Vermorel.
Je tiens à déclarer que je n’entends faire aucune distinction
entre les délits politiques et les délits de droit commun.
Président
: RANVIER.
Assesseurs : ARTHUR ARNOULD et VERMOREL.
Assesseurs : ARTHUR ARNOULD et VERMOREL.
La
séance est ou verte à 4 h.
Lecture du procès-verbal.
LANGEVIN. Je demande la parole au sujet du compte rendu analytique. Je demande que l’on fasse mention à l’Officiel que, de même que le citoyen Vésinier, je me suis abstenu de prendre part au vote de la Commission chargée de réviser les actes de la Cour martiale.
BLANCHET fait la même observation.
VÉSINIER. J’avais demandé à motiver mon vote; on ne l’a pas voulu: j’ai simplement déclaré m’abstenir, en donnant les raisons de mon abstention.
LONGUET. L’Officiel a tenu compte de l’observation du citoyen Vésinier. Seulement, je me suis permis de changer le mot législatif en celui de judiciaire.
Le procès-verbal mis aux voix est adopté.
VERMOREL. L’Officiel me fait dire que je suis partisan de l’abolition du secret en principe, mais que j’en demande le maintien pour les affaires politiques. C’est là une erreur. J’ai dit au contraire que je ne croyais pas que le secret pût être aboli. Mais, d’ailleurs, je tiens à déclarer que je n’entends faire aucune distinction entre les délits politiques et les délits de droit commun.
RASTOUL. Je vais donner lecture d’une lettre que j’adresse à la Commune. J’ai donné cette forme à ma demande, afin que l’expression ne dépassât pas ma pensée.
Lecture. [Manque – au crayon rouge, l’incident Rastoul ne doit pas être mentionné.]
HENRY FORTUNÉ. Le citoyen Rastoul n’était pas seul, lorsqu’il s’est présenté à Neuilly; il était accompagné de plusieurs personnes, et il fallait prendre des mesures pour le cas où le feu aurait repris, si les conditions de l’armistice n’avaient pas été remplies.
RASTOUL. Le colonel Henry a été très vif à mon égard, et, si je réclame, c’est dans l’intérêt de la dignité de la Commission dont j’étais le mandataire [Commission des ambulances]. Je demande que la Commune se prononce sur la question exposée dans la lettre que je viens de lire.
PARISEL. Je demande que l’on se borne à infliger un blâme au colonel qui a arrêté le citoyen Rastoul, mais qu’il ne soit pas pris d’arrêté.
LEDROIT. Je veux dire que la mesure demandée par le citoyen Rastoul est bonne, mais je désire qu’elle soit applicable à tous les membres de la Commune. Quand on se bat autour de Paris, si un membre de la Commune veut à ses risques et périls aller sur le champ de bataille encourager les soldats, il ne peut lui être refusé de sortir de Paris. Maintenant il est bien entendu qu’il doit être seul.
RASTOUL. Cependant il faut bien que mes inspecteurs aient comme moi le droit d’aller partout où bon leur semble; sans cela, mon service serait totalement impossible.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Andrieu a demandé tout à l’heure la parole; elle lui est accordée.
Lecture du procès-verbal.
LANGEVIN. Je demande la parole au sujet du compte rendu analytique. Je demande que l’on fasse mention à l’Officiel que, de même que le citoyen Vésinier, je me suis abstenu de prendre part au vote de la Commission chargée de réviser les actes de la Cour martiale.
BLANCHET fait la même observation.
VÉSINIER. J’avais demandé à motiver mon vote; on ne l’a pas voulu: j’ai simplement déclaré m’abstenir, en donnant les raisons de mon abstention.
LONGUET. L’Officiel a tenu compte de l’observation du citoyen Vésinier. Seulement, je me suis permis de changer le mot législatif en celui de judiciaire.
Le procès-verbal mis aux voix est adopté.
VERMOREL. L’Officiel me fait dire que je suis partisan de l’abolition du secret en principe, mais que j’en demande le maintien pour les affaires politiques. C’est là une erreur. J’ai dit au contraire que je ne croyais pas que le secret pût être aboli. Mais, d’ailleurs, je tiens à déclarer que je n’entends faire aucune distinction entre les délits politiques et les délits de droit commun.
RASTOUL. Je vais donner lecture d’une lettre que j’adresse à la Commune. J’ai donné cette forme à ma demande, afin que l’expression ne dépassât pas ma pensée.
Lecture. [Manque – au crayon rouge, l’incident Rastoul ne doit pas être mentionné.]
HENRY FORTUNÉ. Le citoyen Rastoul n’était pas seul, lorsqu’il s’est présenté à Neuilly; il était accompagné de plusieurs personnes, et il fallait prendre des mesures pour le cas où le feu aurait repris, si les conditions de l’armistice n’avaient pas été remplies.
RASTOUL. Le colonel Henry a été très vif à mon égard, et, si je réclame, c’est dans l’intérêt de la dignité de la Commission dont j’étais le mandataire [Commission des ambulances]. Je demande que la Commune se prononce sur la question exposée dans la lettre que je viens de lire.
PARISEL. Je demande que l’on se borne à infliger un blâme au colonel qui a arrêté le citoyen Rastoul, mais qu’il ne soit pas pris d’arrêté.
