(Suite
de la 1re séance
du 4 mai 1871.)
LEFRANÇAIS. Relativement à la démission que Pyat appuie sur l’opposition qu’il aurait rencontrée chez ceux qui n’ont pas voulu de Comité de salut public, il ne faut pas que le citoyen Pyat s’abrite derrière ces choses-là. Je lui rappellerai le fait. Moi, qui ai été l’ennemi absolu de la création de ce Comité de salut public, je suis allé le trouver pour lui faire part d’une communication très importante. Donc, que le citoyen Pyat ne vienne pas abriter sa démission derrière des motifs personnels. Nous reconnaissons l’institution du Comité de salut public: il est institué, il faut qu’il vive.
TRIDON. Je n’ai pas fait de personnalités. Il est bien permis de s’émouvoir, quand on voit un journal aussi répandu que le Vengeur, un journal rédigé par un homme puissant, parler de paix, d’armistice. Si j’ai exprimé mon indignation d’une manière un peu vive, j’ai eu tort et je le regrette. D’un autre côté, l’on m’a aussi insulté. Je répondrai que, bien que malade, je suis toujours venu ici, que j’ai toujours rempli mon devoir…
(Oui!)
JOHANNARD. Je n’ai qu’un mot à dire. J’ai été nommé par le citoyen Pyat; en me nommant, il a commis une erreur. Je n’ai sans doute jamais eu une immense sympathie pour Pyat, au point de vue politique, bien entendu, mais je ne l’ai jamais insulté. Je ne lui ai guère parlé qu’une douzaine de fois. J’ai cru m’apercevoir qu’il m’aime peu; cependant, j’ai voté pour le Comité de salut public. Je proteste contre le mot insulte que l’on a prononcé. Je ne dirai jamais à un de mes collègues, à un de mes compatriotes…
(Interruptions.)
PYAT. Je ne veux pas apporter une irritation nouvelle dans les débats. Je me suis servi du mot insulte à cause du mot lâcheté que l’on a employé tout à l’heure. N’était-ce pas là une expression peu honorable pour celui à gui on l’appliquait? Pour le citoyen Vermorel, il m’a été sympathique. J’ai perdu, à cause de lui, le concours d’un de mes collaborateurs, homme très honorable, homme d’un vrai talent; je l’ai perdu parce que je me suis opposé à l’insertion dans le Vengeur d’un article dans lequel il s’agissait de Vermorel. J’avais donc de la sympathie pour lui. Quand je me suis vu dans la nécessité de donner ma démission, il a inséré dans un petit pamphlet, l’Ami du peuple quelques mots qui m’ont paru une insulte; je ne lui reconnais point le droit de suspecter ma conscience. Il disait que j’avais donné ma démission sans prétexte et il appliquait au mot de démission le mot de désertion. Je dis que ces deux mots sont des insultes. Reste la question du citoyen Tridon. Il a lâché une expression qui est une insulte et j’ai été entraîné, malgré moi, à employer un mot que je regrette. Si ces citoyens, et surtout Vermorel, qui a fait insérer dans le journal de Rochefort une calomnie attestée par deux citoyens honorables, il s’agit de l’histoire d’un bateau de charbon; or, j’étais à Londres quand le fait se serait passé, si, dis-je, ces deux citoyens retirent leurs expressions, je suis prêt à oublier le passé. Je mets maintenant la Commune dans cette position de déclarer que je suis un homme honorable. S’il peut rester le moindre doute sur l’honorabilité de mon caractère; si l’on peut supposer encore que j’ai cherché des prétextes pour déserter la cause que nous servons, vous comprenez qu’il m’est impossible de conserver la première fonction de la Commune de Paris. Que l’on retire donc ce qui a été dit relativement à mon caractère. Je ne demande pas les sympathies de la minorité respectable qui m’accuse, ce que je regrette cependant vivement, mais qu’il ne plane plus le moindre doute sur ce que je suis capable de déserter mon poste.
VERMOREL. J’ai horreur des questions personnelles, mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas passer immédiatement à l’ordre du jour. Là personne de Pyat m’est sans aucun doute de beaucoup supérieure, mais il comprendra cependant que, moi aussi, j’ai le droit de défendre mon honorabilité. S’il croit encore que j’ai été l’ami de l’empereur, s’il a encore à cet égard le moindre doute, il y a une commission d’enquête; je m’y réfère. Ce n’est pas pour moi seulement, citoyens, c’est aussi pour mes électeurs de Montmartre, devant lesquels je me suis expliqué à cet égard, et qui seraient insultés dans ma personne. Et, remarquez-le bien , ce serait une insulte bien plus grave que celle d’être soupçonné de désertion, si l’on soupçonnait que moi, emprisonné pendant presque tout le temps de l’Empire, j’avais eu une correspondance quelconque avec Rouher ou avec l’empereur. Je demande donc à Pyat de déclarer ici qu’il a la conviction absolue, complète, que je n’ai jamais transigé à ce point avec les principes d’honneur. Voilà pourquoi, citoyens, je pense qu’il n’y a pas lieu de passer purement et simplement à l’ordre du jour.
