dimanche 15 octobre 2017

Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme !: Les femmes sont constamment invisibilisées

« Trouvez-vous que l’égalité entre les femmes et les hommes progresse ? » Voilà une question qui
est souvent posée à Osez le féminisme !. Chaque jour porte son lot de bonnes comme de
mauvaises nouvelles sur le front de l’égalité. Les associations féministes comme la nôtre se
consolident des sujets qui apparaissent dans le débat public, mais les conservateurs renforcent
leurs discours. Le monde est plein d’héroïnes, comme il est plein d’agresseurs. Une chose est
donc sûre, l’égalité ne progresse pas seule. Nous construisons les victoires et affrontons les
reculs. Par nous j’entends le mouvement féministe, les citoyennes et citoyens engagé-e-s, mais
aussi, bien sûr, les personnes au pouvoir. De la même manière que l’issue de la dernière élection
présidentielle était incertaine, il est sûrement trop tôt pour pouvoir affirmer quel sera le
traitement réservé à nos droits au cours de ce quinquennat, ne serait-ce qu’en fonction des
résultats des législatives.
Nous pouvons néanmoins analyser les premiers signaux qui nous ont été adressés, ils sont plutôt
inquiétants : une mise en scène sexiste lors de la soirée de la victoire, un premier ministre dont
les votes en tant que député ne reflètent pas un grand souci de l’égalité, un ministre des
Finances allié de la Manif pour tous… Et un secrétariat d’État à l’Égalité entre les femmes et les
hommes, plutôt qu’un ministère des Droits des femmes. Parmi les revendications claires et
consensuelles au sein du mouvement féministe, il y a en effet la demande d’un ministère plein et
entier consacré aux droits des femmes. Ça n’est pas une lubie ni un attachement irrationnel à
l’ordre protocolaire. Les femmes sont constamment invisibilisées, effacées des politiques et des
représentations publiques. Il y a pourtant urgence à agir, tant la situation est critique de tous
les points de vue : violences masculines, violences économiques, non-accès aux droits… Les
hommes bénéficient, eux, du privilège d’être des « agents neutres », l’universel en permanence au
centre de toutes les politiques, même de manière inconsciente. Alors qu’un ministère des Droits
des femmes est une nécessité. Lors de la composition du gouvernement, c’eût été un marqueur
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politique fort, mais surtout l’amorce d’une politique gouvernementale ambitieuse, une preuve que
le président de la République et le premier ministre étaient à l’écoute des associations. Dont
acte. Nous travaillerons donc avec Marlène Schiappa, secrétaire d’État rattachée au premier
ministre.
Il nous revient pourtant de ne pas nous satisfaire, tant que nos revendications ne seront pas
entendues, tant que les situations des femmes ne seront pas améliorées. Nous avons aussi à
mobiliser et à proposer, pour que les voix de toutes les femmes soient entendues. C’est pour cela
que nous allons poursuivre la campagne Osez l’égalité ! pour porter nos revendications auprès des
candidat-e-s aux législatives. Quant au gouvernement, nous avons analysé le programme d’En
marche !, et y avons trouvé des points positifs comme des points négatifs. Le mandat débute à
peine, il est encore temps de prendre un tournant fort et décisif en faveur des droits des
femmes : une grande cause nationale, un budget rectificatif qui fait la part belle aux politiques
féministes, la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, maintenant. Nous
attendons des actes.

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