mercredi 4 octobre 2017

Commune de Paris Séance du 26 avril 1871 (1)





  Président : Johannard.
Assesseur : Mortier.

La séance est ouverte à 4 heures moins 10 minutes.

LE PRÉSIDENT. Le secrétaire a la parole pour la lecture du procès-verbal.

Lecture du procès-verbal.

ARNAUD, OSTYN, FRAENCKEL se plaignent de l’inexactitude du compte rendu analytique publié à l’
Officiel. Il leur a été prêté des paroles qu’ils n’ont pas prononcées. Ils font les rectifications nécessaires.

Le procès-verbal est adopté.

L’assemblée se constitue en Comité secret.

LE PRÉSIDENT donne lecture d’une lettre du citoyen Malon, s’excusant de ne pouvoir assister à la séance, devant présider aux funérailles des morts du 107
e bataillon, et d’une lettre du citoyen Rastoul, déclarant donner sa démission d’inspecteur général des ambulances.

LANGEVIN. Est-ce que le citoyen Rastoul maintient sa démission ?

RASTOUL. Je demande la parole. Il m’est impossible d’accepter des fonctions, si je suis ainsi entravé à chaque instant par l’autorité militaire. Je dépends de la Commune ; je n’ai aucun rapport avec l’autorité militaire que je ne veux pas connaître. Si la Commune ne se prononce pas sur l’arrêté qui consiste à demander qu’aucun citoyen, quel que soit son titre, ne s’oppose au libre exercice de l’inspection des ambulances, je déclare qu’il m’est impossible de remplir le devoir que vous m’avez confié.

VERMOREL. Citoyens, nous n’avons pas à discuter : nous avons à accepter la démission du citoyen Rastoul. Mais l’accepter dans les termes dans lesquels il la donne serait manquer à notre dignité. Le citoyen Rastoul veut à chaque instant faire des questions de personnalités. J’ai eu des renseignements sur l’affaire de Neuilly : le citoyen Rastoul s’est présenté aux portes, et il n’a même pas fait valoir son titre de membre de la Commune.

RASTOUL proteste.

VERMOREL. C’est tout simplement une question d’amour-propre mal compris, et je vois que Rastoul s’est montré à la porte de Paris tel qu’il se montre au milieu de nous. Et si nous, ici, nous tolérons une foule d’extravagances, l’autorité militaire, elle, ne peut les tolérer. Si la lettre de Rastoul était publiée in extenso, elle serait funeste à la Commune tout entière, et je désire au contraire que l’on insère au procès-verbal nos protestations contre une pareille manière d’agir.

LANGEVIN. Rastoul n’a pas été institué le gardien de notre dignité. Nous pouvons bien la faire respecter nous-mêmes.

J.-B. CLÉMENT. Je proteste contre les paroles de Vermorel. On doit toujours nous ouvrir la porte, lorsque nous nous présentons quelque part, et, pour moi, je déclare qu’il m’a été aussi interdit de sortir de Paris. Pour ce qui est des extravagances que l’on reproche à l’assemblée, je déclare, pour moi, que ce ne sont pas des extravagances et qu’il importe au contraire que nous évitions une trop grande tolérance.

RASTOUL. Je déplore que l’on ait qualifié d’extravagance la plainte que je vous ai adressée par écrit, afin de ne pas me laisser entraîner dans la discussion. Voici les faits : je me suis présenté aux portes de Paris à 3 h. Le colonel Henry est venu à moi d’une façon inconvenante ; je lui ai alors fait voir ma carte de membre de la Commune, j’ai déboutonné ma capote pour lui faire observer que non seulement j’étais membre de la Commune, mais encore que je la représentais tout entière dans le service spécial qui m’est confié. Je n’ai pas pu obtenir satisfaction. Le colonel Henry m’a empêché hier de passer, et je prie le président, si la Commune n’est pas assez renseignée, de relire ma lettre. Il faut que je puisse passer où le devoir m’appelle. Quand je suis arrivé avec une carte de la Commune, on a méconnu mon autorité. Devant le refus de l’autorité militaire j’ai dû me soumettre, mais en protestant contre l’atteinte portée à la dignité d’un membre de la Commune. Pour éviter à l’avenir un pareil conflit, je demande que la Commune prenne un arrêté qui me permette de remplir mon service. Il ne s’agit pas ici d’une question de personne, mais bien d’une question de principe.
Plusieurs voix. La clôture !

RASTOUL. Ma démission est maintenue si l’assemblée ne se prononce pas sur l’arrêté dont j’ai donné lecture hier.
Plusieurs voix. La clôture !

La clôture mise aux voix est prononcée.

RASTOUL demande le vote sur sa démission.

LE PRÉSIDENT consulte l’assemblée pour savoir si elle accepte la demande faite par le citoyen Rastoul.
Plusieurs membres. On a voté, contre.

RASTOUL. Ma démission est-elle acceptée ?

LE PRÉSIDENT. La lettre ne paraîtra pas à l’
Officiel, mais la démission du citoyen Rastoul est acceptée.

VERMOREL. Nous avons déjà vu bien des fois l’inconvénient de ces nominations-là. Je crois que nous devrions nommer quelqu’un en dehors de nous. L’on peut s’adresser à Tridon qui est à la Guerre et qui peut nous servir en cela mieux que bien d’autres.

RÉGÈRE (prend la parole, disant qu’il va monter à cheval et dit :) – Je vais à Asnières, j’ai des bataillons de mon secteur engagés. Je n’ai pas ma carte, je demande si j’éprouverai de la résistance aux portes.
Plusieurs voix. Certainement. Allez à la questure.

LE PRÉSIDENT lit la lettre suivante. Lettre d’un juge à la Cour martiale, chef de la 1
re légion, Boursier, donnant sa démission de membre de la Cour martiale.
Communication des conseillers municipaux de Lyon. L’assemblée décide qu’on n’en donnera pas lecture.
(À suivre.)



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