matin, nous avons eu une assez longue conversation avec le général Cluseret. Il a été décidé que tous les services de la Guerre seraient soumis au contrôle absolu d’un des membres de la Commission militaire. On s’est partagé les services. Demain, on doit visiter les magasins, s’assurer de l’habillement, des munitions, de l’effectif, des chevaux. Je dois dire que le citoyen Cluseret a montré la plus grande bonne volonté pour nous mettre à même de remplir notre mandat dans toute son intégrité. Ce qui s’est passé hier dans l’Assemblée l’a ramené à des idées qu’il n’avait pas. À partir d’aujourd’hui, les services doivent être ramenés à des mesures sérieuses. Moi, je suis chargé de l’habillement, et je prétends qu’avec l’habillement renouvelé, nous rendrons à la Garde nationale son esprit et sa bonne volonté. Quand les soldats auront des pantalons et des souliers, qu’ils ne seront plus in naturalibus, comme on dit, ils viendront. Savez-vous ce qu’on a dit aux soldats de Versailles pour les faire battre? «Les gens que vous avez devant vous sont des repris de justice: voyez comme ils sont habillés.» Le citoyen Arnold restera à la Garde nationale, en sorte que, tous les jours; nous aurons le résultat des opérations de la journée précédente. Notre mission ne sera pas une sinécure; nous tiendrons la main à ce que la défense prenne le caractère qu’elle aurait dû avoir depuis longtemps et qu’elle n’a peut-être perdu que par suite de la réorganisation. J’ai vu moi-même aujourd’hui le colonel chargé de la réorganisation, et il m’a donné les numéros des 2 bataillons de marche nouveaux. Ils seront casernés au Champ-de-Mars. Sous peu de jours, nous pensons en avoir 75 ou 80, ce qui nous permettra d’envoyer à ce malheureux Dombrowski des forces suffisantes. Il n’a en ce moment que 1.906 hommes. Nous en avons reçu les états ce matin. C’est certainement mieux que précédemment, puisqu’il n’en avait que onze à douze cents; mais ce n’est pas assez. Nous avons dit à Cluseret qu’il ne fallait pas en rester là et qu’il nous fallait une défense présentable, depuis Saint-Denis jusqu’à Issy. La Commission militaire n’a aucune plainte à former sur la manière dont elle a été reçue par Cluseret. Je lui ai dit ce que je croyais être la vérité et j’ajoute que, loin d’avoir rencontré chez lui des faux-fuyants, il s’est mis entièrement à notre disposition. Le Directeur de l’habillement est changé. Quant à l’ancienne administration, sa comptabilité sera contrôlée de très près, car il nous est revenu qu’il y avait du gaspillage. Si jamais peine sévère peut être portée, c’est contre ces maltôtiers qui mangent le pain de nos soldats; et je dirai que, si la Cour martiale prononçait jamais la peine de mort, je serais le premier à dire : «Fusillez!»
(À
suivre.)
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