LE PRÉSIDENT. On pourrait parfaitement passer à l’ordre du jour, tout en réservant la question d’enquête.
(Interruptions.)
LONGUET. Un mot seulement, non pas que je sois impliqué personnellement dans la question qui s’agite en ce moment,mais parce que je fais partie de la minorité, assez considérable qui a repoussé le mot de Comité de salut public, et que, d’un autre côté, ce comité ayant été admis, j’ai encore été du nombre de ceux qui se sont abstenus par dignité de prendre part à la nomination des membres du Comité de salut public. Le citoyen Félix Pyat a paru supposer que cette minorité avait contre lui des sentiments d’antipathie personnelle; je déclare que j’ai toujours éprouvé pour lui le contraire de ces sentiments, à cause d’anciennes relations. J’ai pu modifier mon opinion politique sur son compte, mais, encore une fois, je n’éprouve et n’ai éprouvé aucun sentiment d’antipathie personnelle pour le citoyen Félix Pyat.
PLUSIEURS MEMBRES. Ni nous non plus !
CHALAIN. Ces questions personnelles sont déplorables. Nous pouvons être des adversaires politiques sans cesser de nous estimer. Je suis, par exemple, l’adversaire politique de Vermorel, mais je déclare que je l’estime beaucoup personnellement.
(L’ordre du jour!)
PYAT se lève pour parler.
(L’ordre du jour!)
AVRIAL. Le citoyen Pyat n’a pas été attaqué comme membre du Comité de salut public, mais comme journaliste. Qu’on rende les journalistes responsables de leurs articles, mais qu’on n’en rende pas responsable la commission tout entière dont ils font partie.
RÉGÈRE. Qu’on mette aux voix si l’assemblée accepte ou rejette la démission du citoyen Pyat.
ARNOULD. Mettre cette démission aux voix est une fausse manœuvre. Car les membres de la minorité ne pourraient pas voter. Comme la majorité tout entière n’est pas représentée, la démission du citoyen Pyat pourrait se trouver refusée par une minorité apparente. Moi qui n’ai pas voté pour le Comité de salut public, je ne puis voter sur cette démission.
JOURDE. Un Comité de salut public doit avoir une ligne de conduite politique déterminée. Par conséquent, à propos de la démission du citoyen Pyat, je lui demanderai si l’article paru dans le Vengeur est dans la politique du Comité de salut public. (Interruptions.) C’est très grave: à tort ou à raison, le journal le Siècle* dit ceci : «Nous croyons qu’à l’heure présente […] d’une solution pacifique.» Le citoyen Pyat est-il partisan de telles ou telles formes de lutte? Je demande que les membres du Comité de salut public veuillent bien nous dire ce qu’ils pensent de la situation, à tous les points de vue.
(Interruptions.)
GÉRESME. J’ai demandé la parole contre la clôture car la question n’est pas du tout vidée. On a donné des deux côtés des explications, mais en somme personne n’a retiré les mots qui avaient été prononcés et qui avaient amené la démission du citoyen Pyat.
PYAT. Si les citoyens que j’ai nommés veulent oublier le passé, veulent bien retirer les paroles qu’ils m’avaient adressées, de mon côté j’oublierai tout.
CHALAIN. Je demande la clôture. Par le fait que nos électeurs nous ont envoyés ici, notre honorabilité personnelle est prouvée.
(Bruit.)
LE PRÉSIDENT lit un ordre du jour motivé: Après avoir entendu les explications… [manque].
VALLÈS. Ce serait déplorable de voter un pareil ordre du jour.
VERMOREL. Il faut que cette question soit renvoyée à la Commission d’enquête; il faut de toute nécessité qu’elle soit vidée.
VÉSINIER. Je demande à ce qu’on renvoie ces faits à la Commission d’enquête.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Rossel demande à être introduit ici pour une communication importante. Avant de le faire venir, je demanderai si l’assemblée décide que l’incident Pyat-Vermorel ne soit pas publié à l’Officiel.
