dimanche 1 octobre 2017

Daniel Guérin Anthologie de l'Anarchisme T 3 Partie 1




Errico Malatesta

« Sont-ils élus par le suffrage universel ? Mais alors le seul critérium est le nombre, qui, certes, ne prouve ni l'équité, ni la raison, ni la capacité. Ce seront ceux qui savent mieux tromper la masse qui seront élus, et la minorité, qui peut être la moitié moins un, sera sacrifiée : cela, sans compter que l'expérience a démontré l'impossibilité de trouver un mécanisme électoral par lequel les élus soient au moins les représentants réels de la majorité. »

« Rothschild n'a besoin, ni d'être député, ni d'être ministre : il lui suffit d'avoir à sa disposition les députés et les ministres. »

« Dans bien des pays, le prolétariat a nominalement une participation plus ou moins large à l'élection du gouvernement. C'est une concession faite par la bourgeoisie, soit pour obtenir le concours du peuple dans la lutte contre le pouvoir royal ou aristocratique, soit pour détourner du peuple la pensée de s'émanciper, en lui donnant une apparence de souveraineté. »

« Un gouvernement ne peut exister longtemps sans cacher sa nature sous un prétexte d'utilité générale : il ne peut pas faire respecter la vie des privilégiés sans se donner l'air de la vouloir respectée chez tous ; il ne peut faire accepter les privilèges de quelques-uns sans faire semblant de sauvegarder les droits de tous. »

« Un gouvernement ne peut vouloir que la société se défasse, parce qu'alors disparaitrait pour lui et pour la classe dominante la matière à exploiter. Il ne peut permettre qu'elle se régisse elle-même sans entremise officielle, parce qu'alors le peuple s'apercevrait bien vite que le gouvernement ne sert à rien, sinon à défendre les propriétaires qui l'affament et se préparerait à se débarrasser des gouvernements et des propriétaires. »

Kropotkine Pierre

« La loi a utilisé les sentiments sociaux de l'homme pour faire passer, avec des préceptes de morale que l'homme acceptait, des ordres utiles à la minorité des spoliateurs contre lesquels il se serait révolté. »

Luttes entre les socialistes et les anarchistes au fil des différents congrès :

Gustave Rouanet : (député socialiste) : « Les doctrines des anarchistes sont aux antipodes des nôtres(...) Socialisme et anarchie sont deux termes qui s'excluent. »

Domela Nieuwenhuis : (anarchiste néerlandais) : « Honte à ceux qui excluront, à ceux qui diviseront au lieu d'unir. Le monde verra une répétition de la lutte entre Marx et Bakounine en 1872. Ce sera une nouvelle lutte entre l'autorité et la liberté. Imaginez de tels hommes comme Kropotkine, Reclus, Malatesta, Tcherkessoff, Cipriani, et beaucoup d'autres exclus du congrès et vous devez admettre que ce ne serait plus un congrès socialiste, mais seulement un congrès parlementaire, un congrès réformiste des social-démocrates, un congrès d'une secte. Choisissez ce que vous voulez être : un congrès de socialistes sérieux qui discutent toutes les questions qui intéressent les socialistes, ou un congrès de sectaires qui ont exclu comme hérétiques beaucoup d'hommes qui ont combattu et souffert pour la cause du peuple. »

Jean Jaurès : ( socialiste français) : « Siles anarchistes, qui ont considérablement évolué, sont entrés dans les syndicats pour en faire des groupements révolutionnaires, qu'ils le disent(...) Nous repousserons les organisations qui les ont délégués, car nous n'admettons pas les théories anarchistes. »

Fernand Pelloutier : (syndicaliste révolutionnaire socialiste) : « La fédération des bourses du travail a voulu dire, en me déléguant, que le mouvement économique doit l'emporter sur le mouvement électoral. M. Jaurès le sait bien, que les ouvriers ne veulent à aucun prix que leur argent serve à l'action électorale. »

Au congrès d'Amsterdam de 1907 Georges Thonar répond à Siegfried Nacht et H. Croiset sur le conflit en »organisation » et soi-disant origine de l'anarchisme, c'est à dire l'individualisme

« Je suis loin d'être hostile au syndicalisme surtout quand ses tendances sont à la révolution. Mais enfin l'organisation ouvrière n'est pas anarchiste, et par conséquent nous ne serons jamais, dansq son sein, absolument nous-mêmes ; notre activité n'y pourra jamais être intégralement anarchiste. D'où la nécessité » pour nous de créer des groupements et des fédérations libertaires, fondés sur le respect de la liberté et de l'initiative de tous et de chacun. »

Errico Malatesta :

« Assez de querelles de mots, tenons-nous-en aux actes ! Les mots divisent et l'action unit. Il est temps de nous mettre tous ensemble au travail pour exercer une influence effective sur les événements sociaux. »