LEDROIT. Je veux dire que la mesure demandée par le citoyen Rastoul est bonne, mais je désire qu’elle soit applicable à tous les membres de la Commune. Quand on se bat autour de Paris, si un membre de la Commune veut à ses risques et périls aller sur le champ de bataille encourager les soldats, il ne peut lui être refusé de sortir de Paris. Maintenant il est bien entendu qu’il doit être seul.
RASTOUL. Cependant il faut bien que mes inspecteurs aient comme moi le droit d’aller partout où bon leur semble; sans cela, mon service serait totalement impossible.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Andrieu a demandé tout à l’heure la parole; elle lui est accordée.
(À
suivre.)
Auguste
Vermorel par Jules Vallès
Jules Vallès, L’Insurgé, Œuvres, Édition établie, présentée et annotée par Roger Bellet, Bibliothèque de la Pléiade, T. 2, Gallimard, 1990, p. 1042-1043.
«Vermorel : un abbé qui s’est collé des moustaches; un ex-enfant de chœur qui a déchiré sa jupe écarlate en jour de colère – il y a un pan de cette jupe dans son drapeau.
Son geste garde le ressouvenir des messes servies, et son air de jeunesse ajoute encore à la ressemblance.
On voit, en effet, derrière les processions de province, de ces grands garçons montés en graine, avec une tête mignonne, ronde et douce sous la calotte coquelicot, qui effeuillent des roses ou secouent l’encensoir en avant du dais où le prélat donne la bénédiction.
Le crâne de Vermorel appelle le petit couvercle pourpre, quoiqu’il y ait mis le bonnet phrygien.
Il zézaie presque, ainsi que tous les benjamins de curé, et sourit éternellement, du rire de métier qu’ont les prêtres – rire blanc dans sa face blanche, couleur d’hostie! Il porte, sur tout lui, la marque et le pli du séminaire, cet athée et ce socialiste.
Mais il a tué, de son éducation religieuse, ce qui sent la bassesse et l’hypocrisie; il a arraché, en même temps que ses bas noirs, les vices de dessous des dévots, pour en garder les vertus féroces, l’énergie sourde, la tension vers le but, et aussi le rêve inconscient du supplice.
Il est entré dans la Révolution par la porte des sacristies, comme un missionnaire allant au-devant de la cangue en Chine; il y apportera une ardeur cruelle, des besoins d’excommunier les mécréants, de flageller les tièdes – quitte à être lui-même, percé de flèches, et crucifié avec les clous sales de la calomnie!
Lisant tous les jours son bréviaire rouge, commentant page par page, sa nouvelle Vie des saints, préparant la béatification de l’Ami du peuple et de l’Incorruptible, dont il envie les sermons révolutionnaires et dont il envie tout bas la mort.
Ah! qu’il voudrait donc périr sous le couteau de Charlotte ou le coup de pistolet de Thermidor!
Nous bataillons quelquefois là-dessus.
[…]»
Jules Vallès, L’Insurgé, Œuvres, Édition établie, présentée et annotée par Roger Bellet, Bibliothèque de la Pléiade, T. 2, Gallimard, 1990, p. 1042-1043.
«Vermorel : un abbé qui s’est collé des moustaches; un ex-enfant de chœur qui a déchiré sa jupe écarlate en jour de colère – il y a un pan de cette jupe dans son drapeau.
Son geste garde le ressouvenir des messes servies, et son air de jeunesse ajoute encore à la ressemblance.
On voit, en effet, derrière les processions de province, de ces grands garçons montés en graine, avec une tête mignonne, ronde et douce sous la calotte coquelicot, qui effeuillent des roses ou secouent l’encensoir en avant du dais où le prélat donne la bénédiction.
Le crâne de Vermorel appelle le petit couvercle pourpre, quoiqu’il y ait mis le bonnet phrygien.
Il zézaie presque, ainsi que tous les benjamins de curé, et sourit éternellement, du rire de métier qu’ont les prêtres – rire blanc dans sa face blanche, couleur d’hostie! Il porte, sur tout lui, la marque et le pli du séminaire, cet athée et ce socialiste.
Mais il a tué, de son éducation religieuse, ce qui sent la bassesse et l’hypocrisie; il a arraché, en même temps que ses bas noirs, les vices de dessous des dévots, pour en garder les vertus féroces, l’énergie sourde, la tension vers le but, et aussi le rêve inconscient du supplice.
Il est entré dans la Révolution par la porte des sacristies, comme un missionnaire allant au-devant de la cangue en Chine; il y apportera une ardeur cruelle, des besoins d’excommunier les mécréants, de flageller les tièdes – quitte à être lui-même, percé de flèches, et crucifié avec les clous sales de la calomnie!
Lisant tous les jours son bréviaire rouge, commentant page par page, sa nouvelle Vie des saints, préparant la béatification de l’Ami du peuple et de l’Incorruptible, dont il envie les sermons révolutionnaires et dont il envie tout bas la mort.
Ah! qu’il voudrait donc périr sous le couteau de Charlotte ou le coup de pistolet de Thermidor!
Nous bataillons quelquefois là-dessus.
[…]»
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