(Suite
de la 1re séance
du 4 mai 1871.)
ANDRIEU commence la lecture de l’article du Vengeur*.
PYAT. Je demande que vous statuiez d’abord sur le blâme que l’on vient de proposer; le Comité de salut public n’est pas rédacteur du Vengeur. L’article a précédé de deux jours la communication que je viens de faire.
GROUSSET. Le mot de blâme que j’ai employé allait au-delà du but que je me proposais. Je désire seulement que le Comité de salut public soit invité à agir dans le plus bref délai contre les fauteurs de la prétendue conciliation.
RANVIER. Ce que nous venons de faire, c’était uniquement parce que nous ne voulions pas agir dans des circonstances importantes sans omettre la Commune et nous en référer à elle. Mais, comme je vois qu’une pareille mesure ne vous plaît pas, dorénavant, nous prendrons nos décisions sans vous consulter.
LONGUET. Vous avez été nommés pour ça.
ANDRIEU. Ancien membre de la première Commission exécutive, je tiens à vous déclarer que déjà j’avais reçu en cette qualité Bonvalet et Villeneuve qui m’avaient fait verbalement et par écrit les propositions que vous a lues le citoyen Pyat. J’ai pris, sur moi, après avoir consulté mes collègues, de ne pas vous importuner de cette affaire. J’ai déclaré à Bonvalet qu’il se méprenait sur le titre de médiateur et qu’il devait faire comme les francs-maçons: aller une première fois dans les deux camps, mais opter ensuite pour ceux du côté où il reconnaîtrait le droit.
VAILLANT. Je pourrais dire, au sujet de la première Commission exécutive, ce que vient de dire Andrieu à propos de la seconde. Des citoyens avaient alors tenté de s’interposer dans un moment moins favorable qu’aujourd’hui, mais nous n’avons jamais voulu faire l’injure à la Commune de lui communiquer de semblables propositions. Quand ces propositions se sont produites, nous avons refusé d’y répondre, parce que, selon nous, c’eut été entrer dans la voie de la trahison. Nos réponses à ces communications n’ont peut-être pas été très politiques, mais elles étaient certainement très communalistes. Nous croyons, avec le citoyen Ranvier, qu’il n’y a pas lieu de consulter la Commune lorsque de pareilles communications sont faites; il n’y a qu’à agir vigoureusement contre les traîtres qui se cachent sous ce masque de conciliateurs.
PYAT. La Commission exécutive, la première fois, n’a pas voulu répondre et le Comité de salut public a fait de même. Mais, comme la communication qui était faite était adressée aux membres de la Commune, nous ne pouvions pas être le cabinet noir interceptant les pièces envoyées à la Commune; mais nous nous réservions de lui dire ce que nous pensions de cette Ligue, contre laquelle nous agirons avec tous les pouvoirs que vous nous avez confiés.
ARNAUD. Il ne faudrait pas placer le Comité de salut public entre l’enclume et le marteau. Il est évident qu’on dit au Comité: «Agissez sans consulter la Commune, quitte à rendre compte de vos actes plus tard.» Il faut examiner cette situation. Vous faites des décrets tous les jours; il pourrait y en avoir qui contrarieraient les mesures du Comité de salut public. Je demande donc que, quand vous aurez un décret important à rendre, vous ajoutiez à vos considérants: «Le Comité de salut public entendu».
GÉRESME. Il m’est facile de prendre la parole après les explications qui ont été fournies. Seulement, je vais dire de suite que j’approuve la proposition de Paschal Grousset. J’ajouterai que je ne suis pas d’accord avec Félix Pyat, quand il vient dire que les errements suivis par la Commission exécutive doivent être ceux du Comité de salut public actuel. Le Comité de salut public ne doit compte de ses mesures à personne; quand elles sont exécutées, il en doit compte à la Commune. Je demanderai à la Commune, dont la majorité a voté hier pour le Comité de salut public, de ne pas l’attaquer avec autant de violence qu’on l’a fait hier. On a essayé de le tourner en ridicule; je le regrette, je désirerais qu’on lui donne toute la latitude qui lui est nécessaire, et je suis persuadé que Pyat, pas plus que les autres, ne dira qu’ils doivent suivre une politique précédente. Nous ne devons pas être des plagiaires. Si le Comité de salut public n’avait été promu que pour suivre les errements de la Commission exécutive, nous devrions déclarer qu’il n’a pas de raison d’être. Nous devons le pousser à marcher de l’avant et lui dire: «Ne nous demandez pas d’avis»; quand on vous fera des propositions de conciliation, de quelque part qu’elles viennent, sévissez même contre les membres de la Commune, mais ne perdez pas de vue que nous ne devons pas amoindrir le Comité de salut public et que nous n’aurons de compte à lui demander que quand l’occasion s’en présentera. Mais ces comptes seront sévères.
