(Suite
de la séance du 3 mai 1871.)
BILLIORAY lit la proposition suivante :
«La Commune se transportera aussitôt que possible dans un local convenable et admettra le public à sa séance: deux membres seront chargés de trouver ledit local et de le proposer à la Commune.»
LE PRÉSIDENT met aux voix la proposition Billioray qui est adoptée à l’unanimité.
MELLIET. Il est impossible de trouver une salle convenable à l’Hôtel de Ville.
ARNOULD. Si, et je crois d’ailleurs que nous ne pouvons pas quitter l’Hôtel de Ville.
JOHANNARD. Je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas que la salle des séances de la Commune soit ailleurs.
LEFRANÇAIS. Je demanderai au citoyen Melliet quelles sont les impossibilités qu’il a trouvées pour se procurer une salle grande et aérée, par exemple la salle Saint-Jean.
MELLIET. Jusqu’ici nous avons jugé nécessaire, et la Commune aussi, d’avoir autour de l’Hôtel de Ville des barricades et un commandement militaire. Nous avons été obligés de faire évacuer la cour d’honneur occupée par les gardes nationaux, pour la tranquillité de nos séances. Nous avons cherché partout; il est impossible de vous donner la salle Saint-Jean. Il y a à faire des travaux d’aménagement pour admettre le public à nos séances; je crois que nous ne devons pas faire de dépense inutile.
LE PRÉSIDENT. La Commune a décidé qu’une commission de deux membres serait chargée de faire un rapport sur l’état des différentes salles qu’ils croiront convenables; on n’a pas dit: une salle dans l’Hôtel de Ville.
SICARD. Ce n’est pas votre rôle de décider.
BILLIORAY. Il sera nommé une commission de deux membres. Ils feront un rapport sur les différents locaux qu’ils auront vus et la Commune appréciera.
LE PRÉSIDENT. Quels membres choisissez-vous pour faire partie de cette commission?
Il est indiqué différents noms.
JULES ANDRIEU. J’entends prononcer mon nom; je déclare que je ne puis accepter, parce que j’ai une idée préconçue: pour moi, l’on ne doit pas quitter l’Hôtel de Ville.
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix les noms des citoyens Courbet et Billioray.
L’assemblée fait choix de ces deux membres.
LE PRÉSIDENT. Avant que ces citoyens se mettent à la recherche d’une salle, il faudrait savoir si la Commune tient à siéger dans l’Hôtel de Ville. Je fais cette demande pour qu’ils ne fassent pas un travail qui serait ensuite inutile.
LE PRÉSIDENT lit une proposition du citoyen Pillot relative à la chute de la colonne Vendôme.
RÉGÈRE. Mais c’est voté!
BILLIORAY lit la proposition suivante :
«La Commune se transportera aussitôt que possible dans un local convenable et admettra le public à sa séance: deux membres seront chargés de trouver ledit local et de le proposer à la Commune.»
LE PRÉSIDENT met aux voix la proposition Billioray qui est adoptée à l’unanimité.
MELLIET. Il est impossible de trouver une salle convenable à l’Hôtel de Ville.
ARNOULD. Si, et je crois d’ailleurs que nous ne pouvons pas quitter l’Hôtel de Ville.
JOHANNARD. Je ne comprends pas pourquoi on ne veut pas que la salle des séances de la Commune soit ailleurs.
LEFRANÇAIS. Je demanderai au citoyen Melliet quelles sont les impossibilités qu’il a trouvées pour se procurer une salle grande et aérée, par exemple la salle Saint-Jean.
MELLIET. Jusqu’ici nous avons jugé nécessaire, et la Commune aussi, d’avoir autour de l’Hôtel de Ville des barricades et un commandement militaire. Nous avons été obligés de faire évacuer la cour d’honneur occupée par les gardes nationaux, pour la tranquillité de nos séances. Nous avons cherché partout; il est impossible de vous donner la salle Saint-Jean. Il y a à faire des travaux d’aménagement pour admettre le public à nos séances; je crois que nous ne devons pas faire de dépense inutile.
LE PRÉSIDENT. La Commune a décidé qu’une commission de deux membres serait chargée de faire un rapport sur l’état des différentes salles qu’ils croiront convenables; on n’a pas dit: une salle dans l’Hôtel de Ville.
SICARD. Ce n’est pas votre rôle de décider.
BILLIORAY. Il sera nommé une commission de deux membres. Ils feront un rapport sur les différents locaux qu’ils auront vus et la Commune appréciera.
LE PRÉSIDENT. Quels membres choisissez-vous pour faire partie de cette commission?
Il est indiqué différents noms.
