(Suite
de la séance du 6 mai 1871.)
CHALAIN. Deux mots seulement. Un citoyen a demandé des sabres pour les membres de la Commune? Il ne doit y en avoir que pour ceux qui ont un grade, comme Chardon, Pindy*.
FORTUNÉ [HENRY] prononce quelques mots que nous ne saisissons pas.
CHALAIN. Si nous allons au feu, nous, allons-y avec nos écharpes, ne jouons pas aux saltimbanques. (Bruit.) Tant pis pour ceux que mes paroles peuvent atteindre. Il parait qu’un citoyen a acheté des sabres et en a donné à la plupart des membres de la Commune. On nous a même dit: «Si vous voulez des sabres, venez en chercher.» J’irai quand je serai officier, quand je serai capable de porter un sabre. Je demande en résumé que les sabres soient réservés, à ceux-là seuls qui ont le droit d’en porter.
(Appuyé.)
JOHANNARD. J’appuie cette proposition.
FORTUNÉ [HENRY]. Je demande la parole pour un fait personnel. Je ne veux point voir se produire ici des élucubrations comme celle que vous venez d’entendre; qu’il me soit permis d’y répondre… J’ai été soldat, j’ai le droit de porter un sabre et, du reste, ce n’est pas de la Commune que je le tiens, mais bien du Comité central.
BILLIORAY. Sommes-nous ici pour résoudre des questions de sabre, ou bien pour délibérer de choses sérieuses? Le suffrage de nos électeurs nous a-t-il envoyé ici pour discuter si tel ou tel de nos membres a le droit ou non de porter un sabre ?
(Approbation.)
LE PRÉSIDENT. J’invite le citoyen Chalain à faire une proposition sur cette question et qu’elle soit visée.
CHALAIN. Si j’ai soulevé une pareille question, c’est que je me vois obligé de constater avec regret que, parce que l’on a un sabre au côté, on se permet de donner des ordres qui peuvent entraver un mouvement.
FORTUNÉ [HENRY]**. Que Chalain s’explique, de quels ordres veut-il parler?
(Bruit. Assez! Assez!)
LONGUET. Il me semble inut ile de mettre tant de passion dans une question où la plaisanterie seule devrait être admise.
LE PRÉSIDENT. Une pareille question ne doit pas nous arrêter plus longtemps, je demande l’ordre du jour.
LONGUET. Je m’oppose à l’ordre du jour pur et simple. Sans aucun doute, nous nous emportons pour une question où la raillerie seule peut jouer un rôle, mais encore faut-il, du moment où la question est posée, que nous lui donnions une solution. Je demande que les membres de la Commune ne mettent de sabre que lorsqu’ils doivent en avoir par leur fonction; j’ajouterai même qu’ils ne se parent de leurs insignes que lorsque cela est utile.
LE PRÉSIDENT. Je donne lecture de la proposition Johannard et Pottier:
«Considérant qu’en révolution, il est un décret populaire de la plus haute moralité, c’est:
«On fusille les voleurs,
«La Commune décrète:
«Tous les fonctionnaires civils ou militaires, coupables de concussion, passeront immédiatement devant le conseil de guerre et le décret populaire leur sera immédiatement appliqué.
«POTTIER, JOHANNARD.»
RÉGÈRE. Mais il n’y avait pas besoin de décret pour atteindre les voleurs.
JOHANNARD. J’en demande pardon; il faut un décret contre ceux qui volent et pillent. À preuve: les sabres et les revolvers.
PLUSIEURS MEMBRES. Oui, il faut un décret.
LE PRÉSIDENT. La Commune donne donc tous les pouvoirs nécessaires au citoyen Avrial pour atteindre le but du décret ?
(Oui! oui!)
AVRIAL. Je demande que le citoyen Johannard me soit adjoint.
LE PRÉSIDENT. Je mets cette proposition aux voix.
L’adjonction du citoyen Johannard au citoyen Avrial est mise aux voix et adoptée.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Miot a la parole pour lire un projet de décret.
MIOT. Voici ma proposition:
«La Commune décrète :
«Art. 1er. L’emprisonnement cellulaire est supprimé.
« Art. 2. Les détenus seront renfermés pendant la nuit seulement.
«Art. 3. En cas d’emprisonnement préventif, le secret ne pourra durer plus de dix jours.
«Art. 4. À partir de la prorogation du présent décret, le temps d’emprisonnement préventif sera déduit de celui fixé par le jugement de condamnation.