LONGUET. Citoyens, je suis dans des conditions d’impartialité, car je ne faisais pas partie de la Commission exécutive et je n’ai pas voté pour le Comité de salut public. Mais il y a une chose qui me frappe et qui me parait d’une certaine gravité, c’est que la Ligue des Droits de Paris est venue, non plus avec des questions de théorie, pas même avec une proposition de paix, car une proposition de paix aurait pu être l’avantage de notre parti, mais avec des propositions de trêve, ce que, pour ma part, j’appelle des propositions de capitulation.
RÉGÈRE. Ce n’est pas là la question.
LONGUET. Pardon! citoyen Régère, je crois que c’est là la question, parce que le Comité de salut public a une responsabilité dans cette affaire, et il me semble que la proposition que vient de vous faire la Ligue républicaine n’est qu’une proposition de capitulation, puisqu’elle ne vous donnerait aucune garantie contre Versailles.
RÉGÈRE. Citoyens, je suis de l’avis de Paschal Grousset, quant à la motion moins le blâme. C’est la Commission exécutive qui, la première, a reçu ici cette Ligue** qui avait un pied à Versailles. (Interruptions.) On vient de vous dire qu’on a reçu ici autrefois ces hommes qui sont complices de nos ennemis (interruptions), et j’en rends responsable non seulement la Commission exécutive, mais aussi la Commission de Sûreté générale, qui n’a pas sévi contre des journaux qui compromettaient notre cause en cette Ligue des Droits de Paris. Je l’ai dit il y a quelques jours, nos plus grands ennemis, ce sont les conciliateurs. Eh bien! il fallait sévir contre ces pacificateurs, et je ne veux pas qu’on en rende responsable le Comité de salut public, sur lequel ceux mêmes qui n’en voulaient pas veulent décharger leurs responsabilités.
VAILLANT. Il me semble que le citoyen Régère fait des reproches injustes à la Commission exécutive. Nous avons ignoré ces conciliateurs. Je dois dire que le citoyen Tridon, parlant suivant notre pensée, les a traités comme ils le méritaient. Le Comité de salut public a une situation toute nouvelle, on lui a donné tout pouvoir, toute initiative. Eh bien! qu’il les prenne. Il y a une question à vider: il faut dire dans quel ordre, dans quelle direction ce Comité doit agir. Il doit pourvoir à tout, résoudre tous les problèmes qui se posent tous les jours; il doit briser tous les pouvoirs qui s’élèveraient devant la Commune. Il est responsable.
CHALAIN. Je demande la parole à propos du Comité de salut public et de la Préfecture de police; je ne viens pas porter une accusation. Cependant, je déclare que depuis que le citoyen Rigault n’est plus à la Préfecture…
(Bruit.)
PLUSIEURS MEMBRES. À la question!
CHALAIN. Je dis que les services sont désorganisés, rien ne marche. Si vous voulez que le Comité de salut public agisse, il faut que la Préfecture le seconde. Le citoyen Vermorel a mis à la police un homme auquel je donnerai des coups de canne.
(Bruit.)
LE PRÉSIDENT. Faites une interpellation tant que vous voudrez, mais dans ce moment-ci on discute la question du Comité de salut public et rien autre.
JOURDE. J’ai à appeler votre attention sur deux transactions que veut faire la Guerre et que je ne suis pas d’avis d’accepter. Je prendrai la parole un peu plus tard, si la Commune le désire.
RANVIER. Tout à l’heure, j’ai entendu dire que nous n’acceptions pas la responsabilité de notre mandat comme membres du Comité de salut public. Nous ne l’acceptons qu’à la condition que les autres commissions seront des auxiliaires utiles pour nous, car si nous ne trouvons un concours sérieux dans les autres commissions, si nous n’avons aucun appui, nous serons obligés de nous dégager de la responsabilité. Nous demandons donc un concours plus efficace que celui qu’on paraît vouloir nous donner; nous le réclamons d’urgence; si vous ne nous l’accordiez pas, nous serions forcés de prendre des mesures en conséquence.