JULES ANDRIEU. J’entends prononcer mon nom; je déclare que je ne puis accepter, parce que j’ai une idée préconçue: pour moi, l’on ne doit pas quitter l’Hôtel de Ville.
LE PRÉSIDENT. Je mets aux voix les noms des citoyens Courbet et Billioray.
L’assemblée fait choix de ces deux membres.
LE PRÉSIDENT. Avant que ces citoyens se mettent à la recherche d’une salle, il faudrait savoir si la Commune tient à siéger dans l’Hôtel de Ville. Je fais cette demande pour qu’ils ne fassent pas un travail qui serait ensuite inutile.
LE PRÉSIDENT lit une proposition du citoyen Pillot relative à la chute de la colonne Vendôme.
RÉGÈRE. Mais c’est voté!
MELLIET. Régère
nous dit que c’est voté, je le sais bien; mais vous n’ignorez
pas qu’il ne suffit pas de voter une chose pour qu’elle soit
exécutée.
GROUSSET. Il y a des ingénieurs qui y travaillent et la démolition doit avoir lieu le 5 mai*. Demain, il y aura une note à l’Officiel à ce sujet.
MELLIET. Le Comité de salut public a désiré faire tomber la colonne au moment où l’on procéderait à la démolition des statues en bronze de Paris. Nous avons été arrêtés par les ingénieurs, qui nous ont déclaré que pour le 5 mai cela était impossible, et que l’on attendait au 8 mai. Il est, paraît-il, aussi facile de faire tomber la colonne tout entière que la statue seule.
DEMAY. Si vous vous fiez aux ingénieurs, vous ne l’abattrez jamais; ils feront traîner en longueur dans leur intérêt.
GROUSSET. Nous avons traité à forfait.
LE PRÉSIDENT lit:
«Un registre sera ouvert dans les mairies de chaque arrondissement.
«Ce registre a pour but l’inscription des noms de tous les citoyens qui se seront distingués en combattant pour la défense de la République et des libertés communales. A. DUPONT, FERRÉ.»
AVRIAL. Et la discussion sur les monts-de-piété?
LE PRÉSIDENT. On remettra alors le projet à demain.
FERRÉ. Comme tout le monde, je suis partisan de cette mesure. Il n’est pas nécessaire de la beaucoup discuter, et peut-être n’avons-nous pas besoin de renvoyer à demain.
LEFRANÇAIS. J’ai à ce sujet, une communication à faire à la Sûreté générale. J’ai rencontré aujourd’hui, aux alentours des Halles et dans la rue Saint-Denis, une troupe de musiciens appartenant à différents corps de Garde nationale; elle m’a montré une autorisation pour faire une quête dans les rues. J’ai trouvé ce cortège misérable et indigne de la Commune, indigne aussi de ceux au nom desquels on faisait cette quête. Je demande que la Sûreté supprime ces autorisations. La Commune doit faire disparaître complètement tout ce qui a un caractère de mendicité.
(Approbation générale.)
LONGUET. J’adhère tout à fait à ces observations et j’ajoute que je ne rends pas le citoyen Cournet responsable de ces abus et, à l’appui du fait qu’on vient de citer, j’en apporte un autre. Des femmes, la plupart de mœurs très suspectes, avaient obtenu de la Sûreté générale, à l’insu du délégué, je pense, l’autorisation de faite des quêtes à domicile. Ces faits n’auraient dû jamais exister et sous l’administration de Cournet, ils doivent complètement disparaître.
COURNET, délégué d la Sûreté générale. Je n’ai que quelques mots à répondre aux observations qui viennent d’être présentées, et l’assemblée verra que le délégué à la Sûreté générale n’est en aucune façon responsable des faits signalés. En effet, je n’ai jamais signé aucune autorisation de quête, seulement je sais que la Commission de Sûreté générale, principalement dans le XVIIIe arrondissement, a autorisé d’en faire en mettant le timbre du Comité de Sûreté générale; c’est un Comité d’arrondissement, et non pas la Commune, qui a donné l’autorisation. J’en ai été informé hier même par Ferré, qui proteste lui-même contre le fait. Par conséquent, ni votre commission, ni votre délégué à la Sûreté générale n’ont autorisé ces faits.
SICARD. Je tiens à dire que nous avons interdit les quêtes dans notre arrondissement.
