• Une visée d’émancipation humaine par Laurence Cohen, responsable Droits des femmes et
féminisme du PCF, sénatrice du Val-de-Marne
Gagner l’égalité femmes-hommes, dans tous les domaines de la vie est une exigence qui
progresse dans les consciences. La parole se libère face au harcèlement sexiste, sur les réseaux
sociaux, dans la rue, dans les entreprises. Les stéréotypes dans lesquels on veut enfermer les
petits garçons et les petites filles, à grands coups de princesses et de chevaliers, suscitent
davantage d’incompréhension. Les propos dégradants de certaines publicités sont plus largement
dénoncés. La nécessité du partage des tâches à la maison n’apparaît plus comme un sujet
marginal. Les études féministes se développent dans le monde universitaire et touchent le grand
public. Il y a une prise de conscience que les maux, les injustices, les crimes que subissent les
femmes sont les mêmes dans tous les pays du monde avec plus ou moins d’intensité selon le degré
de développement des sociétés. La riposte s’organise et l’universalité des luttes des femmes
permet de constituer une forte chaîne de solidarité. Nous sommes toutes soeurs des femmes
américaines qui ont pris la tête de la résistance à Donald Trump, des femmes espagnoles ou
polonaises qui ont affronté les lois rétrogrades de leurs gouvernements, des femmes du
boulevard de Strasbourg à Paris qui ont obtenu des papiers après avoir affronté des patrons
maffieux !
Mais le paradoxe est que cette aspiration à l’égalité, à la justice, au respect est reléguée au
second plan des enjeux politiques, des défis à relever pour une société de progrès. Bien sûr, tous
les politiques ne sont pas sexistes, nous sommes quelques-un-es à lutter contre le patriarcat et à
promouvoir le féminisme comme une visée d’émancipation humaine. Mais, si l’on regarde la
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campagne présidentielle, l’égalité a été confinée aux marges des programmes, comme une
question catégorielle. Il faut pourtant oser dire que le féminisme-lutte de classes est le moteur
de toute transformation démocratique et sociale, sous peine de laisser le champ libre à toutes
les exploitations, les discriminations et dominations sexistes. C’est d’autant plus important après
l’élection d’Emmanuel Macron ! Sa politique va à l’encontre des intérêts des salariés, femmes et
hommes, à l’encontre de la satisfaction des besoins humains.
J’ai eu à l’affronter dans l’hémicycle du Sénat, quand il était ministre de l’Économie, notamment
pour refuser, avec mon groupe, l’élargissement du travail du dimanche. Pour lui, l’égalité se fait
en nivelant les droits vers le bas.
Il inscrit sa politique dans la poursuite de la casse du Code du travail, qui va toucher tout le
monde, mais plus durement les femmes. Ce sont elles qui, majoritairement, perçoivent les plus
bas salaires et connaissent le plus la précarité et la flexibilité !
Comment, dans ce contexte, faire de l’égalité femmes-hommes une grande cause nationale
comme il s’y était engagé ? D’autant qu’il n’a pas voulu mettre en place un ministère des Droits
des femmes avec un budget dédié, et qu’il a choisi comme premier ministre Édouard Philippe, qui
s’est abstenu sur toutes les lois concernant l’égalité, et n’a pas voté contre le système
prostitutionnel.
Alors, oui, la marche arrière est enclenchée par ce gouvernement pour que les droits des
femmes régressent. Mais rien n’est écrit d’avance. Du nombre de député-es communistes/Front
de gauche élu-es à l’Assemblée nationale dépendra la mise en échec de cette politique
régressive. Alors portons nombreuses et nombreux les couleurs de l’égalité professionnelle, de la
fin des violences sexistes, d’une République paritaire dans la rue comme dans les urnes !
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