(Appuyé.)
LEFRANÇAIS. Relativement à la démission que Pyat appuie sur l’opposition qu’il aurait rencontrée chez ceux qui n’ont pas voulu de Comité de salut public, il ne faut pas que le citoyen Pyat s’abrite derrière ces choses-là. Je lui rappellerai le fait. Moi, qui ai été l’ennemi absolu de la création de ce Comité de salut public, je suis allé le trouver pour lui faire part d’une communication très importante. Donc, que le citoyen Pyat ne vienne pas abriter sa démission derrière des motifs personnels. Nous reconnaissons l’institution du Comité de salut public: il est institué, il faut qu’il vive.
TRIDON. Je n’ai pas fait de personnalités. Il est bien permis de s’émouvoir, quand on voit un journal aussi répandu que le Vengeur, un journal rédigé par un homme puissant, parler de paix, d’armistice. Si j’ai exprimé mon indignation d’une manière un peu vive, j’ai eu tort et je le regrette. D’un autre côté, l’on m’a aussi insulté. Je répondrai que, bien que malade, je suis toujours venu ici, que j’ai toujours rempli mon devoir…
(Oui!)
JOHANNARD. Je n’ai qu’un mot à dire. J’ai été nommé par le citoyen Pyat; en me nommant, il a commis une erreur. Je n’ai sans doute jamais eu une immense sympathie pour Pyat, au point de vue politique, bien entendu, mais je ne l’ai jamais insulté. Je ne lui ai guère parlé qu’une douzaine de fois. J’ai cru m’apercevoir qu’il m’aime peu; cependant, j’ai voté pour le Comité de salut public. Je proteste contre le mot insulte que l’on a prononcé. Je ne dirai jamais à un de mes collègues, à un de mes compatriotes…
(Interruptions.)
PYAT. Je ne veux pas apporter une irritation nouvelle dans les débats. Je me suis servi du mot insulte à cause du mot lâcheté que l’on a employé tout à l’heure. N’était-ce pas là une expression peu honorable pour celui à gui on l’appliquait? Pour le citoyen Vermorel, il m’a été sympathique. J’ai perdu, à cause de lui, le concours d’un de mes collaborateurs, homme très honorable, homme d’un vrai talent; je l’ai perdu parce que je me suis opposé à l’insertion dans le Vengeur d’un article dans lequel il s’agissait de Vermorel. J’avais donc de la sympathie pour lui. Quand je me suis vu dans la nécessité de donner ma démission, il a inséré dans un petit pamphlet, l’Ami du peuple quelques mots qui m’ont paru une insulte; je ne lui reconnais point le droit de suspecter ma conscience. Il disait que j’avais donné ma démission sans prétexte et il appliquait au mot de démission le mot de désertion. Je dis que ces deux mots sont des insultes. Reste la question du citoyen Tridon. Il a lâché une expression qui est une insulte et j’ai été entraîné, malgré moi, à employer un mot que je regrette. Si ces citoyens, et surtout Vermorel, qui a fait insérer dans le journal de Rochefort une calomnie attestée par deux citoyens honorables, il s’agit de l’histoire d’un bateau de charbon; or, j’étais à Londres quand le fait se serait passé, si, dis-je, ces deux citoyens retirent leurs expressions, je suis prêt à oublier le passé. Je mets maintenant la Commune dans cette position de déclarer que je suis un homme honorable. S’il peut rester le moindre doute sur l’honorabilité de mon caractère; si l’on peut supposer encore que j’ai cherché des prétextes pour déserter la cause que nous servons, vous comprenez qu’il m’est impossible de conserver la première fonction de la Commune de Paris. Que l’on retire donc ce qui a été dit relativement à mon caractère. Je ne demande pas les sympathies de la minorité respectable qui m’accuse, ce que je regrette cependant vivement, mais qu’il ne plane plus le moindre doute sur ce que je suis capable de déserter mon poste.
VERMOREL. J’ai horreur des questions personnelles, mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas passer immédiatement à l’ordre du jour. Là personne de Pyat m’est sans aucun doute de beaucoup supérieure, mais il comprendra cependant que, moi aussi, j’ai le droit de défendre mon honorabilité. S’il croit encore que j’ai été l’ami de l’empereur, s’il a encore à cet égard le moindre doute, il y a une commission d’enquête; je m’y réfère. Ce n’est pas pour moi seulement, citoyens, c’est aussi pour mes électeurs de Montmartre, devant lesquels je me suis expliqué à cet égard, et qui seraient insultés dans ma personne. Et, remarquez-le bien , ce serait une insulte bien plus grave que celle d’être soupçonné de désertion, si l’on soupçonnait que moi, emprisonné pendant presque tout le temps de l’Empire, j’avais eu une correspondance quelconque avec Rouher ou avec l’empereur. Je demande donc à Pyat de déclarer ici qu’il a la conviction absolue, complète, que je n’ai jamais transigé à ce point avec les principes d’honneur. Voilà pourquoi, citoyens, je pense qu’il n’y a pas lieu de passer purement et simplement à l’ordre du jour.