UN MEMBRE. Est-ce une accusation ou une hypothèse?
GÉRESME. Je trouve que la proposition de Ranvier n’a pas lieu d’être faite. Il y a une majorité qui a nommé le Comité de salut public. Cette majorité fera respecter ses arrêtés, et, pour moi, je m’engage à faire respecter sa volonté. Il n’y a qu’une chose à faire: qu’il s’entoure de spécialistes et qu’il use de tous les droits qui lui sont décernés.
PYAT. Le soir même où l’on nous a donné de pleins pouvoirs, j’appelle votre attention là-dessus, le soir où la Commune décrétait que le Comité de salut public aurait les pouvoirs les plus étendus sur les délégations et les commissions, vous nommiez un délégué à la Guerre. Eh bien! je demande si, du moment que vous donniez des pouvoirs on ne peut plus étendus, cette nomination devait être faite par nous ou par la Commune. C’est une question très grave. Vous voulez nous imposer une responsabilité, nous l’acceptons, mais nous voulons savoir jusqu’où nous pouvons aller. C’est une question très grave qu’il faut résoudre. La Commission exécutive a eu le pouvoir de révoquer un délégué à la Guerre; si nous sommes plus forts, nous demandons à savoir si nous avons le même pouvoir; il faut avoir le courage, la franchise de votre opinion. Il faut que la partie la plus hostile au Comité, qui lui a donné de pleins pouvoirs, indique jusqu’où doit aller la responsabilité qu’on veut faire peser sur lui.
AVRIAL. J’approuve les paroles de Ranvier quand il demande l’appui des diverses commissions, mais je voudrais qu’on définisse les attributions du Comité de salut public dont il fait partie et aussi celles des commissions. Car il est certain que s’il ne consulte pas les commissions dans les mesures qu’il prend, elles ne pourront facilement lui rendre les services qu’il réclame. Ainsi, par exemple, on a nommé un délégué à la Guerre; on lui a donné pleins pouvoirs; on lui a dit qu’il était responsable de ses actes devant la Commune, et voilà que le Comité de salut public, sans avoir consulté ni Rossel, ni même la Commission militaire, vient de nommer Dombrowski comme commandant du fort d’Issy***.
PYAT. Cela n’est pas, Rossel ne peut avoir dit cela****.
ANDRIEU commence la lecture de l’article du Vengeur*.
PYAT. Je demande que vous statuiez d’abord sur le blâme que l’on vient de proposer; le Comité de salut public n’est pas rédacteur du Vengeur. L’article a précédé de deux jours la communication que je viens de faire.
GROUSSET. Le mot de blâme que j’ai employé allait au-delà du but que je me proposais. Je désire seulement que le Comité de salut public soit invité à agir dans le plus bref délai contre les fauteurs de la prétendue conciliation.
RANVIER. Ce que nous venons de faire, c’était uniquement parce que nous ne voulions pas agir dans des circonstances importantes sans omettre la Commune et nous en référer à elle. Mais, comme je vois qu’une pareille mesure ne vous plaît pas, dorénavant, nous prendrons nos décisions sans vous consulter.
LONGUET. Vous avez été nommés pour ça.
ANDRIEU. Ancien membre de la première Commission exécutive, je tiens à vous déclarer que déjà j’avais reçu en cette qualité Bonvalet et Villeneuve qui m’avaient fait verbalement et par écrit les propositions que vous a lues le citoyen Pyat. J’ai pris, sur moi, après avoir consulté mes collègues, de ne pas vous importuner de cette affaire. J’ai déclaré à Bonvalet qu’il se méprenait sur le titre de médiateur et qu’il devait faire comme les francs-maçons: aller une première fois dans les deux camps, mais opter ensuite pour ceux du côté où il reconnaîtrait le droit.
VAILLANT. Je pourrais dire, au sujet de la première Commission exécutive, ce que vient de dire Andrieu à propos de la seconde. Des citoyens avaient alors tenté de s’interposer dans un moment moins favorable qu’aujourd’hui, mais nous n’avons jamais voulu faire l’injure à la Commune de lui communiquer de semblables propositions. Quand ces propositions se sont produites, nous avons refusé d’y répondre, parce que, selon nous, c’eut été entrer dans la voie de la trahison. Nos réponses à ces communications n’ont peut-être pas été très politiques, mais elles étaient certainement très communalistes. Nous croyons, avec le citoyen Ranvier, qu’il n’y a pas lieu de consulter la Commune lorsque de pareilles communications sont faites; il n’y a qu’à agir vigoureusement contre les traîtres qui se cachent sous ce masque de conciliateurs.