Max Baginsky : Une grave erreur trop souvent commise, c'est de croire que l'individualisme répudie toute organisation. Les deux termes, au contraire, sont inséparables. Individualisme signifie plus spécialement un effort dans le sens de l'affranchissement intérieur, moral, de l'individu ; organisation signifie association entre individualités conscientes en vue d'un but à atteindre ou d'un besoin économique à assouvir. Il importe toutefois de ne jamais oublier qu'une organisation révolutionnaire a besoin d'individualités spécialement énergiques et conscientes. »

Manifeste des anarchistes le 15 février 1915 :

« Mais spectacle attendu, au moins par les anarchistes.
Car pour eux il n'a jamais fait et il ne fait aucun doute – les terribles événements d'aujourd'hui fortifient cette assurance – que la guerre est en permanente gestation dans l'organisme social actuel et que le conflit armé, restreint ou généralisé, colonial ou européen, est la conséquence naturelle et l'aboutissement nécessaire et fatal d'un régime qui a pour base l'inégalité » économique des citoyens, repose sur l'antagonisme sauvage des intérêts, et palce le monde du travail sous l'étroite et douloureuse dépendance d'une minorité de parasites, détenteurs à la fois du pouvoir politique et de la puissance économique. »

« A tous les soldats de tous les pays qui ont la conviction de combattre pour la justice et la liberté, nous devons expliquer que leur héroïsme et leur vaillance ne serviront qu'à perpétuer la haine, la tyrannie et la misère.
Aux ouvriers de l'usine il faut rappeler que les fusils qu'ils ont maintenant entre les mains ont été employés contre eux dans les jours de grève et de légitime révolte, et ensuite ils serviront encore contre eux pour les obliger à subir l'exploitation patronale. »


Emile Henry au directeur de la prison lors d'une de ses visites :

« Nous ne sommes pas des « croyants », nous ne nous inclinons pas ni devant Reclus, ni devant Kropotkine, nous discutons leurs idées, nous les acceptons quand elles développent dans nos cerveaux des impression sympathiques, mais nous les repoussons quand elles ne font rien vibrer en nous ».

les maux dont vient le mauvais fonctionnement de la société : la propriété et l'autorité.

« Donc, les deux bases de la société sont mauvaises, il n'y a pas à hésiter. Il ne faut pas essayer d'un tas de palliatifs ( voir socialisme) qui ne servent qu'à déplacer le mal ; il détruire les deux germes vicieux, et les extirper de la vie sociale.
C'est pour pourquoi, anarchistes, nous voulons remplacer la propriété individuelle par le Communisme, et l'autorité par la liberté ».

« Aujourd'hui, la moyenne de la journée de travail est de 10 heures.
Beaucoup d'ouvriers sont occupés à des travaux absolument inutiles à la société, en particulier aux armements militaires de terre et de mer. Beaucoup aussi sont frappés par le chômage. Ajoutez à cela qu'un nombre considérable d'hommes valides ne produisent rien : soldats, prêtres, policiers, magistrats, fonctionnaires, etc...
On peut donc affirmer, sans être taxé d'exagération, que, sur 100 individus capables de produire un travail quelconque, 50 seulement fournissent un effort vraiment utile à la société. Ce sont ces 50 qui produisent toute la richesse sociale.
D'où la déduction que, si tout le monde travaillait, la journée de travail, au lieu d'être de 10 heures, descendrait à 5 heures seulement ».

« Si aucune autorité n'existe plus, si il n'y a pas la peur du gendarme pour arrêter le bras des criminels, ne risquons-nous pas de voir les délits et les crimes se multiplier dans une proportion effrayante ?
La réponse est facile :
Nous pouvons classer les crimes commis aujourd'hui en deux catégories principales : les crimes d'intérêt et les crimes passionnels.
Les premiers disparaîtront d'eux-mêmes car il n'y aura plus matière à ces délits, atteintes à la propriété, dans un milieu qui a supprimé la propriété.
Quand aux seconds, aucune législation ne peut les empêcher. Bien loin de là, la loi actuelle, qui acquitte le mari assassinant la femme adultère, ne fait que favoriser la fréquence de ces crimes.
Au contraire, un milieu anarchiste élèvera le niveau moral de l'humanité. L'homme comprendra qu'il n'a aucun droit sur une femme se donnant à un autre que lui, puisque cette femme ne qu'obéir à sa nature.
Par conséquent les crimes, dans la future société, deviendront de plus en plus rares, jusqu'à de qu'ils disparaissent complètement ».

« Remplacement de l'attachement étroit et mesquin du chauvin à sa patrie, par l'amour large et fécond de l'humanité toute entière, sans distinction de races ni de couleurs ».

« Étude particulière des phénomènes hypnotiques que la science commence aujourd'hui à constater, afin de démasquer les charlatans qui présentent aux ignorants, sous un jour merveilleux et surnaturel, des faits d'ordre purement physique ».

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