« Art. 5. Toutes dispositions, contraires au présent décret, sont abrogées. J. MIOT.»
RAOUL RIGAULT. Je demande la parole.
LE PRÉSIDENT. Je propose le renvoi du projet de décret Miot à la Commission de Justice.
(Oui! Oui!)
PARISEL. Il manque un article à cette proposition.
LE PRÉSIDENT. Eh bien! vous ferez un amendement.
LE PRÉSIDENT donne lecture des deux propositions suivantes:
«Division de la Commune en commission de surveillance dans tous les travaux, et réunion de la Commune entière trois fois la semaine, de deux heures à cinq heures le soir. VIARD.»
«La Commune n ’aura plus que deux séances par semaine. Les membres se réuniront dans les commissions et travailleront dans leurs municipalités respectives; chacun prendra dans les arrondissements, et sous la direction du délégué à la Guerre et de la Commission militaire, telles mesures d’organisation qui seront jugées nécessaires. BILLIORAY.»
La Commune décide que ces deux propositions viendront à l’ordre du jour de demain. On passe à la question sur le Mont-de-piété.
Le citoyen VÉSINIER prend la présidence.
RÉGÈRE. Je demanderai au citoyen Melliet de vouloir bien nous faire connaître le rapport de la Commission militaire.
MELLIET. Je vous ferai observer que j’arrive des forts; je n’ai pas eu connaissance de la communication officielle. Je ne pourrais vous en donner les détails.
RANVIER. Ce matin à 6 heures nous avons reçu une dépêche nous parlant d’une débandade à Vanves. À 7 heures, une autre dépêche nous annonçait que tout était un peu plus calme, que certaines positions, et entre autres Clamart, étaient reprises. Je suis allé moi-même à la Guerre. Je n’ai rien pu obtenir, Rossel était parti lui-même, sans laisser aucun ordre. Les nouvelles qui nous arrivent de Neuilly ne nous annoncent pas la situation comme belle. On a demandé des renforts, mais, par suite du désordre qui règne dans cette partie de l’administration, ils ne sont pas arrivés à temps. La Guerre a-t-elle pu, oui ou non, faire partir les renforts qu’on lui a demandés? Il y a là une incurie à laquelle il est urgent de porter remède.
CHALAIN. Deux mots seulement. Un citoyen a demandé des sabres pour les membres de la Commune? Il ne doit y en avoir que pour ceux qui ont un grade, comme Chardon, Pindy*.
FORTUNÉ [HENRY] prononce quelques mots que nous ne saisissons pas.
CHALAIN. Si nous allons au feu, nous, allons-y avec nos écharpes, ne jouons pas aux saltimbanques. (Bruit.) Tant pis pour ceux que mes paroles peuvent atteindre. Il parait qu’un citoyen a acheté des sabres et en a donné à la plupart des membres de la Commune. On nous a même dit: «Si vous voulez des sabres, venez en chercher.» J’irai quand je serai officier, quand je serai capable de porter un sabre. Je demande en résumé que les sabres soient réservés, à ceux-là seuls qui ont le droit d’en porter.
(Appuyé.)
JOHANNARD. J’appuie cette proposition.
FORTUNÉ [HENRY]. Je demande la parole pour un fait personnel. Je ne veux point voir se produire ici des élucubrations comme celle que vous venez d’entendre; qu’il me soit permis d’y répondre… J’ai été soldat, j’ai le droit de porter un sabre et, du reste, ce n’est pas de la Commune que je le tiens, mais bien du Comité central.
BILLIORAY. Sommes-nous ici pour résoudre des questions de sabre, ou bien pour délibérer de choses sérieuses? Le suffrage de nos électeurs nous a-t-il envoyé ici pour discuter si tel ou tel de nos membres a le droit ou non de porter un sabre ?
(Approbation.)
LE PRÉSIDENT. J’invite le citoyen Chalain à faire une proposition sur cette question et qu’elle soit visée.
CHALAIN. Si j’ai soulevé une pareille question, c’est que je me vois obligé de constater avec regret que, parce que l’on a un sabre au côté, on se permet de donner des ordres qui peuvent entraver un mouvement.
FORTUNÉ [HENRY]**. Que Chalain s’explique, de quels ordres veut-il parler?
(Bruit. Assez! Assez!)
LONGUET. Il me semble inut ile de mettre tant de passion dans une question où la plaisanterie seule devrait être admise.