PYAT. La Commission exécutive, la première fois, n’a pas voulu répondre et le Comité de salut public a fait de même. Mais, comme la communication qui était faite était adressée aux membres de la Commune, nous ne pouvions pas être le cabinet noir interceptant les pièces envoyées à la Commune; mais nous nous réservions de lui dire ce que nous pensions de cette Ligue, contre laquelle nous agirons avec tous les pouvoirs que vous nous avez confiés.
ARNAUD. Il ne faudrait pas placer le Comité de salut public entre l’enclume et le marteau. Il est évident qu’on dit au Comité: «Agissez sans consulter la Commune, quitte à rendre compte de vos actes plus tard.» Il faut examiner cette situation. Vous faites des décrets tous les jours; il pourrait y en avoir qui contrarieraient les mesures du Comité de salut public. Je demande donc que, quand vous aurez un décret important à rendre, vous ajoutiez à vos considérants: «Le Comité de salut public entendu».
GÉRESME. Il m’est facile de prendre la parole après les explications qui ont été fournies. Seulement, je vais dire de suite que j’approuve la proposition de Paschal Grousset. J’ajouterai que je ne suis pas d’accord avec Félix Pyat, quand il vient dire que les errements suivis par la Commission exécutive doivent être ceux du Comité de salut public actuel. Le Comité de salut public ne doit compte de ses mesures à personne; quand elles sont exécutées, il en doit compte à la Commune. Je demanderai à la Commune, dont la majorité a voté hier pour le Comité de salut public, de ne pas l’attaquer avec autant de violence qu’on l’a fait hier. On a essayé de le tourner en ridicule; je le regrette, je désirerais qu’on lui donne toute la latitude qui lui est nécessaire, et je suis persuadé que Pyat, pas plus que les autres, ne dira qu’ils doivent suivre une politique précédente. Nous ne devons pas être des plagiaires. Si le Comité de salut public n’avait été promu que pour suivre les errements de la Commission exécutive, nous devrions déclarer qu’il n’a pas de raison d’être. Nous devons le pousser à marcher de l’avant et lui dire: «Ne nous demandez pas d’avis»; quand on vous fera des propositions de conciliation, de quelque part qu’elles viennent, sévissez même contre les membres de la Commune, mais ne perdez pas de vue que nous ne devons pas amoindrir le Comité de salut public et que nous n’aurons de compte à lui demander que quand l’occasion s’en présentera. Mais ces comptes seront sévères.
LONGUET. Citoyens, je suis dans des conditions d’impartialité, car je ne faisais pas partie de la Commission exécutive et je n’ai pas voté pour le Comité de salut public. Mais il y a une chose qui me frappe et qui me parait d’une certaine gravité, c’est que la Ligue des Droits de Paris est venue, non plus avec des questions de théorie, pas même avec une proposition de paix, car une proposition de paix aurait pu être l’avantage de notre parti, mais avec des propositions de trêve, ce que, pour ma part, j’appelle des propositions de capitulation.
RÉGÈRE. Ce n’est pas là la question.
LONGUET. Pardon! citoyen Régère, je crois que c’est là la question, parce que le Comité de salut public a une responsabilité dans cette affaire, et il me semble que la proposition que vient de vous faire la Ligue républicaine n’est qu’une proposition de capitulation, puisqu’elle ne vous donnerait aucune garantie contre Versailles.
RÉGÈRE. Citoyens, je suis de l’avis de Paschal Grousset, quant à la motion moins le blâme. C’est la Commission exécutive qui, la première, a reçu ici cette Ligue** qui avait un pied à Versailles. (Interruptions.) On vient de vous dire qu’on a reçu ici autrefois ces hommes qui sont complices de nos ennemis (interruptions), et j’en rends responsable non seulement la Commission exécutive, mais aussi la Commission de Sûreté générale, qui n’a pas sévi contre des journaux qui compromettaient notre cause en cette Ligue des Droits de Paris. Je l’ai dit il y a quelques jours, nos plus grands ennemis, ce sont les conciliateurs. Eh bien! il fallait sévir contre ces pacificateurs, et je ne veux pas qu’on en rende responsable le Comité de salut public, sur lequel ceux mêmes qui n’en voulaient pas veulent décharger leurs responsabilités.