LE PRÉSIDENT. On pourrait parfaitement passer à l’ordre du jour, tout en réservant la question d’enquête.
(Interruptions.)
LONGUET. Un mot seulement, non pas que je sois impliqué personnellement dans la question qui s’agite en ce moment,mais parce que je fais partie de la minorité, assez considérable qui a repoussé le mot de Comité de salut public, et que, d’un autre côté, ce comité ayant été admis, j’ai encore été du nombre de ceux qui se sont abstenus par dignité de prendre part à la nomination des membres du Comité de salut public. Le citoyen Félix Pyat a paru supposer que cette minorité avait contre lui des sentiments d’antipathie personnelle; je déclare que j’ai toujours éprouvé pour lui le contraire de ces sentiments, à cause d’anciennes relations. J’ai pu modifier mon opinion politique sur son compte, mais, encore une fois, je n’éprouve et n’ai éprouvé aucun sentiment d’antipathie personnelle pour le citoyen Félix Pyat.
PLUSIEURS MEMBRES. Ni nous non plus !
CHALAIN. Ces questions personnelles sont déplorables. Nous pouvons être des adversaires politiques sans cesser de nous estimer. Je suis, par exemple, l’adversaire politique de Vermorel, mais je déclare que je l’estime beaucoup personnellement.
(L’ordre du jour!)
PYAT se lève pour parler.
(L’ordre du jour!)
AVRIAL. Le citoyen Pyat n’a pas été attaqué comme membre du Comité de salut public, mais comme journaliste. Qu’on rende les journalistes responsables de leurs articles, mais qu’on n’en rende pas responsable la commission tout entière dont ils font partie.
RÉGÈRE. Qu’on mette aux voix si l’assemblée accepte ou rejette la démission du citoyen Pyat.
ARNOULD. Mettre cette démission aux voix est une fausse manœuvre. Car les membres de la minorité ne pourraient pas voter. Comme la majorité tout entière n’est pas représentée, la démission du citoyen Pyat pourrait se trouver refusée par une minorité apparente. Moi qui n’ai pas voté pour le Comité de salut public, je ne puis voter sur cette démission.
JOURDE. Un Comité de salut public doit avoir une ligne de conduite politique déterminée. Par conséquent, à propos de la démission du citoyen Pyat, je lui demanderai si l’article paru dans le Vengeur est dans la politique du Comité de salut public. (Interruptions.) C’est très grave: à tort ou à raison, le journal le Siècle* dit ceci : «Nous croyons qu’à l’heure présente […] d’une solution pacifique.» Le citoyen Pyat est-il partisan de telles ou telles formes de lutte? Je demande que les membres du Comité de salut public veuillent bien nous dire ce qu’ils pensent de la situation, à tous les points de vue.
(Interruptions.)
GÉRESME. J’ai demandé la parole contre la clôture car la question n’est pas du tout vidée. On a donné des deux côtés des explications, mais en somme personne n’a retiré les mots qui avaient été prononcés et qui avaient amené la démission du citoyen Pyat.
PYAT. Si les citoyens que j’ai nommés veulent oublier le passé, veulent bien retirer les paroles qu’ils m’avaient adressées, de mon côté j’oublierai tout.
CHALAIN. Je demande la clôture. Par le fait que nos électeurs nous ont envoyés ici, notre honorabilité personnelle est prouvée.
(Bruit.)
LE PRÉSIDENT lit un ordre du jour motivé: Après avoir entendu les explications… [manque].
VALLÈS. Ce serait déplorable de voter un pareil ordre du jour.
VERMOREL. Il faut que cette question soit renvoyée à la Commission d’enquête; il faut de toute nécessité qu’elle soit vidée.
VÉSINIER. Je demande à ce qu’on renvoie ces faits à la Commission d’enquête.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Rossel demande à être introduit ici pour une communication importante. Avant de le faire venir, je demanderai si l’assemblée décide que l’incident Pyat-Vermorel ne soit pas publié à l’Officiel.
(Appuyé.)
(À
suivre.)
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