dimanche 8 octobre 2017

Commune de Paris Séance du 30 avril 1871 (1)




Le procès-verbal de la séance du 29 avril manque.

 BLANCHET, président. A. DUPONT, assesseur.

La séance est ouverte à trois heures et demie.

Au moment où l’un des secrétaires va lire le procès-verbal de la dernière séance, on annonce une députation de l’Alliance républicaine des départements qui demande à être reçue par la Commune. La séance est suspendue, et les membres de la Commune se réunissent sur le balcon du grand escalier d’honneur pour recevoir la députation.

À quatre heures dix minutes, la séance est reprise.
LE PRÉSIDENT. Je reçois une lettre du citoyen Puget, de mon arrondissement, dans laquelle il m’annonce qu’il a beaucoup à faire dans son commandement militaire, il s’excuse de ne pouvoir assister régulièrement aux séances et me prie de demander à l’assemblée s’il ne vaudrait pas mieux qu’elle acceptât sa démission. Je pense que la Commune pourrait, par un de ses collègues du même arrondissement, lui faire dire que nous apprécions ses services et qu’il n'y a pas lieu pour lui à donner sa démission.
UN MEMBRE. Il faudrait, avant de prendre une décision, que nous eussions connaissance de la lettre.
LE PRÉSIDENT donne lecture de la lettre du citoyen Puget.
RIGAULT. Nous sommes dans une situation telle que nous devons avant tout observer la résolution déjà prise relativement aux doubles fonctions de représentant à la Commune et de chef militaire. Je ferai remarquer à l’assemblée que le citoyen Puget nous est pour ainsi dire inconnu. Il a été nommé chef de bataillon; de plus, il a été nommé membre de la Commune. Mais il me semble que ses électeurs, en le nommant à la Commune, ont eu l’intention qu’il assiste aux séances et qu'il participe à nos travaux. En restant exclusivement chef de bataillon, son arrondissement manque d’un représentant.
VÉSINIER. Ne préjugeons rien. Le citoyen Puget est le meilleur juge de ce qu’il a à faire. Je demande que nous ne perdions pas davantage notre temps en discussions de ce genre, qui sont complètement inutiles.
J.-B. CLÉMENT. Je demande la parole pour une rectification au procès-verbal. On m’a fait dire, à moi et à Arnaud, que nous demandions que la chapelle du général Bréa ne soit pas démolie. Je suis au contraire pour qu’on la démolisse. Je n’ai donc pas prononcé les paroles que m’attribue l’Officiel, et je proteste contre, de toute mon énergie. Je demande qu’on prenne note de ma réclamation. De plus, il avait été dit avant-hier que l’Officiel serait à cinq centimes. Il n'y est pas encore: pourquoi? C'est le plus cher de tous les journaux, et c’est pourtant le journal socialiste. Je demande donc que l’on prenne note de mes réclamations relatives à l’Officiel.
LONGUET. Je suis heureux qu'on parle de l’Officiel lorsque je suis ici. Je vais vous faire toucher du doigt la singularité des choses qui se disent sur l’Officiel.
(Interruptions.)
MIOT et RANVIER. La lecture du procès-verbal!

