mardi 19 septembre 2017

Commune de paris Séance du 18 avril 1871 comité secret



Le citoyen RIGAULT repousse dans ce programme le mot de «communisme césarien»…

Président : Fortuné HENRY.

La séance est ouverte à dix heures.

L’ordre du jour appelle la discussion du programme communal.

La Commune se forme en comité secret.

Le citoyen VALLÈS donne une seconde fois lecture du programme proposé par la Commission.

Le citoyen RIGAULT repousse dans ce programme le mot de «communisme césarien» qui est un blâme déguisé à toute une école socialiste et pourrait faire croire qu’il y a eu entente entre les communistes et Bonaparte, tandis qu’en réalité les communistes sont peut-être la seule école socialiste qui ait lutté d’une façon sérieuse contre l’Empire et mêlé l’action politique à l’action sociale.

Le citoyen LEFRANÇAIS repousse aussi le mot de «communisme césarien» comme une calomnie et une erreur économique et historique.

Après quelques observations du citoyen FRAENCKEL, le citoyen VALLÈS, au nom de la Commission, retire le membre de phrase incriminé.

Le citoyen GROUSSET demande que l’on remplace par les mots «Paris ne veut rien de plus» les mots «Paris ne demande rien de plus.»

Le citoyen VALLÈS accepte la substitution.

Le citoyen GROUSSET demande en second lieu que l’on insiste dans le programme pour l’éloignement des troupes de Versailles.

Le citoyen THEISZ fait observer que cet éloignement doit être demandé dans un traité, si l’on en fait un avec Versailles, mais non dans un programme communal.

Les citoyens PARISEL et VALLÈS sont pour la demande immédiate d’éloignement.

Après quelques observations des citoyens JOURDE, VICTOR CLÉMENT, VARLIN et BILLIORAY, la discussion est close, et la demande du citoyen Grousset n’est pas prise en considération.

Une proposition du citoyen LEFRANÇAIS qu’on donne à la Commune la seule direction de l’enseignement primaire est repoussée.

Le programme est adopté à l’unanimité, moins une voix: il est décidé qu’il ne paraîtra que le surlendemain à l’Officiel.

La lecture du rapport des élections est renvoyée au lendemain; il est seulement décidé sur la proposition du citoyen PASCHAL GROUSSET, que les citoyens qui ont obtenu le huitième du nombre de votants, seront admis aux séances.

Le citoyen RIGAULT donne lecture de quelques passages du Bien Public et de la Cloche et demande si, dans les circonstances présentes, on peut laisser paraître des feuilles qui appellent les troupes de Versailles «nos soldats».

Le citoyen VALLÈS demande que l’on supprime tous les journaux, mais qu’on ne frappe pas quelques journaux particuliers.

Après quelques observations des citoyens AVRIAL, V. CLÉMENT, AMOUROUX, JOURDE, ASSI et MALON, il est décidé que la note suivante paraîtra à l’Officiel:
«Attendu que le principe de la liberté de la presse ne comporte pas l’existence à Paris de journaux qui sont favorables aux intérêts de l’armée ennemie, sont supprimés les journaux le Bien Public, le Soir, la Cloche et l’Opinion nationale

On donne lecture du projet de décret du jury d’accusation.

Le citoyen VALLÈS demande que le vieux formulaire soit changé, que le langage du projet ne soit point adopté et que l’on adopte au lieu des mots «agents de la force  publique » ceux de la «Garde nationale».

Après quelques observations des citoyens PROTOT, GAMBON, RIGAULT, LEFRANÇAIS, ASSI, JOURDE, l’amendement est adopté.

Le projet ainsi amendé est adopté à l’unanimité des voix.

Il est formé une Commission d’enquête sur chacun des membres de la Commune. Les citoyens Protot, Rigault, Miot, Demay et Langevin, sont nommés membres de cette Commission.

Le citoyen PROTOT demande l’urgence pour un décret sur la Caisse des dépôts et consignations.

Le citoyen LANGEVIN demande comment il se fait qu’il n’y ait pas de minorité de faveur dans la Cour martiale.

Le citoyen PROTOT, tout en trouvant malheureux l’arrêté de la Guerre qui a réglé la formation de cette Cour martiale, rappelle au citoyen Langevin que cette cour ne comprend que 5 membres au lieu de 7, qui est le chiffre ordinaire.

La séance est levée à 2 heures moins 20.


Lu dans le Cri du Peuple, 18 avril 1871.

«Paris le 16 avril 1871.
Mon cher Vallès,
Veuillez être assez bon pour donner l’hospitalité à ces quelques lignes dans votre estimable journal.
Je donne un démenti formel à la rédaction de la Cloche, lorsqu’elle prétend qu’un garde national du 240e bataillon aurait été arrêté pour vol sur la dénonciation d’un de ses camarades, et me fait dire à moi, leur chef de bataillon: «Tu es payé et nourri et tu voles, allons, à genoux qu’on t’exécute!» Sachez, messieurs de la rédaction de la Cloche, que les gardes du 240e bataillon ne sont jamais sortis du devoir et du sentier de l’honneur, et qu’ils ne m’ont jamais mis dans la situation de faire une exécution aussi sommaire que vous le dites. […]»
Le Commandant de la place du Point-du-Jour et chef du 240e bataillon, P. Lavaux.


«Liberté pour tous!
Citoyens du Comité de la Garde nationale, on prétend dans tous les groupes, partout où l’on jase, partout où l’on écrit, que vous avez supprimé deux journaux : le Gaulois et le Figaro.
Faites taire ce bruit.
Il faut la liberté pour tous. la liberté pleine et entière! Que les méchants, les bavards écrivent et disent ce qu’ils voudront, la sagesse de la population en fera justice, soit en ne les écoutant pas, soit en ne les achetant pas.
Laissez également les imprimeurs travailler pour Pierre, Paul ou Jacques. C’est à nous qu’il appartient de montrer ce qu’on entend par liberté.»
Jean-Baptiste Clément.
«Carmagnoles», Le Cri du Peuple, 23 mars 1871.

«J’ai écrit, il y a bien longtemps, et je répète aujourd’hui, que je suis pour la liberté de la presse absolue et illimitée. Je regrette donc profondément qu’ont ait empêché le Gaulois et le Figaro de reparaître, eussent-ils dû encore rire de nos canons et nous appeler des pillards! La liberté sans rivages.»
Jules Vallès.
Le Cri du Peuple, 22 mars 1871, 2e édition, cité par Gaston Gilles, Jules Vallès, ses révoltes, sa maîtrise, son prestige, Jouve & Cie, Paris, 1941.


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