« Les solitaires vivent de
leur cœur, comme ces sortes d' animaux qui, faute d'aliments
extérieurs, se nourrissent de leur propre substance ».
« Renonçant à tous les
partis , je ne me suis attaché qu'à celui de la vérité :
l'ai-je trouvée ? Je n'ai pas l'orgueil de la prétendre ».
« Je puis me tromper sans
doute, mais si je ne suis pas toujours juste, je serais toujours de
bonne foi ».
« Comme en France encore,
l'antipathie des pauvres et des riches étoit à son comble. À dieu
ne plaise que je veuille que je veuille fermer les oreilles à la
voix du nécessiteux. Je sais m'attendrir sur le malheur des autres :
mais, dans ce siècle de philanthropie, nous avons trop déclamé
contre la fortune. Les pauvres, dans les états, sont infiniment plus
dangereux que les riches, et souvent ils valent moins qu'eux ».
« Ici, on les noie par
milliers : là, on ouvre les portes des cachots pleins de
victimes , et l'on y décharge du canon à mitraille. Le coutelas des
guillotines tombe jour et nuit. Ces machines de destruction sont trop
lentes au gré des bourreaux ; des artistes de mort en inventent
qui peuvent trancher plusieurs têtes d'un seul coup. Les places
publiques inondées de sang deviennent impraticables ; il faut
changer le lieu des exécutions : en vain d'immenses carrières
ont été ouvertes pour recevoir les cadavres, elles sont comblées ;
on demande à en creuser de nouvelles. Vieillards de 80 ans, jeunes
filles de 16, pères et mères, sœurs et frères, enfants, maris,
épouses meurent couverts du sang des uns et des autres. Ainsi les
jacobins atteignent à la fois quatre fins principales, vers
l'établissement de leur république : ils détruisent
l'inégalité des rangs, nivellent les fortunes , relèvent les
finances par la confiscation des biens des condamnés, et s'attachent
l'armée en la berçant de l'espoir de posséder un jour ces
propriétés ».
« Il n'est point de
révolution, là où elle n'est pas opérée dans le cœur : on
peut détourner un moment par force le cours des idées ; mais
si la source dont elles découlent , n'est changée, elles
reprendront bientôt leur pente ordinaire ».
« Nous en tirerons cette
leçon affligeante : que, dans tous les âges, les hommes ont
été des machines qu'on a fait s'égorger avec des mots ».
« Tel est l'esprit qui
nous gouverne : nous ne pouvons souffrir ce qui s'écarte de nos
vues étroites, de nos petites habitudes. De la mesure de nos idées,
nous faisons la borne de celle des autres. Tout ce qui va au delà
nous blesse ».
« Platon, Aristote,
Montesquieu, Jean-Jacques vécurent dans un âge corrompu ; il
falloit refaire les hommes par les lois : sous Thalès, il
falloit refaire les lois par les hommes. J'ai peur de ne pas être
entendu . Je m'explique : les mœurs, prisent absolument,
sont l'obéissance ou la désobéissance à ce sens intérieur qui
nous montre l'honnête et le déshonnête, pour faire celui là et
éviter celui ci . La politique est cet art prodigieux par
lequel on parvient à faire vivre en corps, les mœurs antipathiques
de plusieurs individus. Il faudroit savoir à présent ce que ce sens
intérieur commande ou défend rigoureusement ».
Pour
Chateaubriand, composition d'un gouvernement : Peuple,
Sénat, Roi (p, s, r). Il compare le gouvernement Carthagenois comme
une république car l'ordre est Peuple, Sénat et Roi. Pour que ça
devienne une monarchie comme l'Angleterre, il suffit de changer
l'ordre des lettres, Roi, Sénat et Peuple. Et il conclut sa
démonstration par cette phrase :
« Et l'un et l'autre
gouvernement seront excellents : le premier à Carthage chez un
petit peuple simple et pauvre ; le second en Angleterre, chez
une grande nation, cultivée et riche ».
« Outre la barrière
naturelle qui les protège contre une force invasive, s'ils sont
insulaires, ou placés sur un continent éloigné, la superfluité de
leur population trouve sans cesse un écoulement au dehors, sans
demeurer en un état croupissant de stagnation de l'intérieur. Le
reste des citoyens , occupés du commerce de la patrie, a peu le
temps de s''embarrasser de rêveries politiques. Là où les bras
travaillent, l'esprit est en repos ».
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