LE PRÉSIDENT. Une pareille question ne doit pas nous arrêter plus longtemps, je demande l’ordre du jour.
LONGUET. Je m’oppose à l’ordre du jour pur et simple. Sans aucun doute, nous nous emportons pour une question où la raillerie seule peut jouer un rôle, mais encore faut-il, du moment où la question est posée, que nous lui donnions une solution. Je demande que les membres de la Commune ne mettent de sabre que lorsqu’ils doivent en avoir par leur fonction; j’ajouterai même qu’ils ne se parent de leurs insignes que lorsque cela est utile.
LE PRÉSIDENT. Je donne lecture de la proposition Johannard et Pottier:
«Considérant qu’en révolution, il est un décret populaire de la plus haute moralité, c’est:
«On fusille les voleurs,
«La Commune décrète:
«Tous les fonctionnaires civils ou militaires, coupables de concussion, passeront immédiatement devant le conseil de guerre et le décret populaire leur sera immédiatement appliqué.
«POTTIER, JOHANNARD.»
RÉGÈRE. Mais il n’y avait pas besoin de décret pour atteindre les voleurs.
JOHANNARD. J’en demande pardon; il faut un décret contre ceux qui volent et pillent. À preuve: les sabres et les revolvers.
PLUSIEURS MEMBRES. Oui, il faut un décret.
LE PRÉSIDENT. La Commune donne donc tous les pouvoirs nécessaires au citoyen Avrial pour atteindre le but du décret ?
(Oui! oui!)
AVRIAL. Je demande que le citoyen Johannard me soit adjoint.
LE PRÉSIDENT. Je mets cette proposition aux voix.
L’adjonction du citoyen Johannard au citoyen Avrial est mise aux voix et adoptée.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Miot a la parole pour lire un projet de décret.
MIOT. Voici ma proposition:
«La Commune décrète :
«Art. 1er. L’emprisonnement cellulaire est supprimé.
« Art. 2. Les détenus seront renfermés pendant la nuit seulement.
«Art. 3. En cas d’emprisonnement préventif, le secret ne pourra durer plus de dix jours.
«Art. 4. À partir de la prorogation du présent décret, le temps d’emprisonnement préventif sera déduit de celui fixé par le jugement de condamnation.
« Art. 5. Toutes dispositions, contraires au présent décret, sont abrogées. J. MIOT.»
RAOUL RIGAULT. Je demande la parole.
LE PRÉSIDENT. Je propose le renvoi du projet de décret Miot à la Commission de Justice.
(Oui! Oui!)
PARISEL. Il manque un article à cette proposition.
LE PRÉSIDENT. Eh bien! vous ferez un amendement.
LE PRÉSIDENT donne lecture des deux propositions suivantes:
«Division de la Commune en commission de surveillance dans tous les travaux, et réunion de la Commune entière trois fois la semaine, de deux heures à cinq heures le soir. VIARD.»
«La Commune n ’aura plus que deux séances par semaine. Les membres se réuniront dans les commissions et travailleront dans leurs municipalités respectives; chacun prendra dans les arrondissements, et sous la direction du délégué à la Guerre et de la Commission militaire, telles mesures d’organisation qui seront jugées nécessaires. BILLIORAY.»
La Commune décide que ces deux propositions viendront à l’ordre du jour de demain. On passe à la question sur le Mont-de-piété.
Le citoyen VÉSINIER prend la présidence.
RÉGÈRE. Je demanderai au citoyen Melliet de vouloir bien nous faire connaître le rapport de la Commission militaire.
MELLIET. Je vous ferai observer que j’arrive des forts; je n’ai pas eu connaissance de la communication officielle. Je ne pourrais vous en donner les détails.
RANVIER. Ce matin à 6 heures nous avons reçu une dépêche nous parlant d’une débandade à Vanves. À 7 heures, une autre dépêche nous annonçait que tout était un peu plus calme, que certaines positions, et entre autres Clamart, étaient reprises. Je suis allé moi-même à la Guerre. Je n’ai rien pu obtenir, Rossel était parti lui-même, sans laisser aucun ordre. Les nouvelles qui nous arrivent de Neuilly ne nous annoncent pas la situation comme belle. On a demandé des renforts, mais, par suite du désordre qui règne dans cette partie de l’administration, ils ne sont pas arrivés à temps. La Guerre a-t-elle pu, oui ou non, faire partir les renforts qu’on lui a demandés? Il y a là une incurie à laquelle il est urgent de porter remède.
(À
suivre.)
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