FERRÉ. Ce que j’ai à dire n’est que pour confirmer ce qu’a dit le citoyen Cournet. Il est vrai que le citoyen Clément a autorisé des musiciens à faire des quêtes pour des soldats non incorporés. Sur les autorisations, on a appliqué le timbre de Sûreté générale; mais il est vrai que ce timbre de Sûreté générale était celui de l’arrondissement et non celui de la Commune. Maintenant, il y a une note mise par le citoyen Vermorel au-dessus du cachet en question, et conçue ainsi ou à peu près: «Voyez Cournet pour savoir s’il veut autoriser la quête.» Il est probable que cette annotation aura échappé au citoyen Cournet. Nous voulons que les citoyens nécessiteux soient secourus par les soins des administrations municipales et non par l’entremise de la mendicité, sous quelque voile qu’elle se cache. Je demande au citoyen Lefrançais de ne pas insister sur cette question, qui, à mon avis, se trouve résolue par les observations que l’assemblée vient d’entendre.
LEFRANÇAIS. Voici les renseignements que j’ai recueillis sur ces faits. J’ai rencontré un détachement de ces musiciens, rue aux Ours. Le commissaire qui conduisait ce corps a déclaré s’appeler Pertuiset; il avait une autorisation, datée du 13 avril, pour le XVIIIearrondissement seulement. J’ai rencontré un autre détachement qui avait une autorisation du 13 avril, signée Dereure, et une du 2 mai, signée Suet et Sabourdy. Ces autorisations étaient toujours pour le XVIIIe arrondissement.
FERRÉ. Ces renseignements confirment ce que j’ai affirmé tout à l’heure, qu’on a pris cette mesure sans notre autorisation. Si le citoyen Lefrançais était venu en conférer avec nous, il n’aurait pas entretenu la Commune de ces détails.
DEREURE. Je vais donner quelques explications à ce sujet. Au 18 mars, quand les soldats qui ont mis la crosse en l’air se sont débandés, ils se sont trouvés sans argent et sans logement. Les gardes nationaux avaient établi à chaque barricade des assiettes où les passants déposaient leur offrande pour ces soldats. J’avais supprimé ces quêtes. Voici alors ce qui est arrivé: le Conseil de légion a imaginé d’organiser ces troupes de musiciens pour quêtes. On est venu me demander une autorisation que j’ai refusée; on l’a demandée à J.-B. Clément, qui l’a donnée, et voilà comment il y a des quêtes. Mais elles ont eu leur utilité. Elles avaient produit 4.000 francs. Quand il y a eu des blessés et des morts, j’ai pu donner de suite 100 francs aux veuves et 25 ou 50 francs aux blessés. Je n’ai pas demandé d’argent aux Finances pour cet objet. Je regrette le fait de mendicité qui s’est produit, mais qui nous a permis de remplir une bonne œuvre.
LE PRÉSIDENT. L’assemblée est-elle d’avis d’adopter ce projet de décret, qui consiste à établir dans chaque mairie un registre où seront inscrits les noms de ceux qui se seront distingués en combattant pour la République et la défense communale?
DEREURE. Je propose qu’on ajoute les morts et les blessés.
(Appuyé.)
Le projet est mis aux voix et adopté.
GROUSSET. Il y a des ingénieurs qui y travaillent et la démolition doit avoir lieu le 5 mai*. Demain, il y aura une note à l’Officiel à ce sujet.
MELLIET. Le Comité de salut public a désiré faire tomber la colonne au moment où l’on procéderait à la démolition des statues en bronze de Paris. Nous avons été arrêtés par les ingénieurs, qui nous ont déclaré que pour le 5 mai cela était impossible, et que l’on attendait au 8 mai. Il est, paraît-il, aussi facile de faire tomber la colonne tout entière que la statue seule.
DEMAY. Si vous vous fiez aux ingénieurs, vous ne l’abattrez jamais; ils feront traîner en longueur dans leur intérêt.
GROUSSET. Nous avons traité à forfait.
LE PRÉSIDENT lit:
«Un registre sera ouvert dans les mairies de chaque arrondissement.
«Ce registre a pour but l’inscription des noms de tous les citoyens qui se seront distingués en combattant pour la défense de la République et des libertés communales. A. DUPONT, FERRÉ.»
AVRIAL. Et la discussion sur les monts-de-piété?
LE PRÉSIDENT. On remettra alors le projet à demain.
FERRÉ. Comme tout le monde, je suis partisan de cette mesure. Il n’est pas nécessaire de la beaucoup discuter, et peut-être n’avons-nous pas besoin de renvoyer à demain.
LEFRANÇAIS. J’ai à ce sujet, une communication à faire à la Sûreté générale. J’ai rencontré aujourd’hui, aux alentours des Halles et dans la rue Saint-Denis, une troupe de musiciens appartenant à différents corps de Garde nationale; elle m’a montré une autorisation pour faire une quête dans les rues. J’ai trouvé ce cortège misérable et indigne de la Commune, indigne aussi de ceux au nom desquels on faisait cette quête. Je demande que la Sûreté supprime ces autorisations. La Commune doit faire disparaître complètement tout ce qui a un caractère de mendicité.