Le procès-verbal est lu par l’un des secrétaires.
MIOT. Citoyens, j’ai demandé la parole à l'occasion du procès-verbal. Le procès-verbal est parfaitement exact. C’est du silence gardé par l’Officiel sur la proposition que j’ai soumise à l'assemblée que je me plains.
CHALAIN. Citoyens, je tiens très peu à ce que mon nom paraisse à l’Officiel. Seulement, je demande pourquoi les noms des citoyens qui ont pris part à la discussion du projet Miot n'ont pas été insérés à l’Officiel; pourquoi, en un mot, toute la question du Comité de salut public a-t-elle été supprimée. Ce ne sont pas des reproches que j’adresse aux secrétaires-rédacteurs, qui font très bien leur devoir; mais je demande pourquoi, quand la Commune ne s’est pas déclarée en comité secret, la séance tout entière n'est pas publiée au grand jour. Je suis de ceux qui ont combattu la publicité de nos séances; mais, puisque la question a été décidée, il faut que tout soit publié.
LONGUET. Ce n’est pas moi qui peux répondre à cette question, attendu que je ne fais pas partie de la rédaction de l’Officiel, et que je n'y écris. pas une seule ligne.
(Bruits. «Mais ce n’est pas vous qu'on accuse!» Interruptions en sens divers.)
LONGUET. Que les membres qui m’interrompent, dans mon intérêt, je le reconnais, me permettent de m’expliquer. À l’Officiel, on m'apporte des comptes rendus assez mal faits pour que, de ma propre initiative, je sois obligé de retrancher quelques mots malheureux. Mais, si je n'ai eu qu’une valeur négative à l’Officiel, on ne peut pas me la refuser. D’ailleurs, j'ai conservé les procès-verbaux, que je pourrai vous montrer. Maintenant, je crois que le citoyen Miot est d’accord avec moi. Mais la question de l’Officiel avait été soulevée l’autre jour, et, à ce propos, j'avais une proposition; je l’avais faite officieusement. Avant de rentrer plus au fond de la situation, que je trouve intolérable…
(Bruits.)
MIOT. Ce qu’il y a d'important, c’est une réponse à ma demande.
LE PRÉSIDENT. Les deux secrétaires sont absents, mais l’un des secrétaires suppléants me fait observer que, quelquefois, il y a urgence à supprimer certains passages.
LONGUET. Je dis, je demande, et j’ai pour moi toutes les traditions possibles, je demande à répondre à ce qui a été dit en mon absence touchant l’Officiel. Je n’étais pas à la séance, vous avez discuté, et personne n’a protesté.
BILLIORAY. Je ferai remarquer au citoyen Longuet que ce qu’il prétend introduire à propos du procès-verbal est purement une question d'incident. Il s’agit d’adopter le procès-verbal; après, nous parlerons de l’incident. En tout cas, je me réserve pour répondre; mais ne perdons pas notre temps en incidents.
PARISEL. Je n’ai rien, à ajouter au procès-verbal qui vient d’être lu, mais bien à celui qui a été inséré à l’Officiel. J’ai donné ma démission de la Commission des subsistances, et non du Travail et d’échange parce que j’étais chargé d’une délégation très importante.
LE PRÉSIDENT. En effet, il ne faut pas que nous ayons l’air de donner notre démission parce que nous ne voulons rien faire.
MIOT. On a supprimé toute la partie de la séance relative à ma proposition, c’est ce dont je me plains.
RIGAULT. Je demande, comme motion d’ordre, que l'on vote le procès-verbal.
LE PRÉSIDENT. Comme sténographie, la séance est très bien prise et dans son entier; mais ce sont les secrétaires qui en ont escamoté une partie dans l’Officiel.
(Vives réclamations.)
OSTYN. Je propose une motion d’ordre au sujet du mot escamoter.
LE PRÉSIDENT. Citoyen Ostyn, vous n’avez pas la parole.
(Nouvelles réclamations.)
JOHANNARD. Vous n’avez pas le droit d’insulter la Commune par l’emploi du mot escamoter.
J.-B. CLÉMENT demande la parole qui lui est refusée.
ARNOULD. Il m’a été signalé que Léo Meillet, dans son projet relatif à l’église Bréa et à l'amnistie de Nourri, avait prononcé les noms de Cirasse et de Cuisinier, quand il aurait fallu dire Daix et Lahr, je demande cette rectification à l’Officiel; les premiers n’ont été guillotinés que trois ans après, lors du soulèvement de la Nièvre, en décembre 1851.
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix l’adoption du procès-verbal.

Le procès-verbal est adopté.
ARNOULT. L'assemblée est-elle d’avis que l'incident relatif à l’Officiel ait lieu?
PLUSIEURS VOIX. L’ordre du jour!
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix l’ordre du jour.

De différents côtés. Non! non!
LEFRANÇAIS. Je demande la parole contre l’ordre du jour.
(Oui! Non!)
UN MEMBRE. Il me paraît de toute justice que le citoyen Longuet puisse répondre à ce qui a été dit au sujet de l’Officiel.
(Bruits.)
PLUSIEURS MEMBRES. Nous demandons la parole.
UN MEMBRE. Il y a des paroles qu’évidemment nous ne devons pas publier; mais, en ce moment, il se passe des choses considérables, qui demandent des solutions immédiates, et auxquelles nous devons donner la priorité; beaucoup d’autres questions peuvent être renvoyées sans inconvénient à quelques jours.
(Bruits et interruptions diverses.)
LEFRANÇAIS (au milieu du bruit). Je demande à parler sur la proposition Protot.
LONGUET. Je suis douloureusement surpris qu’il faille insister pour une question de bonne foi, de loyauté…
(Interruption.)
LONGUET. Je ne demanderai plus la parole dans cette assemblée si on ne veut pas m’entendre, et je ne donnerai point ma démission…
(L’ordre du jour!)
LE PRÉSIDENT. Citoyens, l’ordre du jour appelle la discussion sur la proposition relative au Comité de salut public.
(Non! Non! La question de l’Officiel.)
VÉSINIER. Un membre de la Commission exécutive a demandé la parole pour faire une communication importante, je demande qu’il soit entendu de suite.
PLUSIEURS MEMBRES. Oui! oui! nous demandons le comité secret.

L’Assemblée se constitue en comité secret, à cinq heures.
(À suivre.)






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