VAILLANT. Il me semble que le citoyen Régère fait des reproches injustes à la Commission exécutive. Nous avons ignoré ces conciliateurs. Je dois dire que le citoyen Tridon, parlant suivant notre pensée, les a traités comme ils le méritaient. Le Comité de salut public a une situation toute nouvelle, on lui a donné tout pouvoir, toute initiative. Eh bien! qu’il les prenne. Il y a une question à vider: il faut dire dans quel ordre, dans quelle direction ce Comité doit agir. Il doit pourvoir à tout, résoudre tous les problèmes qui se posent tous les jours; il doit briser tous les pouvoirs qui s’élèveraient devant la Commune. Il est responsable.
CHALAIN. Je demande la parole à propos du Comité de salut public et de la Préfecture de police; je ne viens pas porter une accusation. Cependant, je déclare que depuis que le citoyen Rigault n’est plus à la Préfecture…
(Bruit.)
PLUSIEURS MEMBRES. À la question!
CHALAIN. Je dis que les services sont désorganisés, rien ne marche. Si vous voulez que le Comité de salut public agisse, il faut que la Préfecture le seconde. Le citoyen Vermorel a mis à la police un homme auquel je donnerai des coups de canne.
(Bruit.)
LE PRÉSIDENT. Faites une interpellation tant que vous voudrez, mais dans ce moment-ci on discute la question du Comité de salut public et rien autre.
JOURDE. J’ai à appeler votre attention sur deux transactions que veut faire la Guerre et que je ne suis pas d’avis d’accepter. Je prendrai la parole un peu plus tard, si la Commune le désire.
RANVIER. Tout à l’heure, j’ai entendu dire que nous n’acceptions pas la responsabilité de notre mandat comme membres du Comité de salut public. Nous ne l’acceptons qu’à la condition que les autres commissions seront des auxiliaires utiles pour nous, car si nous ne trouvons un concours sérieux dans les autres commissions, si nous n’avons aucun appui, nous serons obligés de nous dégager de la responsabilité. Nous demandons donc un concours plus efficace que celui qu’on paraît vouloir nous donner; nous le réclamons d’urgence; si vous ne nous l’accordiez pas, nous serions forcés de prendre des mesures en conséquence.
UN MEMBRE. Est-ce une accusation ou une hypothèse?
GÉRESME. Je trouve que la proposition de Ranvier n’a pas lieu d’être faite. Il y a une majorité qui a nommé le Comité de salut public. Cette majorité fera respecter ses arrêtés, et, pour moi, je m’engage à faire respecter sa volonté. Il n’y a qu’une chose à faire: qu’il s’entoure de spécialistes et qu’il use de tous les droits qui lui sont décernés.
PYAT. Le soir même où l’on nous a donné de pleins pouvoirs, j’appelle votre attention là-dessus, le soir où la Commune décrétait que le Comité de salut public aurait les pouvoirs les plus étendus sur les délégations et les commissions, vous nommiez un délégué à la Guerre. Eh bien! je demande si, du moment que vous donniez des pouvoirs on ne peut plus étendus, cette nomination devait être faite par nous ou par la Commune. C’est une question très grave. Vous voulez nous imposer une responsabilité, nous l’acceptons, mais nous voulons savoir jusqu’où nous pouvons aller. C’est une question très grave qu’il faut résoudre. La Commission exécutive a eu le pouvoir de révoquer un délégué à la Guerre; si nous sommes plus forts, nous demandons à savoir si nous avons le même pouvoir; il faut avoir le courage, la franchise de votre opinion. Il faut que la partie la plus hostile au Comité, qui lui a donné de pleins pouvoirs, indique jusqu’où doit aller la responsabilité qu’on veut faire peser sur lui.
AVRIAL. J’approuve les paroles de Ranvier quand il demande l’appui des diverses commissions, mais je voudrais qu’on définisse les attributions du Comité de salut public dont il fait partie et aussi celles des commissions. Car il est certain que s’il ne consulte pas les commissions dans les mesures qu’il prend, elles ne pourront facilement lui rendre les services qu’il réclame. Ainsi, par exemple, on a nommé un délégué à la Guerre; on lui a donné pleins pouvoirs; on lui a dit qu’il était responsable de ses actes devant la Commune, et voilà que le Comité de salut public, sans avoir consulté ni Rossel, ni même la Commission militaire, vient de nommer Dombrowski comme commandant du fort d’Issy***.
PYAT. Cela n’est pas, Rossel ne peut avoir dit cela****.
(À
suivre.)
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