(Approbation générale.)
LONGUET. J’adhère tout à fait à ces observations et j’ajoute que je ne rends pas le citoyen Cournet responsable de ces abus et, à l’appui du fait qu’on vient de citer, j’en apporte un autre. Des femmes, la plupart de mœurs très suspectes, avaient obtenu de la Sûreté générale, à l’insu du délégué, je pense, l’autorisation de faite des quêtes à domicile. Ces faits n’auraient dû jamais exister et sous l’administration de Cournet, ils doivent complètement disparaître.
COURNET, délégué d la Sûreté générale. Je n’ai que quelques mots à répondre aux observations qui viennent d’être présentées, et l’assemblée verra que le délégué à la Sûreté générale n’est en aucune façon responsable des faits signalés. En effet, je n’ai jamais signé aucune autorisation de quête, seulement je sais que la Commission de Sûreté générale, principalement dans le XVIIIe arrondissement, a autorisé d’en faire en mettant le timbre du Comité de Sûreté générale; c’est un Comité d’arrondissement, et non pas la Commune, qui a donné l’autorisation. J’en ai été informé hier même par Ferré, qui proteste lui-même contre le fait. Par conséquent, ni votre commission, ni votre délégué à la Sûreté générale n’ont autorisé ces faits.
SICARD. Je tiens à dire que nous avons interdit les quêtes dans notre arrondissement.
FERRÉ. Ce que j’ai à dire n’est que pour confirmer ce qu’a dit le citoyen Cournet. Il est vrai que le citoyen Clément a autorisé des musiciens à faire des quêtes pour des soldats non incorporés. Sur les autorisations, on a appliqué le timbre de Sûreté générale; mais il est vrai que ce timbre de Sûreté générale était celui de l’arrondissement et non celui de la Commune. Maintenant, il y a une note mise par le citoyen Vermorel au-dessus du cachet en question, et conçue ainsi ou à peu près: «Voyez Cournet pour savoir s’il veut autoriser la quête.» Il est probable que cette annotation aura échappé au citoyen Cournet. Nous voulons que les citoyens nécessiteux soient secourus par les soins des administrations municipales et non par l’entremise de la mendicité, sous quelque voile qu’elle se cache. Je demande au citoyen Lefrançais de ne pas insister sur cette question, qui, à mon avis, se trouve résolue par les observations que l’assemblée vient d’entendre.
LEFRANÇAIS. Voici les renseignements que j’ai recueillis sur ces faits. J’ai rencontré un détachement de ces musiciens, rue aux Ours. Le commissaire qui conduisait ce corps a déclaré s’appeler Pertuiset; il avait une autorisation, datée du 13 avril, pour le XVIIIearrondissement seulement. J’ai rencontré un autre détachement qui avait une autorisation du 13 avril, signée Dereure, et une du 2 mai, signée Suet et Sabourdy. Ces autorisations étaient toujours pour le XVIIIe arrondissement.
FERRÉ. Ces renseignements confirment ce que j’ai affirmé tout à l’heure, qu’on a pris cette mesure sans notre autorisation. Si le citoyen Lefrançais était venu en conférer avec nous, il n’aurait pas entretenu la Commune de ces détails.
DEREURE. Je vais donner quelques explications à ce sujet. Au 18 mars, quand les soldats qui ont mis la crosse en l’air se sont débandés, ils se sont trouvés sans argent et sans logement. Les gardes nationaux avaient établi à chaque barricade des assiettes où les passants déposaient leur offrande pour ces soldats. J’avais supprimé ces quêtes. Voici alors ce qui est arrivé: le Conseil de légion a imaginé d’organiser ces troupes de musiciens pour quêtes. On est venu me demander une autorisation que j’ai refusée; on l’a demandée à J.-B. Clément, qui l’a donnée, et voilà comment il y a des quêtes. Mais elles ont eu leur utilité. Elles avaient produit 4.000 francs. Quand il y a eu des blessés et des morts, j’ai pu donner de suite 100 francs aux veuves et 25 ou 50 francs aux blessés. Je n’ai pas demandé d’argent aux Finances pour cet objet. Je regrette le fait de mendicité qui s’est produit, mais qui nous a permis de remplir une bonne œuvre.
LE PRÉSIDENT. L’assemblée est-elle d’avis d’adopter ce projet de décret, qui consiste à établir dans chaque mairie un registre où seront inscrits les noms de ceux qui se seront distingués en combattant pour la République et la défense communale?
DEREURE. Je propose qu’on ajoute les morts et les blessés.
(Appuyé.)
Le projet est mis aux voix et adopté.
(À
suivre.)
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