mardi 17 octobre 2017

Chateaubriand François-René Essai sur les révolutions Partie 1



« Les solitaires vivent de leur cœur, comme ces sortes d' animaux qui, faute d'aliments extérieurs, se nourrissent de leur propre substance ».

« Renonçant à tous les partis , je ne me suis attaché qu'à celui de la vérité : l'ai-je trouvée ? Je n'ai pas l'orgueil de la prétendre ».

« Je puis me tromper sans doute, mais si je ne suis pas toujours juste, je serais toujours de bonne foi ».

« Comme en France encore, l'antipathie des pauvres et des riches étoit à son comble. À dieu ne plaise que je veuille que je veuille fermer les oreilles à la voix du nécessiteux. Je sais m'attendrir sur le malheur des autres : mais, dans ce siècle de philanthropie, nous avons trop déclamé contre la fortune. Les pauvres, dans les états, sont infiniment plus dangereux que les riches, et souvent ils valent moins qu'eux ».

« Ici, on les noie par milliers : là, on ouvre les portes des cachots pleins de victimes , et l'on y décharge du canon à mitraille. Le coutelas des guillotines tombe jour et nuit. Ces machines de destruction sont trop lentes au gré des bourreaux ; des artistes de mort en inventent qui peuvent trancher plusieurs têtes d'un seul coup. Les places publiques inondées de sang deviennent impraticables ; il faut changer le lieu des exécutions : en vain d'immenses carrières ont été ouvertes pour recevoir les cadavres, elles sont comblées ; on demande à en creuser de nouvelles. Vieillards de 80 ans, jeunes filles de 16, pères et mères, sœurs et frères, enfants, maris, épouses meurent couverts du sang des uns et des autres. Ainsi les jacobins atteignent à la fois quatre fins principales, vers l'établissement de leur république : ils détruisent l'inégalité des rangs, nivellent les fortunes , relèvent les finances par la confiscation des biens des condamnés, et s'attachent l'armée en la berçant de l'espoir de posséder un jour ces propriétés ».

« Il n'est point de révolution, là où elle n'est pas opérée dans le cœur : on peut détourner un moment par force le cours des idées ; mais si la source dont elles découlent , n'est changée, elles reprendront bientôt leur pente ordinaire ».

« Nous en tirerons cette leçon affligeante : que, dans tous les âges, les hommes ont été des machines qu'on a fait s'égorger avec des mots ».

« Tel est l'esprit qui nous gouverne : nous ne pouvons souffrir ce qui s'écarte de nos vues étroites, de nos petites habitudes. De la mesure de nos idées, nous faisons la borne de celle des autres. Tout ce qui va au delà nous blesse ».

« Platon, Aristote, Montesquieu, Jean-Jacques vécurent dans un âge corrompu ; il falloit refaire les hommes par les lois : sous Thalès, il falloit refaire les lois par les hommes. J'ai peur de ne pas être entendu . Je m'explique : les mœurs, prisent absolument, sont l'obéissance ou la désobéissance à ce sens intérieur qui nous montre l'honnête et le déshonnête, pour faire celui là et éviter celui ci . La politique est cet art prodigieux par lequel on parvient à faire vivre en corps, les mœurs antipathiques de plusieurs individus. Il faudroit savoir à présent ce que ce sens intérieur commande ou défend rigoureusement ».

Pour Chateaubriand, composition d'un gouvernement : Peuple, Sénat, Roi (p, s, r). Il compare le gouvernement Carthagenois comme une république car l'ordre est Peuple, Sénat et Roi. Pour que ça devienne une monarchie comme l'Angleterre, il suffit de changer l'ordre des lettres, Roi, Sénat et Peuple. Et il conclut sa démonstration par cette phrase :

« Et l'un et l'autre gouvernement seront excellents : le premier à Carthage chez un petit peuple simple et pauvre ; le second en Angleterre, chez une grande nation, cultivée et riche ».

« Outre la barrière naturelle qui les protège contre une force invasive, s'ils sont insulaires, ou placés sur un continent éloigné, la superfluité de leur population trouve sans cesse un écoulement au dehors, sans demeurer en un état croupissant de stagnation de l'intérieur. Le reste des citoyens , occupés du commerce de la patrie, a peu le temps de s''embarrasser de rêveries politiques. Là où les bras travaillent, l'esprit est en repos ».



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